08 octobre 2008

StillBallin présente "Mercato via la draft 2008." Part VI

(Article proposé par un chroniqueur indépendant invité sur ce blog, StillBallin.)

With the 26th pick, San Antonio Spurs select George Hill


Les différentes mocks draft prévoyaient plutôt pour Hill un strapontin aux alentours du milieu du second tour ; c’est dire si le choix de San Antonio est surprenant. Surprenant, certes, mais cohérent malgré tout.
L’élégant combo-guard est le genre de joueur qui se coule parfaitement dans cette franchise si atypique en NBA (je sais que ça fait bizarre de parler d’inconventionnalité lorsque l’on évoque les Spurs, mais leur identité old school est inédite dans cette ligue). Intelligent, mûre, altruiste, humble et bon défenseur, il rejoindra les rangs de la quasi-légendaire escouade de joueurs de devoir des Spurs.
Même s’il n’est pas encore un vrai meneur, son potentiel comme son état d’esprit laisse penser qu’il pourra malgré tout devenir un remplaçant efficace derrière Tony Parker. Souvent utilisé en arrière shooteur en NCAA, il a laissé de belles ardoises (bon shooteur notamment à mi-distance) et devrait donc aussi pouvoir amener un peu d’aide à la marque (le scoring derrière le Big Three est un problème récurrent des Spurs) même si ces performances aux summer leagues semblent dire le contraire. Avec un peu de temps, on peut penser qu’il peut devenir une rotation intéressante sur les deux postes arrière et colmater quelques déficiences de San Antonio sans pour autant trahir l’esprit de la franchise.
Cependant, dans une draft aussi profonde, on peut se demander si San Antonio n’aurait pas dû choisir un joueur un peu plus côté.
En effet, Mario Chalmers possède le même profil que Hill (combo-guard doué des deux côtés du terrain) et semble être bien meilleur que lui tant en défense qu’en attaque. Plus encore, Chalmers s’est vu couronné MOP au terme de la finale du tournoi NCAA où ses qualités de clutch player ont offert la victoire à son équipe (Kansas) qui comprenait pourtant les plus reconnus Brandon Rush et Darrell Arthur.
D’ailleurs, peu de temps après la foire aux espoirs, les Spurs ont recruté le combo-guard de Washington, Roger Mason. Cela signifie-t-il qu’ils ne jugent George Hill pas encore capable de tenir seul le rôle de back-up sur les lignes arrières ou bien la venue de l’ancien Wizard est-elle simplement indépendante (ou complémentaire) du rookie?
Enfin, Hill ne répond pas vraiment aux besoins les plus criants des Spurs : du scoring fiable en provenance du banc et des qualités athlétiques. Du scoring? Chris Douglas-Roberts, Donte Greene. Des qualités athlétiques? Bill Walker (disciple de Vince Carter), DeAndre Jordan (disciple de Dwight Howard), JR Giddens. Des réponses (partielles) à leurs problèmes majeurs étaient là, attendant fébrilement le moment de se lever de leur siège mais les Spurs ont semble-t-il préféré jeter leurs billes sur un joueur moins talentueux mais peut-être plus sûr et sur lequel on peut compter pour faire ce pour quoi il a été engagé.
Il est vrai que les Spurs espéraient (et croyaient) vraiment pouvoir prendre Nicolas Batum avant que Houston, placé juste un choix avant eux, ne leur coupe l’herbe sous le pied. Cette obligation de changement brutale de programme les a peut-être perturbés et peut-être que dans l’urgence, ils n’ont pas voulu prendre de risque et ont donc choisi le solide Hill.
Peut-être auraient-ils pu prendre Darrell Arthur (ou un autre joueur avec une belle côte) pour ensuite l’échanger contre deux solides joueurs de devoirs (rookies ou pas) et même contre Batum (en y ajoutant un petit quelque chose comme un sign-and-trade avec Barry par exemple) mais pour cela, il faut s’entendre sur l’échange avant la sélection et San Antonio ne disposait que de trois minutes (temps avant d’officialiser leur choix) pour en monter un. Compliqué.


