24 juillet 2008

StillBallin présente "Mercato via la draft 2008." Part IV

(Article proposé par un chroniqueur indépendant invité sur ce blog, StillBallin.)

With the 16th pick,
Philadelphia Sixers select Marreese Speights

Phila avait besoin de quelqu’un capable de scorer dans la peinture pour joueur aux côtés du pivot défensif Dalembert. Ils ont judicieusement choisi Marreese Speights dont le talent offensif se rapproche de celui d’un Al Jefferson. Ensuite, ils ont recruté Elton Brand.

Je ne sais pas si l’ancien numéro 1 de draft était déjà dans le collimateur des Sixers avant la grande foire aux espoirs mais la sélection de Speights n’en est pas pour autant remis en cause. En effet, le futur rookie complètera parfaitement le duo intérieur Brand-Dalembert puisqu’il peut jouer sur les postes 4 et 5 et permettra à Philadelphie d’avoir toujours au moins une menace offensive à l’intérieur. D’ailleurs, sa capacité à scorer devrait être immédiatement opérationnel puisqu’il a passé toute sa première année à Florida à essayer de ne pas s’empaler sur les défenses d’Al Horford et de Joakim Noah.

La seule question, qui titillait nos esprits au moment du choix de Phila et qui les titillera sûrement encore pendant plusieurs saisons, est : qui les Sixers devaient-t-ils choisir, Marreese Speights ou Darrell Arthur ? En effet, tout deux sont des powers prêt pour entrer dans la grande ligue, sont des scoreurs intérieurs efficaces et répondent aux besoins immédiats de Philly. Arthur était le plus côté (plus complet, plus productif) des deux avant la draft mais des rumeurs sur sa santé ont poussé certaines franchises à lui tourner le dos. Serait-ce l’une des raisons pour lesquelles les Sixers ont préféré accueillir Speights ? Pas forcément. L’ancien Gator possède une plus grande capacité à scorer et est notamment un meilleur shooteur, ce qui colle peut-être mieux avec le profil de Dalembert.

Certains se demanderont encore longtemps lequel des deux Philadelphie aurait dû prendre mais quelque soit celui qui fera la meilleure carrière, la franchise de Pennsylvanie a, avec Speights, choisi un joueur qui apportera ce qu’elle recherchait : une menace offensive intérieure.

With the 17th pick, Toronto Raptors select Roy Hibbert

Vous devez déjà connaître Roy Hibbert, cet énorme pivot (2,18 m, 126 kg) formé à Georgetown, la légendaire université/école à pivot qui a donné Mutombo, Mourning et Ewing à la NBA.

Hibbert, lui, ne sera certainement jamais un All-Star mais son physique impressionnant peut faire de lui un intimidateur de premier ordre en défense ou un point d’ancrage indéracinable en attaque (utile lorsque l’on sait qu’il n’est pas un mauvais passeur). Je pense que c’est pour cette capacité à apporter ces choses rares et décisives que les Pacers l’ont choisi lui plutôt que d’autres éléments plus talentueux.

Dans le cadre d’une équipe, ce choix est plutôt malin. Son impact défensif devrait être important tant collectivement (même sans intervenir, son physique constitue une grande force de dissuasion) qu’individuellement (plutôt doué en homme-à-homme, il sera peut-être capable d’annihiler la puissance physique d’un Shaq ou d’un Howard) ; et en attaque, ses bonnes mains peuvent constituer une solution très intéressante sur demi-terrain. Intelligent et travailleur, Hibbert devrait parfaitement se couler dans le rôle qui lui sera assigné.

Un cinq majeur constitué de l’accélérateur de particules Ford, du shooteur Dunleavy, du go-to-guy Granger, de l’intérieur-shooteur Murphy et du baobab Hibbert est plutôt séduisant, notamment en terme de complémentarité. Les Pacers pourraient même peut-être jouer en semi small-ball avec Ford, Rush, Lil’Dun, Granger qui cavaleraient tout autour d’Hibbert, celui-ci prenant en charge le contrôle de la raquette.

