23 juin 2001

Unlimited NBA Mock Draft: N°2, Memphis Grizzlies (part.2)

-
[suite de la première partie]


---L’affrontement entre Ricky Rubio et James Harden a duré longtemps après que le géant africain ait quitté la bataille. Je ne vais pas tarder à vous délivrer les dernières empoignades de ce combat dont vous connaissez l’issue. Mais avant, il convient de s’entretenir seul avec James Harden.

---Déjà très bon l’année dernière pour son année freshman, il n’a pas eu droit à la même reconnaissance que Derrick Rose, Michael Beasley, OJ Mayo ou Kevin Love. Étiqueté arrière shooteur old school du haut de ses vingt ans, Harden n’est pas très aérien, ne dispose pas d’une vitesse à électriser la foule, ne flashe pas l’assemblé par des techniques de dribbles ciselées sur les playgrounds et il ne plante pas de shoot à plus de neuf mètres. Pourtant, il a tiré son équipe d’Arizona State dans le radar de la NCAA à la seule force de ses 20,1 points à 48,9 % (35,6 % à trois points), 5,6 rebonds et 4,2 passes décisives. Le tout en étant l’entier responsable de la destiné de sa formation. D’ailleurs, il est l’un des meilleurs scoreurs de la ligue universitaire alors que les défenses adverses étaient systématiquement focalisées sur lui.

---Le Sun Devil compense allègrement ses capacités physiques terriblement banales par une ruse et une intelligence de jeu à toute épreuve. S’il parvient à être aussi effica
ce malgré la meute de chiens de garde plus rapides que lui qui le course chaque soir, c’est qu’il n’a pas son pareil pour profiter de chaque interstice, de chaque déséquilibre qu’il trouve dans les défenses ou qu’il parvient à provoquer. Particulièrement à l’aise dans un périmètre proche du cercle où il déploie toute une panoplie de lay-up, floater et autres mouvements techniques, il est d’autant plus dangereux qu’il utilise admirablement sa capacité à déstabiliser les défenses pour servir ses coéquipiers lorsqu’ils sont ouverts. Ainsi, le sophomore est un formidable créateur qui créé autant pour lui-même que pour les autres (excellente vision de jeu, totalement altruiste, prends de bonnes décisions).

---D’ailleurs, Harden impressionne par le fait qu’il parvient à être un top scoreur sans jamais rien gaspiller et tout en cherchant délibérément à faire jouer ses partenaires. Cela devrait vous montrer l’envergure d’un tel joueur. En effet, il ne force jamais rien et le fait qu’il soit un gros scoreur est principalement dû au fait
qu’il sait trouver et exploiter chacune des opportunités que lui offre un match. En général, quand un joueur cherche à faire jouer les autres, sa moyenne de points baisse ou plafonne comme on a pu le voir avec Kobe Bryant depuis sa glorieuse mutation ou Steve Nash même à son meilleur niveau mais Harden, lui, est si efficace, si performant pour trouver des paniers qui lui sont faciles, qu’il parvient (presque sans le vouloir est-on tenté de dire) à marquer beaucoup de points alors qu’il ne fait que saisir les opportunités qui s’offrent à lui.

---Cependant, cette tendance à laisser le jeu venir à lui qui lui réussit magnifiquement,
peut parfois lui jouer des tours. En effet, ses derniers matchs sous le maillot d’Arizona State à l’occasion du tournoi final ont été effroyablement décevants. L’enjeu ayant monté d’un cran le niveau de la compétition, le Sun Devil a peiné pour trouver les ouvertures et les convertir, faisant incidemment plonger son équipe. Harden a expliqué plus tard que si sa performance n’avait pas été aussi impressionnante qu’à l’accoutumée, c’était parce que le jeu ne lui avait pas offert suffisamment d’occasions valables. Le fait de ne pas forcer les actions est à n’en pas douter une grande qualité mais en l’occurrence, ça a coûté la fin de saison de son équipe.

---Bien heureusement, le jeu NBA favorise considérablement les attaquants et l’arrière old school ne devrait pas être dépourvu du genre d’opportunités qu’il apprécie. De plus, il sera certainement entouré de meilleurs joueurs que ceux de son université pour diversifier un peu les menaces offensives et éviter que les défenses se focalisent exclusivement sur lui.


