21 décembre 2001

Analyse de la draft 2009: Les Spurs de San Antonio (suite)

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[suite de la première partie]

---Blair a dû souffrir le martyr à voir défiler les choix de draft sans jamais entendre son nom mais au bout du compte, l’intérieur de Pittsburgh est certainement tomber dans les bras de ce qui est peut-être pour lui la meilleure situation possible. Peu de rookie ont eu la chance de pouvoir atterrir dans une équipe de haut standing tout en pouvant espérer fouler régulièrement le parquet. Car en effet, bien qu’étant en course pour le titre, San Antonio est une équipe vieillissante (particulièrement dans la raquette) qui devrait accueillir avec joie l'enthousiasme, l'intensité et la hargne aux rebonds de son nouveau rookie. On peut même espérer voir cet excellent poseur écran offrir de bien jolies ouvertures au road runner français, Tony Parker.

---Parallèlement, n’importe quel bon rookie peut tirer un grand bénéfice à intégrer l’institution qu'est la franchise texane. Savoir-faire, rigueur et encadrement est une recette éprouvée qui est certainement magnifiée par la présence de grands joueurs, de vétérans chevronnés et d’un coach unanimement respecté. D'ailleurs, entre Tim Duncan et Antonio McDyess sur son poste, Blair aura de quoi apprendre le métier. Même le futur s’annonce souriant vu que ces intérieurs à la trentaine bien tassée devront lui laisser leur place au fur et à mesure que leur âge se fera sentir. DeJuan Blair a devant lui une voie royale, il ne lui reste plus qu'à la chevaucher.

---Avec deux autres picks en fin de second tour, la suite de la draft des Spurs était forcément moins spectaculaire mais on peut malgré tout y décerner un éclat particulier, du genre qui nous fera dire plus tard que les Spurs ont encore eu du flair. Sans penser que Jack McClinton (51th pick) ou encore Nando De Colo (53th pick) connaitront une carrière aussi flamboyante que celle de Manu Ginobili (57th pick en 1999), on peut les imaginer tous les deux s’incruster un jour durablement dans le paysage NBA.

---En effet, McClinton (24 ans, Miami University) n’est pas sans rappeler le pompier-pyromane de Boston, Eddie House. Sidérant la NCAA par sa faculté à dégainer de n'importe où en trois clignements de paupières (19,3 pts à 45,3 % à 3 pts sur 7 tentatives par match), ce combo guard pourrait se glisser dans le rôle du three pointer à combustion spontanée qu’on sort du banc pour allumer la salle de quelques missiles longue distance. Bien qu'erratique, une telle arme peut s'avérer décisive en offrant quelques flèches bienvenues ou pourquoi pas en changeant le cours d'un match. Petit (1,83 m), rapide et bon dribbleur mais dénué de playmaking skills, McClinton ne pourra que difficilement prétendre à un autre rôle que celui de pétard longue portée à usage limitée. Néanmoins, ce rôle certes étroit n’est pas dénué d’intérêt notamment dans une bonne équipe où il prend un tranchant particulièrement aiguisé. Si McClinton se débrouille bien, il peut devenir un rouage indispensable dans l’armada texane.

---Nando De Colo (22 ans, Cholet/Valence), lui, peut peut-être espérer plus ou au contraire beaucoup moins. Etiqueté joueur au format européen à cause de ses qualités athlétiques peu exceptionnelles par rapport aux standards américains (question qui bute principalement sur sa capacité à défendre sur les arrières à réaction de la grande ligue), le français peut malgré tout espérer se faire une place de ce côté-ci de l’Atlantique. En effet, ce formidable attaquant a montré une créativité qui, associée à sa grande taille (1,95 m), sa vitesse honorable et sa brillante capacité à scorer balle en main, lui confère un potentiel de meneur digne d’intérêt. Clairement, son avenir NBA, si jamais il en a un, se situe plus à ce poste qu’à celui d’arrière. Reste maintenant à prouver qu’il peut diriger efficacement une équipe pour attiser le regard de la grande ligue. Et plutôt malin, De Colo a décidé de tenter de prouver ça dans le deuxième meilleur championnat du monde, la liga espagnole.

---Autrement dit, les progrès qu’il effectuera dans la péninsule ibérique seront déterminants pour son éventuel futur en NBA. Qu’il s’impose comme un des meilleurs meneurs du championnat et la perspective de voir son nom apparaître dans un roster américain prendra une teinte un peu plus foncée. Qu’il emmène son équipe en Euroleague et reste performant à ce niveau de compétition, et on pourra le voir se préparer à affronter 82 matchs de saison régulière. Défendre sur les spécimens athlétiques d’outre-Atlantique sera toujours un problème mais Jose Calderon a montré que ce déficit n’était pas rédhibitoire.

---Ainsi, Les Spurs n’ont pas pris un grand risque en sélectionnant le néo-valencian à ce stade de la draft. Au mieux, De Colo deviendra un excellent point guard du championnat espagnol et les Spurs pourront un jour compter un bon meneur-scoreur dans leurs rangs. Au pire, l’international français rentrera bredouille de son aventure ibérique et San Antonio n’aura gâché qu’un 53th pick. Beaucoup plus à gagner qu’à perdre, donc. Et les seuls efforts que la franchise aura à fournir seront d’attendre et de surveiller.

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DeJuan Blair (San Antonio) : Malgré un temps de jeu finalement assez réduit (mais compréhensible en raison de la présence de plusieurs power forwards ou simili-power forwards dans l’effectif comme Duncan, McDyess et Matt Bonner), Blair a brillamment tiré son épingle du jeu. En 14,7 pauvres minutes de jeu, il apporte 6,3 pts (à un magnifique 59,6 %) et 5,5 rebs. Plus impressionnant encore, il a déjà compilé trois double-doubles pts/rbs, tout ça en ayant dépassé qu’une seule fois les 22 minutes par match. Reste à savoir si il peut occuper un rôle un peu plus important avec la même rentabilité.

Jack McClinton (Aliaga Petkim) : Après une très difficile summer league et la signature de Keith Bogans, McClinton a demandé à être laissé libre par la franchise. Il s’est ensuite engagé en première division turque, à Aliaga Petkim (5v – 5d) où il tourne à 13,4 pts (36,6 % et 27,9 % à 3pts). Rien de bien spectaculaire mais c’est un rookie à ce niveau-là et il faudra lui laisser un peu plus de temps avant d'apposer un jugement définitif sur sa personne.

Nando De Colo (Valence) : Recruté comme meneur remplaçant, De Colo a autoritairement pris le poste titulaire des mains de Marko Marinovic. 11,8 pts (44,8 %), 2,7 asts en Espagne (en 24,8 minutes), 14,5 pts (55,9 %), 2,2 asts en Eurocup (en 27,3 minutes), l’international est en avance sur sa feuille de route et ce n’est pas Valence qui va s’en plaindre (4ème du championnat avec 9 victoires et 4 défaites). Plongé dans l’enfer du deuxième meilleur championnat du monde avec en main les rênes de son équipe, Nando est dans la meilleure situation possible pour devenir le joueur qu’il et qu’on souhaite qu’il devienne. Il a encore quelques caps à franchir mais ces débuts sont très prometteurs.

StillBallin

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