---Pour ceux qui n'ont pas vu le premier épisode de cette série d'articles consacrée au freshmen NCAA de cette année, je ne saurais trop leur conseiller de faire un tour sur l'intro qui précède le portrait de DeMar DeRozan pour comprendre l'état d'esprit de cette classe particulière que sont les freshmen, d'autant plus que celle-là est dans une situation plutôt intéressante.
---Vous avez pu admirer l’élégance athlétique de DeMar DeRozan, l’influence pittoresque de Jrue Holiday sur le jeu, le potentiel fantasmagorique de BJ Mullens, la puissante implacabilité de Tyreke Evans, la pureté des gestes de Greg Monroe et les interventions tentaculaires d’Al-Farouq Aminu, laissez-vous maintenant embrigader par le feu d’artifice nommé Willie Warren.
Willie Warren (Oklahoma), né en 1989, 1m93, 91kg
Shooting Guard/Point Guard
---Pas forcément très exposé avant le début de saison, Willie Warren s’est progressivement hissé en tête de la promotion 2009 des freshmen. Rencontres universitaires après rencontres universitaires, les analystes ont décollé leurs yeux des DeMar DeRozan, BJ Mullens et autres Tyreke Evans pour s’intéresser à cet arrière un peu sous-dimensionné (1,93m) qui a eu le bonheur (ou le malheur) d’évoluer aux côtés du caïd incontesté de la NCAA, Blake Griffin (22,7 pts à 65,4 % et 14,4 rbs … excusez-le, il ne se rend pas compte).
---Warren a spectaculairement secondé Griffin et s’est affirmé comme le freshman le plus abouti de sa classe. Ses 14,6 pts à 47,3% pour sa première année et derrière le bestial futur n°1 de la draft sont révélateurs de son talent offensif. Véritable feu follet balle en main, son handle étourdissant et ses jambes motorisées lui permettent de mettre le souk dans les défenses adverses qu’il calme rapidement lorsque le filet bruisse sur les flèches qu’il dégaine d’un peu partout.
---Scoreur dans l’âme, la vitesse de son premier pas, sa puissance et l’agressivité offensive que lui offre sa mentalité de scoreur font de lui un arrière parfaitement armé pour faire des incursions dans les raquettes et les convertir. Les scouts apprécient en lui son potentiel à mi-distance en raison de ses qualités physiques (vitesse, jump) et techniques (dribble, shoot) mais c’est son tir à trois points déjà opérationnel qui paraît à l’heure actuelle être sa plus grosse arme de séduction.
---D’ailleurs, le jeune tonton flingueur est lui-même un peu trop séduit par son shoot à longue distance, ce qui était plutôt problématique en début de saison lorsque son pourcentage (25,6 % sur les neuf premiers matchs) ne semblait pas être sur la même longueur d’onde que la fréquence de ses tentatives (4,33 en moyenne … en même temps, si l’amour rend aveugle…). Loin de calmer ses ardeurs derrière la ligne primée, ce bon Willie a préféré améliorer grandement son taux de réussite (il est passé à 37,2 % sur la saison) pour pouvoir conserver son nombre un tantinet osé de tickets shoot à distance (5 en moyenne cette année).
---Aussi flamboyant soit-il, on espère que le temps polira un peu sa sélection de shoot avant qu’il ne devienne un peu trop proche de Ben Gordon. Comme lui, il joue un peu « hors de contrôle » et se laisse embarquer par son talent et son assurance, forçant des shoots, oubliant de faire des passes et tenant le ballon plus qu’il ne faudrait.
---La question de son poste définitif ne possède pas encore de réponse tout aussi définitive. Sa taille et le fait que son talent s’exprime principalement lorsque la gonfle est entre ses mains l’oriente vers le poste de meneur mais sa mentalité de scoreur en première intention est un peu trop développée pour ce poste et ses skills de playmaker pas assez.
