Lien: Unlimited NBA mock draft, 22nd pick of Dallas
Joueurs draftés :
Rodrigue Beaubois (PG/SG, né en 1988), choisi en n°25 via Oklahoma City
Nick Calathes (PG/SG, sophomore), choisi en n°45 via Minnesota
Ahmad Nivins (PF, senior), choisi en n°56
Retour vers le futur
---Dallas a posé ses yeux sur Rodrigue Beaubois et depuis, la franchise crayonne le nom du guadeloupéen sur tous les cahiers et agendas qui lui passent sous la main. Il n’y a pas besoin de réfléchir longtemps sur les raisons de cette sélection, les Mavericks sont juste tombés amoureux de l’explosif combo-guard. Persuadé de le voir devenir un jour une pointure dans la ligue, les Texans ont jugé que ce pari sur l’avenir que représente Beaubois (1,86 m, Cholet) était trop intéressant pour le laisser passer au profit des renforts plus immédiats dont je leur prêtais le besoin afin de finir en beauté un cycle qui s’approche dangereusement de sa fin (Nowitzki a 31 ans, Jason Terry, 32 et Jason Kidd, 36).
---Il ne sert à rien de raisonner avec quelqu’un transi d’amour alors je ne vais pas chercher à savoir s’il n’y avait pas mieux à faire. Et puis l’amoureux en question ne semble pas avoir perdu toute jugeote pour autant puisque la franchise s’est attelée à cet impératif de monter une équipe compétitive rapidement dès le lendemain de la draft en faisant venir Shawn Marion et Drew Gooden notamment. Ainsi, les Mavs ont posé des cartes pour l’avenir avec Rodrigue Beaubois et Nick Calathes, sans pour autant mettre au clou le présent.
---Entre Beaubois et Calathes (ce dernier a décidé de passer par la case Europe), la draft de Dallas était résolument tourné vers le futur (et l’après Dirk ?). Inutile donc de réfléchir à l’intérêt actuel que la franchise avait à les sélectionner. Ici, seuls les joueurs en eux-mêmes nous intéressent.
---Rodrigue Beaubois, ce nom sonne de concert avec le mot « potentiel ». Et il faut admettre que le potentiel du français a de quoi faire siffler les General Managers comme des ouvriers de chantiers. Ultra performant lors des tests physiques organisés avant la draft (2,08 m d’envergure de bras, 99 cm de détente maximale et une vitesse qui se passe de chiffres), scoreur complet (pénétration, trois points) déjà fort d’une production correcte dans un contexte professionnel (10,0 pts à 47,3 % en 22,3 minutes à Cholet l’an passé), Roddy dispose du genre d’outils idoine pour chevaucher la NBA.
---Mais avant d’en arriver là, il devra acquérir la pleine maîtrise du poste de meneur et surtout faire taire sa propension à se blesser. On a aussi pu voir une certaine irrégularité en ce début de saison 2009/2010 avec ses nouvelles couleurs mais il ne fallait pas s’attendre à autre chose d’un jeune joueur, surtout si celui-ci doit faire la transition entre le poste 2 et le poste 1, et entre le jeu européen et le jeu américain.
---A y regarder de plus près, le timing des Mavs pour recruter un prospect à long terme comme lui est plus intéressant qu'il n'y paraît. En effet, Beaubois pourra gratter un peu l’expérience de Jason Kidd et de ses 36 ans. Que l’ancien finaliste NBA avec les Nets lui glisse quelques morceaux de sa science à l’oreille ou lui serve d’exemple, le rookie aura de quoi colmater sa principale lacune, le playmaking, auprès de l’un des meilleurs joueurs de tous les temps dans cet exercice. De plus, Kidd reste le meneur titulaire de la franchise donc d’une part, Beaubois n’aura pas à se confronter tout de suite aux attentes qui l’entourent, et d’autre part, il aura l’occasion d’observer Kidd en situation réelle et non en se contentant des souvenirs d’un vétéran trop vieux pour quitter le banc de touche.
