21 décembre 2009

Analyse de la draft 2009: Les Spurs de San Antonio

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Joueurs draftés :

DeJuan Blair (PF, sophomore), choisi en n°37
Jack McClinton (PG/SG, senior), choisi en n°51
Nando De Colo (PG/SG, né en 1987), choisi en n°53


Die Hard

---Les Spurs sont dur à tuer. Même mis à terre et roués de coups par l’âge, San Antonio a encore une fois repoussé son sinistre destin d’un coup de poing rageur et s’est recomposé une allure de prétendant au titre. Pour ça, les dirigeants texans ont lourdement tiré sur chacun des leviers à disposition sur leur tableau de bord, à savoir les transferts (Richard Jefferson contre Kurt Thomas et Bruce Bowen), le marché des free agents (Antonio McDyess, Keith Bogans) et bien sûr, la draft. Cette dernière et la sélection d’un présumé lottery pick au second tour, furent d’ailleurs la confirmation de ce que certains redoutaient depuis longtemps : la chance fait partie du jeu et c’est souvent les meilleurs qui en profitent. Et cette maxime, les Spurs l’ont en travers de la tronche (draft de Tim Duncan avec un impensable first pick, recrutement de Tony Parker et Manu Ginobili en fin du premier et second tour). Aujourd’hui et sans avoir de choix au premier tour, ni même dans les tous premiers du second, ils ont pu drafté l’un des tous meilleurs joueurs de NCAA, DeJuan Blair (20 ans - 15,7 pts à 59,3 %, 12,3 rebs en 27,3 minutes).

---A quoi devons-nous cette chance cette fois ? Blair (voir profil mock draft 15th pick, Detroit) était le cœur d’une excellente équipe universitaire et a sérieusement dominé la plupart de ses adversaires directs, dont le futur n°2 de draft de 2,20 m, Hasheem Thabeet. Vu comme ça, la grosse vingtaine de choix située entre le 11ème pick et le 36ème ressemble à une scène de crime qui aurait la moitié des franchises NBA pour coupable. Mais c’était sans compter les lourds nuages de doutes qui pèsent sur le joueur de Pittsburgh.

---Intérieur qui fait le gros de son œuvre dans la peinture mais qui ne culmine qu’à deux mètres, Blair attirait déjà son paquet de reniflements dédaigneux et d’interrogations sur sa capacité à assurer un rendement offensif suffisant face aux raquettes surdimensionnées de la NBA. Mais ces reniflements se sont rapidement mués en hoquets de stupeur et en sueurs froides lorsque l’étrange état de ses genoux est venu sur le tableau. Il faut admettre qu’un joueur qui n’aurait semble-t-il pas de ligaments croisées a de quoi fiche la frousse. Et puis cerise confite sur le cake anglais, Blair traîne quelques antécédents de surpoids. Cet ensemble de sujets préoccupants est toujours dérangeant, mais il l’est beaucoup plus quand il vient se poser sur un joueur qui a fait de son intensité l’une de ses forces.

---Les raisons de passer son chemin étaient donc effectivement assez sérieuses. Cependant, il est rare de trouver des rookies, même très côtés, qui ne présentent pas d’inquiétudes de même niveau. Et puis, le Pitt’ Bull a joué les deux dernières saisons sans entendre ses genoux broncher et contrairement à un Tyler Hansbrough, il a fait son job face à des oppositions plus grandes et plus athlétiques, même s’il ne s’agissait encore que de NCAA. De toute façon, il n’y a pas de quoi louer le courage de San Antonio pour avoir sélectionné un joueur sur lequel il plane tant de craintes. A ce stade-là de la draft (37ème position), le manque à gagner en cas de faillite du cubique intérieur n’était vraiment pas large.

4 commentaires:

Lucas a dit…

Je ne pense pas que De Colo joue en NBA un jour.
Déjà, ça ne représenterait pas un grand intérêt pour sa carrière, il vaut mieux pour lui qu'il fasse une bonne carrière en Europe plutôt que de s'enterrer aux States comme beaucoup de ses pairs.
Après, son profil me rappelle vraiment Stephen Curry, le shooteur fou, combo guard plutôt créatif qui peut jouer en 1. Mais De Colo, on ne peut pas dire qu'il soit limité en défense : il est NUL en défense. Etant donné à quel point il s'est fait bouffer à l'Euro, je n'ose même pas imaginer les difficultés qu'il rencontrerait en NBA.
Même si c'est un excellent shooteur, son manque de gabarit va lui porter un préjudice énorme, alors qu'en Europe c'est un simple point faible qui ne l'empêche pas d'être aux manettes d'une bonne équipe qui marche bien (4 pertes de balles en 25 minutes quand même, 2e en ACB).
Même s'il foule un jour un parquet américain, il ne pourra jamais devenir ne serait-ce qu'un bon joueur de rotation. Il vaut mieux pour lui qu'il reste en Europe.

