---LeBron James est passé à côté de sa finale, c'est indiscutable. Comme si le manteau de Grand Looser devait forcément être porté par quelqu'un, l'ailier double MVP du Heat le recevra assurément à son tour remis directement des mains de Dirk Nowitzki qui l'a lui-même porté pendant si longtemps. Mais en vérité, c'est le public qui l'attribue, sans clémence ni réflexion. Et on peut en mettre sa main à couper, James sera rapidement le prochain élu de ce ridicule honneur.
---Mais le public ne va-t-il pas lui infliger une peine complètement démesurée par rapport à sa faillite?
---Il était aussi le plus exposé parce que, ne vous y trompez pas, il est bien le leader d'une équipe qui compte, outre le double MVP qu'il est, un futur Hall of Famer (Dwyane Wade) et l'un des tous meilleurs ailiers forts actuels (Chris Bosh). Plus encore, il en est la plaque tournante. Il arrive à Wade d'être la première et principale arme du Heat lors de certains matchs mais celui qui est le plus souvent présent, le plus régulier et celui qui a le plus grand impact global (scoring, défense, playmaking,...) est bien LeBron James. Lors de la série contre Chicago, Wade a été mauvais mais seules de timides critiques pleines de patiente se sont abattues sur lui. Notamment parce que Miami gagnait j'imagine. Je ne dis pas que lorsque James joue bien et pas Wade, Miami gagne et lorsque Wade joue bien et pas James, Miami perd car il est difficile de savoir ce que vaut Chicago par rapport à Dallas. Je dis seulement qu'il y a des questions à se poser par rapport au terrain et par rapport aux réactions des observateurs. D'ailleurs, face à Dallas, Wade n'a pas toujours fait les bons choix aux moments où les matchs se jouaient et pourtant, il n'a pas reçu le quart des critiques qu'a enduré James.
---On arrive là à la seconde raison qui doit nous retenir de tomber sur la râble du triste élu. Le King croulait sous les responsabilités et celles-ci dégageaient comme une odeur de bois pourri. Un peu comme si on avait ordonné à un coursier du moyen-âge d'apporter en urgence une importante cargaison à un souverain intraitable avec une charrette toute vermoulue. Au-delà de ses responsabilités au scoring, en défense (il est le capitaine défensif du Heat) et dans à peu près tous les autres secteurs du jeu (rebonds, contre...), il avait la charge de faire tourner l'équipe et de créer du jeu, charge qu'il était le seul à pouvoir tenir efficacement (le discernement et la sélection de tirs de Wade est toujours un peu discutable, Mario Chalmers n'en a pas les capacités et Mike Bibby ressemble à un jazzman vieillissant et fatigué qui arrive à pousser quelques bonnes notes de temps en temps mais qui n'a plus la force de faire beaucoup plus). Cette tâche fait déjà partie des tâches les plus compliquées du basket et elle l'était beaucoup plus avec la configuration mal fichue de l'équipe de Miami (des joueurs habitués à avoir tout le temps le ballon dans les mains, des options offensives peu nombreuses, peu réparties, peu variées et de manière générale, pas beaucoup de familiarités avec le jeu sans ballon).
---Or, LeBron James a les qualités d'un meneur (maniement de balle, technique de passe, vision de jeu) mais il lui manque encore quelques pouces de savoir-faire, notamment pour ce qui est de trouver le juste milieu entre faire jouer les autres et jouer sa propre action, savoir quand passer et quand scorer. Difficile de lui en vouloir, cette équilibre, c'est quelque chose que peu de joueur maîtrise. Il a fallu cinq ans en NBA à Chauncey Billups pour y arriver, Jason Terry n'y est jamais parvenu et a finalement été décalé en arrière shooteur, Rajon Rondo a le même souci sauf qu'à la différence de la plupart des autres joueurs empêtrés dans ce problème, son déséquilibre penche du côté de la passe plutôt que du côté du shoot; et les exemples de ce type pullulent (Derrick Rose, Russell Westbrook, Devin Harris,...).