---Warren est fondamentalement un arrière et la volonté des scouts de le positionner en point guard reflète surtout leur fantasme de le voir dominer le meneur adverse grâce à sa puissance physique inédite à ce poste, et la crainte de le voir souffrir au poste 2 à cause de sa taille. Il est vrai que ses aptitudes physiques et son maniement de balle pousse aussi dans ce sens mais le basket n’est pas un sport de un contre un (si, si, je vous jure) et le poste de meneur est crucial pour le collectif et la bonne marche d’une équipe (veuillez vous référez au Los Angeles Clippers pour une brillante démonstration).
---Une autre faiblesse qu’affiche Warren ne vous surprendra peut-être pas, il s’agit de la défense. Son inexpérience en la matière est compréhensible, son manque de fondamentaux l’est aussi par la force des choses (american’ style) mais son implication qui était un peu suspecte au début, s’est améliorée au fil de la saison. Et comme au vu de ses capacités physiques, son potentiel défensif est plutôt intéressant, cette question n’est pas vraiment considérée comme quelque chose de problématique à l’heure actuelle.
---Willie Warren est le prototype du guard américain. Excellent scoreur et manieur de ballon, un peu tête brûlé, gonflé de confiance en lui et doté de qualités physiques exceptionnelles, il est aussi un peu dilapidateur et a du mal à penser en terme d’équipe. Quoi qu’il en soit, l’avenir qui lui tend les bras semble assez dodu et porte le logo de la NBA sur le côté.
Draft 2009 : Que va-t-il faire cet été ?
---Après sa belle saison, Warren était quasiment assuré d’être un lottery pick cette année mais il décidé de faire chauffer les paniers NCAA pendant encore un an. Pourquoi déjà Willie ?
“I want to play a year without Blake (Griffin) to see how good I am”.
---Intéressant cette mentalité. Il aurait pu profiter du sillage de Griffin et du fait d’avoir jouer à ses côtés (sur qui pensez-vous que les défenses étaient concentrées ?) pour se faire drafter à une bonne place comme ce fut le cas pour Mike Conley en 2007, ancien coéquipier d’un Greg Oden dominateur en NCAA. En restant un Sooner (nom des étudiants d’Oklahoma), Warren se met en danger et met son talent à l’épreuve. Car la saison prochaine sera pour lui bien différente de celle qu’il vient de vivre avec un certain succès. Cette fois, le feu follet sera le seul et unique leader de son équipe et le joueur sur qui les adversaires vont se focaliser.
---Cette décision montre à tout le monde de quel bois Warren est fait, qu’il possède une véritable mentalité de compétiteur et que relever des challenges ne l’effraie pas. Et ça, les franchises NBA apprécient. De plus, Warren aura l’occasion de prendre une nouvelle dimension en étant catapulté à la tête des Sooners et de se positionner comme un franchise player potentiel.
---Bien évidemment, il prend le risque de ne pas être à la hauteur de ses ambitions et de le montrer à tout le monde mais, ne vaut-il pas mieux que la franchise qui le draftera sache à quoi s’attendre de lui, plutôt qu’elle soit déçue une fois l’arrière électrique dans ses rangs ? Et puis, sélectionneriez-vous quelqu’un qui se présente à la draft prématurément parce qu’il a peur de voir sa côte baisser (et donc parce qu’il aurait peur de moins bien jouer à l’avenir) ?
---Ainsi, je pense que Warren a su résister à l’attrait des billets verts et à la sécurité « draftologique » de cette année pour se concentrer sur sa carrière de joueur et le potentiel qu’il lui reste à concrétiser. Rien que pour ça, on a envie qu’il parvienne à répondre à toutes les attentes l’année prochaine avec Oklahoma, avant de définitivement mettre le cap sur la NBA.
StillBallin
[Aussi dans la série "Freshman'09: One More Year, Kids !": DeMar DeRozan, Jrue Holiday, BJ Mullens, Tyreke Evans, Greg Monroe, Al-Farouq Aminu et les autres.]
1 commentaire:
Il a joué lors de l'élimination d'Oklahoma?
Parce que lors du match, à part Blake, ça me semblait bien faible...
Et le frère Griffin, deuxième tour en vue?
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