27 juin 2003

NBA Wanted: Greg Monroe, Ed Davis, Cole Aldrich, Ekpe Udoh and Patrick Patterson (suite)

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[suite de la première partie]

---Ed Davis constitue donc et malgré tout un prospect en développement intéressant (deux ou trois pas derrière Favors). Il s’annonce en effet précieux par la combinaison de ses caractéristiques physiques (long et athlétique) et de son attitude (au service de l’équipe, applique les consignes de jeu, bon QI basket). Cette combinaison, hautement appréciable pour un intérieur et encore plus si celui-ci est jeune, produit déjà des effets en défense et au rebond (9,2 rebs en 27 minutes) où ses qualités physiques et son savoir-faire font de lui une présence significative dans la peinture (2,7 contres par match).

---Mais malheureusement assez frustre en attaque, son potentiel de séduction actuel plafonne un peu. Quand bien même il déploie un joli touché de balle dont la belle capacité de son propriétaire à s’élever rapidement au-dessus de son défenseur direct lorsqu’il est dos au cercle lui offre la place de faire son taf, Davis n’a pas de mouvements définis et fiables dos au panier ou une qualité d’appuis et d’improvisation suffisantes, pas plus que de capacité à scorer face au panier (shoot, drive), pour être considérer comme autre chose qu’une option offensive de second rang.

---D’ailleurs, avec la déficience de son shoot et aucunes qualités de débordement sur lesquels compter, on se rend assez vite compte que Davis évolue plutôt dans un registre proche du cercle (constat qu’on fait également en défense). Dès lors, on peut se demander si le Tar Heel ne doit pas être vu comme un pivot plutôt que comme un ailier fort comme c’est généralement le cas actuellement. D’une taille correcte (mesurée à 2,06 m sans chaussures), il accuse un sérieux déficit de puissance pour ce poste. Mais c’est justement là que réside une bonne portion de son potentiel. Certains pensent en effet que Davis n’est pas encore mûr physiquement et que les prochaines années devraient muscler son assez large charpente, ce qui selon leurs dires, donnerait une nouvelle dimension au prospect qu’il est.

---En effet, comme cela est visible dans les lignes égrenées précédemment, son style de jeu s’accorderait bien à une addition de muscle. L’effacement de ce déficit de puissance ferait sauter ses difficultés à prendre des bonnes positions en attaque et à scorer malgré les contacts qui l’empêchent actuellement de déployer sa longueur, son jump et ses qualités de finisseur à proximité du cercle de façon productive et régulière. Tandis qu’en défense, il ne se ferait plus bousculer par ses homologues plus costauds, et sa défense dans les duels dos au panier et de façon générale dans la protection de l’arceau s’en trouverait largement renforcée.

---Il est encore une fois ici question de potentiel mais ça c’est le lot de toutes les drafts, particulièrement lorsque c’est aux intérieurs que l’on s’intéresse. La perspective que dessine le potentiel de Davis n’est là que de la théorie mais l’idée d’avoir un intérieur tonique, athlétique, pas manchot de près, fort défenseur et parfait dans l’attitude est suffisamment intéressante pour s’attirer quelques louchements de paires d’yeux sur son nom. Et si la théorie reste de la théorie, l’alumni de North Carolina sera toujours un précieux role player intérieur, comme il l’a été lorsque la mythique université a marché sur la saison NCAA, un an auparavant.


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Cole Aldrich (Kansas), Center
Né en 1988, 2m10, 111 kg

Stats (junior): 11,3 pts (à 56,2 %), 9,8 rebs, 3,5 blks en 26,8 minutes

---La Poutre a un peu déçu cette année. Fort d'une grosse saison 2008/09 (14,9 pts à 59,8 %, 11,1 rebs avec un temps de jeu juste un peu plus élevé), Cole "LaMarcus" Aldrich a fait un pas en arrière cette année. Mais avant de dire pourquoi, posons nous un petit peu sur son profil de grand blanc qui vient du Minnesota.

