---Le transfert en Louisiane de Jerryd Bayless contre le premier tour de draft néo-orléanais (lequel ne deviendra Blazer que lorsque le pick en question sera positionné au-delà du top 7 en 2011 et du top 8 ensuite) sonne comme l'aveu d'un échec tant pour Portland que pour le jeune homme. Depuis deux ans maintenant qu'il est dans la ligue, Bayless n'a toujours pas confirmé les espoirs qui le suivaient depuis le lycée et sa seule saison universitaire (19,7 pts/match, il a longtemps occupé le top 5 dans les prévisions de la daft 2008). Et le gros coup que la franchise de l'Oregon avait réussi en lui faisant enfiler le maillot rouge et noir juste après la draft résonne maintenant à nos oreilles comme un pétard mouillé.
---Aussi talentueux, rapide et athlétique soit-il, l'ancien "one and done player" de la prestigieuse fac d'Arizona a évidemment sa part de responsabilité dans cet échec. Quand on regarde le joueur seul, on se rend compte sans peine que c'est un arrière shooteur dans un corps de meneur. Attiré par le cercle comme une célébrité par les projecteurs et la cocaïne, dénué de toutes qualités de playmaking et peu éclairé sur la science du poste de point guard, il semble définitivement être voué à être un de ces joueurs à qui aucun poste ne correspond vraiment.
---Cependant, je n'ai jamais pensé que ce profil bâtard allait être une faiblesse pour les Blazers lorsqu'ils lui on mis la main dessus quelques secondes après que les Pacers l'aient drafté. Comme je l'expliquais alors, Brandon Roy présentant lui aussi un profil bâtard de quasi-meneur évoluant au poste d'arrière shooteur, Bayless aurait pu trouver une place à ses côtés en tant que meneur qui joue comme un arrière shooteur. A mes yeux, les profils particuliers des deux arrières s'imbriquaient l'un dans l'autre comme deux pièces de puzzle contigües. Tous les deux auraient simplement troqué les responsabilités incombant à leurs postes respectifs tout en conservant leurs positions qui sont plus en adéquation avec leur physique. Il n'en a pas été ainsi.
---Certains expliquaient que l'échec de cette association résidait dans le fait que Bayless avait besoin du ballon pour s'exprimer et que celui-ci était l'exclusive propriété de Roy. Mais je pense que ce constat est à nuancer. Le combo guard a peut-être besoin de toucher la gonfle mais pas forcément plus ou moins que la plupart des autres scoreurs (Paul Pierce, Monta Ellis, Vince Carter, John Salmons,...). Bayless a d'ailleurs souvent joué sur le poste 2 lors de son année universitaire à Arizona (son coéquipier, un point guard classique du nom de Nic Wise jouait 30 minutes par rencontre) et avait montré qu'il pouvait être prolifique sans avoir le ballon en main au début de chaque possession que compte un match.
---A mon avis, il faut voir ailleurs la raison de cet échec. Spontanément, c'est la rigidité du système de jeu de Nate McMillan qui me vient à l'esprit. En caricaturant un peu, le jeu de Portland tournait largement et presque exclusivement sur le duo Brandon Roy/LaMarcus Aldridge, seuls joueurs de la rotation habilités à faire ce qu'ils veulent du ballon. La plupart du temps, les autres devaient se contenter d'attendre discrètement derrière la ligne des trois points que la balle atterrisse dans leurs mains pour un shoot non contesté (d'où la réputation Bruce Bowen-esque de Nicolas Batum, un peu plus réductrice que celle que l'on connaît en France).---Cependant, je n'ai jamais pensé que ce profil bâtard allait être une faiblesse pour les Blazers lorsqu'ils lui on mis la main dessus quelques secondes après que les Pacers l'aient drafté. Comme je l'expliquais alors, Brandon Roy présentant lui aussi un profil bâtard de quasi-meneur évoluant au poste d'arrière shooteur, Bayless aurait pu trouver une place à ses côtés en tant que meneur qui joue comme un arrière shooteur. A mes yeux, les profils particuliers des deux arrières s'imbriquaient l'un dans l'autre comme deux pièces de puzzle contigües. Tous les deux auraient simplement troqué les responsabilités incombant à leurs postes respectifs tout en conservant leurs positions qui sont plus en adéquation avec leur physique. Il n'en a pas été ainsi.
