03 février 2011

Quelle stratégie de reconstruction pour Washington? (suite)

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[Première partie de l'article: Quelle stratégie de reconstruction pour Washington?]

---Les Wizards n'ont pas des milliers de possibilités de reconstruction qui se présentent à leur porte. Bricoler l'effectif actuel ou en détruire la majeure partie pour en recréer un nouveau avec de la patience et des joueurs d'avenir, telles sont les deux stratégies que j'ai avancé dans la première partie de cet article. J'y expliquais alors que la première était stupide et que la seconde n'avait finalement qu'une chance bien mince de parvenir à une conclusion heureuse au vu de la difficulté qu'il y a à la faire aboutir correctement et de la portion de chance requise. Mais existe-il une autre et surtout meilleure solution?

---Peut-être. Pourquoi, en effet, ne pas tenter de bâtir directement un noyau dur de joueurs confirmés et reconnus plutôt que de recruter des jeunes éléments et d'attendre qu'ils soient capable de porter la franchise? C'est sûr que dit comme ça, il n'y a pas besoin de se traficoter le cerveau longtemps pour conclure que c'est là la meilleure chose à faire et que si c'est pour en arriver là, j'aurai mieux fait de vous épargner les nombreux paragraphes qui précèdent cette éclatante proposition. Assembler des joueurs confirmés et de très bon niveau vaut mieux que de recruter des jeunes dont on espère qu'ils le deviendront: toutes les incertitudes et risques liées au fait de parier sur l'avenir et à l'articulation entre le présent et futur sont balayées, la valeur des joueurs est connue, fiable, leur profil est définitif, leur personnalité à peu près fixée et la configuration finale du roster, beaucoup plus facile à concevoir efficacement.

---Avec déjà John Wall dans l'effectif qui même s'il n'évoluait pas (ce qui serait un véritable crève-cœur tant sa marge de progression est grande) resterait un très bon meneur, D.C. n'aurait vraiment qu'à mettre à ses côtés deux ou trois forts joueurs, assez jeunes (24,25 ans afin d'avoir le temps de bâtir le reste de l'effectif autour de cette ossature et que cette équipe ait un certain nombre d'années devant elle) pour attiser les espoirs et les rêves de succès. Aussi facile que de transformer Yi Jianlian en Dirk Nowitzki, hein?

---Sauf qu'il semblerait exister quelques juteuses opportunités que Wash' pourrait saisir de ses doigts potelés. La première s'appelle Josh Smith, la seconde OJ Mayo. Ces deux-là sont jeunes (25 et 23 ans), performants, compatibles entre eux et avec John Wall et enfin, ils pourraient être cédés aux Wizards avec moins de difficultés que ce que leurs valeurs le laisseraient penser. Comme je l'ai glissé ici et là, Smith et Mayo ne feront vraisemblablement pas partie de l'avenir de leurs franchises respectives, OJ Mayo parce qu'après avoir blindé les contrats de Rudy Gay, Mike Conley et bientôt ceux de Zach Randolph et (ou?) Marc Gasol, Memphis n'aura plus de dollars pour le contenter ; et Josh Smith pour à peu près les mêmes raisons depuis que Joe Johnson et Al Horford sont devenus beaucoup plus riches. Memphis et Atlanta ont ainsi déjà pris les décisions managériales qui aboutiront inévitablement au départ des deux hommes. C'est là que Washington a une carte à jouer. La franchise aux couleurs nocturnes pourrait se proposer pour soulager les deux équipes méridionales de ces deux joueurs en leur offrant en échange quelques éléments qui, s'ils ne sont pas à la hauteur du talent de Smith et Mayo, pourraient correspondre parfaitement à certains de leurs besoins précis et pressants.