---En dehors de ça, James Harden est un défenseur très solide et un shooteur plus que fiable quand il est ouvert. Par contre, son excellent pourcentage chute irrémédiablement lorsque son tir est contesté ou qu’il dégaine en sortie de dribble. Je reviens un instant sur ces qualités de playmaker que j’ai déjà évoqué en ajoutant qu’il possède une très intelligente maîtrise du jeu, faisant de lui une sorte de leader/chef d’orchestre patient et sage sur lequel on pourrait placarder le slogan « la force tranquille ». Plutôt sympathique pour un joueur né en 1989.

---James Harden est très jeune mais il semble déjà jouer comme un vétéran. Certains pensent qu
e son potentiel n’est pas très épais en raison des ses caractéristiques physiques mais d’un autre côté, il n’y a pas grand-chose à améliorer. La seule question est en fait de savoir si il pourra faire les mêmes choses en NBA où il sera opposé à des joueurs plus grands, plus rapides, plus costauds et plus expérimentés qu’en NCAA. Je pense qu’il aura peut-être besoin d’un temps d’adaptation mais qu’il parviendra à effectuer les ajustements nécessaires pour donner la pleine mesure de son talent. Pour tous ceux qui ont encore un doute, pensez à Paul Pierce et Brandon Roy.

---En principe, ce portrait vous a permis de mieux comprendre les raisons de la longue et difficile hésitation sur l’issue du combat entre lui et Rubio, ainsi que la mise à l’écart du géant Thabeet. Toutefois, vous n’avez parcouru qu’une partie de la route tracée par mon esprit. Parce qu’il se trouve qu’Harden irait particulièrement bien aux Grizzlies.

---En effet, à Memphis, OJ Mayo (et peut-être Rudy Gay) possède l’étoffe d’un franchise player avec le talent et le mental de ceux qui peuvent prendre le match à leur compte, prendre les shoots dans les moments chauds et les réussir (ce qui ne semble pas être le cas d’Harden). Mais à l’image d’un Kobe Bryant, l’ancien freshman d’USC, a tendance a trop s’appuyer sur ses propres capacités et incidemment à enrayer quelque peu le jeu de son équipe (sans être un individualiste forcené pour autant, c’est juste qu’il émerge comme l’épicentre du jeu de sa formation et que ses coéquipiers sont en quelque sorte embrigadés dans son sillage et se contente de lui donner la balle ou de le regarder, coupant ainsi toute possibilité de dynamique collective).

---Harden, lui, c’est tout le contraire. Son jeu rayonne sur celui des autres et sa tendance à laisser le jeu venir à lui alimente l’élan collectif au lieu de le freiner. La combinaison Mayo-Harden pourrait offrir une certaine ambivalence entre les facilités individuelles de Mayo et l’alimentation de l’élan collectif d’Harden, ce qui pourrait rendre n’importe quelle équipe hautement dangereuse et difficile à contenir. Peut-être mieux encore, OJ Mayo pourrait bénéficier du jeu simple et intelligent d’Harden pour obtenir des positions plus faciles que son talent pur concrétiserait sans états d’âme, tandis qu’Harden pourrait profiter du danger permanent qu’est Mayo pour faire valoir sa capacité à saisir efficacement les failles dans les constructions défensives adverses.

---Sauf que tous les deux jouent arrières vous allez me dire. Et c’est là que l’association Mayo/Harden devient proprement diabolique. L’année dernière déjà, j’évoquais l’immense potentiel d’OJ Mayo en tant que meneur. Aussi rapide et athlétique que n’importe quel point guard mais beaucoup plus puissant physiquement, il est aussi créatif et doté d’une vision de jeu de grande qualité. Il ne lui manque que la volonté de servir ses partenaires avant sa propre personne pour occuper ce poste de façon légitime. Or, James Harden possède cet altruisme naturel. Ainsi, Mayo pourrait être décalé en 1, faire sa fête au meneur d’en face, tenir un peu le ballon comme il aime bien et à l’occasion créer des trucs, tandis que le Sun Devil se chargerait des questions de jeu et de collectif depuis le poste 2, un peu à la manière de Brandon Roy l’an passé. Et puis avec un peu de chance et à force d’occuper cette position, peut-être qu’OJ ajoutera à sa ceinture ce qu’il manque pour faire de lui un meneur exceptionnel. La seule crainte que je voie dans l’association d’Harden avec Mayo est que le sophomore soit réduit au silence par l’écrasante présence de l’ancien lycéen superstar.