StillBallin a dit…

Je ne serais pas aussi catégorique que toi mais sinon oui, tu as raison. Son "potentiel européen" est beaucoup plus grand que son "potentiel NBA". Mais ça ne l'empêchera pas de tenter sa chance du côté de l'Oncle Sam (c'est comme ça pour tout le monde, c'est comme si tu disais à un joueur MVP de pro B qu'il valait mieux qu'il reste dans la deuxième division plutôt qu'être un role player en pro A).

Je pense aussi que De Colo peut, à terme, devenir plus qu'un role player en NBA. Si il poursuit sérieusement sa progression, notamment dans tout ce qui a à voir avec les compétences de meneur (dont les pertes de balles) et qu'il se montre assez patient avant de faire le grand saut, je pense qu'il pourra espérer faire quelque chose dans cette ligue. Il ne faut pas oublier qu'il est encore jeune et que des joueurs comme Ginobili ou Calderon ont attendu d'avoir 25 ans avant d'entrer dans la ligue. Sa défense sera toujours un problème mais si Calderon peut être titulaire en NBA (qui lui même avait surpassé un autre meneur titulaire de la NBA, TJ Ford), De Colo a une chance de l'être aussi. Du moins potentiellement car il est évident que le De Colo actuel n'aurait pas sa place dans la ligue.

Lucas a dit…

C'est vrai que je suis sans doute allé un peu loin, mais j'entendais plutôt "jouer un rôle" en NBA.
Aussi mauvais défenseurs qu'ils soient, Nash et Calderon sont des playmakers de très haut niveau, pour Nash pas besoin de justifier, et Calderon pourrait tourner à 10 pd/m s'il était plus régulier. C'et un all-star potentiel mais son irrégularité lui a toujours réduit son temps de jeu, et j'ai même l'impression qu'il va passer derrière Jack dans la rotation des Raptors.
De Colo devra faire des progrès hallucinants pour pouvoir prétendre à un tel rôle dans une équipe, même en tant que back-up, et s'il est normal qu'il aie envie de goûter au meilleur championnat du monde, il est évident que son avenir est en Europe.
Si De Colo parvient un jour à progresser suffisamment pour se voir offrir une chance en NBA, je ne le vois pas jouer à un niveau plus élevé que celui de Steph Curry cette saison. Et dans ce cas, dans une équipe comme les Warriors, où la défense n'est pas un souci majeur.
De Colo a fait un choix intelligent en restant en Europe avant de se frotter à la grande ligue, et je pense qu'après avoir essayé, il aura l'intelligence de retourner en Europe si l'expérience n'est pas concluante. Cela dit, je dois reconnaître qu'il est un peu tôt pour pouvoir se prononcer sur le potentiel réel du Français à ce poste de meneur, mais j'y crois quand même peu. En fait je serai un peu déçu de voir un joueur tellement taillé pour le jeu européen disparaître dans les profondeurs des bancs américains, ça doit être pour ça que je suis si pessimiste!

StillBallin a dit…

Toute la question est là, si De Colo parvient à progresser suffisamment pour avoir des playmaking skills digne de ce qu'on attend d'un vrai meneur (et là il y a effectivement pas mal de travail), il aura une vraie chance en NBA. Mais sinon, inutile qu'il tente sa chance de ce côté de l'Atlantique, là dessus je suis d'accord avec toi.

C'est en cela que je dis que "les progrès qu’il effectuera dans la péninsule ibérique seront déterminants pour son éventuel futur en NBA. Qu’il s’impose comme un des meilleurs meneurs du championnat et la perspective de voir son nom apparaître dans un roster américain prendra une teinte un peu plus foncée. Qu’il emmène son équipe en Euroleague et reste performant à ce niveau de compétition, et on pourra le voir se préparer à affronter 82 matchs de saison régulière."
Le championnat espagnol sera pour lui à la fois le meilleur endroit pour progresser et un véritable révélateur de sa capacité ou non à évoluer et donc à intégrer la NBA à l'avenir.

"En fait je serai un peu déçu de voir un joueur tellement taillé pour le jeu européen disparaître dans les profondeurs des bancs américains, ça doit être pour ça que je suis si pessimiste!"

C'est vrai que c'est toujours pénible de voir des bons joueurs cirer le banc en NBA mais j'ai envie de dire que rien ne les empêche de rentrer en Europe. Donc à partir de là, on peut penser qu'ils sont plus ou moins les artisans de leur propre gâchis. Ce qui est marrant, c'est que l'inverse existe aussi (Von Wafer, si tu nous lis).