08 octobre 2010

Athleticism Rules The World

-
---Septembre 2010, Turquie, la sélection américaine s'est amenée sur les parquets avec un jeu offensif d'une pauvreté assez impressionnante quand on connaît le talent des joueurs qui la composent. Sur un-contre-un de Kevin "j'avoue, je ne suis pas de cette planète" Durant, sur contre-attaque et sur rebond offensif, voilà à gros traits comment se départageaient les paniers américains. Autour de ça, on a surtout vu de mauvais shoots (Billups souvent, Rudy Gay parfois), des joueurs venir s'encastrer sur les défenses adverses (Derrick Rose très souvent et un peu tout le monde de temps à autre) et des briques -sur shoots ouverts- indignes de ce qu'on voit toute l'année en NBA (Iguodala, Rose).

---A l'inverse, certaines équipes qui se sont présentées sur leur chemin comme la Russie ou la Lituanie, ont déployé une attaque léchée faîte de circulations de balle finement travaillées, de shoots ouverts se terminant gracieusement par un frémissement des filet quelque soit le tireur, de relations intérieur/extérieur consciencieusement exécutées et même parfois de petits bras roulés bien proprets. La victoire est pourtant systématiquement revenue à l'équipe américaine. Avec à chaque fois une marge qui ne laissait aucun doute sur sa supériorité.

---Les Etats-Unis ont remporté le championnat du monde mais c'est vers autre bataille que je voudrais attirer votre regard et qui a elle aussi rendu un verdict sans appel jusqu'à la prochaine confrontation: qualités athlétiques 1, technique 0.

---On a beau contrebalancer les performances de Dwight Howard d'un commentaire moqueur sur l'état néandertalien de sa technique offensive, dénigrer les joueurs qui sont plus des athlètes que des basketteurs et donner l'onction de la noblesse à ceux qui disposent d'une vraie maîtrise technique, le physique reste l'atout le plus important de ce sport. Dans un championnat du monde écrémée de ses plus grandes stars et donc, plus représentative du basket "standard" et du basketteur "moyen", la team USA l'a admirablement montré.

---Les extérieurs qui se sont dressés sur la route américaine ont chaque fois pris les qualités athlétiques US dans les côtes et plus particulièrement quand celles-ci étaient déployées en défense. Systématiquement déficitaire en centimètres, en longueur de bras, en vitesse (de jambes et de bras) et en puissance face à Derrick Rose, Chauncey Billups, Russell Westbrook, Andre Iguodala et Rudy Gay, ils n'ont jamais pu regarder les américains dans les yeux très longtemps. Impossible de faire la différence en un contre un, impossible de développer une circulation de balle efficace au travers de ces bras tentaculaires à la vitesse hors norme, impossible d'avoir régulièrement un shoot ouvert, impossible de monter la balle sans y laisser de la gomme, impossible de se permettre des approximations. Pressurisée et cernée par cette défense élastique et électrique, aucune équipe n'a pu maintenir un degré de perfection et de concentration suffisant pendant toute la durée d'un match et ont toutes finies par se faire désosser. Une asphyxie en règle que n'aurait pas renié certains chefs de guerre méthodiques et sanguinaires du passé.

---Alors forcément, on a vu les pertes de balles des uns et les interceptions des américains pleuvoir (10,4 steals en moyenne, leader de la compétition) et nourrir des contre-attaques qui creusaient le score comme les gouttes d'eau creusent la roche. Là-aussi les qualités athlétiques de l'Oncle Sam étaient à l'œuvre. Chacune de ces contre-attaques engageaient chaque fois deux ou à trois joueurs dans un déploiement de vitesse et de puissance évoquant un lâcher de chevaux sauvages dans les steppes désertes de Mongolie. Empilées sur les qualités naturelles de un-contre-un des joueurs au torse frappé des trois lettres, leur issue était inexorablement comptabilisée en points supplémentaires sur la table de marque. Trop rapide, trop nombreux à être rapide et trop athlétique.

---Quand à la bataille du rebonds, combien de fois a-t-on vu l'arrière-ailier Andre Iguodala prendre un rebond tantôt défensif, tantôt offensif, dans les mains des intérieurs adverses? Meilleure équipe du tournoi dans ce domaine (41,7 par matchs), seconde au rebonds offensifs (13), la verticalité américaine a fait oublié l'absence de vrais pivots de métier sur le parquet et leur a permis d'avoir quasiment systématiquement plus de munitions offensives que leurs adversaires (42,1 tirs par match, plus grande moyenne de la compétition).

---Maître des domaines stratégiquement décisifs que sont la défense et le rebond, encaisseur de nombreux paniers faciles avec les contres-attaques, vous comprenez le calvaire qu'ont endurer les opposants de la team US. La densité athlétique contre laquelle ils ont fait face avait les airs d'une publicité extravagante pour une marque de chaussure de sport ou une boisson énergisante. Qu'importe la supériorité collective (en attaque) et technique, celles-ci n'ont pas été suffisantes pour rattraper le retard athlétique. En forçant le trait comme un mauvais caricaturiste, on pourrait presque dire qu'on a assisté à des rencontres confrontant un équipe très athlétique mais peu technique à des équipes très techniques mais peu athlétiques Et c'est l'équipe athlétique qui a systématiquement et largement remporté ces oppositions de style. Besoin d'en dire plus? Chacun a joué avec ses armes et le résultat fut sans contestation possible.