Il est vrai que la lenteur du centre de Georgetown fait de lui un joueur de demi-terrain, mais c’est certainement ce jeu lent qu’utilisera Indiana. En effet, ce genre de jeu correspond assez bien à la philosophie du coach Jim O’Brien ainsi qu’au profil de l’effectif avec les shooteurs Dunleavy, Murphy, Rush (même Granger) et le perceur de défenses, Ford.

L’addition de l’ancien Hoya paraît donc pertinente mais on peut malgré tout se demander si les Pacers n’aurait pas dû apporter un peu plus de talent dans une raquette faiblarde et orpheline de Jermaine O’Neal. Ce doute prend encore plus d’ampleur lorsque l’on sait que l’excellent power Darrell Arthur et le très intéressant pivot Kosta Koufos attendaient encore sagement qu’on les appelle pour avoir leur casquette.

De plus quelques doutes subsistent à propos du gentil géant. En effet, comment savoir si la productivité d’un tel spécimen pourra se retranscrire dans la grande ligue ? Sa taille et sa puissance trouveront-t-elles à s’exprimer et plus encore, parviendront-elles à compenser sa lenteur et son manque de qualités athlétiques ?

Les précédents échecs d’autres colosses du même genre ne font rien pour apaiser les doutes qui pèsent sur la réussite du jeune homme (quelqu’un se souvient de Priest Lauderdale?). D’ailleurs, quelques questions se pointent avec méfiance sur sa condition physique (il n’a jamais joué plus de 28 minutes par matches en moyenne à Georgetown ; ce n’est pas forcément très significatif mais ça laisse planer une incertitude quand à sa capacité à jouer tout un match et toute une saison NBA).

La sélection de Hibbert prendra peut-être toute son importance lorsqu’Indy aura ajouté les quelques éléments qui restent pour achever sa reconstruction et que son imposante présence fera changer le cours des matches de play-offs (un peu comme l’arrivée du déjà vieux Mutombo à Philadelphie qui leur avait permis de se hisser en finales). Wait and see, gros.

With the 18th pick, Washington Wizards select JaVale McGee

Washington possède trois All-Stars mais aucun role player pour venir les soutenir. Cette draft était pour eux l’occasion d’y remédier.

Et bien, c’est foiré.

JaVale McGee est l’illustration même du prospect qui devra s’aguerrir en D-League avant d’espérer participer aux joutes gladiatoresque de la NBA (faudrait pas qu’il se fasse moissonner avant de dépasser l’âge de la majorité).

Intérieur grand, délié, rapide et doté d’excellentes mains, il ne possède pas le mental, l’intelligence de jeu et la détermination pour s’imposer tout de suite dans la grand ligue (ni même peut-être jamais d’ailleurs).

Son potentiel a fait de lui un candidat aux lottery picks mais n’en fera pas forcément un bon joueur.

Mais alors pourquoi les Wizards ont jeté leurs espoirs sur ce jeune homme dégingandé ? Simple stupidité, nostalgie de l’époque Kwame Brown, je ne sais pas...

Mais bon, les intérieurs à fort potentiel sont comme les éclairs au chocolat ou les jolies filles dont le père est un membre actif de la pègre, c’est difficile d’y résister et on le regrette souvent après.

With the 19th pick, Cleveland Cavaliers select JJ Hickson

Cleveland est dans une situation opposée à celle de Washington: une seule star et une profusion de role players solides mais limités. Les Cavs auraient pu profiter de cette draft pour récupérer un joueur capable de seconder efficacement Lebron James à la marque. Peut-être un extérieur dangereux en périphérie pour profiter de l’attraction qu’exerce le Chosen One sur les défenses et empêcher celles-ci de s’agglutiner autour du cercle (devinez qui pourrait se régaler face à une défense étirée ?).