---Mener correctement une équipe de guingois à ce stade de la compétition requiert beaucoup de savoir-faire et il est évident que James n'en était pas encore tout-à-fait capable. Ce qui est absolument normal, même si il a toujours eu la balle dans ces mains et qu'il n'est finalement pas si loin d'un vrai meneur playmaker. Car ce n'est que cette année qu'il essaie, non, qu'il a le devoir de faire briller les autres. En fait, disons plutôt que si l'année dernière à Cleveland on ne pouvait pas reprocher à James de ne pas réussir à faire briller Mo Williams à cause des limites propres dudit Williams, le King ne pouvait pas s'en sortir aussi facilement si cette année à Miami, Wade rendait lui aussi des ardoises un peu patraques. Avec le Heat, les limites de James en tant que meneur étaient beaucoup plus voyantes et surtout problématiques tant la franchise floridienne comptait sur lui pour faire en sorte que cette assemblée de stars peu complémentaires et de role players au niveau de jeu très diverses trouvent une alchimie collective. On demandait ainsi à James de faire quelque chose qu'il n'est pas encore capable de faire et d'ailleurs que maîtrise seule une poignée de joueurs (Chris Paul, Deron Williams,...), à savoir distribuer correctement le jeu tout en restant une menace offensive individuelle imbriquée dans le collectif (c'est à dire bien déterminer quand est-ce qu'il faut faire jouer les autres et quand est-ce qu'il faut essayer de scorer soi-même).
---Mener correctement une équipe de guingois à ce stade de la compétition requiert beaucoup de savoir-faire et il est évident que James n'en était pas encore tout-à-fait capable. Ce qui est absolument normal, même si il a toujours eu la balle dans ces mains et qu'il n'est finalement pas si loin d'un vrai meneur playmaker. Car ce n'est que cette année qu'il essaie, non, qu'il a le devoir de faire briller les autres. En fait, disons plutôt que si l'année dernière à Cleveland on ne pouvait pas reprocher à James de ne pas réussir à faire briller Mo Williams à cause des limites propres dudit Williams, le King ne pouvait pas s'en sortir aussi facilement si cette année à Miami, Wade rendait lui aussi des ardoises un peu patraques. Avec le Heat, les limites de James en tant que meneur étaient beaucoup plus voyantes et surtout problématiques tant la franchise floridienne comptait sur lui pour faire en sorte que cette assemblée de stars peu complémentaires et de role players au niveau de jeu très diverses trouvent une alchimie collective. On demandait ainsi à James de faire quelque chose qu'il n'est pas encore capable de faire et d'ailleurs que maîtrise seule une poignée de joueurs (Chris Paul, Deron Williams,...), à savoir distribuer correctement le jeu tout en restant une menace offensive individuelle imbriquée dans le collectif (c'est à dire bien déterminer quand est-ce qu'il faut faire jouer les autres et quand est-ce qu'il faut essayer de scorer soi-même).
---Cela s'est vu sur le terrain, particulièrement lors des matchs 4 et 5. Faisant preuve d'une agressivité offensive très fluctuante, d'une mise en retrait souvent un peu trop prolongée, prenant pas mal de décisions hasardeuses, changeant brusquement d'avis au dernier moment un peu trop souvent (parfois avec les pieds décollés du sol), refusant des shoots ouverts ou prenant des tirs qui ne sont pas les siens habituellement (floaters,...), LeBron James a semblé jouer sans repères, comme si il était un peu perdu et tiraillé entre son jeu naturel, sa volonté de jouer les véritables playmakers et le manque de répondant collectif du Heat à ses efforts (peu de jeu sans ballons, peu de solutions offertes). Et forcément, c'est tout son rendement offensif qui l'a payé. Étant en décalage avec ses repères et ses instincts, James jouait un peu en aveugle et, tout investi de sa mission de playmaker mais ne pouvant pas s'appuyer sur un savoir-faire digne des plus grands meneurs, il cherchait trop à impliquer ses partenaires et prenait des tirs que lui, dans sa tête, n'était pas sûr de devoir prendre en tant que responsable du collectif. Donc forcément, ses actions individuelles étaient hors rythme et manquaient d'assurance.
---Il était arrivé la même chose à Rodrigue Beaubois à Cholet qui, l'année suivant son explosion, avait été installé au poste de meneur en vue de la NBA et avait perdu tout son jeu. Son coach, Erman Kunter, avait alors donné pour raisons à cette dégringolade, celles que je donne ici à James: ne sachant pas quand faire jouer les autres et quand jouer l'action individuelle, sa responsabilité de playmaker a saboté son jeu de scoreur et surtout ses instincts de scoreur car, cette exigence de faire vivre le collectif profondément fichée dans son esprit, il avait toujours un doute sur le bien fondé de sa décision lorsqu'il décidait d'exécuter une action individuelle (avait-il raison de shooter ou aurait-il dû installer une action pour un coéquipier?). D'où un manque de confiance au moment de tenter une action individuelle et de manière générale un comportement trop timide, trop orienté vers la passe par rapport à ses qualités de scoreurs. Comme James, donc.
