18 juin 2010

NBA Wanted: Evan Turner

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Evan Turner (Ohio State), Shooting Guard/Small Forward

Né en 1988, 2m00, 97 kg
Stats (junior): 20,4 pts à 51,9 %, 9,2 rebs, 6,0 asts, 1,7 stls, 4,4 to en 35,8 minutes

---Je vous avais dit de retenir son nom. Avant même que le meneur blue-ray de Kentucky n'éclabousse son talent sur les yeux de la planète basket, Evan Turner avait posé son empreinte sur la saison NCAA. Dès les premières rencontres, les feuilles de stats standard ne suffisaient plus pour contenir ses chiffres. Locomotive, wagons et équipe de maintenance de sa formation, le Buckeye d'Ohio State a offert une retranscription basketballistique de l'expression "au four et au moulin". Il en a été ainsi pendant toute la saison. Même une fracture de deux vertèbres consécutive à une très mauvaise chute après un dunk raté ne l'a pas ralentit plus que ça. Après à peine un mois d'arrêt, E.T. l'extraterrestre renfilait ses baskets et reprenait ses chiffres là où il les avait laissé.

---Dans une équipe sans meneur un tant soit peu capable, cet arrière-ailier a dû prendre la responsabilité de la mène et ce faisant, la responsabilité de la totalité du jeu d'Ohio State. Cette année, Turner avait des airs de héros de film d'action qui sauvent le monde à eux tout seul ou de Bugs Bunny jouant chacun des joueurs de son équipe de baseball. Mais il ne faut pas en déduire pour autant que le garçon est le genre à monopoliser le ballon et à vampiriser le jeu. D'ailleurs, c'est sa troisième année universitaire et ce n'est que cette saison qu'il porte son équipe d'une façon aussi totale. Jamais le terme "croqueur" n'a osé se montrer en présence de son patronyme. Pour tout dire, son coach lui criait de shooter plus souvent lors de ses débuts universitaires (syndrome Boris Diaw).

---En réalité, le "joueur aux trois postes" a agi ainsi par nécessité. A Ohio State, il était le seul à être suffisamment bon dribbleur pour diriger le jeu et le seul à avoir une réelle capacité de création. Comme pour prouver cela, les Buckeyes ont eu toutes les peines du monde à développer du jeu durant sa convalescence (défaites contre Butler, Wisconsin et Michigan).

---Alors forcément, cette omniprésence joue sur les chiffres. On peut penser que les stats Lebronesque de l'arrière sont artificiellement gonflés par cette omniprésence comme elles le sont pour une talentueuse individualité qui joue dans une équipe très faible. Mais cela joue aussi du côté négatif. Seul joueur de son équipe capable de faire que des "choses se passent sur le terrain", membre actif de chacune des actions de son équipe et cible principale de l'opposition adverse, sa production s'accompagne inexorablement de déchets. On relativisera donc certaines statistiques comme les pertes de balles (4,4 par matchs) et son pourcentage aux shoo...Non, peut-être pas son pourcentage aux shoots (51,9% cette année).

---E.T. est fort, très fort, au point que certaines pensent qu'il devrait être sélectionné avant John Wall lors de la draft. Il n'est pourtant pas aussi bien doté physiquement que le génial meneur ou Blake Griffin, drafté en n°1 l'année dernière. Rapide mais sans commune mesure avec les autres meneurs ; athlétique mais rien de bien enthousiasmant, il n'est pas non plus un shooteur de qualité. Oui mais voilà, Turner est tout simplement d'une efficacité redoutable pour se creuser des tranchées dans les défenses et scorer ou délivrer une passe décisive. Armé d'une très grande maîtrise de dribble (plus orientée fondamentaux que mixtape And One), d'appuis efficaces, d'une ruse acérée et d'une tonicité à toute épreuve ou presque, il se fait un malin plaisir à déjouer les pièges tendus par ses opposants pour scorer à plus ou moins courte distance du panier ou lâcher une offrande à un coéquipier démarqué. Technique, solide, clairvoyant, réactif et intelligent, le "Villain" n'est pas sans rappeler un certain Brandon Roy. 20,4 pts à 51,9 % et 6 dimes avec chaque fois les défenseurs qui l'attendaient de pied ferme, ça en impose.