---Pour avoir Josh Smith, Washington peut en effet appâter Atlanta de plusieurs façons. En leur proposant Kirk Hinrich pour commencer. Avec Mike Bibby qui décline pépèrement mais sûrement, les Hawks devraient voir d'un bon œil l'arrivée de l'ancien Bull. Ce dernier est capable de distribuer efficacement le ballon (pas négligeable dans cette formation qui n'est pas aussi imprégnée par le concept de circulation de balle que des équipes comme Boston ou San Antonio), de shooter, de défendre (excellent "upgrade" par rapport à Bibby) et surtout de jouer sans le ballon, ce que devrait apprécier Joe Johnson et sa propension à avoir la main sur la gonfle de temps à autre. Ce descriptif ressemble à s'y méprendre au portrait robot de meneur type parfait pour l'effectif et le jeu de la formation géorgienne, loin des projets que sont Jeff Teague ou Jordan Crawford. Certes, le contrat d'Hinrich est assez conséquent (8,5 millions/an sur deux saisons), peut-être au point d'annuler l'intérêt pour Atlanta de l'avoir dans ses rangs puisque c'est justement à cause de son contrat (et du minimum salariale auquel sa valeur lui permettrait de prétendre) que Josh Smith est vu partant. Seulement, il serait peut-être intelligent pour les Hawks de dépenser leurs drachmes sur un meneur qui semble leur aller à ravir. Combien de point guards aussi intéressants pour eux auront-ils la possibilité d'acquérir sans y mettre un prix excessif?

---D'autre part, Washington peut ajuster le trade pour faciliter la décision des Hawks. En plus de prendre Josh Smith, les Wizards peuvent leur proposer d'embarquer Mike Bibby qui serait devenu superflu avec l'arrivée d'Hinrich, la présence de Jamal Crawford et celle de ceux qui sont appelés à prendre la relève de ce dernier, Jeff Teague et Jordan Crawford. Wash' peut même glisser dans la conversation, en plus ou à la place de Bibby, Marvin Williams sur lequel les Géorgiens ne comptent pas énormément et qui leur coûte des ronds. En retour et pour continuer l'opération de séduction, Washington peut poser dans la balance des contrats finissants (Josh Howard, Al Thornton, Yi Jianlian) et/ou, saint graal pour les Hawks, un pivot qu'ils peuvent mettre sur le terrain sans trop se faire vanner (JaVale McGee, voire Andray Blatche si les Faucons ont volé près du soleil un peu trop longtemps).

---Que ce soit avec Hinrich, des contrats finissants, des pivots pas trop contestables ou des possibilités de dégraissage de masse salariale, D.C. possède les éléments (peu importe lesquels on utilise et comment on les combine) pour convaincre Atlanta de se défaire de Josh Smith. Et ces éléments, surabondant pour les Wizards, pourraient également leur permettre d'avoir OJ Mayo. Comme Atlanta, Memphis pourrait trouver un intérêt à accueillir des contrats finissants comme Howard, Thornton ou Yi afin d'avoir la flexibilité salariale et financière nécessaire en vue de la prolongation de leur secteur intérieur, Zach Randolph et Marc Gasol. On peut aussi imaginer Memphis se poser la question d'une éventuelle acquisition d'Andray Blatche pour prendre la place de Randolph. Blatche n'est pas aussi bon que l'ancienne tête de bois des Blazers et des Knicks mais il est beaucoup plus jeune et surtout son salaire, considérablement moins élevé (environ 6,5 millions/an), est fixé à cette hauteur modeste pour les cinq prochaines années. Dès lors, les Tennesseans auraient une plus grande marge salariale pour s'assurer la prolongation de Gasol et construire un banc de qualités sans trop perdre en talent sur le poste d'ailier fort en retour. C'est un peu gros, mais on a vu plus barré comme stratégie dans cette ligue. Et pourquoi ne pas jouer sur les sentiments en offrant gracieusement de les débarrasser d'Hasheem Thabeet? Au-delà de la petite économie (en tant que n°2 de draft, le tanzanien perçoit 5 millions/an), les Grizzlies se trouverait certainement soulagés de tourner l'embarrassante page de ce très haut choix de draft très mal utilisé.

