02 juin 2009

La draft 2009 sera le champ de bataille des meneurs (Part.3)

[Suite de la seconde partie]

Darren Collison
(UCLA), né en 1987, 1m85, 75 kg

Stats (en NCAA): 14,4 pts à 50,9 % (39,4 % à 3 pts), 4,7 asts, 1,6 stls, 2,5 to en 31,5 minutes

---Son mètre quatre-vingt cinq (généreux selon certains) et ses soixante quinze kilos ne sont pas des plus effrayant mais personne n’est meneur titulaire de la mythique université d’UCLA depuis trois ans sans être capable de faire quelques trucs sur un terrain. Point guard qu’on peut déjà qualifier d’expérimenté à seulement 21 ans (presque 22), Darren Collison dirige sa formation d’une main sûre et efficace, occasionnant très peu de déchets. Intelligent et doté d’une excellente science du jeu, le senior joue juste, distribue bien, maîtrise parfaitement le jeu sur demi-terrain et apporte des points grâce à sa qualité de shooteur, qualité d’autant plus appréciée qu’il ne prend que très rarement de mauvais shoots (50,9 % de réussite dont 39,4 % à trois points). Le Général californien est aussi un exemple de l’autre côté du terrain où il pose beaucoup de problème à l’attaquant adverse.

---Malgré tout, il est difficile de voir en lui autre chose qu’un back-up en NBA (de qualité, certes, mais back-up quand même). Souvent dominé physiquement dans le contexte universitaire, incapable de porter son équipe ou d’élever son niveau de jeu, Collison semble avoir atteint son potentiel maximum. Par ailleurs, les franchises en quête d’un meneur capable de pénétrer et encore plus, de finir dans la raquette, devront passer leur chemin car ce type d’action ne fait pas vraiment partie de son registre.

---Le Bruin reste un meneur distributeur-shooteur-défenseur d’excellente facture qui devrait rendre pas mal de service à sa future formation et se faire une place bien douillette en NBA.

Ce qui peut pousser une franchise à le drafter plutôt qu’un autre :

---Possède toutes les qualités du meneur remplaçant idéal dont rêve tous les coachs. Sa capacité à jouer sur demi-terrain risque aussi de taper dans l’œil certaines franchises.

Ce qui peut pousser une franchise à en préférer un autre :


---Ne peut pas être considérer comme autre chose qu’un remplaçant et sa marge de progression semble assez faible. Son incapacité à pénétrer.


Draft 2009 : Etant dans sa dernière année universitaire, le senior est automatiquement éligible pour la draft 2009.


***

Nick Calathes (Florida), né en 1989, 1m95, 84 kg
Stats (en NCAA): 17,2 pts à 48,2 % (39 % à 3 pts), 5,3 rbs, 6,4 asts, 1,9 stls, 3,3 to en 33,3 minutes

---Meneur de grande taille (1,95 m) qui peut aussi occuper le poste 2, Nick Calathes est d’abord un excellent passeur, doté d’une très bonne vision de jeu (profitant particulièrement de sa taille pour avoir un meilleur point de vue), d’un QI basket très élevé et d’une belle maîtrise du jeu.

---Plutôt technique, pas mauvais aux abords de la raquette et shooteur efficace lorsqu’il est ouvert, l’américano-grec peut apporter une solide contribution à la marque sans vraiment gâcher (48,2 % de réussite dont 39 % à 3) mais il est difficile de l’imaginer être une première ou seconde option offensive à l’heure actuelle.

---De plus, étant un peu moins rapide que ces collègues point guard de la draft et moins athlétique, Calathes risque de souffrir un peu en NBA, notamment en défense. Et même si son jeu all-around (5,3 rbs, 6,4 asts, 1,9 stls) risque d’attiser l’esprit de pas mal de dirigeants de la grande ligue, il est difficile de voir en lui plus qu’un solide joueur de rotation.

Ce qui peut pousser une franchise à le drafter plutôt qu’un autre :

---Sa combinaison de qualités (playmaking, taille, versatilité, shoot) assez intéressante et pas si commune. Peut être un back-up/role player de qualité.

Ce qui peut pousser une franchise à en préférer un autre :

---Ses aptitudes physiques (vitesse et qualités athlétiques) qui pourrait l’handicaper dans le contexte NBA.