---Il aura aussi un autre exemple sous les yeux, à prendre positivement ou négativement, c’est celui de Jason Terry. En effet, comme Beaubois aujourd’hui, Terry est un arrière dans un corps de meneur, rapide et bon shooteur mais incapable de diriger une équipe. Malgré tout, le Mav fait une belle carrière d’artilleur insaisissable. Le Beaubois actuel est assez proche de Terry (bien qu’un peu moins grand et costaud) et on peut penser qu’à défaut de devenir le super meneur que son potentiel décrit, Jason Terry ferait un horizon tout à fait acceptable. De même, le guadeloupéen a sous les yeux un exemple concret du genre de joueur qu’il sera s’il ne parvient pas à devenir un véritable point guard.
---Enfin, il y a la question Jose Juan Barea. Ce dernier est devenu un membre non négligeable de la rotation maverick l’an dernier dans un rôle de combo guard amphétaminé qui peut allumer de loin ou fuser jusqu’au panier. A peine moins charpenté que le français (1,83 m, 79 kg) et assez proche dans son profil, le portoricain se présente comme le rival direct du français. Barea ne constituerait-il pas la dose de concurrence susceptible de pousser Roddy à se battre pour gagner du temps de jeu ? L’élément qui l’obligerait à se dépasser et à progresser ? Si le français accepte le défi, il pourrait en ressortir un joueur dont le terme « potentiel » n’apparaît plus que dans les souvenirs d’un journaliste fatigué.
---C’est donc dans une atmosphère mêlant habilement paternalisme (Kidd, Terry) et concurrence (Barea) que les Mavs ont plongé Beaubois. Cela me paraît être un terreau plutôt propice à l’évolution d’un joueur, d’autant plus que le guadeloupéen connaît les exigences du monde professionnel et les a déjà supportées par le passé. Dallas a peut-être pris un pari en le draftant mais finalement, la franchise semble avoir les moyens de le remporter. La route est encore longue, tant pour le choletais que pour le staff texan (Beaubois parviendra-t-il à franchir les étapes ? Dallas lui offrira-t-il la possibilité de jouer et de faire des erreurs ?) mais le projet semble plutôt bien ficelé pour le moment.
---Et ça ne s’arrête pas là. En effet, le second joueur de la draft que les Mavericks ont récupéré contre un simple futur second choix, Nick Calathes (sélectionné en 45ème position par Minnesota), était plutôt calibré pour la fin du premier tour. C’est à n’en pas douter sa décision de passer quelques temps en Grèce au Panathinaïkos (en l’occurrence, pas n’importe quoi) avant d’essuyer des plâtres en NBA qui l’a rejeté si loin dans la draft.
---Ainsi, Dallas a mis la main sur un joueur déjà bien intéressant en lui-même. Il n’a peut-être pas l’envergure d’un titulaire indiscutable et possède quelques défauts gênants (peu athlétique et rapide, et a priori défenseur très moyen dans le contexte NBA) mais je pense qu’il fera toujours une très bonne rotation à la polyvalence bienvenue (avec son mètre quatre vingt-quinze, son bon shoot, son côté all-around et son intelligence de jeu, il peut occuper les deux postes arrières). Encore très jeune (20 ans), on peut espérer le voir se tirer de son passage sous les ordres de Zeljko « Play Well Or Die Trying » Obradovic avec de singulières progressions techniques et mentales. Il est certainement trop tôt pour s’avancer mais Brandon Jennings est déjà en train de montrer que la pauvreté des statistiques qu’il a sorti en Italie ne raconte pas la profondeur et peut-être le bien fondé de son expérience européenne.
---L’acquisition de l’américano-grec semble en elle-même assez prometteuse, surtout pour une contrepartie aussi modeste. Mais dans le cas de Dallas, elle trouve une pertinence encore plus affûtée. En effet, on se rend compte que les deux jeunes prospects et combo guards que sont Rodrigue Beaubois et Nick Calathes sont extrêmement complémentaires, chacun ayant une force là où l’autre a une faiblesse : Beaubois, rapide et athlétique comme un personnage de Tex Avery, n’est pas le distributeur/gestionnaire qu’est le beaucoup moins rapide et athlétique Calathes, et ce dernier possède les centimètres supplémentaires qu’il manque au premier pour éviter les risques d’avoir à jouer avec un backcourt de trop petite taille.