---Et si toutes ces monnaies d'échange que compte l'effectif Washingtonien ne suffisent pas à conquérir Josh Smith ou OJ Mayo, pourquoi ne pas aller jusqu'à proposer les droits sur le futur choix de draft 2011? Il sera certainement très bien placé vu le bilan actuel de la franchise et l'abandonner n'est pas une décision à prendre à la légère mais un joueur comme Smith ou Mayo ne le vaut-il pas? Je veux dire, n'importe qui serait content de voir une de ses jeunes recrues draftées dans le top 10 atteindre un jour le niveau de ces deux joueurs. Autant éviter tous les risques et incertitudes de la draft en utilisant ce pick pour avoir le genre de joueur qu'on espère drafter avec ce choix, non? A l'inverse, Washington pourrait passer à côté d'un joueur qui serait finalement devenu plus fort que le Hawk ou le Grizzly, mais la probabilité que cela se passe ainsi n'est pas très épaisse. En réalité, elle est aussi grande que la probabilité de faire une erreur ou de tomber sur un joueur qui serait moins bon que nos deux cibles au talent déjà éprouvé. En clair, recruter Mayo ou Smith par l'intermédiaire de ce choix de draft est moins risqué que de conserver et utiliser ce pick. Voilà pourquoi je n'hésiterais pas longtemps avant de l'abandonner.

---Si je suis prêt à aller jusqu'à envoyer au clou un excellent futur choix de draft, c'est que je pense qu'associés à John Wall, Mayo et Smith formeraient dès à présent un Big Three d'une belle envergure sur lequel la franchise pourrait s'appuyer pour retrouver durablement le haut du tableau et pourquoi pas venir jouer les durs avec ceux qui en occupent le sommet. Ce trio ne se contenterait pas d'assembler bêtement le brio de John Wall, l'impact athlétique et défensif intérieur d'un Josh Smith définitivement installé au poste de power forward -position dans laquelle il apporte le plus- et la palette offensive d'OJ Mayo, il ferait aussi preuve d'une compatibilité et d'une complémentarité prometteuse de lendemains qui chantent: tous les trois sont connus pour être très performants sur jeu rapide, Mayo est le shooteur que ne sont pas Wall et Smith, et J-Smoove profiterait goulûment des opportunités que pourraient créer les qualités de passeurs/déstabilisateur de défense de Wall tandis que le first pick de la draft 2010 trouveraient dans les fabuleuses aptitudes athlétiques du Hawk un sujet très intéressant à creuser. Pour un trio comme ça, je signe tout de suite, vous me dîtes où et combien.

---Peut-être certains d'entre vous voient un décalage entre les performances actuelles d'OJ Mayo (12,2 pts et la perte de son strapontin de titulaire) et la façon dont j'en parle ici. Je ne peux pas nier que sa saison n'est pas à la hauteur de quelqu'un qu'on appelle à former un Big Three d'excellente facture mais il ne s'agit pour moi que d'une simple mauvaise passe qui ne devrait pas trop tirer vers le bas la valeur qu'on lui prête. Oubliez la colossale hype qui a suppuré autour de ses années lycéennes, elle était stupide comme le sont la plupart des hypes juvéniles (qui se souvient de Demetrius Walker, le soi-disant prochain LeBron James?). Par contre, on ne peut pas lui retirer ce qui a suivi. En un an d'université seulement, il est passé du joueur qui ne voyait dans ce sport qu'un un contre cinq permanent au scoreur qui cherche à faire ce pour quoi il est doué sans faire dérailler le jeu de son équipe. Dès sa première saison en NBA, il s'est imposé comme un arrière shooteur dangereux (18,5 pts par match) et lors de la seconde il a maintenu un rendement semblable (17,5 pts) alors qu'entre temps Zach Randolph était venu posé ses fesses et son quota alimentaire de tickets shoot dans le Tennessee. Reculant dans la hiérarchie offensive au profit de ce dernier sans broncher, il a plutôt chercher à améliorer son efficacité (il est passé de 43,8 % de réussite aux tirs à 45,8 %). De manière générale, son attitude est remarquable. Il a été un individualiste forcené à l'égo aussi gonflé que les shoots de Milos Teodosic, il est désormais un ancien titulaire indiscutable qui accepte de démarrer les matchs sur le banc sans faire de vague. Combien de joueurs peuvent se targuer d'une telle évolution de mentalité?