---Certains expliquaient que l'échec de cette association résidait dans le fait que Bayless avait besoin du ballon pour s'exprimer et que celui-ci était l'exclusive propriété de Roy. Mais je pense que ce constat est à nuancer. Le combo guard a peut-être besoin de toucher la gonfle mais pas forcément plus ou moins que la plupart des autres scoreurs (Paul Pierce, Monta Ellis, Vince Carter, John Salmons,...). Bayless a d'ailleurs souvent joué sur le poste 2 lors de son année universitaire à Arizona (son coéquipier, un point guard classique du nom de Nic Wise jouait 30 minutes par rencontre) et avait montré qu'il pouvait être prolifique sans avoir le ballon en main au début de chaque possession que compte un match.
---Si Steve Blake, le meneur attitré des rouges et noirs avant l'arrivée d'Andre Miller l'année dernière, était particulièrement à l'aise dans ce rôle secondaire où tout ce qu'on lui demandait était de faire tourner gentiment la balle et de shooter quand il était ouvert, ce n'était pas le cas de Jerryd Bayless. Le jeune arrière est un scoreur nitroglycériné, un feu follet capable de mettre une défense à feu et à sang et était une star universitaire considéré comme l'un des meilleurs prospects du pays alors même qu'il n'avait pas 20 ans. Comment voulez-vous faire jouer ce jeune combo comme Steve Blake? C'est comme demander à l'Inspecteur Harry de passer les menottes aux poignets des méchants en respectant scrupuleusement la loi. Dans les plans trop rigides de McMillan, l'ancien Wildcat et son talent débordant n'avaient pas leurs places. D'ailleurs, Andre Miller a réussi à faire plier ce système B-Roy/Aldridge/Open Three Point pour qu'il puisse s'y incruster mais ce fut à la force de ses dix années NBA et de ses 14 points, 7 passes de moyenne en carrière (plus quelques jérémiades continues). Et honnêtement, je ne suis pas sûr que cet infléchissement résiste longtemps.
---Déduire que Bayless n'entrait pas dans les plans de McMillan, ne m'amènerait-il pas à penser que c'est le vrai et flamboyant Bayless, débarrassé des entraves à son talent que constituaient pour lui la façon de jouer de Portland, qu'on verra en Louisiane? Ça serait un peu comme si je disais que McMillan avait laisser un diamant brut dépérir sur le banc et fait la sourde oreille à son talent. Que le seul obstacle à la réussite de l'ancien prodige était son coach d'alors.
---Et pourquoi pas. Savez-vous qui est l'actuel coach de la nouvelle équipe du jeune scoreur? Un certain Monty Williams, assistant coach de McMillan à Portland l'an passé. Et j'ai de bonnes raisons de penser que celui-ci connaît Bayless mieux que quiconque. A la fois largement impliqué dans l'équipe des Blazers en tant que premier assistant du head coach (c'est lui qui avait pris la direction de l'équipe lorsque la jambe de McMillan était à l'hôpital) et de par ses qualités reconnues en matière de développement de joueurs (on le dit responsable de l'évolution des lycéens Travis Outlaw et Martell Webster et il avait efficacement recadré Nicolas Batum l'an passé quand le français avait commencé à oublier de défendre à force d'enfiler les paniers), Williams a côtoyé le petit Jerryd de près depuis son arrivée dans la ligue, l'a eu sous ses yeux quotidiennement et l'a certainement étudié sous toutes les coutures. Si quelqu'un connaît la valeur de Bayless, c'est bien lui.
---Ne pensez-vous donc pas que si Williams a fait venir Bayless contre le futur premier tour de draft pas trop mal placé d'une équipe qui cherche son souffle, c'est qu'il est convaincu que le jeune arrière vaut plus que les pauvres dix-sept minutes et demi qu'il a passé en moyenne sur le parquet quand il était sous les ordres de McMillan?