With the 27th pick, New Orleans Hornets select Darrell Arthur

Ce sont les Hornets qui ont annoncé le choix de Darrell Arthur mais il était déjà convenu que ce pick serait envoyé à Portland (contre du cash) et ce sont donc bien les Blazers qui ont effectué ce choix.

L’effectif de Portland est déjà bien fourni et leurs besoins se limitent seulement (et encore) à un ailier créatif, polyvalent et bon défenseur. Ce profil n’étant plus disponible à ce stade de la draft, Portland s’est rabattu sur le meilleur joueur disponible. Et pas n’importe lequel.
Inexplicablement snobé par une dizaine de franchises jusque-là (des rumeurs sur son état de santé ont semble-t-il foutu la frousse à la plupart des dirigeants), Darrell Arthur a enfin eu le droit de monter sur l’estrade pour serrer la mimine de David Stern. Les Blazers n’y sont pas pour grand-chose cette fois mais ils ont encore fait un joli coup.
En effet, Arthur est un power athlétique, talentueux et complet souvent comparé à Antonio McDyess, et fut l’un des piliers de la victoire de Kansas dans le tournoi universitaire de cette année. Il est vrai que les Blazers affichent complet à ce poste avec le bientôt all-star LaMarcus Aldridge et son clone de l’ombre, Channing Frye mais ils ne pouvaient laisser échapper une telle opportunité (pas le genre de la maison).
D’ailleurs, Arthur permettra de diversifier les combinaisons intérieures peut-être un peu limitées par la trop grande similitude entre Aldridge et Frye.


The Blazers acquires Nicolas Batum from the Rockets for the rights to Darrell Arthur (No. 27) and Joey Dorsey (No. 33).

C’est vrai que Portland comptait sélectionner Batum (portrait) en treizième position avant que n’éclatent les pseudos problèmes de cœurs du français. Les dirigeants de l’Oregon ont voulu profiter de cette psychose pour conserver leur lottery pick et ne le choisir qu’en 27ème position mais ils se sont fait devancer par les Rockets.
Apparemment, le désir des Blazers de voir le français revêtir leur maillot était trop difficile à contenir puisqu’ils ont abandonné Arthur et le guerrier des raquettes, Joey Dorsey (33rd pick) qui soit dit en passant, aurait été le complément parfait de la talentueuse ligne intérieure rouge et noire en comblant quelques unes de leurs (relatives) lacunes (défense, agressivité, puissance).
Même s’ils ont dû se dépouiller pour acquérir Batum, ce choix me paraît judicieux. Au lendemain de la draft, le GM de Portland a annoncé qu’il comptait faire de lui leur chien de garde attitré, élément indispensable pour cette équipe brillante offensivement mais qui n’a eu que les encouragements sur leur bulletin en défense. Le manceau n’est pas encore un grand défenseur (seulement un bon) mais son potentiel (envergure démesuré, vitesse latérale satisfaisante, intelligence) laisse entrevoir cette perspective.
Pour ma part, je pense surtout que c’est son impact sur le jeu de son équipe qui sera déterminant. En effet, l’effectif des Blazers ne comptent qu’un seul vrai créateur, Brandon Roy, lequel étant déjà surchargé de responsabilités (leadership, scoring, mène). Batum pourra prendre son relais et mettre sa vision du jeu et son altruisme au service des Aldridge, Bayless, Oden et autres. Plus encore, il pourrait assurer la liaison entre les lignes intérieures et extérieures et ainsi assurer l’équilibre de l’attaque blazer.
Parallèlement, sa polyvalence lui permettra de jouer la rustine et donc de permettre à Portland de trouver la constance qui lui faisait un petit peu défaut cette saison.
Toutefois, il reste au français beaucoup de chemin à faire avant de devenir l’une des plaques tournantes de la franchise de l’Oregon. En effet, l’arrière ailier devra se frayer un chemin entre les jeunes et talentueux Outlaw, Webster et Fernandez. Son profil différent du leur et plus complémentaire avec l’effectif lui offre une chance de s’imposer, seulement, il doit pour ça se faire violence et montrer la volonté et l’agressivité qu’on cherche pour l’instant en vain, dans son attitude.
Parce que tout dépendra de ça. Son attitude déterminera s’il ne sera qu’un Boris Diaw époque Hawks ou un Boris Diaw sous le maillot des Suns, le trophée de MIP dépassant légèrement du sac et le nom accolé à celui de Magic Johnson dans les journaux américains.