---Par conséquent, Dallas pourra disposer dans un futur proche d’une ligne arrière protéiforme ou d’un duo de meneurs très complémentaires, totalement modulable selon les caractéristiques du match et les besoins de l’équipe. Et le résultat pourrait être franchement violent si Beaubois poursuit son ascension et si Calathes revient aux Etats-Unis avec une lettre de recommandation des vieux briscards grecs et le sac de science et de roublardises qui va avec.
---Pour son dernier choix de draft, le 56ème, Dallas n’a pas pu bénéficier d’autant de chance que lors du précédent. Même si la draft 2009 s’est montré plutôt généreuse lors de son second tour, il arrive un moment où il n’existe plus vraiment de joueurs intéressants encore disponibles. Ainsi, les Mavs ont sélectionné un joueur bien typique de ce qu’on trouve dans le dernier quart de la draft : un joueur fort d’un cursus complet à l’université et très performant à ce niveau et notamment dans sa dernière année mais qu’on imagine difficilement être capable de transposer son jeu au niveau supérieur. En l’occurrence, Ahmad Nivins de Saint Joseph’s.
---Auteur de 19,2 pts à 61,2 % et 11,8 rbs la saison passée (en 39 minutes sur 40 quand même), ce power forward de 2,06 m a bâti son CV universitaire sur sa puissance physique mais cela ne sera vraisemblablement pas suffisant en NBA où cette puissance risque d’être souvent égalée. Pas assez vif, athlétique ou technique pour offrir une alternative viable aux défenses de la grande ligue, il reste un ailier fort qu’il convient de garder à l’œil. En effet, ayant déjà montré des progrès significatifs dans son jeu offensif (jump shot et quelques moves), on peut imaginer qu’avec quelques années d’affinement technique dans les raquettes européennes (il a débuté la saison à Manresa, équipe du milieu de tableau de la première division espagnole), il pourrait un jour devenir un élément utile en NBA et à Dallas.
---A ce stade de la draft, il n’y avait pas grand-chose de mieux à faire et la jurisprudence Udonis Haslem qui, non-drafté, avait passé une excellente année en France avant de s’imposer comme un très solide joueur NBA, laisse penser que les Mavericks peuvent espérer voir Nivins renforcer efficacement leur banc tôt ou tard.
---L’été a été plutôt mouvementé dans le Texas et il est beaucoup trop tôt pour dire si le plan « recrutement de vétérans pour l’instant présent/draft de jeunes pour l’avenir » était judicieux. Mais il faut avouer qu’il n’est pas inintéressant notamment parce que ces jeunes joueurs draftés sont placés dans des conditions de développement assez prometteuses (Beaubois chaperonné par Kidd et Terry/mis en concurrence avec Barea ; Calathes au Panathinaïkos). Si tout se passe comme prévu, l’avenir des Mavs sera en partie porté par ces deux-là.
***
La saison ayant débuté, on va en profiter pour jeter un œil sur leurs débuts, en se gardant bien d’en tirer des conclusions hâtives.
Rodrigue Beaubois (Dallas) : 4 matchs (sur 7 pour les Mavs) dont une titularisation surprise, et un très faible temps de jeu comme on pouvait s’y attendre (5,8 minutes). Toutefois, le français surtout à l’aise en arrière shooteur pour l’instant, a impressionné son monde en marquant les 9 premiers points de son équipe lorsqu’il a été titularisé même si il n’a finalement joué que 13 minutes dans ce match. Encourageant mais il ne faudra pas non plus s’attendre à une vraie place dans la rotation avant quelques temps ou quelques éclats éclairs supplémentaires et répétés.