---J'en viens à son rendement un peu décevant de cette année et à ce qui me fait dire que ce n'est là qu'une mauvaise passe. Une grande partie de son jeu repose sur le shoot et les shooteurs ont besoin d'une bonne dose de confiance pour être performant. Plus que ça, sans confiance, un scoreur/shooteur n'est pas grand chose. Or, Memphis a involontairement donné tout un tas de coups de canif à la confiance de son arrière pendant l'intersaison en offrant un pont d'or à Rudy Gay et un contrat surdimensionné à Mike Conley, signifiant ainsi sans grande subtilité que la franchise n'aura pas les moyens de proposer à Mayo un contrat à la hauteur de ses mérites lorsque son bail de rookie arrivera à expiration. En filant un gros billet de banques à ces deux extérieurs -et il est évident qu'ils enverront le prochain gros chèque à un intérieur, Randolph ou Gasol, ou même les deux s'ils y parviennent- les Grizzlies ont implicitement montré qu'ils ne comptaient plus vraiment sur Mayo et que les deux très bonnes années qu'il a accompli depuis sous leurs couleurs n'avaient finalement pas tant de valeur que ça à leurs yeux. Le recrutement d'un arrière-ailier plutôt shooteur comme Xavier Henry lors de la draft n'a pas dû résonner différemment à l'oreille du numéro 32. S'est-il dit que les Grizz venaient de drafter son futur remplaçant? Peu importe que ce fut réellement l'intention de la franchise ou non, c'est le genre de truc qui traîne dans la tête.

---Tout ça mis bout-à-bout, la confiance de ce bon Ovinton J'Anthony Mayo a dû s'effriter sérieusement. Et son calvaire ne s'est pas arrêté là, elle a certainement pris une sacrée claque lorsque l'arrière a voulu s'essayer au poste de meneur pendant la summer league. Lui qui a toujours voulu occuper cette position s'est bien rendu compte que l'expérience avait tourné, comme une vieille brique de lait oubliée dans le frigo (plus de balles perdues que de passes décisives face à des joueurs d'un niveau très modeste). Et même si à mon avis, ce résultat n'avait rien d'étonnant (ce n'est pas au bout de cinq ou six pauvres matchs d'une compétition qui ne ressemble à rien qu'on devient un meneur, a fortiori quand on sait que les autres participants sont là pour se montrer individuellement et que la notion de jeu d'équipe est habituellement laissée au vestiaire) et ne permettait pas non plus de tirer des conclusions définitives sur sa capacité à évoluer un jour au poste de point guard (et plus encore d'affirmer qu'il n'en serait jamais capable), il a dû prendre cette expérience pour un énorme échec personnel. Inutile de dire que la grosse prolongation de contrat du meneur Mike Conley qui est survenue un peu après a dû douloureusement enfoncer le clou.

---Et comme un pâtissier mal inspiré qui croit bon d'étaler une généreuse couche de miel sur un gâteau déjà trop riche en sucre, son père a profité de ces moments difficiles pour placer son nom dans la rubrique judiciaire des journaux, et plutôt salement. Donc finalement, avec une confiance piétinée et un contexte affectif très compliqué, il s'en sort plutôt bien sur le terrain (12,2 pts en 28,8 minutes) et en dehors (aucun mot plus haut que l'autre, seul l'incident avec Tony Allen a crevé cet océan de stoïcisme) et je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas redevenir le scoreur redoutable qu'il est normalement après un transfert loin de Memphis.