---De manière générale, la présence du Sun Devil devrait profiter à l’ensemble des Grizzlies. Le manque de maîtrise et d’intelligence était flagrant dans le jeu de Memphis cette année. Harden pourrait faire office de stabilisateur, de contrôleur du tempo et d’assurance tout risque à cet effectif aussi jeune que talentueux. Et puis, les deux stars Rudy Gay et OJ Mayo se marche déjà un peu sur les pieds, rien de mieux qu’un joueur typé plus lieutenant dévoué et consciencieux que franchise player mais super efficace et utile pour ne pas ajouter de pression dans une bonbonnière potentiellement explosive.

---Vous y voyez déjà un peu plus clair dans les broussailles encore chaudes et fumantes de la bataille qui a eu cours dans mon esprit, n’est-ce pas ?

---Parce que certains d’entre vous l’auront peut-être déjà compris, les avantages que j’ai avancé en faveur de l’hypothèse Harden sont quasiment tous valables pour Ricky Rubio. Le corbeau de Badalone est lui aussi un exceptionnel créateur et un chef d’orchestre de grande envergure, même s’il s’exprime dans un registre plus flamboyant. D’ailleurs, cette flamboyance serait plutôt un désavantage dans le contexte jeune et un peu fou de la franchise du Tennessee. Seulement, Rubio est un génie. Plus que le rusé arrière Arizona State il peut faire flamboyer le collectif d’une équipe. En effet, Memphis compte plusieurs jeunes joueurs de talent qui ne demande qu’à être mis sur orbite par un créateur de la trempe de l’espagnol comme par exemple les athlétiques Darrell Arthur et Hakim Warrick. Il est facile d’imaginer chaque joueur profiter allègrement du talent du meneur et voir leur rendement gonfler comme le compte en banque d’un jeune informaticien à lunettes qui vient de vendre sa start-up.

---Parallèlement, les dirigeants pourraient manquer de confiance à l’idée d’installer Mayo à la mène et préférer en faire définitivement un arrière shooteur. Dans ce cas, James Harden n’a pas sa place dans cette équipe, contrairement à Rubio.

---Enfin, le potentiel de la paire Rubio/Mayo est absolument inimaginable. Tous deux sont des talents exceptionnels, chacun dans leur propre registre, et leur combinaison pourrait invoquer à nos esprits la vision de Steve Nash ou Jason Kidd version grande époque associé à Kobe Bryant. Any comments ?

---Par contre, si le profil du discret Harden semble se fondre à merveille avec la vedette Mayo, qu’en sera-t-il avec l’ado européen dont la hype égale celle de l’ancienne gâchette d’USC, et qui aura peut-être besoin d’être le vrai patron de son équipe (c’est-à-dire devant Mayo dans la hiérarchie de commandement) ? Si on retrouve le même genre d’entente que celle qui existe entre Chauncey Billups et Carmelo Anthony alors le ciel est leur limite, mais Rubio n’a pas le coffre que possède Billups avec son expérience, son titre NBA et son trophée de MVP des finales.

---De plus, il apparaît que le meneur de la Joventut ne soit pas très emballé à l’idée de poser les pieds dans le Tennessee. Ne vaudrait-il mieux pas éviter d’engager un jeune joueur peu motivé alors que la franchise est au milieu d’une longue phase de reconstruction et qu’elle jouit déjà d’une image peu attractive ? Harden ne semble pas avoir les mêmes états d’âme et sa venue rendrait a priori plus facile la formation d’une bonne atmosphère et d’une certaine émulation autour de la franchise, ce qui est toujours profitable.

---Mais le corbeau espagnol est susceptible d’hisser le collectif Grizzly à un niveau bien plus élevé que ne le pourrait Harden.

---Mes neurones conservent peut-être encore les traces de la bataille que ce sont livrés ces trois joueurs mais je pense que c’est le meilleur choix. Il est possible qu’en portant ma décision sur Ricky Rubio, je cède à l’appel envoûtant du potentiel et de l’imaginaire qui le compose, mais il ne faut pas oublier qu’il joue contre des hommes depuis l’âge de 16 ans, qu’il a déjà affronté des gabarits américains lors des Jeux Olympiques (et pas n’importe lesquels), qu’il y a déjà un espagnol dans l’équipe (Marc Gasol), ce qui pourrait faciliter grandement son intégration, qu’il n’aura pas à être le franchise player puisque OJ Mayo et Rudy Gay sont là, qu’il aura principalement pour tâche de faire tourner la balle et non de faire des choses qu’il ne sait pas faire comme scorer, que sauf transfert, Mike Conley sera là pour le soutenir et même tenir le poste de titulaire pour soulager le jeune garçon lors de sa première année et enfin qu’on attend pas grand-chose de Memphis cette année encore.