La providence semble regarder d’un bon œil la franchise de l’Ohio puisque plusieurs joueurs talentueux et dont le profil correspond à celui que j’ai décrit un peu plus haut sont toujours disponibles lorsque que son tour de se servir a sonné. Parmi eux, on peut compter l’arrière scoreur Chris Douglas-Roberts, le 3/4 au shoot soyeux Donte Greene, le sniper d’élite, Courtney Lee et le surprenant combo-guard Mario Chalmers.

D’autres excellents éléments auraient pu convenir même s’ils s’éloignent du type de joueur parfaitement complémentaire avec James. On peut ainsi s’intéresser au très bon power Darrell « comment se fait-il que je n’ai pas encore été pris » Arthur et le côté yang de Lazaros Papadopoulos, Kosta Koufos.

Oui mais Danny Ferry, GM des Cavs, veut se prendre pour Joe Dumars. Ainsi, il a choisi le power freshman JJ Hickson.

Il est vrai que le potentiel technique du jeune homme est alléchant, que ses qualités physiques sont à se pâmer (explosivité, envergure, athlétisme, puissance, mobilité) et que son activité et sa détermination sont des plus appréciables. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser que son impact dans cette franchise ne sera que limité. En effet, Hickson n’est encore qu’un potentiel, et même si il pourra apporter de solides minutes dès cette année, il ne sera pas le soutien que cherche tant James. Du moins pas avant quelques années.

Plus encore, les Cavs renforcent un poste qui affiche déjà complet, encombré par les bras musclés de Ben Wallace, Anderson Varajeo et Joe Smith. D’ailleurs, même si Hickson explose l’année prochaine (ou même cette saison), il n’apportera pas plus qu’un Drew Gooden qui même lorsqu’il portait le maillot sang et or n’était pas considéré comme un soutien suffisant pour King James (en tout cas, personne, James ou autres, ne s’est ému de son départ).

With the 20th pick, Charlotte Bobcats select Alexis Ajinça

Il parait que c’est Sa Majesté Jordan qui a choisi Ajinça. Certains disent que Larry Brown avait été épaté par la brindille française lors des sessions work-outs pendant que d’autres affirment que le coach tirait une tronche d’enterrement en entendant sa sélection.

Charlotte avait effectivement besoin d’un intérieur et le profil très complet du français (attaque, défense, shoot) correspond exactement à leur souhait (qui n’en rêverait pas). D’ailleurs, l’ancien toulonnais avait dominé plusieurs big men de la draft lors des work-outs (Roy Hibbert, DeAndre Jordan, JaVale McGee). Cependant et malgré tout son talent, Ajinça ne pourra pas avoir d’impact en NBA dès maintenant. Et c’est là que la pertinence de ce choix paraît un peu trouble.

En effet, le pilier intérieur des Bobcats, Emeka Okafor est un joueur à vocation défensive et par conséquent, son équipe aurait certainement besoin de quelqu’un capable d’apporter régulièrement des points dans la peinture, les autres bobcats de la raquette en étant incapable (seul Sean May pourrait occuper ce rôle mais sa propension aux blessures en fait une solution limitée). Ajinça possède les arguments pour postuler au strapontin du parfait complément du Nigérian mais il ne pourra l’être qu’après un certain temps, contrairement à un Koufos ou un Arthur, encore disponibles.

Par ailleurs, Okafor est en fin de contrat et même si les Bobcats peuvent s’assurer ses services en s’alignant sur les offres concurrentes, il subsiste toujours une possibilité que l’ancien du Connecticut porte d’autres couleurs que l’orange et bleu. Le choix de draft le moins risqué aurait été par conséquent celui d’un joueur abouti et capable d’être productif dès la rentrée.

On peut peut-être supposer que Charlotte ne vise pas forcément que le court terme, et que la perspective de compter dans ses rangs un intérieur capable de défendre, d’attaquer et de shooter (dominant, quoi) même si ce n’est pas pour maintenant, leur est apparue suffisamment alléchante pour prendre le risque d’hypothéquer le présent (en plus de celui de voir Ajinça ne pas concrétiser son potentiel).

