07 avril 2011

Pourquoi pas deux lancers francs + la possession à chaque faute perpétrée dans le money time?

-
---Les playoffs américains approchent à grands coups de sabot et on baigne déjà dans la phase la plus croustillante de l'Euroleague: on va enfin avoir nos injections de matchs couperets, de fins tragiques, de "momentums" effrénés, de séquences défensives oppressantes et de tirs mettant en jeu toute une saison pris avec une goutte de sueur qui tombe dans l'œil. Sauf que notre trip sera une fois encore étouffé par d'interminables sessions de lancers francs.

---Fruit d'une logique indiscutable et d'un professionnalisme aussi froid que le sang d'un assassin de légende, la stratégie du "faire faute" pour obliger l'adversaire à inscrire au maximum deux points plutôt que trois d'une seule banderille ou pour stopper le chronomètre afin d'avoir le temps et une chance de renverser le score, vient irrémédiablement doucher le plaisir indicible de ces fins de matchs haletantes et nous sevrer de ces exploits singuliers qui n'apparaissent que dans ces instants empreints d'une magie éphémère, peu avant le tomber de rideau. Quand j'aimerais voir l'une des deux équipes combattantes tenter un come back halluciné, l'action de la dernière chance ou essayer de résister à une pression défensive carnassière, on ne me donne que des lancers francs. Frustration plutôt qu'adrénaline et euphorie, qu'on ne s'étonne pas de me voir me comporter comme un ours mal léché et désabusé lorsque le chrono se défait de ses dernières secondes avec toutes les peines du monde, sans cesse interrompu qu'il est par cette ennuyeuse pratique.

---Peut-être pourrait-on caler une petite règle (oui je sais, une de plus) pour enrayer cette tendance? Tout ce qu'il faudrait, c'est dissoudre l'intérêt pour les coachs de recourir à ces lancers hacheurs de dénouement et annihilateur de coup de théâtre. Pour en arriver là, on pourrait par exemple en établir une selon laquelle chaque faute commise dans les deux ou trois dernières minutes de la rencontre serait sanctionnée automatiquement par trois lancers francs au lieu de deux, quelque soit la faute commise. Je suppose qu'à ce tarif-là, envoyer sciemment un adversaire sur la ligne de réparation n'aurait plus autant de sens.

---Ou peut-être mieux, que chaque faute perpétrée dans ces minutes cruciales soit punie de deux lancers francs plus la possession de balle rendue à l'équipe victime. Avec une règle comme celle-ci, le système de faute/lancers francs retrouverait sa vocation d'origine, à savoir que l'équipe qui a illégalement empêché son adversaire de jouer soit sanctionnée pour son acte et non pas que celui-ci lui permette de l'approcher d'avantage d'une victoire qu'une grosse action défensive ou un shoot décisif. Avec deux lancers francs plus la possession, l'équipe fautive payerait sa faute comptant (les deux lancers francs) sans pouvoir tirer un bénéfice de son sacrifice en récupérant la balle rapidement ou en limitant à deux le nombre de points encaissés sur l'action puisque l'équipe adverse conserverait la possession après la faute. Ainsi, la stratégie du "faire faute" perdrait tout son intérêt et n'aurait plus lieu à se faire appeler stratégie.

---Je ne me fais pas d'illusions, je sais bien que je devrais me taper pendant longtemps encore ces indignes séances de tirs sans opposition qui réussissent l'exploit de rendre soporifiques les moments censés être les plus excitants et tiraillés par le suspense d'un match à enjeux. Mais j'en ai ma claque de voir ces fabuleux finals être coupées en morceaux comme un cadavre abandonné par un vulgaire tueur en série. Il faut que je vende au diable l'âme de qui pour avoir ce que je veux?

StillBallin

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca a l'air d'être une bonne idée, je ne serais pas contre de voir ce que ça donnerai sur le terrain.