---Milwaukee et surtout Atlanta conservent encore les séquelles psychologiques du jour où ils ont compris à côté de quel genre de joueur ils étaient passés lors de la draft 2005. Memphis est déjà à moitié alité à cause de ses choix passés. Celui-ci reste dangereux mais c’est peut-être le genre de décision qu’on appellera plus tard un tournant.

StillBallin

4 commentaires:

MW a dit…

J'ai particulièrement aimé cet article, même si tu fais toujours du bon travail.
J'aimerai savoir ce qu'on pu dire les Gasol à Rubio pour qu'il ne veuille pas jouer à Memphis. Je miserai bien plus sur les Grizzlies que sur l'avenir des Kings par exemple.

Vizu&co a dit…

Pour prendre la défense d'Harden, et même si tu ne l'as pas particulièrement enfoncé, il a du forcer dans le tournoi Final car c'était vraiment le seul joueur capable de mettre des shoots...
J'avais été déçu de lui lors du match ou il est éliminé mais avec le recul, il n'avait pas d'autre choix.

Maintenant, entre Harden et Rubio, ce n'est pas vraiment le plus gros problème de la franchise qui est à mon avis Rudy Gay. Ce mec est trop talentueux pour comprendre qu'il est néfaste au collectif. Par rapport au temps ou il a le ballon, il ne fait pas assez de bonnes passes.
Je serai le GM de Memphis, je dégagerai Rudy contre un 3 style Moon/Ariza + un 4/5 capable de joueur aux deux postes et spécialiste défensif. J'ai beaucoup d'espoir en Gasol/Mayo/choix de draft. Alors autant trouver un 3 qui se fondera dans le collectif et qui n'a pas besoin d'avoir le ballon pour être utile à l'équipe. Je ne crois pas que Rudy ait l'intelligence pour effectuer cette mutation.
T'en penses quoi StillBallin?

StillBallin a dit…

MW,
J'avoue que je n'ai pas très bien compris pourquoi Rubio ne voulait pas aller à Memphis ou à Oklahoma City qui sont sur des meilleurs rails que Sacto. Après, la franchise californienne a quand même une meilleure réputation que les deux autres. Memphis a l'air d'avoir perdu beaucoup de crédibilité au moment du transfert de Pau Gasol. Le fait que l'équipe soit composé de jeunes talents un brin individualiste n'a pas dû rassurer l'espagnol non plus (peut-être un peu peur d'être bousculer par Mayo et son talent aussi?). Je pense aussi que l'absence d'organisation et d'un minimum de discipline sur le terrain l'ont un peu refroidi (mais en même temps, c'est pour ça qu'il serait recruté non?) Et puis cela n'explique pas son rejet du Thunder. La seule explication que je trouve c'est qu'à Sacto, ce sera lui qui deviendra à terme le franchise player (Kevin Martin ne semble pas en avoir la carrure). Mais ça, ça sent plus le mode de pensée d'un agent que de celui de l'altruiste meneur espagnol. Bon après, ce que j'en dis moi... (et puis à la place de Marc Gasol, j'aurais tout fait pour qu'il vienne à Memphis, à moins qu'il ait fait la boulette de passer la saison à raconter à son ami Ricky à quel point il avait la haine d'être tomber dans une équipe aussi pourrie que celle du Tennessee alors qu'il aurait dû atterrir chez les Lakers).


