01 mai 2009

Freshmen'09: One More Year, Kids ! Part.5: Greg Monroe

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---Pour ceux qui n'ont pas vu le premier épisode de cette série d'articles consacrée au freshmen NCAA de cette année, je ne saurais trop leur conseiller de faire un tour sur l'intro qui précède le portrait de DeMar DeRozan pour comprendre l'état d'esprit de cette classe particulière que sont les freshmen, d'autant plus que celle-là est dans une situation plutôt intéressante.

---On vu un meneur créatif avec Jrue Holiday, un combo guard perforateur avec Tyreke Evans, un ailier efficace en la personne de DeMar DeRozan et un pivot taillé comme un pivot qui ne bouge pas comme un pivot qu'on connaît sous le nom de BJ Mullens. il nous manquait un power forward pour compléter notre jeune et candide cinq, veuillez ouvrir grandes vos mirettes pour accueillir le gracile Greg Monroe.


Greg Monroe (Georgetown), né en 1990, 2m10, 108 kg
Power Forward/Center


---Ça faisait longtemps que Georgetown n’avait pas eu sous ses mythiques couleurs un véritable intérieur qui possède autant de talent que Greg Monroe. Son nom parcourt les discussions du bord des terrains depuis un petit moment déjà mais pour une fois, ce n’est pas son potentiel physique qui l’a amené sur les tablettes des scouts.

---Certains chanceux ont peut-être déjà pu observer cet adolescent long de 2,10m capable de se mouvoir sur le terrain avec une fluidité et une élégance telle que ses mouvements semblent se fondre dans les boucles classieuses d’une symphonie de Vienne. Confortablement installé sur leur nuage de poésie, ils ont également pu se rendre compte en le voyant scorer avec une facilité déconcertante que cette grâce n’existait qu’au service de l’efficacité.

---En effet, Monroe déploie une fascinante faculté à se mettre en position de marquer tandis qu’un jeu de jambes et des appuis qui paraissent être dictés par les gravures d'encre d'une partition, lui permettent de se frayer délicatement un chemin vers le panier ou de contourner son opposant, juste avant de conclure à l’aide de son toucher de balle aussi délicieux que le bruit répété du cuir caressant le filet.

---Ainsi, balle en main et près du cercle, il est quasiment inarrêtable (57 % aux tirs). Mais pas seulement. Monroe est aussi suffisamment mobile et véloce pour déborder son défenseur pour un tête-à-tête avec le panier dont on sait déjà comment il va se finir. Ou pour faire une passe. Car le Hoya a aussi un petit côté Pau Gasol, avec sa jolie vision de jeu, son QI basket, son altruisme et sa qualité de passe (2,5 dimes par matchs). Une symphonie, je vous dis.

---Toutefois, quelques taches d’encre sur la partition viennent perturber cette douce mélodie. A commencer par sa main droite. Comme tout bon gaucher, Greg « Stradivarius » Monroe entretient des rapports difficiles avec sa papatte droite notamment lorsqu’il est question de dribbler (il ne peut driver que d’un côté) ou de finir près du cercle. Dès lors, une moitié des actions possibles lui sont interdites (toutes celles qui appellent l’utilisation de la main droite), ce qui donne un avantage certain à un défenseur averti pour qui il suffit de forcer le gracile intérieur à jouer avec sa mauvaise main.

---Mais la plus grosse inquiétude qui le concerne et qui le suit depuis longtemps, c'est qu'il a tendance à faire preuve d'une certaine apathie sur le terrain. Trop de talent pour se donner à fond, manque d'assurance du fait de son physique encore un peu trop tendre et léger ou simple manque de dureté mentale, je ne sais pas (peut-être un peu des trois), toujours est-il qu'en raison de cela, son impact sur le terrain est grandement diminué. Sinon, il serait dans le top 3 de la draft dès cette année. Facile.

---Ses difficultés à encaisser les contacts et son corollaire, sa tendance à les éviter, l’empêche d’être dominant. Cela se traduit par une moyenne de points plus faible que celle que l’on pourrait attendre d’un tel joueur (12,7 pts), des balles perdues (2,5 mais sa main droite doit aussi y être pour quelque chose), une insuffisance dans le domaine du rebond (6,5 en moyenne) et de grandes difficultés face aux opposants plutôt physiques. Nappé à cela une certaine « softitude » (conséquence de son absence de poids ?) et vous voilà à même de comprendre les soupirs des scouts NBA. C’est comme entendre la voix d’Andrea Bocelli réduite à un bêlement fluet par la timidité.