Draft 2009 : Le cas de Calathes est assez particulier. L’américano-grec vient de signer un contrat avec la mythique équipe grecque, le Panathinaïkos, champion d’Europe cette année. Toutefois, le point guard a maintenu son nom sur les listes de la draft et pourra y être sélectionné. Il me semble qu’il dispose de plusieurs clauses de sortie pour la NBA dont une avant même d’entamer la prochaine saison avec le Pana (je crois), ce qui lui permettrait de poser les pieds dans la grande ligne malgré le contrat qu’il a signé avec le club grec.
---Cet élément sera certainement pris en compte le jour de la draft et il sera peut-être dr
afté plus loin que prévu. Cependant, certaines franchises seraient peut-être intéressées par un joueur qui a la possibilité de s’aguerrir en Euroleague avant de faire le grand saut. D’ailleurs, souvenez-vous ce que j’ai dit dans l’introduction de cette article (première partie) sur l’opportunité qu’il y avait à drafter un européen cette année (« se la jouer San Antonio »). Quoiqu’il en soit, ce qui est sûr, c’est que Calathes, qui n’est qu’un sophomore, ne pourra pas retourner à Florida la saison prochaine en raison du contrat professionnel qu’il vient de signer.


***

Patrick Mills (Saint Mary’s), né en 1988, 1m83, 79 kg
Stats en (NCAA): 18,4 pts à 40,2 % (33,8 % à 3 pts), 3,9 asts, 2,2 stls, 2,9 to en 33,3 minutes

---Ce meneur électrique a brûlé les planches lors des Jeux Olympiques de l’été dernier sous le maillot de l’Australie et a marqué la rétine du peuple de la balle orange, notamment avec les 20 points qu’il a inscrit au nez et à la barbe de la défense américaine (oui, c’est ça, la Redeem Team qui avait fait de la défense sa priorité et sa force majeure).

---Un an plus tard, Patrick Mills est le même joueur. Incroyablement rapide et agressif, capable de marquer de loin, il ne fait aucun doute que l’australien peut scorer face à n’importe qui et sans l’aide de personne. Mais cela est-il suffisant ? Un peu limité en hauteur avec son mètre quatre-vingt trois, plus scoreur que playmaker même si rien n’indique qu’il ne pourra pas en être un à l’avenir, Mills ne se départage pas vraiment de pas mal de meneurs qui sortent de NCAA chaque année. Plus problématique, sa sélection de shoot semble quand même être mauvaise avec un faiblard 40,2 % de réussite et surtout un peu plus de sept tirs à trois points tentés par match pour un pourcentage pas vraiment enthousiasmant (33,8 %).

---Néanmoins, ces défauts peuvent être corrigés (sauf la taille évidemment, à moins que vous ayez une idée), ce qui lui permet de conserver un potentiel assez intéressant. De plus, les dirigeants NBA peuvent s’appuyer sur ses performances face à la Team USA (que l’Australie a rencontré aussi en match amical un peu avant les JO et lors duquel le meneur amphétaminé avait marqué 13 points en 21 minutes) pour s’assurer qu’il peut être productif dans la grande ligue.

Ce qui peut pousser une franchise à le drafter plutôt qu’un autre :

---La supposition qu’il peut apporter des points et de l’énergie en sortie de banc dès maintenant et la récente réussite d’Aaron Brooks qui partage avec lui un profil assez similaire.

Ce qui peut pousser une franchise à en préférer un autre :


---Son profil de dynamiteur un peu tête brûlée est peut-être un peu trop précis et ne correspond pas forcément à ce que certaines franchises recherchent, particulièrement si c’est pour occuper le poste de meneur remplaçant.


Draft 2009 : Patrick Mills vient seulement de boucler sa seconde année universitaire mais il s’est inscrit à la draft. Même si il n’a pas engagé d’agent ce qui en soit lui permettrait de retourner à Saint Mary’s, il a annoncé qu’il maintiendrait son nom sur la liste de la draft jusqu’au bout.


Les autres...

Sergio Llull (Real Madrid) : Meneur de 22 ans déjà calibré Euroleague (8,6 pts à 44,3 % et 2,7 asts en 22 minutes), intelligent, créatif, assez athlétique et plutôt bon shooteur, l’Espagnol est un joueur intéressant car formaté Euroleague (science du jeu, shoot, peu de pertes de balle -1,2 en moyenne-) mais qui pourrait être productif de l’autre côté de l’Atlantique notamment grâce à son physique et son agressivité.
---Sa défense et son manque de puissance physique pourrait lui valoir quelques refus américains mais un mec qui s’est imposé dans un effectif aussi profond que talentueux que celui du Real Madrid, force forcément le respect.