With the 28th pick, Memphis Grizzlies select Donte Greene

Les Grizzlies ne réfléchissent plus, ils prennent les joueurs les plus talentueux possibles à peine guidés par les manques flagrants de leur effectif. Ainsi, ils ont choisi Donte Greene, combo-forward freshman de Syracuse qui appelle pas mal de similitudes avec Rashard Lewis.
Greene n’est pas prêt pour la grande ligue mais cela n’est pas un problème pour Memphis car la franchise n’est pas pressée.
Le vrai souci concernant la sélection du jeune artilleur est que Greene n’est pas ce qu’on peut appeler un joueur altruiste et les tickets shoots ne pourront pas être rationnés entre lui, le quand-même-un-peu-croqueur Mayo, le prolifique Gay et le meneur disciple de Tony Parker, Conley.
Mais Memphis ne s’en préoccupe pas pour l’instant. Les Grizzlies empilent les talents sans essayer de construire une équipe. Ça, ce sera certainement la seconde étape.
Je ne sais pas si cette stratégie à l’opposé de celle des Sonics portera ses fruits, ni même si elle est meilleure qu’une autre mais Memphis ne sera certainement pas compétitif cette année (ni même l’année suivante).
En effet, Conley n’est pas encore suffisamment bon gestionnaire pour partager efficacement la balle et répartir le rôle de chacun. Ainsi, additionner un joueur « trou noir » comme Greene aux Gay, Mayo et autres Crittenton ressemble à un pavé jeté dans la mare pour celui qui veut construire un vrai jeu collectif.
Je vois d’ici les multiples problèmes d’une telle combinaison : un enchaînement (souvent infructueux) de un-contre-uns (comme une mouche qui essaye de s’échapper d’une pièce par une fenêtre fermée), une prévisibilité amusante pour les défenseurs (même image) et un oubli systématique de servir le poste bas (vous avez remarqué que la mouche ne se rend jamais compte que l’autre fenêtre, elle, est grande ouverte ?).
Un entraîneur rôdé (pour ne pas dire doué) pourrait peut-être s’arranger pour utiliser les qualités de chacun sans subir de plein fouet leurs défauts et leur manque de complémentarité mais Iavaroni n’a pas montré une telle capacité la saison dernière alors que son cinq n’avait pas vraiment une mauvaise allure (Conley, Gay, Miller, Milicic ou Warrick et Pau Gasol, sans oublier Juanca Navarro en sixième homme). En effet, Memphis a peiné pour trouver une vraie identité de jeu (sans parler de la défense) et ce n’est certainement pas un joueur comme Greene qui va arranger les choses.
Mais bon, on se sert et après on avise.

The Grizzlies acquires Darrell Arthur (No. 27) from the Rockets for Donte Greene (No. 28), and a future second-round pick.