Anonyme a dit…

Moi je pense que ca gâcherai encore plus les fins de matchs , certes il n'y aura plus de money time "découpées" mais cela pourrait provoquer une sorte de "non-jeu" , parce que les défenses préféreraient laisser l'attaquant marquer 2 pts plutôt que de tenter de l'empêcher et de risquer de faire faute et donc de provoquer 2 lancer-franc + possession.
Exemple : Lebron ou Durant ont la balle dans le money time , actuellement , si ils tentent de marquer , la défense tente de les empêcher et fait faute , 2 lancers ( si elle fait une bonne faute) donc 2 points ( admettons que ces stars les mettent ) et le ballon à l'adversaire. Dans ton hypothèse , la défense fait faute , l'attaquant a 2 lancers + la possession , donc autant le laisser marquer 2 points facilement car cela ne fait que 2 points , tandis que si on fait faute cela peut monter jusqu'à 5 points.
Je sais pas si je me suis bien exprimé mais en gros le money time des Finals pourrait se transformer en un vulgaire Golden States-Denver.

StillBallin a dit…

Ce que tu dis se tient et c'est vrai qu'une telle règle pourrait déboucher sur une nouvelle stratégie, celle de prendre le panier volontairement pour récupérer la balle et éviter le risque de donner des lancers francs en plus de rendre la possession. Je suis d'accord avec toi, cette "stratégie" serait beaucoup plus moche que l'ancienne.

Cependant et même si ce n'est pas systématique, tu remarqueras que les arbitres sifflent beaucoup moins dans le money time (lorsqu'il s'agit de contacts classiques, pas de fautes volontaires évidemment) justement pour éviter que ce ne soit eux (entre guillemets) qui décide du sort du match. Du coup, je suppose qu'avec une règle 2 LF + possession, cette coutume serait renforcée et appliquée quasi systématiquement. Il ne s'agit bien sûr pas de laisser les attaquants se faire découper à la moindre velléité offensive mais de laisser jouer au maximum et de ne pas siffler au moindre contact. En clair, les fautes qui sont généralement (généreusement?) sifflées en faveur de Kevin Durant ou Lebron James durant la plus grande partie de la rencontre ne le serait pas dans les dernières minutes.

Du moins, c'est comme ça que j'imagine que les choses pourraient se dérouler. Après, comme tu le fais très justement remarquer, le risque de voir d'autres stratégies contournant une règle comme celle-ci existera toujours.

Anonyme a dit…

Oui c'est vrai mais cela n'empêches que je pense que les défenses s'écarteront quand par exemple un joueur qui provoque très facilement des fautes et qui soit bon tireur de lancer ( Comme Lebron , qui même si il subit moins de faute dans le money time , son physique lui permet d'en provoquer quand même ) attaque le panier.
Je pense que cette technique viserait des joueurs en particulier , un peu comme quand on fait rentrer un joueur de D-League pour faire des fautes sur Shaq ou sur un autre joueur avec des mains en cartons.


Pour approfondir ton idée , à quelle moment du dernier quart-temps cette règle serait mis en place ? en d'autre termes , à quel minute entre t-on dans le Money Time selon ton hypothèse ?

StillBallin a dit…

Dans mon idée, cette règle prendrait effet dans les deux ou trois dernières minutes, voire pourquoi pas dans la dernière minute. Si tu me demandais de choisir, je dirais deux minutes avant la fin du match. Vraiment pour que ça s'applique dans les toutes dernières possessions, trop tôt dans la partie ça fausserait le match.

Par rapport à l'exemple Lebron James, c'est un risque effectivement. En fait, le bon fonctionnement de ce dispositif dépendrait entièrement des arbitres. S'ils suivent l'esprit de mon idée (tu comprends qu'établir une règle est une chose, l'appliquer de façon à en avoir les effets voulus en est une autre), cela voudrait dire qu'ils ne sifflent pratiquement jamais dans ces quelques possessions cruciales, à moins que l'action illégale ne leur laisse pas vraiment le choix, par exemple lorsque le défenseur retient le bras de l'attaquant (retient, pas "touche" le bras).

Ça fait un peu zone de non droit mais ce n'est pas pour me déplaire (Euroleague style). Cela pousserait d’ailleurs les attaquants à chercher un tir ouvert ou à se créer un tir peu contestable plutôt que de se jeter dans le trafic de la raquette comme on le voit parfois avec Lebron ou Westbrook.

Bon après on n’est jamais à l’abri d’effets pervers. Mais je prendrais le risque quand même.