---Et James n'avait pas seulement le devoir de faire quelque chose qu'il ne pouvait pas encore faire efficacement, il avait le devoir de réussir à le faire. N'a-t-on pas passer cette finale à le montrer comme l'élément défaillant du Heat, comme la principale raison de la défaite de son équipe? C'est stupide parce que James était coincé. Si il avait joué son jeu habituel, celui qui était le sien depuis 7 ans malgré le risque de se gêner avec Dwyane Wade et que Miami avait là aussi perdu, il en aurait pris plein la gueule parce que c'était lui qu'on attendait pour faire tourner cette équipe correctement (n'a-t-on pas dit qu'il devait devenir une sorte de Magic Johnson à son arrivée à en Floride?). Et là, alors qu'il a effectivement essayé de bien faire tourner cette équipe mal équilibrée et peu complémentaire, d'y créer une alchimie collective, qu'il n'y est -logiquement- pas parvenu et qu'il a perdu, il en prend aussi plein la tronche parce qu'il n'a pas mis suffisamment de points sur toute la série.---Il était arrivé la même chose à Rodrigue Beaubois à Cholet qui, l'année suivant son explosion, avait été installé au poste de meneur en vue de la NBA et avait perdu tout son jeu. Son coach, Erman Kunter, avait alors donné pour raisons à cette dégringolade, celles que je donne ici à James: ne sachant pas quand faire jouer les autres et quand jouer l'action individuelle, sa responsabilité de playmaker a saboté son jeu de scoreur et surtout ses instincts de scoreur car, cette exigence de faire vivre le collectif profondément fichée dans son esprit, il avait toujours un doute sur le bien fondé de sa décision lorsqu'il décidait d'exécuter une action individuelle (avait-il raison de shooter ou aurait-il dû installer une action pour un coéquipier?). D'où un manque de confiance au moment de tenter une action individuelle et de manière générale un comportement trop timide, trop orienté vers la passe par rapport à ses qualités de scoreurs. Comme James, donc.
---Ainsi, peut-être qu'à cet impératif de victoire s'est ajouté un impératif de créer un jeu collectif. Peut-être que le numéro 6 imaginait que la faillite de son équipe et donc la sienne, auraient été plus violemment taclées si il avait joué son jeu habituel que si il avait tenter de jouer les playmaker.
---Au final, je pense qu'on en a tout simplement trop demandé à un seul joueur. Trop en terme de quantité mais aussi trop par rapport à ce qu'il est actuellement capable de faire (au niveau de l'équilibre entre le playmaking et le scoring). James n'a jamais pu s'appuyer sur des systèmes offensifs bien réglés (ce qui était particulièrement visible à chaque fin de match), n'a que très rarement pu compter sur les efforts dans le jeu sans ballon de ses coéquipiers (Chris Bosh a assurément pas pris autant de tirs qu'ils auraient dû, notamment dans le match 6, mais combien de fois a-t-il demandé la balle, combien de fois s'est-il trouvé en bonne position pour la recevoir, combien de fois a-t-il vraiment chercher à proposer des solutions?), alors que de son côté, il avait le devoir de créer du jeu, d'impliquer et de faire briller ses coéquipiers, de prendre les bonnes décisions, d'assurer sa (grosse) part au scoring sans prendre les munitions des autres joueurs, de prendre le match à son compte dans le money-time ou de mettre les shoots décisifs, de maintenir le niveau défensif collectif, de se charger du plus gros danger offensif extérieur adverse et d'assurer une présence dans la plupart des compartiments du jeu. Bref, y avait-il une chose qui n'était pas de sa responsabilité? Peut-être faire passer les serviettes mais c'est à peu près tout.
---Peut-être est-ce même là une des raisons de ses disparitions dans les dernières minutes. Avez-vous une telle vision fantasmagorique de LeBron James que vous ne pouvez pas imaginer qu'il était juste crevé en fin de partie? Avec plus de responsabilités et d'obligations que quiconque dans son équipe dont certaines hors de ses capacités, et une pression sans égale sur ses épaules, cela ne serait finalement pas si étonnant. L'Elu a beau être l'Elu, s'il doit sauver le monde tous les matins en plus de faire le repas, les courses et le ménage pour toute sa petite famille, il se foirera forcément de temps à autre.
StillBallin
3 commentaires:
très bon article merci
Très bon article
Agréable à lire
Beaucoup de choses, belle analyse
merci ;)
Merci.
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