Nick Calathes (Panathinaïkos) : Après un Eurobasket avec la Grèce sans grande saveur (4,1 pts en 17,3 minutes), Calathes a endossé le mythique maillot vert avec un logique statut d’espoir (à peu près 15 minutes de temps de jeu par match en Euroleague et dans le championnat grec) et quelques pointes intéressantes (12 pts, 3 passes contre Panellinios ; 6 passes mais 0 pts contre le Khimky Moscou). Pour l’instant, Calathes semble s’être fait un petite place dans le monstrueux effectif vert même si cela doit être nuancé par le fait que le légendaire meneur lituanien, Sarunas Jasikevicius est encore blessé (toutefois, avec son passeport grec et la nouvelle réglementation de la compétition national limitant les étrangers à 6 –le Pana en a 7-, Calathes pourrait conserver un certain temps de jeu).
Ahmad Nivins (Manresa) : Le power forward s’est apparemment imposé comme un élément important de l’équipe espagnole et tourne actuellement à 10,3 pts à 65,5 % et 5,3 rbs en 22,5 minutes. En ayant en tête qu’il découvre la vie et le jeu européens, le monde professionnel et qu’il évolue dans le meilleur championnat du continent, on se dit que le rookie effectue vraiment une bonne rentrée et qu’à défaut de la NBA, l’Euroleague lui fera peut-être un jour les yeux doux.
StillBallin
2 commentaires:
Très bonne analyse, comme d'habitude.
Pour Beaubois, c'est évidemment une bonne chose que de pouvoir évoluer avec Jason Kidd, mais niveau temps de jeu ça risque d'être un peu rapia, même s'il montre des bonnes choses à chaque fois qu'il joue. Il a un profil plus ou moins similaire à celui de Barea, qui déja ne joue pas beaucoup à cause de Terry. Enfin c'est un prospect, avec le temps je ne doute pas que Roddy puisse réussir à s'imposer, car contrairement à De Colo (le Steph Curry français!) il est vraiment taillé pour la NBA, très athlétique, mais avec un shoot qui reste à travailler.
Un bon combo guard, en somme, d'ailleurs plutôt utilisé en poste 2 à Dallas.
Je suis plutôt confiant.
Sinon, très bonne idée de faire le point sur le début de saison des draftés en fin d'article.
Content que ça t’aies plu. Juste après la draft, on a toujours envie de voir ce que vont donner ces jeunes, donc maintenant que la saison s’est un peu avancée, autant en profiter.
Je pense que pour Beaubois, l’équation est double. Il peut manger Barea et lui faucher son rôle d’arrière joker ou alors il peut profiter du fait que Dallas n’a aucun vrai meneur à mettre derrière Jason Kidd pour se faire une vraie place dans la rotation, indépendamment de son duel avec le portoricain. L’ennui pour la deuxième option (qui est la meilleure pour tout le monde), c’est que les compétences de point guard s’apprennent difficilement sans jouer meneur (Beaubois joue peu et lorsqu’il joue c’est en 2).
Je comprends un peu les Mavs qui ne veulent pas prendre le risque de flinguer leurs matchs en le mettant à la manœuvre de l’équipe lorsque Kidd est sur le banc, surtout qu’ils sont plutôt en forme en ce moment et que, comme je le disais, leur temps est compté. Mais bon, c’est un investissement qui vaudra peut-être le coup en fin de saison, même si pour cela il faudra peut-être laisser quelques matchs en route, sans certitude d’avoir en retour un Beaubois capable de mener le jeu lorsque Dallas en aura vraiment besoin (en playoff).
Je pense aussi que le guadeloupéen parviendra à s’imposer. La seule chose, c’est que s’il le fait en tant que combo guard sans skills de point guard, il ne sera pas autre chose qu’un bon joueur dans la ligue comme celle-ci en compte beaucoup. Par contre devenir ce véritable meneur lui permettrait de tutoyer des cimes bien plus hautes. J’espère ardemment que Beaubois arrivera à faire cette très difficile transition vers le poste 1 mais j’en connais pas beaucoup qui l’ont réussi jusque-là (seul Billups me vient à l’esprit). On verra.
Au passage, Beaubois a de nouveau débuté un match avec Dallas. Il a inscrit 9 pts (dont les 7 premiers de son équipe je crois) à 3/7. Toujours sympa de voir ça.
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