31 mars 2010

NBA French Roundtable: Les Hawks sont-ils un danger pour Boston, Cleveland et Orlando ?

-
Une question et trois scribouillards du net autour. C'est le NBA French Roundtable, et il met aux prises son initiateur, Tinmar de MyNBA4U, Julien de Fadeway et moi-même.


Sauf Tinmar, cette question a réussi à lui échapper. La prochaine ne s'en tirera pas aussi bien.

Au sein d’une conférence assez dégagée, les Hawks peuvent-ils au final faire de l’ombre aux Celtics/Magic et surtout aux Cavaliers lors des prochain playoffs, au point d’atteindre les NBA Finals ?

StillBallin:
« Voir les Hawks aux avant-postes de la conférence Est n’est pas quelque chose qu’on aurait pu croire quand trois ans auparavant ils draftaient Al Horford en troisième position. Tout comme le fait de voir leur nom et le mot « Finals » dans une même phrase quand bien même celle-ci est à la forme interrogative. Atlanta a tellement trusté les premières places de la draft et cela avec une réussite toute relative (Marvin Williams en seconde position devant Deron Williams et Chris Paul, Shelden Williams en n°5,…), que leur aventure en NBA ressemblait à une course éperdue dans le vide. Mais finalement, ces moments difficiles ont accouché d’un effectif de très bon calibre qui, cette année, semble être arrivé à maturité. Ce qu’on a aujourd’hui devant les yeux est une équipe diablement athlétique avec du talent plein les pognes et une solidarité qui semble provenir tout droit de ces nombreuses saisons passées ensemble.

Mais cela sera-t-il suffisant face à Boston, Cleveland ou Orlando ?

Sur un match ou deux, certainement. Sur une série de playoffs, j’en doute. Vous souvenez-vous de l’an passée ? Impériaux pendant toute la saison et les deux premiers rounds des playoffs, les Cavs de Lebron James se sont fait sèchement couper le sifflet par Orlando, prenant cette finale de conférence en pleine face comme si la post-season, la vraie, n’avait commencé pour eux qu’à cet instant-là. Et pour cause, les adversaires qu’ont rencontrés les boyz de l’Ohio lors des deux séries précédentes et qui ont été renvoyé chez eux d’une pichenette désinvolte, étaient trop peu compétitifs pour mettre les Cavs dans le bain des playoffs et les affûter en vue des combats qui les attendaient sur les dernières marches. Le résultat fut dévastateur. Battu en concentration, en intensité et en dureté mentale par une équipe d’Orlando qui avait peu de temps avant dû se débarrasser des Celtics au cours d’une bataille au goût de soufre, Cleveland n’a jamais paru être au niveau qu’exige une finale de conférence.

Et qui trouvions-nous parmi ces deux oppositions faiblardes et maudites pour les Cavs ? Je vous le donne en mille, Atlanta. Alors certes, les Hawks de cette saison sont meilleurs que leurs prédécesseurs mais ça reste difficile d’imaginer qu’une petite année a suffi pour les faire passer des tendres chevreaux facilement balayés par Lebron James l’an passé, à une machine de guerre capable de marcher sur d’autres machines de guerre. Les playoffs n’ont rien à voir avec la saison régulière. Dès les 82 matchs emballés, tous les curseurs sont montés de plusieurs crans. L’intensité est plus forte, les dispositions mentales s’aiguisent, le jeu se durcit, les défenses se resserrent et s’enroulent de barbelés. La pression n’est plus la même, la volonté adverse appuie sur le thorax, la lucidité devient un paramètre crucial. Or, à l’heure actuelle aucun joueur de la franchise de Georgie n’a vraiment pu se frotter durablement à cette atmosphère particulière et plus encore, la maîtriser. Aucun Hawk ne possède l’expérience des playoffs si ce n’est celle de se faire envoyer balader dès le premier pied posé dans l’arène. Face aux guerriers chevronnés que sont les Cavaliers de l’Ohio, les Celtes du Massachussetts et à un degré moindre mais finaliste l’an passé, les Etincelles Magiques de Floride, la différence de vécu pourrait bien venir taper les jeunes faucons derrière la tête.