Ah ben ça, c’est plutôt bien avisé. La franchise de Rudy Gay avait une grosse faiblesse dans le secteur intérieur avec les seuls Hakim Warrick, Darko Milicic et Marc Gasol (Antoine Walker sera-t-il utilisé ou mis au garage ?), elle vient de récupérer l’un des meilleurs powers de cette promotion.
Associé à Marc Gasol, Arthur devrait rééquilibrer le jeu offensif de Memphis et multiplier les solutions d’attaque. Capable de défendre efficacement, il ne résoudra pas les problèmes des Grizzlies de ce côté du terrain mais pourra essayer de limiter les dégâts.
Mais surtout, Arthur est jeune (20 ans) et est prêt dès maintenant à se coltiner une grosse vingtaine de minutes par match face aux prédateurs et autres coupe-jarrets de la ligue. Ainsi et couplé à la faiblesse actuelle du secteur intérieur, il aura toute la latitude de prendre la mesure du niveau NBA et de progresser pour devenir une référence à son poste.
Parce que c’est ça qui est intéressant pour les Grizzlies : l’avenir. En effet, Memphis possède un potentiel indécent et le temps pour le réaliser.
Memphis a eu énormément de chance en ayant l’occasion de récupérer un joueur de la trempe de Darrell Arthur avec un 28ème choix de draft, autrefois la propriété des Lakers. Mais à la lumière d’aujourd’hui et peut-être de demain, le transfert de Pau Gasol à Los Angeles apparaît bien plus équitable qu’il ne le semblait au lendemain de la transaction. Le duo Arthur/Marc Gasol est la vraie contrepartie du transfert de Pau (plus les considérations salariales) et l’avenir nous dira qui sera ressorti gagnant de ce trade (ça sent le bon gros match nul).
Mais ne vous y trompez pas, Memphis s’en sort bien mais ce n’est en aucun cas un joli coup effectué par le GM des Grizzlies car trouver un joueur du potentiel d’Arthur en toute fin de premier tour est une grande surprise et était absolument imprévisible (d’ailleurs, les exemples de Batum et Arthur qui ont chuté à cause de leurs soi-disant problèmes de santé pourraient pousser quelques GM peu scrupuleux à lancer ce genre de rumeur pour récupérer des joueurs de bon calibre bien plus loin de la draft. A suivre…).
Le matos est là, il doit juste être rôdé pendant quelques années. Mais attention, même avec la plus belle des bécanes, si l’on ne sait pas s’en servir, le monstre ne pourra jamais être sorti du garage. Alors voilà à quoi le staff de Memphis devra passer son temps en attendant que leurs jeunes pousses ne déchirent les trottoirs de leurs racines : trouver une identité de jeu et une défense.

With the 29th pick, Detroit Pistons select DJ White.

DJ White est le genre de joueur qui aurait pu être forgé dans les zones industrielles de Detroit. Physique, dur, technique et excellent rebondeur, il devrait être immédiatement productif. Sa capacité à joueur dos au panier devrait offrir des solutions supplémentaires aux Pistons sans que le coach ait à faire des sacrifices car le power de l’Indiana est aussi capable de bien défendre tant en homme-à-homme qu’en aide.
Néanmoins ce choix est discutable. En effet, les ailiers forts sont déjà légions dans le Michigan avec les excellents vétérans McDyess et Wallace, le très utile Jason Maxiell, le prometteur Amir Johnson et le très solide (quand on lui donne sa chance) Walter Herrmann.
Il est vrai que Joe Dumars a dit qu’il y aurait des changements (Wallace notamment) mais rien ne s’est passé jusqu’à maintenant (d’ailleurs, Herrmann a resigné pour un an).

Detroit acquires Walter Sharpe (32nd pick) and Trent Plaisted (46th pick) from Seattle in exchange for the draft D.J. White.