---C'est d'abord par son impact défensif que le Jayhawk se fera une place en NBA. Extrêmement long (2m10 des pieds à la tête + 2m20 d'envergure de bras), engagé, assez mobile, doté d'une excellente science défensive, puissant sur ses appuis (important face aux intérieurs doués dans le jeu dos au panier ou se servant sur leur puissance pour s'enfoncer dans la raquette), fort rebondeur (9,8 rebs en presque 27 minutes par match) et surtout, contreur exceptionnel (3,5 toujours en un peu moins de 27 minutes), Aldrich devrait dès à présent constituer un atout défensif intéressant en NBA.

---Un peu mécanique, peu à l'aise en un contre un, le Jayhawk ne raconte pas la même histoire en attaque. Sa technique offensive et son touché de balle ne sont pas développés de façon satisfaisante, aussi Aldrich mise plutôt sur la création d'autrui, son déplacement et sa longueur pour apporter des points (et ça il le fait plutôt bien). L'an passé, il en avait émoustillé pas mal en se montrant capable de shooter à mi-distance avec un certain succès (malgré une mécanique de tir perturbante), augmentant ainsi considérablement sa cote de prospect. Seulement, cette bonne surprise n'a pas été au rendez-vous cette saison comme en témoigne son pourcentage de réussite aux lancers francs qui est passé d'un chiffre à faire rêver Dwight Howard (79,2 %) à un autre qui lui fait seulement envie (67,9 %).

---Et cela est bien dommage car la fiabilité de ce shoot changerait complètement le prospect qu'est Aldrich. Le pivot ne sera jamais une vraie option offensive mais si il peut scorer quand il est ouvert, tant à proximité qu'à quelques mètres du panier, il devient un joueur qu'on ne peut pas laisser seul en attaque. De la sorte, la franchise qui le drafterait aurait une poutre défensive d'un côté du terrain et un pion précieux de l'autre. Cela est-il encore possible? Aldrich a fait une mauvaise saison en terme de shoot mais pourquoi son adresse ne reviendrait pas, surtout en bossant dessus ? C'est peut-être là une carte intéressante à jouer pour l'équipe qui sussurera son nom à l'oreille de David Stern.

---Cette saison plus faible que la précédente reste malgré tout en travers de la fiche des scouts NBA. A ce qu'il semblerait, Aldrich aurait un peu subi la présence d'autres attaquants plus incisifs de Kansas comme Xavier Henry ou Marcus Norris. Moins mis en valeur par les systèmes offensifs, moins bien impliqué par ses coéquipiers (trop souvent mis en situation de un contre un apparemment), son rendement statistique a pris un coup. On peut peut-être penser la même chose concernant les rebonds puisque l'émergence des deux frères Norris (Marcus et Markieff) a aussi dû éloigné quelques rodmans des ses mains (6 et 5 rebonds en moyenne alors que le deuxième meilleur rebondeur de KU l'an dernier n'en grapillait que 4). Par contre, on ne peut pas trouver grand-chose pour relativiser l'échec de son équipe surarmée dans le tournoi NCAA (élimination contre Northern Iowa). Avoir un pivot taillé pour la NBA interdit toute défaite contre une université moyenne. D'ailleurs, on notera les difficultés du pivot Jayhawk à dominer en attaque certaines faibles oppositions intérieures.

---Aldrich est donc un excellent role player/joueur de complément mais il sera difficile de lui demander plus. Toutefois je crois que ce qu'il fera sur le terrain sera déjà bien suffisant et que l'équipe qui lui posera la main dessus balayera certainement ces points négatifs d'un haussement d'épaule même bien longtemps après que le natif du Minnesota ait planté ses pieds dans une raquette NBA en match officiel pour la première fois.


