09 mai 2002

Dwyane Wade peut-il devenir le Beretta de Lebron James (aux Knicks) ? [suite]

-
[suite de la première partie]

---Vous souvenez-vous du Dwyane Wade que nous avons eu le plaisir de voir pendant les Jeux Olympiques? Il n'avait rien à voir avec celui de Miami. Arrivé sur la pointe des pieds dans la Team USA après une saison pourrie sur tous les plans (blessures, problèmes personnels, bilan catastrophique de son équipe), il s'était glissé dans le rôle de sixième homme en toute humilité, dévouement et même reconnaissance, acceptant de devenir un joueur de complément aux côtés des leaders américains, Kobe et Lebron. Dans ce rôle de subalterne, il avait été tout simplement exceptionnel.

---Sans jamais avoir la primeur sur la balle comme c'est le cas avec le Heat, Wade avait pris un goulu plaisir à utiliser sa vitesse et son explosivité pour avaler les intervalles laissés par les défenses adverses, recevoir le ballon à quelques petits mètres du cercle et claquer des paniers avec la verve athlétique et technique qu'on lui connaît. Cela s'était traduit par des chiffres sortis tout droit d'NBA 2K (16 pts de moyenne à 74,2 %, 4 rebs, 2,3 stls en 18,8 minutes). Le redeem teamer était trop vif et explosif pour être gêné dans ses déplacements sans ballon, trop puissant pour être ralenti, trop maître du jeu en transition pour foirer l'enchainement réception de passe/attaque du panier et enfin, trop athlétique et bon finisseur pour être mis en échec au moment de glisser le cuir dans les filets.

---L'arrière intervenait dans le jeu comme un diable sort de sa boîte, offrant un point de chute au collectif de son équipe, systématiquement à l'insu de la défense et avec la quasi-certitude que l'opération se solderait par des paniers sonnants et trébuchants. Wade volait comme le papillon, piquait comme l'abeille, blessant les mains qui cherchaient à l'attraper sans jamais réussir à se refermer sur lui. Une défense ne peut pas stopper ce qu'elle n'a pas le temps de voir. Posté en embuscade, en option secondaire, loin de la balle et des yeux de ses adversaires, il sanctionnait la moindre brèche laissée par la défense.

---Avec ce rôle, c'est comme si tout le talent et les forces de Wade avaient été concentrés en un faisceau pas plus gros qu'une lame de rapière chauffée à blanc et dirigés sur un point précis. La même quantité de puissance de feu mais entièrement focalisée sur ce petit point. Une frappe chirurgicale et éclair mâtinée de l'incertitude total quant au moment où elle va frapper. Ce Wade-là était d'autant plus imprévisible qu'il se fondait complètement dans le collectif, n'importe quelle circulation de balle anodine pouvant tomber sur lui. Bref, un Wade, caché dans l'ombre, emmêlé dans le collectif, terriblement efficace et complètement imprévisible.

---Et puis, les amis, ça c'était dans le contexte FIBA avec des défenses resserrés et moins d'espace entre la ligne à trois points et le panier. La NBA est certainement encore plus propice à un jeu comme celui-là.

---Diable, que cette idée est enivrante... Et n'importe quel cerveau serait à deux doigts de se jeter du haut de la boîte crânienne de son propriétaire quand on pense aux dégâts que cette arme nucléaire pourrait faire si on l'associait à Lebron James. Parce que ce jeu inhabituel de Wade s'emboîte parfaitement dans celui du double MVP. Le leader cavalier conserverait du coup et sans problème son costume de franchise player, la priorité sur le ballon et la responsabilité du jeu. Ailier créatif et un peu playmaker, je l'imagine parfaitement tirer profit de ce Wade made in JO. James n'a pas son pareil pour focaliser l'attention de l'équipe adverse, attirer les défenseurs vers sa personne et servir ses coéquipiers démarqués. L'athlétique JJ Hickson en a tirer un large profit, à quel point le profit tiré de sa combinaison avec Dwyane Wade pourrait-il elle grand ?

---J'imagine déjà une profusion de débordements de James conclus par un renversement du jeu pour un Wade qui reçoit la gonfle en pleine vitesse et fend la défense éparse, de passes soudaines en direction de l'arrière supersonique qui se serait glissé dans le dos de ses adversaires trop focalisés sur le Lebron en possession du ballon, de alley-oop made in Rodrigue Beaubois ou John Wall,... Bref, Wade serait l'arme ; James, celui qui presse la détente. Le Cavalier, la première lame ; l'arrière de Floride, la seconde.


---Donc, contrairement au Wade de Miami, le Wade des JO est complémentaire avec James de sorte que ces deux talents pourraient coexister dans leur pleine mesure. Dans l'absolu, on pourrait même avoir deux des meilleurs joueurs de la planète évoluer non seulement ensemble et en exploitant tout leur talent, mais on pourrait même aller jusqu'à penser que l'alchimie tant sportive qu'affective qui existe entre ces deux joueurs amènerait le fameux 1+1=3. Quand on connaît le niveau des deux 1, on frémit en pensant à ce que pourrait être le 3.