La perplexité qu’entraîne ce choix ne concerne pas uniquement la configuration actuelle de l’effectif de Charlotte.

En effet, le coach bobcat, Larry Brown n’est pas connu pour son amour des rookies et on se souvient encore qu’il avait totalement délaissé Darko Milicic, n°2 de draft 2003 alors qu’il sortait d’une brillante saison européenne et qu’il était certainement prêt pour la ligue américaine. Alors quelle approche aura le coach old school avec un joueur comme Ajinça ? Lui réservera-t-il le même sort que Milicic, lequel n’ayant jamais réussi à exploser (on y a cru à Orlando mais non, en fait) ? Pas sûr. Le Serbe ne faisait pas vraiment preuve d’enthousiasme pour les entraînements, ni d’une grande détermination et encore moins d’une bonne écoute. C’est d’ailleurs certainement ses dispositions mentales plus que ses années de banquettes à Detroit qui l’ont perdu.

Ajinça n’est pas comme ça. Que ce soit aux Etats-Unis pendant les work-outs ou en France, Ajinça a toujours montré une vraie envie de progresser et tous ses entraîneurs (Larry Brown en tête) ont affirmé que sa qualité d’écoute pendant les entraînements était remarquable. Ensuite, Larry Brown est un ancien coach de NCAA (UCLA, Kansas) et est donc capable de prendre en charge et de faire évoluer des jeunes joueurs ; il suffirait, je pense, qu’Ajinça s’attire ses faveurs par le travail et l’abnégation pour que l’ancien mentor d’Allen Iverson porte une attention particulière à son développement.

Lorsque l’on parle d’un joueur drafté par Michael Jordan, on pense inévitablement à Kwame Brown. D’ailleurs, il existe des similitudes entre l’ancien n°1 de draft et le français. Tous deux sont des intérieurs très jeune, possèdent un potentiel immense mais ne sont pas prêt pour la NBA.

Il est vrai que dans le cas de Brown, le fait d’être sélectionné en première position était pour lui un fardeau supplémentaire mais son échec tient en partie à sa relation avec Jordan. Tantôt abandonné à lui-même, tantôt houspillé par le Maître, le lycéen n’a jamais trouvé la force mentale pour s’imposer. Personnellement, je ne pense pas qu’il en sera de même pour Ajinça.

Tout d’abord, celui-ci n’est « qu’un » vingtième choix de draft, par conséquent les espoirs placés sur lui seront moins pesants. Ensuite, son année à Hyères-Toulon où il a dû prendre des minutes au talentueux Tony Williams et au rugueux Vincent Masingue (sans compter qu’il a dû se les coltiner à l’entraînement) lui a certainement permis de s’endurcir. Enfin, Jordan est bien plus en retrait que lors de ses années difficiles à Washington et il a semble-t-il évolué positivement dans son attitude vis-à-vis des joueurs.

Je terminerais en plaçant quelques phrases pour ceux qui pensent que Larry Brown ne désirait aucunement un joueur comme le long français et que ces belles phrases à son propos n’étaient là que pour faire bonne figure. Dans cette perspective-là, on peut supposer que le choix Ajinça est la contrepartie du choix Augustin (9ème position). Les dirigeants des Bobcats et Larry Brown seraient alors parvenus à un compromis, lequel laissait à Brown une totale liberté de choix pour le 9ème choix tandis que le 20ème était à l’entière disposition des dirigeants. Ajinça est typiquement le genre de joueur qui plait aux GM et pas forcément aux entraîneurs et il constituerait un choix indépendant du coach —qui payera (peut-être) — que celui-ci soit encore en poste ou pas.

Quoiqu’il en soit, ce choix ne doit pas être considéré comme un mauvais choix, mais en réalité, c’est maintenant que les choses sérieuses commencent, tant pour le staff que pour Ajinça.

- Partie I, II & III de l'article -

Article de Stillballin...

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