---Turner sera-t-il aussi performant en NBA? D'un côté, le jeu y est plus écarté offrant ainsi plus d'espace pour attaquer le cercle, et le fait qu'il aura de meilleurs joueurs autour de lui devrait le rendre beaucoup plus dangereux, en renforçant la double menace passes plus fréquemment décisives/scoring efficace qu'il présente. Mais de l'autre, Turner aura a faire à des adversaires peut-être plus long, plus costaud, plus rapide et plus athlétique qu'en NCAA et donc capable d'offrir plus de répondant à son jeu fait d'appuis et de techniques plus que de vertus athlétiques.

---L'autre chose qui impressionne chez Evan le Faiseur, c'est son activité, intense et tentaculaire. Dévoué sur le terrain comme un role player qui n'a que ça pour exister, Turner n'attend pas d'avoir la gonfle dans les mains pour faire sentir sa présence. Sa fameuse statistique aux rebonds suffit à montrer quel genre de personnage il est (9,2 en moyenne). Terriblement polyvalent et complet, l'arrière multidimensionnel est à la fois le corps de la maquette d'avion, les ailes, les réacteurs et la colle qui lie tout ça ensemble. Comme dans un film mal ficelé où toutes les péripéties tombent "comme par hasard" sur le personnage principal, Turner semblait toujours être là quand Ohio State effectuait une bonne action, qu'il s'agisse de prendre un rebond offensif ou récupérer une balle perdue adverse. En fait, il n'y a même pas à s'étonner des ardoises surchargées qu'il rend matchs après matchs. Quand un excellent niveau de savoir-faire dans tous les compartiments de jeu rencontre une activité maladive, le résultat est forcément volumineux. Et pour ceux qui se posent la question, oui, ce garçon hyperactif est bon défenseur.

---Et si je vous dis que le garçon est aussi un bosseur acharné? Ouais, c'est ça, du genre stakhanoviste, le gars qui ne se rend pas compte qu'il saoule tout le campus à faire rebondir cette pu*** de balle de basket toute la journée seulement pour devenir aussi habile de la main gauche que de la main droite (voir article du BAM n°19). C'est ça Evan Turner, un joueur extrêmement polyvalent pouvant alterner les trois postes extérieurs sans sourciller, affûté mentalement, travailleur et déterminé comme c'est pas permis, complètement dévoué au jeu et sans peur face aux responsabilités. Just sayin'...

---Oui mais son potentiel ? gémissent certains. Le Buckeye n'a pas le potentiel de John Wall, principalement à cause de ses qualités physiques qui ne sont pas dévastatrices (En caricaturant un petit peu, les qualités athlétiques ne sont-elles pas ce qui fait la différence entre un Brandon Roy et un Dwyane Wade?). Donc mis à part pour son shoot qui est encore très perfectible, Turner n'est pas très loin d'avoir atteint les cimes de son potentiel. Mais lui, contrairement à Wall, est un produit quasi-fini, un joueur qui aura un impact immédiat en NBA et surtout, un joueur qui a déjà développé et rendu effectif pratiquement tout son potentiel. D'ailleurs, sa progression NCAA est plutôt intéressante, passant d'une option secondaire de son équipe lors de sa première année universitaire au joueur total qu'on connaît aujourd'hui. Bref, Turner a déjà effectué la progression que Wall doit encore réaliser. Alors certes le potentiel de l'arrière n'est pas aussi élevé que celui de son rival d'une nuit, mais son attaché de presse vous dira qu'un gros "tiens" vaut mieux que deux "tu l'auras". Et puis il vous glissera le nom de Brandon Roy aussi (Bon, l'agent de John Wall aura lui aussi pas mal de chose à vous dire de son côté).



StillBallin

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