Ce déficit n’est pas insurmontable mais sans cette expérience, je crains que les Hawks frappent un mur. Parce qu’affronter des vétérans couturés de cicatrices n’est pas le seul problème que les playoffs risquent de leur opposer. Comme pour leur leader, Joe Johnson, leur jeu d’attaque repose en grande partie sur leurs qualités de un contre un, avec d’ailleurs un talent et un succès qu’on peut difficilement contester. Seulement, ce type de jeu est particulièrement vulnérable au type de défenses –hargneuses, féroces et incroyablement denses- qui sévissent à ce moment-là de la saison. La cohésion que cette équipe s’est forgée pendant toutes ces années de vie commune va-t-elle résister à ce qu’elle rencontrera en playoffs face à ces franchises plus expérimentés et maîtres de la défense ? Combien de temps ces joueurs de un contre un attendront avant d’essayer de prendre les choses en main individuellement lorsque les difficultés se feront sentir ? Chacun devra résister au « syndrome du sauveur » et avec des gros potentiels croqueurs comme Joe Johnson et Jamal Crawford ou des joueurs un peu justes en « decision making » (oui, Josh Smith, c’est de toi qu’on parle), ça ne sera pas du gâteau. Surtout face aux roublards de Cleveland et de Boston.

Cette carence et les interrogations qu’elle entraîne ne suffisent pas pour décider du sort d’une équipe avant même que la série n’ait commencé. Mais il y a plus encore. Le secteur intérieur des Hawks n’est pas taillé pour les joutes de la post-season, et a fortiori face aux trois raquettes concurrentes à qui on l’oppose. Al Horford est le seul vrai bon intérieur de métier de l’équipe et son physique de power forward peut faire ses prières face au secteur intérieur caparaçonnée des Cavs, celui jamais facile à prendre des Celtics ou face à Dwight Howard. Il n’y a guère que Zaza Pachulia pour apporter des mensurations dignes de ces confrontations mais il n’est que très peu utilisé et ses mains sont parfois si carrées qu’on croirait qu’elles sont dépourvues de doigts. Que faire pour ce poste de pivot ? Horford se fera enfoncer et Pachulia ne pourra pas apporter beaucoup plus que le sacrifice de ses centimètres. Aucune solution n’est vraiment satisfaisante pour ce qui les attend. D’ailleurs, qu’une équipe doive choisir entre le physique et le talent n’est pas bon signe quand il est question de disputer des playoffs.

Bref, faudra revenir l’année prochaine. »


Julien :
« Si je suis d'accord avec mon camarade StillBallin en ce qui concerne les faibles chances de voir les Hawks participer aux prochaines Finals NBA, je serais plus clément avec ces derniers quand à leur capacité à rivaliser avec les plus "gros". Sèchement battu par les Cavaliers l'an dernier lors des demi-finales de conférence, Atlanta n'est aujourd'hui plus la même équipe. Plus matures, plus expérimentés et plus forts que l'an dernier, les hommes de Mike Woodson ont passé un véritable cap cette saison qui leur permet d'être, encore aujourd'hui, au contact d'équipes comme Boston ou Orlando. Si l'expérience de l'an passé a permis à certains joueurs comme Al Horford ou Marvin Williams de progresser et de prendre une autre dimension, l'élément déclencheur de la réussite des Hawks, c'est bel et bien l'arrivée de Jamal Crawford, cet été.

Gros scoreur, classé par beaucoup dans la catégorie des "croqueurs", Jamal Crawford s'est vite adapté au jeu proposé par Mike Woodson, se métamorphosant en parfait sixième homme. Offrant une alternative intéressante à l'indéboulonnable Joe Johnson, Crawford, de par ses qualités de "clutch player" a souvent permis aux Hawks de faire la différence dans le money-time. Une grande différence avec l'équipe d'Atlanta version 2008-2009, trop dépendante des exploits de son franchise player. Emmenée par ce formidable duo, la franchise géorgienne a renversé plus d'une fois la tendance dans le quatrième quart-temps, remportant des matchs qu'ils auraient probablement laissé filer par le passé. Une particularité que l'on a retrouvé à plusieurs reprises dans leurs oppositions contre les Celtics de Boston.

Vainqueur des quatre rencontres les opposants aux champions 2008 après des matchs très serrés, les Hawks ont prouvé qu'ils savaient gérer les moments importants d'un match et élever leur niveau de jeu quand il le fallait. Plus important encore, Atlanta possède maintenant deux joueurs de qualité, capable de prendre les choses en mains lorsque le navire commence à dériver. Mais est-ce réellement suffisant pour surclasser des équipes comme Cleveland et Orlando ? Probablement pas.