Toney Douglas (Florida State) : Douglas est un attaquant complet (attaque du cercle, shoot à mi-distance, trois points) et efficace (21,5 pts à 44,6 % dont 38,5 % à 3 pts), un excellent défenseur (nommé ACC Defensive Player of the Year cette saison) et possède quelques solides compétences de meneur (tenue de balle, vision de jeu) mais il n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler un vrai meneur.
---Recherchant à scorer par lui-même avant tout depuis désormais quatre ans de collège, il est difficile de l’imaginer se conformer à l’attitude qu’on attend d’un joueur à ce poste (2,9 passes décisives de moyenne cette année alors qu’il est fortement impliqué dans un quart des possessions de son équipe). Arrière shooteur de 23 ans dans un corps de meneur (1,86 m) ou meneur avec une mentalité d’arrière shooteur, les scouts se trouvent là face au classique dilemme du combo guard américain.

Rodrigue Beaubois (Cholet) : Voilà un prospect européen comme les aiment les américains. Une vitesse et des qualités athlétiques calquées sur les standards les plus élevés, une grosse capacité défensive et un excellent shoot. Si les tribunes crépitent dans les matchs de Cholet, ce n’est pas les photographes qu’il faut blâmer mais les yeux des scouts NBA. Tout pourrait être parfait, sauf que, aujourd’hui, Beaubois est un arrière shooteur. Et alors ? Ben, il ne mesure qu’1,84 m. Problème.
---L’avenir du Guadeloupéen est bien plus brillant au poste 1 (surtout, il est en NBA) mais lorsque son coach l’a positionné ainsi pendant la première partie de l’année, l’espoir des Mauges a perdu tout son jeu (la difficulté de faire jouer les autres tout en apportant individuellement était au cœur de cette crise semblerait-il). Ainsi, pour l’instant, Beaubois est principalement un potentiel et c’est sur ça qu’il sera drafté. S’il concrétise ce potentiel (s’il arrive à maintenir son plus haut niveau en tant que meneur, quoi), Beaubois aura toutes les chances de s’installer de faire quelques étincelles sur le sol américain.

AJ Price (Connecticut) : Price est un meneur scoreur (14,7 pts par matchs) qui a été cette année le leader de l’excellente et réputée faculté de Connecticut, laquelle comprend des joueurs de très bon calibre comme Hasheem Thabeet, Jeff Adrien ou encore Kemba Walker. Très solide shooteur extérieur (40,2 % à trois points), il a tendance à se confiner un peu trop à cette distance, surtout depuis qu’il a perdu un peu de ses aptitudes physiques suite à une grave blessure à la jambe (ce qui expliquerait son médiocre 41,3% de réussite à deux points).
---Malgré son tempérament de scoreur (et la place prioritaire qu’il s’adjuge dans les tickets shoots), Price est doté d’une bonne science du jeu et d’une expérience enviable (entre dans sa vingt-troisième année dont les deux dernières passées à la tête d’une grosse cylindrée universitaire) que pourrait apprécier certaines franchises. Par contre, ses problèmes défensifs devraient en éloigner d’autres.

Nando De Colo (Cholet) : Le MVP français 2008 était loin d’avoir volé son titre l’an passé alors qu’il n’avait que 21 ans. Le combo guard avait impressionné tout le monde par ses qualités de scoreur (notamment de shooteur) et sa capacité de création (pour lui-même ou pour ses coéquipiers). Le français a aussi montré qu’il avait l’âme d’un go-to-guy avec le mental qui va avec.
---Pourtant, De Colo a connu une saison difficile (dû à un manque physique causés par une préparation largement incomplète dans ce domaine, selon son coach), ce qui l’a un peu éloigné du radar NBA même si sa fin de saison et notamment son éblouissante finale en EuroChallenge Cup (3ème coupe européenne), ont rassuré pas mal de monde.
---Malgré tout, il reste beaucoup de questions à son sujet, notamment par rapport à la NBA. Plus arrière que meneur, plutôt coulé dans un style européen, limité en défense et un peu trop proche athlétiquement de la moyenne, pas mal de doutes demeurent quand à sa capacité à avoir le même rendement dans la ligue de David Stern. A lui de montrer qu’il peut transposer son jeu au contexte américain.

A noter aussi le « vieux » combo guard de la très petite fac de Tennessee Martin (25 ans cette année), Lester Hudson, gros scoreur (27,5 pts à 44,9 %) qui porte son équipe sur ses épaules depuis deux ans, Greivis Vasquez (Maryland) meneur/arrière à tout faire mais diablement irrégulier et peu fiable (qui pourrait retourner en NCAA la saison prochaine) et le Eddie House-like, Jack McClinton, sorti de l’Université de Miami.

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