---Défensivement, le constat n’est pas différent. Son envergure, sa mobilité, ses bonnes mains (1,8 steals par matchs) et son instinct font qu’il a les outils pour devenir un très bon défenseur mais son absence d’agressivité et d’énergie réduisent considérablement la portée de ces qualités.

---Le cas Monroe est d’autant plus préoccupant que son rendement a eu un impact très significatif sur celui de Georgetown. Pendant la première partie de saison, l’intérieur a montré de belles choses, remettant un peu en cause les critiques sur son investissement qui pesaient sur sa tête, particulièrement lorsqu’il a mis minable le très, très long pivot défensif, Hasheem Thabbeet (top 5 de la prochaine draft). Mais par la suite, Monroe s’est à nouveau laissé emporter par les douces et envoutantes mélodies des sirènes méditerranéennes, faisant plonger son équipe en même temps que lui. La mythique université n’a même pas pu se qualifier pour le March Madness.

---Lorsqu’on voit évoluer « Stradivarius » Monroe sur le terrain, il est facile de l’imaginer dominer offensivement et défensivement mais tant qu’il ne se fera pas violence, cette vision ne restera qu’un fantasme. On peut se demander si quelques kilos en plus ne lui permettrait pas de s’affirmer et de gommer en grande partie et dans toutes ses dimensions cette attitude problématique. Le fait qu’il soit à Georgetown et sous la tutelle d’un coach reconnu comme John Thompson III encourage plusieurs observateurs à l’optimisme. Ainsi, mis à part pour ce qui est de son approche du jeu, on attend de lui qu’il parvienne à apprivoiser sa main droite et qu’il progresse au shoot même s’il est déjà capable de causer quelques menus dégâts à distance. Monroe est jeune (19 ans) et on se laissera paisiblement maîtrisé par la patience car au bout, il se pourrait qu’on retrouve l’un des meilleurs power foward de la NBA et l’un des plus beau à voir jouer.

---Dans le pire des cas, c'est-à-dire s’il n’évolue pas, beaucoup pense qu’il pourrait quand même devenir un role player précieux en NBA, un petit peu dans le style de Joe Smith aux Cavs. Pas mal, mais quand on va voir un concert, on ne part pas après la première partie.


Draft 2009 : Que va-t-il faire cet été ?

---Il y a quelques semaines, la question avait encore un intérêt. Monroe venait de faire passer le alors futur Defensive Player of the Year, Hasheem Thabeet, pour un pantin et son équipe avait battu l’une des meilleures du pays. A cet instant, le Hoya était un lottery pick (dont un passage dans le top 3) de la prochaine draft sans qu’aucune contestation n’ose se lever.

---Mais le parcours catastrophique de Georgetown qui a suivi et l’impossibilité pour Stradivarius de confirmer ont vite fait de faire retomber le soufflé alors qu’il était encore dans le four. C’est donc en toute logique et intelligence que le jeune virtuose a décidé de poursuivre un peu plus son temps de cuisson dans la célèbre fac qui a vu passer les grands compas de Patrick Ewing, Alonzo Mourning et Dikembe Mutombo.

---Difficile de critiquer cette décision, surtout que pas mal d’analystes pensent que l’apprentissage que délivre le fils éponyme de son mythique papa, John Thompson III, portera ses fruits et qu’une année supplémentaire laissera à Monroe le temps de développer son physique (et par la même occasion son mental ?).

---Ainsi, la saison prochaine sera décisive pour lui. S’il montre qu’il est sur la bonne voie, le chemin pour la NBA lui sera grand ouvert avec pour lui un siège tout frais dans la rotation de la franchise qui aura la chance de pouvoir le sélectionner. Dans le cas contraire, Monroe atterrira quand même dans la grande ligue mais il devra jouer des coudes pour garnir son bol la portion de minutes de jeu qui pourrait le rassasier. Remarque, si il n’arrive pas à passer en mode Super Saïen en NCAA, peut-être que cette dernière situation s’en chargera. Stay tuned.

StillBallin

[Aussi dans la série "Freshman'09: One More Year, Kids !": DeMar DeRozan, Jrue Holiday, BJ Mullens, Tyreke Evans, Al-Farouq Aminu, Willie Warren et les autres.]

1 commentaire:

Dominique a dit…

Putain, il a du kiffer Wolverine avec ces merdes qui lui servent de pattes...