Prendre White pour l’échanger contre deux joueurs un peu moins côtés, d’accord, mais est-ce que ces joueurs en valent le coup ?
Walter Sharpe n’étant même pas prévu dans les mocks draft, on peut supposer que les Pistons ont poussé Seattle à le choisir dans l’optique de l’échange et donc que ce joueur leur plaisait fortement.
Ni nbadraft.net, ni draftexpress n’ont pas pris la peine de s’y intéresser mais si l’on croit un assistant GM NBA, Sharpe est un power (qui devrait peut-être glisser sur le poste 3 en NBA) plutôt talentueux qui présente une intéressante combinaison de taille, de qualités athlétiques et de technique intérieure/extérieure.
Ce qui expliquerait peut-être son absence des mocks draft est son historique pour le moins étrange. Dans un premier temps, Sharpe aurait reçu une balle dans l’estomac en 2006 (et bien peut-être que Detroit cherchait un bad boy). Ensuite, on lui a diagnostiqué une narcolepsie (ah, ben non alors) qui lui aurait empêché d’avoir les résultats suffisants pour être déclaré éligible encore une année à l’université. Du coup, Sharpe s’est inscrit à la draft. Ses stats à l’Université d’Alabama-Birmingham (14,2 pts à 52,3%, 6,8 rbds et 1,8 blks en 25 minutes) sont intéressantes mais pas exceptionnelles et ont été produites dans une petite fac dans laquelle Sharpe était l’une des premières options.
Toutefois, si son décalage sur le poste 3 se passe bien, sa taille (2,06m) pourrait permettre aux Pistons d’avoir l’avantage dans les match-ups.


Trent Plaisted est un intérieur athlétique et rapide qui pourra rendre des services à son équipe mais pas vraiment plus (ses défauts -inconsistance, concentration, puissance, jeu face au panier, en situation de faiblesse lorsque son adversaire direct est aussi athlétique que lui- sont trop nombreux, difficilement réversibles et donc trop handicapant pour espérer quoi que ce soit).
Le fait qu’il soit travailleur et très coachable a certainement séduit Joe Dumars qui a dû voir en lui le potentiel d’un excellent back-up.
Joe Dumars nous a habitué à réussir de jolis coups lors des drafts précédentes (et pas seulement), parmi lesquelles ont peut compter Rodney Stuckey, Jason Maxiell ou encore Tayshaun Prince (n° 22 en 2002) donc on attendra un peu avant de juger de la pertinence de ce trade.
Sharpe est un pari mais il suivra peut-être le même chemin que Tayshaun Prince et Plaisted peut devenir le genre de joueurs de l’ombre qui ont fait la légende de Detroit. Néanmoins, ces joueurs ne semblent pas être à la hauteur d’autres joueurs n’ayant pas encore eu le plaisir de saisir la paluche de David Stern.
En effet, pourquoi ne pas prendre le pivot Dwigt Howard’ Style, DeAndre Jordan ? Les pivots sont toujours une denrée rare (plus encore dans le Michigan) et les Pistons possèdent le luxe d’avoir le temps de développer l’athlétique centre. Au pire, Jordan ne sera qu’un sympathique remplaçant de 2,13m à vocation défensive (le genre de joueur que beaucoup de franchises aimeraient compter dans ses rangs). D’ailleurs, n’aurait-il pas été mieux de le sélectionner lui plutôt que de signer Kwame Brown ?
Mais DeAndre Jordan n’est pas le seul joueur qui aurait pu constituer une jolie addition à l’effectif des Pistons : Mario Chalmers aurait pu prétendre au poste de remplaçant de Billups avant de prendre sa relève dans une année ou deux (Detroit a finalement signé l’explosif meneur du Maccabi, Will Bynum), le scoreur Chris Douglas-Roberts est capable de devenir un solide titulaire NBA et d’apporter un soutien efficace en attendant ce jour tandis que l’intérieur Turc Omer Asik aurait pu faire oublier le départ (la traîtrise) de Mehmet Okur et apporter la taille qui leur fait défaut.
Alors, erreur ou coup de génie ? Peut-être pas une erreur mais peut-être pas non plus la meilleure opération qu’aurait pu réaliser Detroit. Mais quand même, attendons.

With the 30th pick, Boston Celtics select JR Giddens.

