[suite de la première partie]
---Earl Clark (voir profil au 15th pick, Detroit), par contre, aurait été un pari intéressant. Oscillant entre le sublime et l’apathie, le combo forward à tout faire de Louisville est un top 5 de la draft lorsqu’il surfe sur les courbes supérieures de son talent sinusoïdal. Chez les Pacers, le poste 3 est l’intouchable territoire de Danny Granger mais l’avenir de l’ancien Cardinal est plus brillant sur le poste 4 que sur le poste 3. En effet, Clark est suffisamment grand (2,06 m) et athlétique pour occuper cette position, tandis que sa vitesse et ses skills d’ailier font potentiellement de lui un cauchemar à défendre pour les powers. Son potentiel de slasher est monstrueux et complèterait parfaitement les qualités de shooteurs des autres Pacers comme Granger notamment. Parallèlement, sa capacité à jouer loin du cercle pourrait se combiner assez bien avec le jeune et intéressant pivot, Roy Hibbert, qui pourrait ainsi avoir l’espace et les coudées franches pour mettre à contribution sa taille et sa technique meilleure qu’il n’y paraît. Cette association entre le baobab Hibbert et le tentaculaire Clark est encore plus prometteuse sur les phases défensives.
---L’image d’Earl Clark sous les couleurs des Pacers a des reflets enjôleurs mais c’est sans compter les quelques accrocs qu’elle comporte et que la franchise ne peut pas se permettre de négliger. Tout ce que je viens de décrire est une question de potentiel. En effet, au-delà de son irrégularité chronique, Clark a tendance à se comporter plus comme un poste 3 que comme un poste 4 (problématique pour une équipe dont le joueur majeur, Granger, est un pur small forward) et son talent de slasher est étouffé par son attirance pour le shoot.
---Evidemment, ces défauts très gênants peuvent être corrigés. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils le seront. Finalement, choisir Clark n’est peut-être pas moins risqué que sélectionner DeJuan Blair. Sans forcément mettre ces deux joueurs de côté, d’autres joueurs étaient eux aussi mieux considérés que Tyler Hansbrough.
---Parmi eux, le nom le plus en vue était celui de Jrue Holiday. Longtemps prévu dans le top 10, mais loin d’être prêt à faire des étincelles en NBA dès son année rookie, le frosh d’UCLA a lentement glissé du tableau de draft et était disponible à l’heure du choix d’Indiana. Enorme défenseur sur l’homme, un physique très intéressant, une vraie mentalité de meneur et un sens du jeu tout sucre tout miel, Holiday s’est taillé un profil particulier mais férocement aguicheur. Son année universitaire d’abord impressionnante puis très décevante fausse un peu les données, tout comme la spécificité de sa situation à UCLA (confiné en arrière shooteur, privé du gouvernail de l’équipe et embourbé dans un jeu posé qui n’est pas le sien) mais beaucoup de monde l’imagine assez bien être un jour aux commandes d’une puissante cylindrée.
---Au moment de la draft, les Pacers possédaient un four de meneurs (TJ Ford, Jarrett Jack, Jamal Tinsley et Travis Diener) et presque autant désormais (Earl Watson a remplacé Jack et Tinsley a quitté la franchise) mais aucun d’eux n’est à la hauteur des attentes et des ambitions de la franchise. TJ Ford se départage largement des autres et son talent n’est plus à prouver mais sa propension à prendre de mauvaises décisions, à penser à lui avant ses coéquipiers et son inconstance ternissent l’idée d’en faire le meneur définitif et incontesté de la franchise pour les années à venir. Holiday, lui, a le potentiel pour être ce point guard.
---Il y a un énorme pas à franchir entre le potentiel et le niveau effectif mais même dans le pire des cas, Jrue Holiday n’aurait-il pas fait un role player au moins aussi précieux qu’Hansbrough ? Sa capacité à défendre sur les deux postes arrières, son côté all around et ses qualités de playmaker valent bien l’intensité et la ruse offensive de Tyler Hansbrough, si ce n’est plus.
---Dans la même idée, on pouvait aussi penser à Ty Lawson. Contrairement à Holiday, le petit général de North Carolina est un joueur abouti et calibré pour être productif dès ses premiers matchs NBA. Son potentiel n’est pas aussi impressionnant que celui de son rival d’UCLA, de même qu’il ne possède pas son profil particulier et multifonction mais il devrait conduire son équipe avec force et justesse. La treizième place de la draft peut paraître un peu élevée pour certains, mais ce n’est pas mon cas. Dans une cuvée moins lourde en excellents meneurs, le Tar Heel aurait certainement était sélectionné dans ces eaux-là, si ce n’est avant (cf : DJ Augustin l’an passé, choisi en n°9). Et puis, voir Lawson en 13 n’est pas plus surprenant qu’y voir Hansbrough.
---De plus, il aurait peut-être été judicieux de drafter un meneur cette année où les meneurs de talents s’étalent tout au long du premier tour, et attendre la prochaine session pour récupérer un power forward de qualité dans une draft supposée en proposer un large éventail (Greg Monroe, Ed Davis, Al-Farouq Aminu, John Henson, Patrick Patterson, Craig Brackins,…).