Dayi & Co,
J'avoue (j'avoue beaucoup aujourd'hui, c'est le bon moment pour la police si elle veut m'interroger) que j'ai moi aussi été moi aussi un peu déçu par la saison de Gay qui avait pourtant été impressionnant lors de l'exercice précédent.
Je vais éviter de parler de son manque d'altruisme parce qu'avec l'absence d'un fond de jeu et d'un solide coach, Gay se trouve un peu livrer à lui-même avec ses compagnons et il est difficile de lui en vouloir quand il cherche d'abord à s'appuyer sur son propre talent. Cependant, je n'ai pas suffisamment étudié cette question pour donner une vraie réponse, tout ce que je peux dire c'est que la culture basket américaine s'appuie fortement sur la notion d'individualité (a fortiori quand il s'agit d'un joueur comme Gay qui est bourré de talent) et que le contexte des Grizzlies est loin d'être propice à la prise de conscience de la valeur du jeu à cinq.
Par contre, il faut noter que l'ancien Huskie de Connecticut jouait arrière shooteur lorsque Mike Miller était encore à ses côtés. Or, tenir ce poste lui permettait d'avoir un avantage physique non négligeable sur son adversaire direct, qu'il n'a pas forcément en small forward. Ensuite, c'était Mike Miller qui était le leader de la franchise à cette époque mais maintenant qu'il n'est plus là, Gay semble avoir du mal à tenir aussi haut le flambeau et à élever son jeu au niveau de la nouvelle envergure de ses responsabilités. Peut-être qu'on peut rapprocher son cas de celui de Carmelo Anthony qui a pris une tout autre dimension lorsque Billups est arrivé et l'a soulagé du rôle de leader.
Après, trader un tel joueur est quand même risqué. Il apportait quand même pas mal et le meilleur est peut-être à venir (Melo en est un brillant exemple, lui qui a failli bouger plus d'une fois).
Sinon ton idée est plutôt pertinente sauf que trouver un SF à la Ariza/Moon et un intérieur défensif capable d'évoluer sur les postes 4 et 5, dans la même équipe est plutôt difficile (et il faudrait aussi que la franchise en question ait envie d'un Rudy Gay et soit prêt à lâcher ses deux super role players, sans parler des contraintes techniques comme l'équivalence des salaires, etc...).

StillBallin a dit…

(peut pas tout poster en une fois)

[...]
Ensuite, au-delà du risque de se faire conspuer par les supporters qui sont déjà pas très jouasse de soutenir une telle équipe, je pense qu'il est un peu trop tôt dans le processus de reconstruction pour effectuer un tel ajustement. En effet, l'identité de cette équipe n'est pas encore fixée et se séparer d'un joueur clef contre des role players même excellents et très utiles de par leur profil, correspond plutôt au genre d'ajustement qu'on fait quand on a déjà une idée précise de la direction que prend l'équipe. Mais cet argument obéit plus à un feeling personnel qu'à quelque chose de concret.
La solution serait peut-être de construire un fond de jeu cohérent avec des rôles assez définis calibrés sur les qualités des joueurs. Cela peut se faire en engageant un bon coach ou un excellent meneur, mais ça non plus, ce n'est pas facile (enfin y'a Rubio à portée de main quand même). Et puis, les poste 3 comme Ariza ou Moon ne sont pas si rares que ça (d'ailleurs, le 27ème choix de draft pourrait servir à ça avec par exemple Sam Young ou Jonas Jerebko même si ce dernier n'est pas tout à fait dans le même style, mais je pense que le résultat serait le même). Ça sera plus dur pour l'intérieur défensif polyvalent mais les Grizz pourront peut-être aussi compter sur la draft de la saison prochaine (ils auront encore une bonne place a priori) avec Gani Lawal par exemple.
Je pense que la franchise ne vient de parcourir que quelques pas dans son processus de reconstruction et qu'elle devrait être patiente et attendre de voir ce que l'avenir lui réserve (par rapport à la draft notamment) pour effectuer des changements aussi précis et stratégiques dans l'effectif. Lorsqu'une ossature solide et sur laquelle on peut avoir confiance pour le futur aura émergée, ce sera peut-être le moment d'effectuer des ajustements même aussi important que celui qui enverrait Rudy Gay vers d'autres cieux. Mais d'ici là, vaut mieux garder en mains ses meilleurs cartes.

Aussi, par rapport à la mutation de Rudy Gay, il ne faut pas oublier que Michael Jordan et Kobe Bryant n'ont amorcé cette même mutation qu'au détour de leur 28-30 ans (et sous le commandement d'un certain Phil Jackson). Gay n'a que 23 ans et même si rien ne dit qu'il suivra les traces de ses ainées, on peut légitimement se permettre de l'espérer (c'est de l'ordre du pari là aussi mais apparemment toute la NBA semble être régie par le concept du pari).