06 août 2009

Analyse de la draft 2009: Les Bucks de Milwaukee

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Joueurs draftés :

Brandon Jennings (PG, né en 1989), choisi en n°10
Jodie Meeks (SG, junior), choisi en n°41


Believe The Hype II

---Celui que l’on a surnommé Young Money ou même parfois Hollywood, a atterri dans le Wisconsin, à Milwaukee. Ville peu glamour qui retient une franchise qui ne l’est pas beaucoup plus, de leur vilain maillot rouge et vert sombre à leur effectif peu enclin à enflammer l’imagination.

---Brandon Jennings, ancienne starlette des lycées n°1 au box-office, avait conquis l’attention de ceux qui ne le connaissait pas encore en se dérobant du système universitaire pour se mesurer aux rigueurs de la vie professionnelle et du belliqueux Vieux Continent. Un an plus tard, le jeune showman naguère trempé d’arrogance, refuse de rejoindre les autres jeunes premiers de la draft 2009 dans la Green Room pour attendre que David Stern annonce sa future équipe, par peur d’en sortir le dernier. Une frayeur plus grande que la réalité puisque les Bucks harnachés à la dixième position lui tendront leurs modestes bras. Le pire n’est pas arrivé mais Jennings accuse malgré tout une chute douloureuse, lui dont les exploits lycéens faisaient plus de bruit que ceux de ses compagnons de promotion, Tyreke Evans ou DeMar DeRozan choisi avant lui.

---Mis en difficultés sur le sol romain, Jennings a senti sa cote prendre du plomb dans l’aile et le téméraire pionner n’a pu qu’observer les autres meneurs lui passer devant au fur et à mesure que la date de la draft s’approchait. Celle-ci n’a fait que confirmer cette dépréciation. Même New York qui attend encore d’accueillir son propre Steve Nash, customisé bleu et orange, s’est détourné de lui pour porter son choix sur un ailier fort. Pourtant, une seule année l’a séparé de l’attention américaine. Loin des yeux, loin du cœur, ce proverbe s’est enfoncé dans le crâne du jeune homme, comme un couteau entre ses côtes.

---Lycéen sûr de sa force et le torse gonflé de gloire, Jennings était parti combattre sur les âpres terres de ce qui fut jadis un empire, son nom encore bien haut sur l’affiche. Mais quand il en est revenu, les yeux émerveillés s’étaient tournés vers d’autres attractions, issues elles, du monde moins physique et moins compliqué de la NCAA. Alors, celui qui avait fait preuve d’une étourdissante maturité et d’un soyeux comportement tout au long de sa difficile année italienne, a laissé revenir l’arrogance que les frimas européens avaient ensevelis et les puérils instincts de l’enfance qu’il n’a quittée que depuis peu.

---Comme pour attirer l’attention qu’il pensait qu’on lui avait volé et réaffirmer sa valeur oubliée, le jeune homme s’est mis à s’épancher publiquement, dénigrant sans nuance les autres meneurs de la draft –ses rivaux- et particulièrement son compagnon de hype européenne, Ricky Rubio, avec qui il s’était pourtant si bien entendu lors de leur unique rencontre. Il a bien tenté par la suite d’affranchir ses propos de leur substance en expliquant qu’il s’agissait seulement d’attiser la compétition entre les meneurs, à la manière d’un avant match de boxe orchestré par Don King. Mais le mal était fait et la perception que les gens ont eu du jeune joueur qu’ils n’avaient pas vu depuis un an a définitivement changé.

---En agissant ainsi, Jennings a mis le pied dans un courant qu’il est bien difficile de maîtriser. Au cours d’une conversation qui était censée rester privée, il a laissé éclater ses émotions, insultant les Knicks pour l’avoir snobé et promettant de terrasser ses futurs coéquipiers de Milwaukee avec lesquels il partagera le poste 1. Victime autant que fautif, qui ne s’est jamais abandonné à sa frustration ainsi ? J’ai moi-même juré d’amocher tellement de personnes que les anges m’ont certainement mis sur écoutes.

---Désormais, le Basketball Fresh Prince est là, cloué dans le Wisconsin, la réputation écorchée et le monde de la NBA qui lui tourne le dos, sauf peut-être pour ce qui est des regards malveillants qui attendent de le cueillir au tournant. Après avoir subi les rudesses de sa campagne européenne, Brandon Jennings pensait qu’il pourrait brûler les planches sur le sol qui l’a vu naître et qui a été témoin de ces jeunes exploits passés. Il n’en sera rien.

---Le strass, les paillettes, le faste, les acclamations, les projecteurs, rien de tout cela ne s’offrira à lui dans sa nouvelle franchise. Seule une ville morne, une salle froide, un affreux maillot et un effectif peu engageant l’attendront à son arrivée sur le quai de gare. La vie d’adulte a vite fait de couper court aux illusions de l’enfance. Celui qui aimait faire le spectacle par son jeu ou par son attitude et sa coupe de cheveux devra se contenter d’illuminer les colonnes du journal local.

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