---Peut-être aussi certains voient d'un mauvais oeil l'éventuelle nécessité pour Washington de prendre les "mauvais contrats" que Memphis et Atlanta pourraient imposer dans la négociation pour avoir OJ Mayo et Josh Smith. Le risque d'être à l'avenir bloqué par ce genre d'actifs peu enviables, encombrants et souvent inamovibles est effectivement un calcul qu'il faut prendre en compte, d'autant plus que la franchise doit déjà se farcir l'énorme contrat de Rashard Lewis. En principe, une franchise en reconstruction chevillée de boulets telles que ceux-ci complique grandement son effort pour remonter à la surface. Mais on a rien sans rien et les Wizards n'ont pas en leur possession de quoi arracher les joueurs visés à leur franchise d'origine. Dès lors, plutôt que de leur offrir un "plus" en échange d'un "plus", les Wizz n'ont d'autres choix que de leur proposer de les soulager d'un "moins", de leur enlever une épine du pieds. Cependant, dans les hypothèses de transfert que j'ai évoqué, je ne suis pas persuadé que les éléments qui constituent de véritables épines dans le pieds pour Atlanta ou Memphis, le soient pour Washington. Quels sont ces joueurs susceptibles d'atterrir dans la capitale américaine au cours des trades de Josh Smith ou OJ Mayo parce que leurs franchises voulaient profiter de ces opérations pour se débarrasser d'eux?

Mike Bibby? Un vétéran comme lui ne ferait pas de mal à un Big Three bien éloigné de la trentaine et sa riche expérience pourrait s'avérer très profitable pour John Wall, tous les deux partageant le ô combien délicat poste de meneur. De plus, il ferait en tant que back-up de Wall et shooteur fiable, un atout assez précieux pour l'équipe qui commence à se dessiner dans ces lignes.

Marvin Williams? Son contrat est long et assez conséquent (environ 7,5 millions jusqu'en 2014) mais si il gêne tant que ça Atlanta, c'est plus parce que la franchise chère à Dominique Wilkins, détentrice d'une masse salariale déjà volumineuse, aimerait mettre cet argent sur d'autres joueurs comme Josh Smith, un pivot ou un meneur pour prendre la relève de Mike Bibby, que parce que ce bon Marvin Williams n'est pas au niveau correspondant à son contrat. Émargeant cette année à un solide 10,9 pts à 48,4 % et 4,8 rebs, le small forward est loin de son statut de n°2 de draft mais il fait une belle pièce de complément qui s'ajusterait pas mal aux côtés du triangle Wall-Mayo-Josh Smith. L'ancien Tar Heel est grand, vif, très athlétique, bon shooteur (plutôt à mi-distance) et on peut l'imaginer mettre ces qualités aux services de son équipe, prenant des rebonds, vidant son énergie en défense, épuisant les adversaires en cherchant à se démarquer et profitant de l'attraction qu'exercerait le Big Three de Washington sur les défenses adverses pour inscrire quelques paniers faciles et shoots ouverts. Je me demande même si on ne pourrait pas en faire le stoppeur défensif attitré de ces Wizards new look vu les aptitudes physiques qu'il possède. Peut-être son salaire est un petit peu élevé par rapport au rôle assez secondaire que j'aimerais le voir jouer, mais les dépenses sont bien mieux digérées avec des victoires et l'addition d'un joueur de soutien comme Marvin Williams (qui en l'occurence aurait permis la venue de Josh Smith) au trio pilier de cette reconstruction constitue sans doute un pas vers celles-ci.

Hasheem Thabeet? Bah, son contrat peut se terminer en 2012 si sa franchise en a la volonté et entre temps, il peut être intéressant de tenter sa chance avec la tige africaine choisie en deuxième position de la draft 2009. La phase de reconstruction, surtout dans ses débuts, est parfaite pour se livrer à ce genre d'expérience. Et qui sait, Thabeet reste un jeune joueur peu développé. Il peut encore prendre du muscle, s'endurcir, gagner en fondamentaux et en finesse technique. Une bonne surprise sera peut-être au rendez-vous et sinon, il suffira de le laisser partir dans un et demi.

---Ainsi, Memphis et Atlanta n'ont pas de véritable boulet bien plombé à mettre dans les pattes des Wizards. Et quand bien même, il ne faudrait pas se priver de réunir un Big Three de qualité sous ce prétexte. Avoir une base de haut niveau est la priorité, les ajustements pouvant être réalisés après ou les boulets être tout simplement et patiemment supportés si la formation nouvellement conçue se montre prometteuse. Tant que l'équipe montre un vrai potentiel et des performances digne d'intérêt, les problèmes tels que ceux-ci sont peu importants pour l'instant. De même avec un effectif qui, encore en période de reconstruction, est imparfaitement structuré et un peu déséquilibré. Cela n'est pas toujours évitable et par exemple, le Washington reconfiguré par les transferts dont je parle ici pourrait se retrouver -dans les pires hypothèses- avec un poste 4 complètement encombré (Josh Smith, Rashard Lewis, Andray Blatche et Yi Jianlian si aucun de ces deux derniers n'est embarqué dans un transfert faisant venir Smith ou Mayo) et un poste 5 qui sonne dangereusement creux (Kevin Séraphin et Hilton Armstrong). Mais à partir du moment où on a une base de qualité comme celle que j'imagine être le trio Wall-Smith-Mayo, le remplissage et le rééquilibrage du roster est plus simple. Car avec cette base, la franchise a une direction toute tracée à suivre pour l'étape suivante de sa reconstruction: trouver les joueurs qui complèteront cette base à trois piliers de la meilleure façon possible. Les profils à rechercher, fixés en fonction du trio, sont ainsi identifiés et bâtir une équipe cohérente et complète devient beaucoup plus facile.

---D'ailleurs, au-delà de ça, la présence de ce Big Three largement en amont du processus de reconstruction permettrait aussi d'attirer de meilleurs joueurs de compléments sur le marché des free agents. Effectivement, autant on imaginerait bien voir Marc Gasol (qui est un peu plus qu'un joueur de complément, c'est vrai) ou Anthony Parker être tenter par l'idée de rejoindre cet été une équipe de Washington au parfum de playoffs et de futur doré avec un Big Three naissant mais talentueux et cohérent, autant on doutera de cette éventualité avec l'effectif actuel. Et avec un avenir plein de victoires, de playoffs et de combats en hautes sphères, le tout enveloppé d'un murmure prononçant le mot "outsider", ce Washington porté par Wall, Mayo et Smith pourrait même peut-être engager des excellents role players en y mettant un peu moins d'argent que d'autres franchises moins prometteuses.

---Voyez, avec un recrutement secondaire largement simplifié, la nécessité de disposer d'une certaine marge de manœuvre salariale reléguée au second plan par ces facilités de reconstruction et la perspective d'avoir une équipe qui gagne, le bénéfice d'avoir un Big Three intéressant surmonte bien souvent le prix que la franchise a dû payer pour l'avoir. C'est pourquoi je n"hésiterai pas longtemps avant de conclure une transaction me permettant d'associer Josh Smith et OJ Mayo à John Wall, quand bien même je devrais pour cela prendre avec moi quelques mauvais contrats ou perdre un JaVale McGee utile mais pas forcément emballant.

---Pour en finir avec cette étape de "l'habillage" de l'ossature, on peut ajouter que si il reste aux Wizards quelques unes des "monnaies d'échanges" que j'ai évoqué quelques paragraphes auparavant après avoir conclu les transferts d'OJ Mayo et Josh Smith (les contrats finissants, tous les joueurs sur lesquels la franchise ne compte pas pour les prochaines années,...), Wash' pourrait s'en servir pour faire venir dès maintenant quelques role players intéressants. Houston par exemple a un effectif à faire craquer les feuilles de matchs, pourquoi ne pas leur proposer de prendre un contrat finissant en échange d'une de leur nombreuses bonnes rotations, histoire que les texans puissent bénéficier d'une meilleure flexibilité salariale? Chuck Hayes, Jordan Hill (tous les deux pouvant jouer pivot), Chase Budinger, Courtney Lee ou Terrence Williams, n'importe lequel de ces joueurs serait un bon renfort. Quant aux Mavericks, ils viennent d'engager Peja Stojakovic mais ce n'est pas sûr que le serbe parvienne à combler l'ambitieuse franchise de Mark Cuban. Alors peut-être seraient-ils intéressés par leur vieil connaissance, Josh Howard ou par Al Thornton, tous les deux small forwards et finissant leur contrat cette année? Parfait pour Dallas qui pourrait profiter des services de l'un de ces deux joueurs jusqu'à la fin de l'année et s'en séparer sans frais pendant l'intersaison lorsque Caron Butler se sera remis de sa blessure. En échange, Washington pourrait peut-être se satisfaire du pivot Ian Mahinmi, particulièrement si JaVale McGee a dû être envoyé Atlanta quelques transactions auparavant.

---Saisir les opportunités qu'engendrent les situations particulières de Josh Smith à Atlanta et OJ Mayo à Memphis, serait à mon avis un le meilleur moyen pour Washington de retrouver durablement un standing plus enviable et de s'incruster dans les parties intéressantes du classement NBA. Combien de fois une franchise aussi démunie que les Wizards aura-t-elle l'occasion de recruter des joueurs de cette valeur dans la fleur de l'âge et de bâtir une vraie équipe compétitive pour plusieurs années sans avoir à trop se découvrir en échange? Si j'étais dans le staff de la franchise bleue nuit, je me mordrai le nez plutôt que de laisser passer cette chance. Et avec un peu de chance, Kevin Séraphin deviendra le pivot role player, totem des raquettes dont parle l'un de ses futurs possibles et complètera la plus grande faiblesse du Washington 2.0 que dessine ce double article, le poste de pivot, sans que le General Manager ait à faire plus d'effort. Mais là, c'est mes rêveries distraites qui commence à prendre le dessus sur mes réflexions.

StillBallin

4 commentaires:

Antoine a dit…

Salut ! Bonne analyse mais je suis moyennement d'accord sur Mayo. En employant le terme de Big Three s'il est réuni à Wall et Smith, tu sous-entends déjà que c'est un All-Star. Il n'y est pas encore et il n'est pas sûr qu'il y arrive. Il a certes des pourcentages intéressants au tir, mais pas non plus exceptionnels. Enfin, il pénêtre au moins autant qu'il shoote en sortie d'écran ou depuis un spot spécifique, ce qui empiète sur les plates-bandes de Wall. Du coup, sa compatibilité avec le rookie comme le fait qu'il se développe en joueur majeur reste sujet à caution. Aussi, il a été pointé du doigt pour de nombreuses altercations avec ses coéquipiers dont l'accident avec Allen n'est qu'une manifestation, pas une exception, son attitude n'est donc pas "remarquable". J'ajouterai personnellement que ce n'est pas un bon rebondeur ni défenseur. Ça n'en reste pas moins une option intéressante et qui peut laisser imaginer un futur radieux, mais ce ne serait pas "dès à présent un Big Three" avec Mayo selon moi.

StillBallin a dit…

Oui, je sais que mon utilisation du terme Big Three est un peu "borderline" selon comment interprète cette appellation. Ici, je l'entends dans le sens "joueurs majeurs sur lesquels reposent une équipe" plutôt que dans le sens "réunion de trois joueurs indiscutablement calibrés all-star" (même si ces deux interprétations ont les bords qui se superposent).

