25 août 2001

Analyse de la draft 2009: Les Suns de Phoenix (suite)

-
[suite de la première partie]

---Il revient quand même de calmer un peu les ardeurs. Earl Clark n’est pas la solution miracle. Toutes les qualités du combo forward ne peuvent être mises à contribution qu’à la seule condition que l’ancien étudiant de Rick Pitino à Louisville arrive sur le terrain dans les dispositions mentales appropriées. Trop souvent, le corps de Clark arpente le parquet alors que son esprit est ailleurs. Pertes de concentration mais aussi manque de dureté (mentale et dans le jeu) et d’entrain, tout cela plombe parfois (souvent) le magnifique joueur qu’il est.

---L’équation semble simple, si Phoenix parvient à faire jouer son rookie comme un enragé à chaque match, son impact sera immédiat. Sauf qu’il ne suffira pas de le dire pour qu’il en soit ainsi. De même, si la franchise parvient à lui faire un peu oublier son shoot au profit de l’attaque du panier, elle pourra se targuer d’avoir un slasher de premier rang, ce qui est plutôt seyant aux côtés des bombardiers de l’arrière (Nash, Barbosa, Richardson) et d’un intérieur inarrêtable lorsqu’il décide de se tailler un chemin vers le cercle (Stoudemire) et qui, par conséquent, oblige les défenses à se concentrer sur lui.

---Ces deux cibles de progression ne sont pas les seuls défauts du jeune Sun mais ce sont les principales et les corriger le ferait instantanément passer du statut de potentiel à celui de joueur d’impact. Toutefois, ces deux marches sont loin d’être faciles à gravir (particulièrement la première) et il faudra certainement racler tout ce que le staff a de capacités pour qu’il y parvienne.

---Mais peut-être que le staff aura la bonne idée de lui donner pour consigne de se concentrer sur la défense et le rebond. En effet, faire en sorte qu’un joueur se focalise sur une ou deux tâches précises, le responsabiliser sur un ou deux aspects du jeu et lui donner une conduire à suivre simple et précise, est un excellent moyen de rendre effective son évolution. Ces consignes simples et directes couplées à une responsabilisation certaine mais restreinte permettent à ces joueurs inexpérimentés et peut-être un peu faible mentalement, de ne pas se sentir perdu sur le terrain et de rester concentré et impliqué pendant une grande partie du match. Aussi, cela évite aux joueurs très complets comme Clark de s’éparpiller et d’au final n’avoir qu’un faible impact sur le match.

---L’ancien villeurbannais, Amara Sy, possède beaucoup de points communs avec Clark. Tout deux sont hyper talentueux, aussi à l’aise en 3 qu’en 4 (avec les mismatchs que cela implique), très athlétiques, extrêmement complets et dominateur en défense, mais aussi très irrégulier et un peu faible mentalement. Or, lorsqu’il était à l’ASVEL ou au Mans et qu’il passait d’une période creuse à une période faste, on pouvait entendre son coach Vincent Collet, accessoirement entraîneur de l’équipe de France, expliquer qu’il avait besoin de recentrer Sy sur la défense et le rebond pour qu’il retrouve son niveau.

---Rien ne m’étonnerait moins qu’il en soit autant pour Clark. De plus, avec tous les talents qu’elle possède, la franchise de Phoenix peut se permettre de « sous-exploiter » les vastes qualités de l’ancien joueur de Louisville et de le consigner à la défense et aux rebonds. De plus, cela serait certainement aussi profitable à la franchise qu’au joueur puisque la défense est la lacune de base des Suns (rappelez-vous l’avant et l’après Shawn Marion), tandis qu’un large amont de rebonds est presque indispensable pour alimenter leur fourmillante attaque.