J.R. Giddens est le genre de joueur qui a eu une histoire particulière et croustillante mais qui, on s’en rend compte, n’est pas si isolée que ça dans le paysage américain.
Il faisait partie des ces joueurs connus nationalement alors qu’ils frottent encore leurs shorts sur les bancs du lycée et auxquels les universités les plus réputés font les yeux doux. Ce sera celle de Kansas qui aura finalement le privilège d’ajouter à son service le talent et les formidables qualités athlétiques de Giddens, lequel enchaînera par une saison freshman de bonne facture.
Les ennuis commencent lors de sa seconde année. Impliqué dans une rixe largement relayée par les médias, Giddens devient indésirable dans le réputé campus et est prié de faire ses bagages (lui-même ne souhaitant pas vraiment rester).
Il trouve un point de chute à New Mexico mais les saisons qui suivent sont difficiles et jalonnées de blessures. L’évolution de l’arrière prodige déçoit au point que certains y voient une régression (trop attiré par les délices du tir à 3 pts, il en était devenu un joueur unidimensionnel sans intérêt). Les différents observateurs commencent dès lors à tourner leur attention vers d’autres espoirs pas encore tombé de l’arbre.
C’est alors que Giddens produit une saison senior de toute beauté. Raisonnable à longue distance, adroit (plus de 50 % aux tirs), incroyable rebondeur (près de neuf par matchs), il a augmenté sa production de passes décisives tout en faisant baisser ses pertes balles (signe révélateur de la très bonne évolution d’un joueur) et reste présent dans les autres compartiments du jeu (plus d’un contre et d’une interception par match). Plus encore, Giddens n’est plus le talentueux soliste d’autrefois et n’hésite pas à créer pour ses (faibles) partenaires. Cerise sur le gâteau, il fait les petits trucs qui permettent d’aider son équipe à remporter la victoire.
Ainsi et notamment au regard de ces derniers éléments, le choix des Celtics, bien qu’un tantinet surprenant, paraît intelligent. D’ailleurs, malgré ses 23 ans bien tassé (pas tout jeune pour un rookie catalogué star des lycées), Giddens conserve un potentiel phénoménale, tant en défense qu’en attaque. Et sa spectaculaire progression entrevue cette année offre quelque assurance quand à la réalisation de celui-ci.
Au pire, il deviendra un solide joueur d’équipe mais bien guidé (et les Celtics semblent être assez doués pour ça lorsque l’on regarde Rajon Rondo, Kendrick Perkins ou encore Leon Powe), il peut devenir beaucoup, beaucoup plus.
Toutefois, Boston possède déjà un arrière athlétique en la personne de Tony Allen dont la saison a été gâche par les blessures mais qui est largement capable d’apporter son aide dans son registre, lequel ressemble assez à celui de Giddens. L’arrière de New Mexico fait donc doublon mais son expérience durement acquise et ses nouvelles compétences (notamment la création et le je-fais-les-petits-trucs-que-personne-ne-voit-mais-qui-aident-bien-mon-équipe-à-décrocher-la-victoire) lui permettront certainement de durcir la vie de Tony Allen et peut-être même de lui faucher sa place dans l’ordre de succession de l’autre Allen.
La sélection de Giddens me paraît donc pertinente mais je ne suis pas persuadé qu’il était le meilleur choix à faire. En effet, le pivot prospect DeAndre Jordan aurait pu immédiatement apporter la verticalité qu’il manque à Kendrick Perkins et à Glen Davis. Mais surtout, les Celtics aurait eu le temps (car n’ont pas de besoin urgent) de développer le jeune intérieur au potentiel Bynumesque et possédaient les joueurs pour l’encadrer efficacement. Dès lors et dans l’hypothèse où son développement aurait tenu ses promesses, Boston aurait pu sereinement prévoir l’après Big Three (chacun ayant plus de trente ans) en s’appuyant sur ses larges épaules comme a pu le faire Orlando avec Howard.
La solution Mario Chalmers mérite aussi d’être évoquée car il aurait pu apporter son shoot et constituer le parfait remplaçant de Rondo sans que le poste 1 perde en intensité défensive. D’ailleurs, Chalmers peut glisser sur le poste deux et aurait pu former avec Rondo une paire d’arrière aussi électrique qu’éreintante.

- Partie I, II, III, IV & V de l'article -

StillBallin

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