---Et pourquoi pas. Savez-vous qui est l'actuel coach de la nouvelle équipe du jeune scoreur? Un certain Monty Williams, assistant coach de McMillan à Portland l'an passé. Et j'ai de bonnes raisons de penser que celui-ci connaît Bayless mieux que quiconque. A la fois largement impliqué dans l'équipe des Blazers en tant que premier assistant du head coach (c'est lui qui avait pris la direction de l'équipe lorsque la jambe de McMillan était à l'hôpital) et de par ses qualités reconnues en matière de développement de joueurs (on le dit responsable de l'évolution des lycéens Travis Outlaw et Martell Webster et il avait efficacement recadré Nicolas Batum l'an passé quand le français avait commencé à oublier de défendre à force d'enfiler les paniers), Williams a côtoyé le petit Jerryd de près depuis son arrivée dans la ligue, l'a eu sous ses yeux quotidiennement et l'a certainement étudié sous toutes les coutures. Si quelqu'un connaît la valeur de Bayless, c'est bien lui.
---Ne pensez-vous donc pas que si Williams a fait venir Bayless contre le futur premier tour de draft pas trop mal placé d'une équipe qui cherche son souffle, c'est qu'il est convaincu que le jeune arrière vaut plus que les pauvres dix-sept minutes et demi qu'il a passé en moyenne sur le parquet quand il était sous les ordres de McMillan?
---La venue du Blazer et la perspective de son éclosion soulèvent cependant une question: aura-t-il la place d'exploser? Le backcourt de NO est plus ou moins fait avec bien sûr CP3 en meneur et à ses côtés le ticket Marcus Thornton/Marco Belinelli (l'italien ayant réalisé une pré-saison de bon calibre) sur le poste 2. Peut-être ne restera-t-il donc que des miettes pour Bayless toutefois, je pense qu'il pourrait judicieusement reprendre le créneau de scoreur dynamite en sortie banc qui avait si bien réussi à Jannero Pargo et aux Hornets il y a quelques années (meilleure saison des New Orleans de l'ère Chris Paul). Prenant le relai de Paul quand celui-ci était enjoint de souffler sur le banc ou jouant à ses côtés en second arrière, Pargo et son jeu de pétard ambulant apportaient au Hornets la touche d'imprévisibilité qui défaisait un peu les certitudes de la défense adverse nées du jeu un peu trop stéréotypé qu'implique le style de jeu de Chris Paul où on sait que l'action partira forcément de lui. Bayless a le jeu pour reprendre ce rôle et le talent pour en faire un des personnage décisif du film des Hornets alors pourquoi pas?
---Pour l'instant, on ne peut pas encore dire si l'arrière va renouer avec sa gloire passée ou non. Mais si c'est le cas, il rejoindra sans doute Jermaine O'Neal dans les regrets des fans de Portland (Portland qui au passage a peut-être cumulé la plus grande collection de talents de la NBA sur les quinze dernières années).
StillBallin
3 commentaires:
ça serait bon de le voir parmi les candidat pour le trophée de MIP ou de meilleur sixième homme.
Je n'ai pas vu beaucoup de matchs des Hornets l'an passé (normal hein) mais il n'a pas un profil trop similaire à celui du sophomore Thorton?
Petit, scoreur avant-tout...
La grosse différence entre les deux c'est que Bayless est très fort pour se créer son propre shoot (un contre un, etc...) alors que Thornton au contraire n'est pas forcément très à l'aise quand il s'agit de faire la différence tout seul. Sans tenir compte du niveau de jeu, on pourrait rapprocher Bayless d'un Iverson tandis que Thornton est un shooting guard un petit peu plus classique.
Donc si il y a bien des points qui se superposent (petite taille, mentalité de scoreur) il n'y a pas tout-à-fait de redondance de profil. Mais ça ne veut pas dire pour autant que les deux joueurs ne vont pas se chicaner pour des minutes de temps de jeu et se marcher un peu sur les pieds. Ce sont tous les deux des arrières shooteurs lorsque Chris Paul est sur le terrain, après tout.
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