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Ekpe Udoh (Baylor), Power Forward
Né en 1987, 2m07, 107 kg

Stats (junior): 13,9 pts (à 49 %), 9,8 rebs, 2,7 asts, 3,7 blks, 2,4 to en 35,1 minutes

---Encore un joueur que la NCAA a sorti de son chapeau cette année. A l'instar de Wesley Johnson, Udoh a passé la saison dernière sur le banc, interdit de fouler les parquets par les règles NCAA concernant les changements d'université en cours de cursus. Cette saison sacrifiée n'a peut-être pas été vaine puisque l'intérieur est passé du role player à vocation défensive à l'université de Michigan au go-to-guy de Baylor et à une place dans les 14 lottery picks de la draft. Entre la progression de Wes Johnson et la sienne, on va finir par croire qu'il est plutôt bon pour un joueur universitaire de passer une année blanche à taffer son jeu dans l'ombre, loin des yeux du monde.

---Que peut-on aimer chez un joueur de 23 ans sorti d'une université un peu en retrait et qui présente des stats de bon calibre mais rien qui fait sauter au plafond? L'intérieur aux racines nigérianes ne fait en fait rien de vraiment exceptionnel sur un parquet, si ce n'est contrer des shoots (3,7 blks par match). Par contre, il est capable de faire des choses dans à peu près tout les compartiments du jeu.

---Très complet en attaque, il peut scorer dos au panier, aller au cercle grâce à sa longueur et sa fluidité, déborder son vis-à-vis avec son dribble, shooter à mi-distance ou encore délivrer des passes décisives (2,7 asts en moyenne). N'est-ce pas là le rêve de tout entraîneur ? Avoir un intérieur qui peut marqu er dans toutes les positions offrent des solutions infinies et une formidable capacité d'adaptation à l'adversaire.

---Mais Udoh peut-il être cet attaquant complet d'une manière suffisamment efficace? Pour la NBA, cette question sera déterminante. Savoir marquer dans toutes les positions mais avec un pourcentage moyen n'est peut-être pas ce qu'il y a de plus intéressant pour un coach. Son pourcentage aux tirs à Baylor n'était pas ce qu'il y a de plus séduisant pour un intérieur (49 %), même si il faut admettre que la stratégie de son équipe était en partie d'utiliser ses qualités de un contre un et que ce pourcentage en a certainement un petit peu subi les conséquences.

---Donc comment tout cela va-t-il se traduire en NBA? Trop de possibilité d'actions ne risque-t-il pas de diluer son efficacité et donc de limiter ses chances de s'incruster dans une rotation? Ou au contraire, cette versatilité se révèlera-t-elle précieuse ? Peut-être qu'Udoh se montrera suffisamment efficace pour convertir en panier la plupart des opportunités qu'il aura sur ces diverses positions mais je n'en mettrais pas mon bras dans une déchiqueteuse. Par contre, il possède encore une certaine marge de progression dans sa technique offensive et pourrait donc peut-être améliorer son efficacité. A la vue de sa récente progression, il serait idiot de ne pas en tenir compte.

---Ce par quoi Ekpe Udoh pourra commencer à se faire une place, c'est sa défense. Son activité de ce côté du terrain, sa vitesse et ses belles qualités de contreurs jouent dans ce sens. Seulement, le manque de puissance et de dureté qu'il accuse devrait lui poser pas mal de souci en NBA jusqu'à, pourquoi pas, retirer d'une main le positif que ses qualités avaient apporté de l'autre.

---De manière générale -c'est-à-dire tant en défense qu'en attaque-, son manque d'une vraie explosivité (vitesse et fluidité ne signifie pas forcément explosivité), de puissance, de dureté et sa tendance à éviter les contacts font naître quelques questions pas forcément bienvenues. Ces défauts pourraient en effet limiter sa production générale et raboter quelques unes de ces qualités.

---Au final, il est difficile de savoir si Udoh sera en NBA un très bon joueur de complément à la précieuse versatilité (un petit peu dans le style de Jason Thompson à Sacramento), un bouche-trou ou quelque chose entre les deux. Libre aux franchises de parier sur lui.