---Ainsi, les potentialités de la venue d’Earl Clark à Phoenix sont énormes. En m’avançant un peu (beaucoup), je pourrais même penser qu’un Clark constant à un bon niveau règlerait une grande partie des problèmes des Suns. Et sinon, il pourra constituer une jolie base pour démarrer un nouveau cycle après le départ de Steve Nash et éventuellement d’Amare Stoudemire. D’ailleurs, concernant le niveau définitif de la pépite sur courant alternatif de Louisville, ce n’est pas comme si on jetait une pièce en l’air. Il sera du devoir de la franchise elle-même de faire en sorte que Clark devienne le joueur qu’on voudrait qu’il soit.

---Si Earl Clark apparaît comme un très bon choix, Jrue Holiday faisait lui aussi un excellent candidat à l’insigne du meilleur-joueur-disponible-qui-va-bien-aux-Suns. En effet, Phoenix n’a pas vraiment besoin d’un meneur actuellement mais cela ne devrait pas tarder. Les deux-trois années qu’il reste à Nash ne constitueraient-elles pas une excellente période d’apprentissage pour le très jeune Holiday (19 ans), d’autant plus si c’est sous les conseils du Canadien ? Phoenix tiendrait ainsi la relève à son glorieux meneur. Néanmoins, comme je l’ai dit au début, Steve Kerr hésite encore à abandonner le présent pour poser les pierres qui bâtiront le futur de la franchise. Earl Clark est plus à même de participer activement à ce présent et il a par conséquent remporté la décision du General Manager.

---Maintenant débarrassé des choses sérieuses, on va pouvoir déconner un peu. Et c’est les Suns qui lancent la première vanne : Taylor Griffin sélectionné en 48ème position. Les chances de trouver des joueurs utilisables avec un tel pick sont aussi grandes que de revoir un jour Charles Barkley faire des pompes en concurrence avec une jeune fille mais quand même, la franchise aurait pu retenir un peu ses envies de déconnades jusqu’à la fin du second tour de la draft et le début des vacances.

---Il y a peu, Dayi &Co me demandait si le plus vieux des Griffin avait une chance d’être drafté. Je lui avais alors répondu que ses chances étaient vraiment très faibles et qu’il n’apparaissait nulle part dans les mocks draft. En effet, Taylor Griffin (23 ans) était dans sa dernière et sa meilleure année à Oklahoma University et ses stats plafonnaient à 9,6 pts et 5,8 rbs. Athlétique mais très limité techniquement, costaud mais petit (2,00 m), Griffin risque de souffrir aussi bien au poste 3 qu’au poste 4. De manière générale, il ne possède aucun atout sérieux qui lui permettrait de susciter ne serait-ce qu’un peu d’intérêt en NBA.

---Et pourtant, Phoenix l’a sélectionné. Devant des joueurs un peu plus référencés comme Patrick Mills, Jack McClinton ou Nando De Colo. Il faut être honnête, tout le monde a été surpris par ce pick et avait même du mal à le prendre au sérieux. Rien ne justifie cette sélection à part l’espoir farfelu de voir un jour le n°1 de draft rejoindre l’Arizona à la fin de son contrat rookie pour y retrouver son grand frère. Et comme une blague qui devient de moins en moins drôle au fur et à mesure qu’elle s’éternise, Phoenix a fait signer un contrat à son 48ème choix de draft. Malgré tout, il n’y a pas de quoi en faire un plat, cette signature aussi inutile soit-elle ne gênera en rien la franchise (ou si peu). Ce n’est pas comme si les Suns avaient offert un contrat de 30 millions de dollars sur cinq ans à Jerome James.

---Quoiqu’il en soit, Phoenix n’a pas foiré son pick le plus important et c’est le principal. Earl Clark était sur la short list de la plupart des fans, ainsi, Steve Kerr a pu voir sa cote de popularité freiner un peu sa chute. Reste que Clark comme les Suns ont le mot « bust » écrit en travers de leur visage. La saison prochaine parviendra-t-elle à l'effacer?

StillBallin

Aucun commentaire: