21 avril 2009

Freshmen'09: One More Year, Kids ! Part.4: Tyreke Evans

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---Pour ceux qui n'ont pas vu le premier épisode de cette série d'articles consacrée au freshmen NCAA de cette année, je ne saurais trop leur conseiller de faire un tour sur l'intro qui précède le portrait de DeMar DeRozan pour comprendre l'état d'esprit de cette classe particulière que sont les freshmen, d'autant plus que celle-là est dans une situation plutôt intéressante.

---Ladies and Gentlemen, vous avez découvert le bondissant DeMar DeRozan, le tout aussi bondissant mais avec une tête de plus, BJ Mullens et l'arrière rusé Jrue Holiday, laissez-moi maintenant vous offrir quelques instants avec le fil à couper le beurre de Memphis, Tyreke Evans.


Tyreke Evans (Memphis), né en 1989, 1m96, 88 kg
Point Guard/Shooting Guard


---Voici le freshman qui est venu à Memphis University prendre la place de leader laissée vacante par Derrick Rose. Pas simple mais le kid s’est pointé dans le Tennessee avec un sac-à-dos bardées de stickers bien flashy comme « j’ai été invité au MacDonald’s High School Game » suivi de « j’ai raflé le titre de MVP », et d’autres tout aussi clinquants. Voilà de quoi rassurer les étudiants du campus (et oui, pour les gens normaux, aller à la fac ça ne signifie pas jouer au basket) après la perte de Robin Hood et de ses fidèles complices Chris Douglas-Roberts et Joey Dorsey, partis en NBA.

---On a vite oublié ses débuts laborieux lorsque, replacé en meneur fin décembre, Memphis n’a plus perdu un match jusqu’au March Madness (défaite contre Missouri et son passing game de rêve). Son pourcentage alors catastrophique a repris des couleurs. Bien plus à l’aise balle en main, sa phénoménale qualité de dribble lui permet de faire autant d’incursions dans la raquette qu’il le veut, pour ensuite passer le relai à son physique NBA afin de finir les actions près du cercle. C’est dans cette capacité à venir dans la raquette pour scorer que son énorme talent réside. Doté d’un grand instinct pour le scoring, d’un body control à toute épreuve, d’une très bonne taille et de deux mains opérationnelles à volonté, Evans fait déjà partie du cercle très fermé des joueurs capable de se creuser un chemin vers le panier comme dans du beurre.

---Il est vrai que les raquettes NBA ne se composent pas des mêmes spécimens physiques que la ligue universitaire mais les défenses sont plus espacés (because ligne des 3 pts à 7,23m). Les scouts estiment que le combo pourra transposer ses qualités dans la grande ligue sans véritable problème (je vous rappelle que Derrick Rose et Russell Westbrook scorait moins que lui en NCAA).

---Mais vous vous en doutez, si le nom de l’attack machine de Memphis n’est pas suspendu à toutes les lèvres, c’est qu’il y a quelques lignes sur son C.V. qui apparaissent en rouge. Défauts découlant directement de ses qualités et de son talent, Tyreke Evans a tendance à dribbler plus longtemps qu’il n’est bon pour le jeu et à forcer ses attaques (c’est ça quand on est jeune et talentueux, parfois, on a tendance à ignorer ses limites. Ne le regardez pas avec cet air désapprobateur, je vous ai vu remplir votre assiette comme un enragé lors d’un buffet à volonté et ne pas la finir ensuite).

---De plus, Evans n’est pas exactement un playmaker. Son incroyable capacité à se créer ses propres occasions et son feeling, lui permet d’en créer pour les autres et il les sert sans rechigner mais sa tendance à « over-dribbler » embourbe un peu l’équipe qu’il conduit. Ensuite, il ne fait pas forcément preuve de discernement dans ses choix ce qui, allié à sa tendance à tenir longtemps la balle, en font un joueur enclin à perdre pas mal de ballons (genre petit poucet hystérique).

---Toutefois, ces défauts ne sont pas forcément rédhibitoires pour accéder à la grande ligue, comme on peut le voir en jetant un coup d’œil sur quelques matchs NBA. En réalité, ce qui pourrait vraiment limiter Evans, sont ses difficultés au shoot extérieur et le fait qu’il ressemble à un poisson hors de l’eau lorsque le ballon est loin de ses mains. Le problème que ça pose pour son avenir, c’est qu’ainsi, il y a plusieurs situations de jeu dans lesquelles il ne pourrait pas exister. Sans shoot fiable, il ne peut pas constituer une menace offensive de poids lorsque que l’accès au panier est complètement coupé tandis que son incapacité à jouer en dehors du ballon risque de lui faire perdre tout son potentiel d’impact lorsque le jeu n’est pas centré sur lui comme cela risque d’être le cas en NBA. Car n’étant pas encore un meneur vraiment fiable, il est difficile d’imaginer qu’une franchise puisse le laisser être le maître du ballon, seule façon pour lui de faire parler son talent de façon vraiment efficace.

---Ainsi, trois options de progression (combinables) s’offrent à lui pour qu’il puisse éviter de voir son brillant avenir en NBA être compromis : progresser en discernement et restreindre ses pertes balles afin de pouvoir devenir un véritable meneur/slasher dans le moule d’un Tony Parker (même s’il devrait conserver sa shooting-firt mentality), progresser au niveau du shoot pour constituer une arme offensive permanente en NBA du style de Baron Davis ou progresser « off the ball » toujours dans l’optique de devenir une menace constante, un peu à la Monta Ellis. Combiner ces trois options et vous comprendrez l’étendue du potentiel d’Evans.

---Si le leader de Memphis University en reste là, il demeurera une formidable arme de perforation des défenses et une source de scoring non négligeable, mais ses défauts risquent de le cantonner dans un rôle de dynamiteur en sortie de banc s’il ne les corrige pas. Dommage, n’est-ce pas ?

---Lorsqu’on parle d’un scoreur tel que Tyreke Evans, il y a toujours une voix en arrière fond qui se demande ce que ce type d’énergumène est capable de faire là où les titres ce gagnent, en défense. Mais contrairement à ce que cette entame de paragraphe pourrait faire croire, il n’y a rien de particulier à dire sur lui dans ce domaine. Evans est un défenseur correct, un excellent intercepteur et son potentiel de ce côté du terrain est plutôt séduisant, d’autant plus qu’il pourrait s’occuper des deux postes arrières. Il y a encore un certain nombre de détails à régler mais sur le fond, rien ne pourrait l’empêcher de devenir un défenseur de premier choix.

---Après, Evans est un scoreur dans l’âme et on connaît le degré d’intérêt ou en tout cas de motivation de ce type de joueur pour ce qui se passe de ce côté du terrain. Faut voir. Mais à son crédit (et pour nous faire avaler nos langues de vipère), Memphis produisait l’une des toutes meilleures défenses de la NCAA et par conséquent, on peut considérer qu’il a bien intégré l’importance de la défense et que son implication n’est pas à être mise en cause.

---Ainsi comme vous avez pu voir, même si Tyreke "Uppercut" Evans possède de qualités qui semblent faire de lui un joueur capable de produire dès maintenant, sa véritable valeur reste une question de potentiel. C’est dire l’envergure de celui-ci. Sauf que le fait de produire immédiatement n’est pas un gage de réalisation de potentiel, c’est peut-être même le contraire. Difficile de se bouger pour progresser lorsqu’on fait déjà du chiffre. Rendez-vous dans trois ans pour faire les comptes, mais commencez à remplir les carnets d’observation dès maintenant.

Draft 2009 : Que va-t-il faire cet été ?


---Le départ de Memphis du réputé coach, John Calipari (il a fait un petit tour sur le banc des Nets mais ça n’a pas duré) semble avoir précipité la décision d’Evans : il sera, en principe, un candidat définitif pour la draft de cet été (en principe car il n'a pas encore engagé d'agent).

---Cette décision peut paraître assez logique étant donné qu’il semblerait que c’était pour Calipari ou peut-être le style de jeu que le coach prône que le MVP du McDonald’s High School Game avait revêtu le maillot bleu et blanc. Sa magnifique deuxième partie de saison qui s’est terminé sur une pointe à 33 pts lors la défaite éliminatoire du March Madness lui a taillé une jolie côte qui en fait quasiment un lottery pick assuré. Tyreke est jeune, son potentiel fait briller les yeux de tout le monde et il pourrait déjà apporter quelque chose en NBA (les observateurs annoncent qu’il fait déjà partie de l’élite des slashers avant même qu’il ait posé un pied dans la ligue). Bref, actuellement, les voyants sont aux verts.

---On peut penser que la NBA pourrait être aussi propice à son développement que ne l’aurait été son année sophomore en NCAA. Etre entouré d’une partie des meilleurs joueurs du monde et rencontrer l’opposition NBA tous les jours pourrait être pour lui un excellent moyen de comprendre qu’il doit étoffer, nettoyer et polir son jeu pour être efficient. En effet, dans la deuxième partie de sa saison NCAA, ses pertes de balles, ses décisions douteuses et ses limites à longue distance n’avaient pas empêchés Memphis de rester longtemps invaincu avec un Evans en leader incontesté comme si le super guard n’avait pas besoin d’être meilleur que ce qu’il n’était. En NBA, il serait dans l’obligation de faire évoluer son jeu pour réussir. Donc même si cette mise au pied du mur est un brin risquée, elle pourrait l’amener à progresser plus vite.

---Evidemment, Evans peut ne pas réussir à grimper la marche et une année supplémentaire en NCAA lui aurait peut-être permis d’acquérir la maturité et l’expérience nécessaire à ce saut entre les deux niveaux, mais on ne peut pas avoir plus de certitudes dans ce cas là que dans le cas précédent. Qui nous dit qu’il aurait acquis cette maturité et expérience ? Dans ce cas de figure, il existe aussi un risque, celui de voir le prodige tomber dans la facilité jour après jour, déformant continuellement son jeu jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se trouver dans la capacité de sauter la fameuse marche. D’un autre côté, il aurait pu être intéressant de voir si il aurait été capable de faire évoluer son jeu même lorsque l’opposition ne le lui oblige pas. Cela lui aurait certainement fait gagner des points pour le jour de la draft et offert quelques certitudes bienvenues aux dirigeants NBA. Mais là aussi, rien ne nous indique que ça aurait pu se passer comme ça.

---Finalement, l’avenir d’Evans est pour une grande partie dans ses propres mains. S’il parvient à évoluer dans la bonne direction, il n’aura pour plafond que le ciel. On peut se demander si, en NBA, il tombera dans une situation (staff, vétérans) propice à ce développement bien orienté ou, si ce n’est pas le cas, si il parviendra à s’en charger seul. Ben voilà, vous avez un sujet de mémoire pour les trois prochaines saisons à venir.
StillBallin

[Aussi dans la série "Freshman'09: One More Year, Kids !": DeMar DeRozan, Jrue Holiday, BJ Mullens, Greg Monroe, Al-Farouq Aminu, Willie Warren et les autres.]

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