---Histoire d'en remettre une couche, ce n'est pas par hasard que j'évoque cette association sur le parquet du Madison Square Garden. Le spacing et l'empilement de shooteur propres à la philosophie de Mike D'Antoni offre un terrain terriblement propice au développement de ce one-two punch aux allures de légende. Encore plus d'espace pour Wade et James, l'obligation pour les défenses de choisir entre protéger le cercle de ses deux phénomènes et empêcher les shoots ouverts à longue distance, du jeu rapide,... N'en jetez-plus, l'overdose fantasmagorique est sur le point d'avoir raison de notre raison.

...Vous en voulez encore?

---Déchargé de la responsabilité entière de son équipe, Wade pourra apporter son énergie et ses énormes aptitudes physiques dans tous les autres compartiments du jeu. Un rebond offensif par ci, un contre en deuxième rideau par là, je l'imagine bien se comporter sur le terrain comme une rustine permanente, utilisant sa vivacité et ses qualités athlétique pour rattraper les erreurs de ses coéquipiers et sanctionner celles de ses adversaires. Une sorte de joueur-glue d'un calibre inédit.

---Et puis caché dans l'ombre de James, il pourrait devenir un électron totalement libre, libéré d'une partie de l'attention adverse, plus insaisissable que jamais, toujours là où on ne l'attends pas et toujours là où son équipe en aura besoin.

---Evidemment, il pourrait aussi prendre feu de temps à autre et repasser en mode Franchise player. Un deuxième joueur capable de prendre le jeu à son compte dans une équipe peut être véritablement dévastateur. D'autant plus que les victimes du jour sauront qu'il y a toujours un Lebron James qui sommeille derrière un Wade on fire. Et inversement.

Mais voir ce Dwyane Wade en NBA est-il envisageable?

---Pendant ces JO, Wade n'occupait qu'un rôle en bout de chaîne, rôle limité qui est à des lieues de celui qu'il a à Miami et largement moins valorisé. Tenu loin du ballon, plus dépendant des autres et beaucoup moins décideur du jeu, le changement n'est pas mince. De plus, jouer ce "vulgaire" rôle d'arme de poing dans une team USA blindée de stars NBA, après une saison cauchemardesque et avec le drapeau américain sur la poitrine est une chose, le jouer dans sa franchise de tous les jours en est une autre. Car ne nous y trompons pas, c'est un véritable changement de statut, une dégradation qui pour un joueur de son talent ne sera pas facile à vivre. Ce n'est pas tout le monde qui accepterait, au pic de sa carrière, de passer du Jordan de son équipe au Scottie Pippen. De même, l'arrière du Heat pourra faire ses adieux à son ambition de remporter un titre de MVP de la saison régulière.

---D'un autre côté, Wade a déjà connu sa part de gloire personnel avec notamment le titre de 2006 dont on ne peut en aucun cas lui enlever la majeur partie de la responsabilité. Ce n'est pas pour sous-estimer l'apport de Shaquille O'Neal mais si Miami a pu renverser une situation qui ne lui était pas favorable en finale face à Dallas, c'est grâce à Wade.

---Cela lui suffit-il? La perspective de le voir former peut-être l'un des plus impressionnants et spectaculaires one-two punch de l'Histoire de la NBA, suffirait-elle à le contenter? On sait déjà qu'un joueur comme Chris Bosh a déjà fait savoir qu'il n'accepterait pas d'abandonner son titre de franchise player malgré ses états de service et un statut bien moindres que ceux de son homologue de Floride. Difficile de savoir comment Dwyane, lui, verra les choses.

Bref, vivement cet été et les premiers matchs de saison régulière.

StillBallin

2 commentaires:

Tinmar a dit…

En même temps, Wade n'a ni le même âge ni le même palmarès que Bosh : plus vieux (26 vs 28) et plus titré, ce qui me fait penser que tout ça est faisable... pas tout de suite, mais à la fin du prochain contrat de Wade par exemple ?
Mais bon, bien que tout ça fasse rêver, je n'y crois pas, et pas plus que toi d'ailleurs je pense... ;)

Mais comme quoi l'idée n'est pas si saugrenue, j'ai pu lire dans Basket Mercato (une source aussi sûre que son équivalent Foot...) ou dans So Basket (les intellectuels du basket) que David Stern réfléchirait à une nouvelle règle : si Wade et LeBron sont sur le terrain en même temps et sous le même maillot, leur équipe n'aurait le droit d'aligner que 4 joueurs sur le parquet (bah oui, selon la règle du 1+1=3...).

Et le pire dans tout ça, c'est qu'il resterait quand même compétitif (du moins en attaque) ! :D

StillBallin a dit…

Je ne pense pas que ça arrivera mais si je suis Mike D'Antoni, je fais tout pour ("Allez Dwyane, tu verras c'est pas si mal d'être Scottie Pippen quand on ramène un titre à New York. Tu sais que ça fait quelque chose comme trente ans qu'ils l'attendent là-bas. C'est la Mecque du basket, la ville la plus connue du monde, t'imagines comment ça va être ta fête si tu leur ramènes un titre? Tu seras une légende, mec, graffé sur les murs de Big Apple aux côtés de Biggie et Tupac; wallah ch'uis pas un mytho")