---Évidemment, tout n'a pas été que qualités athlétiques pour la sélection américaine. Qu'auraient été ces dernières sans le fait de savoir les utiliser tant individuellement que collectivement (doit-on considérer cela comme de la technique?), la profondeur et la densité du banc, l'attitude parfaite (engagement, dévouement, discipline, solidarité) et l'adresse de Durant? Les qualités athlétiques seules ne suffisent pas (pour en avoir une illustration, veuillez s'il vous plait vous référer à Darius Miles, Kwame Brown ou encore Gerald Green) mais elles restent la caractéristique dominante du basket. D'ailleurs, les meilleurs joueurs actuels sont des phénomènes physiques absolument hors norme (Lebron James, Dwyane Wade, Kevin Durant, Dwight Howard) ou pas loin (Kobe Bryant).

---La bonne nouvelle? C'est que la France est peut-être la nation la plus athlétique de la planète basket derrière les Etats-Unis. Reste plus qu'aux Bleus à apprendre à s'en servir de façon judicieuse et optimale. Chose qui, comme on en a eu un exemple flagrant lors de ce championnat du monde, est mille fois plus complexe que de simplement sauter plus haut que (presque) tout le monde.

StillBallin

2 commentaires:

sydz a dit…

mmh...Je reste moyennement d'accord sur la supériorité athlétique des joueurs de l'oncle Sam qui aurait tout renversée sur son passage. Son influence ne m'a pas paru si évidente, tant cette fois-ci Team USA était loin de leur standard habituel. Peu d'intérieurs lourds/puissants, et le temps de jeu de ceux présents restait souvent limité à sauvegarder le résultat acquis en fin de match. Un Lamar Odom (tj en playoff-mode) en vrai-faux pivot et roule...(!)

C'est vraiment leur défense agressive sur les porteurs du ballon qui a empêchée les meilleurs équipes de pratiquer efficacement sur eux l'attaque placée type Fiba. Risqué : ils ont joué majoritairement "undersize" pour être hyperactif en défense, interception et contre attaque.

En plus de ce que tu as énuméré (Iggy en défenseur intraitable, Captain America Durant, etc...) un facteur de leur réussite tient aussi au fait que ces enchainements de match tous les 2-3j (= rythme NBA) : cela ne leur pose evidemment AUCUN problème de récupération.

Mais halte-là : un certain type de pudeur/aveuglement nous oblige à regarder ailleurs ;(
NB : ok ok, attendons que le foot US fasse d'abord son "coming out"...

HS: quoi ! Pas un seul article sur les propos malcomXiens inspirés de LBJ et de son pote-manager un peu dépassé, ou sur le nouveau dress code NBA banissant le -trop communiste ?- col roulé... :)

StillBallin a dit…

Le poste de pivot était effectivement physiquement déficitaire mais cette carence a largement été couverte par cette ligne extérieure élargie (Kevin Durant jouait sur le poste 4 parfois secondé par Rudy Gay) qui elle était indubitablement plus athlétique que celle de ses opposants.

Tu as raison quand tu dis que la défense agressive était la raison de la réussite américaine mais cette défense était largement portée par des qualités athlétiques comme je l'explique dans l'article. Cette agressivité défensive a pris une dimension létale grâce aux caractéristiques physiques des arrières américains. Il n'est en effet en rien comparable pour un porteur de balle de subir une pression de la part d'un joueur moins vif, moins costaud, moins endurant et disposant de bras moins longs que Rose, Westbrook, Iguodala et compagnie. Cela joue aussi au moment de faire des passes; face à l'explosivité, les longs et vifs bras de ce petit monde, chaque passe avait plus de chance de se faire intercepter. Et c'est ce qui s'est passée. La team USA n'a cessé de plonger dans les lignes de passes et si ses membres n'étaient pas aussi bien dotés physiquement, cette stratégie n'aurait jamais fonctionné comme ça a été le cas ici. Face à ces qualités athlétiques bien utilisées (agressivité, pression individuelle et collective), aucune passe n'était facile et aucun drive n'était autorisé. Assurément, les choses n'auraient pas été aussi ardues pour les opposants de la team US si cette dernière n'était pas aussi bien dôté physiquement.

De plus, le caractère "undersized" des américains est à relativiser. Mis à part Odom à la rigueur qui fait 2,08m, ce qui est juste un petit peu en dessous des plus grands intérieurs de la compétition, tous sont largement dans les mensurations de leurs adversaires. Et quand on les voit prendre des rebonds sur la tête de tout le monde et infliger des contres comme qui rigolent, il est difficile d'y voir là un risque en mettant sur le terrain cette configuration dite undersized.

La capacité à ne pas subir l'enchainement des matchs, elle (qu'on attribuera pour l'instant à l'habitude du calendrier NBA, présomption d'innocence oblige), n'est-elle pas une caractéristique athlétique?


HS: Non pas un seul article sur les propos de James de ma part. Moi, ça ne m'inspire pas vraiment mais toi tu as l'air d'avoir deux, trois trucs en tête.
Quant au col roulé, c'était une vanne de David Stern, obligé. D'ailleurs: http://www.basketusa.com/news/46224/stan-van-gundy-pourra-porter-un-col-roule/