Si Mike Woodson et ses hommes ont démontré qu'ils avaient les clés pour battre cette équipe de Boston, les Hawks n'arrivent toujours pas à trouver la solution contre Orlando et surtout Cleveland, une équipe qu'ils rencontreront probablement au deuxième tour, si le classement reste en état. Défait à deux reprises contre Cleveland et trois fois contre Orlando, sans aucune victoire dans les deux cas, Atlanta n'arrive pas à contenir le secteur intérieur des deux équipes. Dépassé par Dwight Howard (21.7 ppg, 14.3 rbds et 3 pds à 60% en tirs en trois matchs), Al Horford n'est pas encore de taille pour lutter face à un tel joueur dans la raquette. Encore moins lors d'une série entière de play-offs. Surtout que comme l'a souligné StillBallin, les alternatives dans la raquette ne se bousculent pas. Cette dernière apparaît par ailleurs bien maigre face à celle des Cavaliers, qui viennent en plus de récupérer Z.Ilgauskas. Un problème de plus pour les Hawks qui auront déjà du mal à contenir un LeBron James qui s'était complètement baladé l'an passé...

Malgré un effectif très prometteur, il sera donc difficile pour les Hawks de résister aux "machines" Magic et Cavaliers. Néanmoins il ne faudra pas prendre cette équipe d'Atlanta à la légère car elle possède vraiment des joueurs très intéressants. Derrière les deux "gâchettes folles" que sont Jamal Crawford et Joe Johnson, Woodson possède un roster composé d'un néo All Star, en la personne d'Al Horford, d'un ailier fort qui mériterait de l'être [Josh Smith] et d'un meneur très expérimenté [Mike Bibby]. Méfiance donc.. Le match de mercredi soir contre Orlando et les deux prochaines oppositions contre Cleveland, le mois prochain, devraient nous donner un peu plus d'indications sur les chances réelles d'Atlanta. »

3 commentaires:

Lucas a dit…

Les Hawks en playoffs, je sens qu'ils peuvent tenir le coup. Contrairement à pas mal d'équipes, l'apport du banc est super consistant et c'est souvent ça qui permet de gérer un avantage ou de rattraper un retard quand les 2d units sont sur le terrain.
Leur souci majeur, comme vous l'avez souligné tous les deux, c'est la tendresse de leur secteur intérieur. Face à O'Neal ou Howard ça ne passe pas. Pourtant, Mike Woodson est un coach suffisamment intelligent pour pouvoir empêcher ses adversaires d'amener le ballon à leurs pivots. Ca peut passer contre Orlando, mais contre Cleveland la surveillance sur James sera telle que Shaq devrait se régaler face à Horford.
Pour James justement, seul Josh Smith semble être en mesure de pouvoir le prendre en indiv', et il aura déjà fort à faire, lui le patron de la défense des Faucons.
Crawford est une addition qui peut leur permettre de passer Orlando, mais sans un défenseur qui s'en tape de prendre des fautes comme Afflalo à Denver, Cleveland me semble infranchissable pour Atlanta.
Reste le problème du go-to-guy pour les playoffs, mais les Hawks ont un si gros collectif, qui perd très peu de ballons, qu'ils peuvent gagner des matches avant le clutch time. Encore plus si Mike Bibby shoote à un bon pourcentage.
S'ils s'assurent la 3e place, Orlando est à leur portée. Coupez Howard de ses partenaires, ce qui n'est pas forcément compliqué, et les Hawks passeront.
Yep, moi j'y crois à cette équipe en tous cas.

Anonyme a dit…

hello... hapi blogging... have a nice day! just visiting here....

StillBallin a dit…

Ah, toi Lucas, t'en pince un peu pour les Hawks.

J'ai un peu du mal à être emballé par cette équipe et notamment par leur collectif qui, même si le ballon est effectivement bien partagé, repose un peu trop sur le un contre un.

Et puis je suis curieux de voir Jamal Crawford en playoffs. Quand ça rentre, c'est fabuleux de l'avoir dans son équipe mais dans l'autre cas, ça l'est un peu moins.

Enfin bon, on aura les réponses dans quelques semaines avec l'entrée en jeu de la post-season. on pourra toujours en discuter après (quand les Hawks seront éliminés ;p)