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Patrick Patterson (Kentucky), Power Forward
Né en 1989, 2m04, 109 kg

Stats (junior): 14,3 pts (à 57,5 % dont 34,8 % à trois points), 7,4 rebs, 1,3 blk en 33 minutes

---Après deux années à être le leader d’une équipe de Kentucky sans éclat, Patrick Patterson s’est retrouvé entouré de jeune freshman de grand talent et la tête déjà en NBA. Ce fut sa meilleure saison.

---Son talent offensif a toujours été l’actif de son jeu qui avait la plus grande valeur. Dès sa première saison sur le campus bleu et blanc, on a pu le voir étaler ses qualités technique dos au panier, associant des mouvements aboutis à un excellent touché (16,4 pts de moyenne cette année-là). Cette faculté à scorer dans un large périmètre près du cercle ne s’est pas démentie lors des saisons suivantes et Patterson se pose comme une valeur sûre de ce côté du terrain.

---La bonne surprise cette année a été la capacité à shooter (mi-distance et même un peu à trois points -1,8 tenté par match pour 34,8 % de réussite) qu’il a ajouté à son arsenal. Avec cette arme supplémentaire, le vieux Wildcat commence à devenir très difficile à réduire au silence. Cette combinaison scoring dos au panier/shoot à de quoi séduire n’importe qui, d’autant plus que Patterson allie la capacité à l’efficacité, montrant beaucoup de discernement dans la sélection de ses shoots (57,5 % de réussite) et dans l’utilisation du ballon ( 1,1 balle perdue par match).

---Passé du centre d’attention de son équipe à celui de troisième option derrière John Wall et DeMarcus Cousins, Patterson a admirablement su s’imbriquer dans la nouvelle configuration de Kentucky et à ajuster son talent en conséquence. Ne plus être la figure de proue des Wildcats n’a causé aucun état d’âme chez lui et il a su maintenir un niveau de production très satisfaisant malgré des conditions de jeu qui ne le mettaient pas autant en valeur qu’avant (14,3 pts cette année contre 17,9 l’année dernière avec un pourcentage à peu près similaire et sur un temps de jeu identique). Et ça, ça devrait plaire aux franchises NBA car c’est a priori dans un rôle similaire qu’il est projeté dans la grande ligue. Intelligent, doté d’une bonne connaissance du jeu et excellent joueur d’équipe, il doit certainement lui aussi être avec John Wall et coach Calipari pour quelque chose dans le bon comportement de cette escouade abandonnée aux mains d’une bande freshmen trop talentueux pour avoir la tête bien vissée sur les épaules.

---Mais qu’est-ce qui empêche le junior d’être punaisé un peu plus haut sur les mock drafts ? Beaucoup ont évoqué sa taille mais ses 2,05 m (avec chaussures) et ses 2,15 m d’envergure de bras ne sont pas si différents des standards NBA pour un power forward. Le sentiment qu’il est sous dimensionné vient peut-être d’une impression visuelle sur le terrain et/ou de son jeu pas forcément aérien.

---Les critiques qu’on peut vraiment épinglé sur sa chemise concernent sa défense et sa capacité à prendre des rebonds, lesquelles affichent un niveau assez moyen (7,4 reb cette année, chiffre largement rempli de rebonds offensifs ; il faut toutefois compter avec la présence dans ce domaine de l’excellent DeMarcus Cousins). Des moments d’inattention coupables, un petit manque de vitesse, des qualités athlétiques solides mais pas suffisamment impressionnantes pour rattraper ces petits retards, l’équipe qui draftera Patterson devra accepter que l’ailier fort n’est pas une assurance tout risque de ce côté du terrain à l’heure actuelle. Avec tous les bons intérieurs défensifs que comptent cette draft, Patterson perd certainement là quelques rangs dans le tableau de draft.

StillBallin

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