---Finalement, les options les plus alléchantes ne sont pas exempts de défauts (DeJuan Blair, Earl Clark) et on peut aussi imaginer que les dirigeants de la franchise de l’Indiana ont vu plus de choses chez Hansbrough que nous et que l’ancien Tar Heel posera un voile sur les critiques dès ses premiers affrontements dans la grande ligue. Néanmoins, je pense qu’il y avait plus à gagner qu’à perdre en recrutant Jrue Holiday ou Ty Lawson. Le premier a un potentiel de rêve et au pire, il restera un role player aussi intéressant qu’Hansbrough. Quand à Lawson, je pense qu’il aurait mieux tenu les Pacers que TJ Ford et de façon plus fiable, permettant aux dirigeants de se désintéresser avec soulagement du poste 1 pour s’échiner à remplir les autres secteurs du jeu.
---Il y a peut-être une autre donnée à prendre en compte dans le processus de sélection de la franchise d’Indianapolis. J’ai entendu dire que Larry Bird –the Pacers’ President of Basketball Operations- s’était fixé une ligne de conduite en matière de draft : sélectionner des universitaires chevronnées et issus de prestigieuses facultés qui ont connu un certain succès à ce niveau. On se rend compte en effet que Brandon Rush (3 ans à Kansas, Champion NCAA en 2008) et Roy Hibbert (4 ans à Georgetown, demi-finaliste en 2007) drafté par les Pacers l’an dernier répondent à ces critères tout comme Tyler Hansbrough (4 ans à North Carolina, champion en 2009) et le second tour AJ Price que nous verrons un peu plus tard (4 ans à Connecticut, demi-finaliste en 2009), cette année.
---Recruter des jeunes joueurs qui ont un certains bagages universitaires est loin d’être dénué de sens. Ce sont en général des joueurs plutôt matures, assez aboutis, bien coachés et dotés d’une sérieuse expérience de la compétition. Bref des joueurs précieux pour n’importe quelle équipe et prêts à être plonger immédiatement dans la chaleur des combats NBA. On peut approuver ou critiquer cette orientation (les très gros talents qui restent longtemps en NCAA comme Tim Duncan, ça n’existe plus vraiment ; ceux qui restent ne sont pas forcément les plus talentueux), toujours est-il qu’elle offre un véritable fondement à la décision de sélectionner Hansbrough. Mais elle en aurait aussi offert un du même calibre à celle de choisir Lawson.
---Enfin, comme je l’ai dit au début, cette draft 2009 sera toujours un broussailleux et redondant sujet de discussion pour quiconque s’intéresse un tant soit peu aux Pacers. Le seul qui pourra y mettre est terme n’est autre que Tyler Hansbrough lui-même. Connaissant la rage de vaincre du bonhomme et sa monstrueuse éthique de travail, cette éventualité n’est pas complètement fermée.
---Que dire d’AJ Price ? L’avoir vu plombé la demi-finale du tournoi NCAA à lui tout seul (il tentait de scorer tout seul sur chaque action, ne faisait que s’empaler sur les défenses et continuait malgré tout) m’a forcément donné une mauvaise image de lui, plus encore parce que c’est un meneur. Néanmoins, il possède plusieurs qualités assez intéressantes comme sa capacité à scorer (à distance notamment) et sa grosse expérience. Ainsi, il ne serait pas étonnant qu’il devienne un solide remplaçant en deuxième ou troisième meneur d’une équipe, ce qui en fin de compte n’en fait pas un mauvais choix pour un pick si loin dans le second tour. Mais j’avoue avoir du mal à l’imaginer tenir une équipe pendant plus que quelques séquences.
---Patrick Mills qui était toujours disponible est certainement plus talentueux et il possède vraiment le potentiel d’un titulaire mais, contrairement à Price, il ne colle pas vraiment au la ligne directrice que Larry Bird semble s’être fixé et que j’ai évoqué un peu plus haut. Aussi, son potentiel dessine un type de joueur assez proche de celui de TJ Ford, donc l’intérêt de le recruter est un peu limité. Il est vrai qu’on peut l’imaginer se glisser dans le costume d’un pétard ambulant, un peu comme Jannero Pargo dans sa belle période avec les Hornets, mais apparemment, c’est plutôt vers la solidité et la fiabilité que se tourne la franchise. Malgré tout, ça valait quand même le coup de tenter Mills, quitte à l’envoyer à Europe jusqu’à ce qu’il maîtrise un peu son jeu. Ce n’est qu’un 53ème choix de draft et prendre un tel investissement n’est pas cher payé même si celui-ci se perd quelque part en Europe.
---Alors bonne draft pour les Pacers ? Sans la qualifier de mauvaise, elle est un peu en dessous des attentes et des possibilités. Mais encore une fois, c’est Tyler Hansbrough qui aura le dernier mot. Donc autant le laisser s’exprimer avant de placarder un avis définitif sur les choix d’Indiana.
StillBallin
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