[suite de la première partie]
---D’ailleurs, le style de jeu de l’ancien Demon Deacon colle plutôt bien avec celui d’un Chicago en mode Derrick Rose. Très à l’aise dans le jeu rapide et en mouvement, surtout performant face au panier où il peut se creuser une tranchée jusqu’au panier grâce à ses gigantesques foulées ou shooter, il n’est pas difficile de l’imaginer profiter du mouvement créé par Rose et le jeu collectif que Chicago a déployé pendant les playoffs (en espérant qu’il sera encore là cette saison). En résumé, Johnson semble avoir les compétences pour faire ce qu’on aimerait que Tyrus Thomas fasse : scorer efficacement en plus d’assurer les affaires courantes du poste 4.
---Deuxième aspect positif de sa venue, Johnson est un power « flottant » dont les pérégrinations incessantes entre la raquette et le secteur extérieur seront susceptibles de contribuer à la vitesse, la fluidité et l’imprévisibilité du jeu des Bulls (toujours en espérant qu’il en sera de même cette année). De plus, la capacité du futur rookie à jouer comme un simili-extérieur qui traîne loin du panier, d’où il peut driver ou shooter, pourrait avoir pour effet d’étirer les défenses et de créer des espaces. Avec des perceurs de coffres comme Lightning Rose ou John « straight to the basket » Salmons, l’addition pourrait être salée.
---Seulement, la vie a vite fait de rééquilibrer la balance et plusieurs points négatifs viennent sèchement tempérer les ardeurs nées de mes paragraphes précédents. Au-delà des potentiels problèmes d’attitude que j’ai évoquée un peu avant, son jeu un peu indiscipliné (fonctionne plus sur l’émotion que sur le contrôle/la justesse, prend parfois de mauvais shoots et de mauvaises décisions) et son manque de concentration aussi visible que fâcheux, sont autant d’éléments qui rabotent le positif qu’il peut amener sur un terrain.
---Individuellement, ces défauts sont bien sûr gênants mais ils deviennent dangereux lorsqu’on sait que l’équipe de Chicago elle-même partage ce caractère émotif et un peu incontrôlable. La venue de Johnson et son éventuelle prise d’importance dans cette formation ne risqueraient-elles pas d’alimenter ces caractéristiques et d’engager la franchise sur une pente glissante ? Un jeu tout en émotion peut être efficace et même salvateur en de nombreuses occasions mais laisser libre cours en permanence à cette douce folie est nuisible. Vous pourriez chercher longtemps, jamais vous ne trouveriez d’équipes qui sont parvenus jusqu’en finale sans une certaine et même conséquente dose de maîtrise de son jeu. Remarque, le départ de Ben Gordon et l’expérience grandissante de Rose, Noah et les autres permettront peut-être de rééquilibrer les compteurs. Toutefois, l’addition de quelques vétérans plutôt vénérables et cérébraux ne serait pas de trop.
---A l’heure de faire le compte et aussi talentueux et intéressant qu’il soit, James Johnson n’est pas une recrue exempte de tout reproche et sa venue n’est pas sans laisser une porte ouverte à d’éventuelles complications futures. D’ailleurs, la sélection de Taj Gibson (profil voir mock draft 24th pick, Portland) en 26ème position ressemble fortement à une sécurité. En effet, l’ancien intérieur d’USC possède dans son bagage « je sais tout faire pas trop mal mais rien de façon exceptionnelle » une technique offensive intérieure suffisamment aboutie pour dépanner de quelques paniers sous les panneaux et sur jeu placé. Ainsi, quelque soit l’apport de Johnson, Gibson devrait en principe permettre aux Bulls de conserver un minimum de danger offensif intérieur.
---De manière générale, Taj Gibson devrait fournir à Chicago une utile rotation intérieure et densifier agréablement le banc, ce qui soulagera un peu cette franchise qui lance des regards désœuvrés à son secteur intérieur depuis des années. Il reste quelques doutes quand à la capacité de ce joueur à trouver sa place en NBA, notamment parce que son jeu s’exprime dans un périmètre très proche du panier alors qu’il lui manque quelques centimètres (il mesure 2,06 m), mais ce genre de doute est le lot de la plupart des rookies. Si Gibson triomphe de ces craintes, il devrait devenir le genre de précieuse rotation qu’on se félicite toujours d’avoir sur le banc.
---Néanmoins, on peut peut-être critiquer l’utilisation du 26ème spot de la draft pour l’intérieur californien car d’autres opportunités plus séduisantes ont été laissé sur le bord de la route. D’un autre côté, on peut aussi louer la présence d’esprit dont ont fait preuve les décideurs de Windy City. Le besoin prioritaire des Bulls était de trouver une menace offensive à l’intérieur et ce besoin est désormais verrouillé.
---Malgré tout, DeJuan Blair qui, selon mes suppositions, était en balance avec James Johnson pour le premier choix de draft des Bulls, était encore disponible lorsque le second choix chicagoan est venu prendre son tour. N’aurait-il pas fait une meilleure « sécurité » que Gibson ou même constitué un véritable plan B ? Le fait qu’une dizaine de franchises n’aient pas osé le sélectionner a peut-être effrayé les dirigeants ou bien ont-ils pensé, non sans pertinence d’ailleurs, qu’il était plus judicieux de recruter un joueur d’une « petite envergure » comme Gibson plutôt qu’un titulaire potentiel comme Blair afin d’éviter les encombrements dans le secteur intérieur. Ces arguments sont valables mais ceux en faveur de la sélection du Carré de Pittsburgh restent, à mon sens, plus nombreux.
---Quand bien même, Chicago s’est véritablement renforcé pendant cette draft et s’est renforcé là où son équipe en avait vraiment besoin. Il est vrai que les Bulls ne disposent toujours pas d’un vrai ancrage intérieur, d’un point de fixation dans la raquette sur les phases offensives mais ils devraient pouvoir compenser cela par leurs qualités propres et le jeu rapide et altruiste qu’ils ne tenteront à nouveau de développer cette année. Avec le recrutement de Johnson et Gibson, le retour de blessure de Luol Deng et le départ de Ben Gordon, les Bulls se retrouvent avec un effectif parfaitement équilibré et bourré de talent.
---D’ailleurs, l’arrivée de Jannero Pargo offre à la franchise la touche de folie que Gordon a emportée avec lui dans le Michigan mais dans un déploiement plus restreint (en sortie de banc et sur un temps de jeu bien éloigné des trente minutes du shooteur fou américano-britannique) qui devrait éviter que cette pétard ambulant’s touch soit contre-productive. Après, quand à savoir si on retrouvera l’alchimie ou au moins le jeu que la franchise s’est découvert pendant les playoffs, la réponse reste suspendu au coup de sifflet des premiers matchs de la saison régulière. Plus que Johnson ou Gibson, c’est ce jeu qui sera clé pour Chi-Town.
StillBallin
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