Je maintiens néanmoins mon opinion sur Mayo et, sans tenir compte de cette saison, je ne le place pas si loin du All-Star Game (indépendamment de la concurrence à son poste dans sa conférence). Il y a beaucoup d'arrières shooteurs qui sont meilleurs que lui mais il reste à mon avis un titulaire indiscutable à son poste. Au niveau de sa défense, les échos que j'avais n'étaient pas mauvais, sans être vraiment bon non plus, peut-être m'en diras-tu plus. Et avoir un arrière shooteur qui ne prends pas de rebonds ne me gêne pas trop (si il en prend tant mieux mais c'est pas ce que je lui demanderais).

Par rapport à sa complémentarité avec John Wall, la partie "attaque du panier" Mayo n'est selon moi pas suffisamment volumineuse pour venir prendre les tickets de Wall. On ne peut pas trop dire sans les voir évoluer ensemble sur le terrain mais je pense que tous les deux peuvent cohabiter et même se combiner agréablement. Les qualités de passeur et de déstabilisateur de défense de Wall colle bien avec le côté shooteur de Mayo, et avoir deux joueurs capable de percer une défense n'est pas un mal (au contraire) si ce type d'actions n'est pas utilisé systématiquement et trop souvent à mauvais escient (ce qui à mon avis ne serait pas le cas).

Quand à ses altercations, tu as peut-être plus d'infos que moi. Je n'ai que l'incident avec Tony Allen, même après quelques recherches supplémentaires (faut dire que l'histoire de l'avion inonde un peu tout).

Antoine Bancharel a dit…

Je voulais juste préciser pour savoir ce que tu entendais par Big Three donc merci de ta réponse.
Oui, tant qu'on ne les a pas vu jouer ensemble c'est difficile d'évaluer la compatibilité. Elle serait en fait certainement bonne, mais je ne trouve pas que Mayo soit vraiment un pur shooter, même s'il n'en est pas loin et pourrait le devenir.
Effectivement je provoque un peu, car il est certain qu'une palette offensive est toujours appréciable... mais c'est pour accentuer le fait qu'il n'est pas ce "pur shooter" qu'on pourrait imaginer et cela relativise son bon pourcentage au FG (par rapport à un jump-shooter quasi exclusif).
Pour les problèmes avec ses coéquipiers, c'est David Aldridge de NBA.com qui aurait entendu dire ça : http://www.nba.com/2011/news/features/david_aldridge/02/07/morning-tip-ray-allen/index.html (vers le bas, à côté de la photo de Mayo).
Sinon, ce serait effectivement un très bon core group de joueurs jeunes et talentueux, mais je n'y vois pas la recette d'un succès assuré. Il ne faut pas oublier que cela implique qu'ils accepteraient de sacrifier certaines stats alors qu'ils commencent tout juste leur carrière. Et qu'il faudrait que d'autres joueurs bons joueurs acceptent de jouer les compléments autour d'eux alors qu'ils ne sont pas encore des All-Stars confirmés. À voir donc. Mais il est certain que je regarderai plus de match des Wizzards du coup, et ce serait une situation de rêve pour le développement de Kevin Séraphin...

StillBallin a dit…

En effet, il semblerait que Mayo ait eu un petit peu plus de souci avec ses coéquipiers d'après Aldridge. Personnellement, je les mettrai peut-être sur le compte du contexte de cette année que j'ai décris dans l'article, mais ce n'est pas moi qui peut affirmer quoi que ce soit à ce niveau-là.

Après effectivement, réunir le trio Wall, Smith et Mayo ne suffit en aucun cas pour gagner. Mais à partir de là, la suite de la reconstruction (addition de role players adéquats, mise en place d'une bonne défense, d'une bonne cohésion) est plus facile et moins aventureuse qu'avec une reconstruction via la draft.