10 septembre 2009

Analyse de la draft 2009: Les Sixers de Philadelphie

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Lien: Unlimited NBA mock draft, 17th pick of Philadelphia


Joueurs draftés :

Jrue Holiday (PG/SG, freshman), choisi en n°17


Broken Arrow

---[Unlimited NBA mock draft 17th pick, Philadelphie]…puisque Miller allonge déjà 33 ans et qu’il faudra bien à un moment ou à un autre commencer à songer à une relève de qualité. Or, avec sa densité inédite au poste de point guard, la draft 2009 apparaît comme le moyen idéal de répondre à ce besoin à la mène, qu’il soit immédiat ou futur. Cette année, la section Meneurs du buffet est bien garnie et même si beaucoup de monde s’y presse, les 76ers sont suffisamment bien placés pour en avoir une belle tranche. Dans l’idée de base, le joueur que la franchise aurait besoin de sélectionner devra avoir l’étoffe d’un meneur titulaire ou d’un futur meneur titulaire.

---Aussitôt dit, aussitôt fait ; les Sixers ont sélectionné le meneur le plus convoité parmi ceux qui étaient encore disponibles, Jrue Holiday. La franchise de Philadelphie semble d’ailleurs être assez chanceuse car à quelques jours de la draft, le freshman d’UCLA était encore attendu dans le top 10 après avoir émerveillé beaucoup de monde pendant les work outs et séduit par sa personnalité et sa maturité précoce (il n’a que 19 ans). Cependant…

---Holiday est tout aussi prometteur mais là où Flynn est porté par son talent offensif, Holiday marque sa présence par le playmaking et la création (à quoi il faut ajouter sa grosse défense et sa touche all-around). Néanmoins, ses difficultés à la marque devraient détourner les Sixers de cette idée car ils ne peuvent pas se permettre d’abandonner une menace offensive. En effet, Miller, Iguodala et Young sont les seuls joueurs capables d’apporter des points régulièrement (je mets Brand entre parenthèses tant que son équation avec le collectif de Philly n’est pas résolue). Par conséquent, l’équipe de Pennsylvanie risquerait de se retrouver comme un gourmet chinois avec une seule baguette si Miller et ses points ne viennent plus à la pointeuse la saison prochaine.

---Et bien justement, Andre Miller ne sera plus un Sixer l’an prochain. Dès lors, un des piliers de la pertinence de ce choix s’effondre. Holiday détient un potentiel énorme qu’on verrait bien faire des blessés des deux côtés du terrain mais il présente aussi des lacunes non négligeables et peut-être même rédhibitoires à l’heure actuelle (tous les aspects du scoring). Et puis, il reste très jeune à un poste où seule l’expérience peut gommer certaines difficultés majeures. De plus, après une année difficile où il a dû jouer à contre-nature, on ne dispose d’aucun repère sur son niveau de jeu réel. Pour l’instant, il est inimaginable de le voir occuper le poste de meneur titulaire d’une équipe NBA, et a fortiori d’une équipe comme les Sixers qui possède quelques ambitions.

---Philadelphie est conscient de cela et ne compte pas faire du jeune californien un membre à part entière de leur cinq majeur. Toutefois, il n’y a pas de quoi voir venir le futur sereinement. A ce qu’il semble, les dirigeants ont décidé de confié les clefs de la mène à Louis Williams qui n’a d’un meneur que le physique et la vitesse. Le manque d’altruisme et de maîtrise du jeu (du sien et de celui de sa formation) de l’électrique combo guard pourrait complètement plomber cette équipe des Sixers qui était déjà un peu brut de décoffrage (sans compter que l’intégration d’Elton Brand est encore en incubation). L’environnement qui pourrait naître de cette situation bancale ne sera certainement pas la plus propice au développement d’Holiday (quoique ?). Deuxième problématique, Holiday sera un peu laissé à l’abandon, sans meneur chevronné pour le guider et lui servir d’exemple ou de repère.

---Il faut cependant dédouaner le board de Philadelphie. Au moment de la draft, la franchise souhaitait conserver Andre Miller. Cette information en tête, la sélection de Holiday semble presque parfaite :

---En fait, Holiday pourrait être un choix très pertinent dans l’hypothèse où Andre Miller conserverait son badge des Sixers. La présence de l’expérimenté meneur pour encore quelques années permettrait au combo fraîchement émoulu d’UCLA d’avoir le temps de développer ses skillz de scoreur, en plus de lui apprendre deux-trois trucs (je vous rappelle que Miller a fait toute sa carrière sans savoir shooter). De plus, la présence de Miller permettrait aussi d’offrir du temps aux jeunes et offensivement très talentueux Louis Williams et Marreese Speights de prendre de l’envergure et donc de fournir les armes offensives fiables supplémentaires qui font défaut à Phila. Par conséquent, Holiday n’aurait pas à prendre une part des responsabilités au scoring comme le faisait Miller et pourrait se contenter de faire ce qu’il sait faire de mieux, faciliter le jeu de ses partenaires.

---En fait, si il y a quelque chose à regretter, ce n’est pas la sélection de Jrue Holiday mais le manque de mordant des Sixers dans leurs efforts pour prolonger Andre Miller. Ce dernier demandait pas mal d’argent sur 3 ans, une durée plutôt longue pour un joueur déjà âgé de 33 ans mais si c’était le prix à payer pour assurer le développement et l’aboutissement du projet Holiday, j’estime que cela aurait été un investissement bien placé. Un Holiday au potentiel totalement développé devrait rejoindre les lignes des tout meilleur meneurs de la ligue et constituerait un atout considérable pour n’importe quelle équipe. N’est-ce pas un argument suffisant pour justifier l’onéreux maintien d’Andre Miller ?

---On peut se consoler en se disant que le duo Louis Williams/Jrue Holiday est superbement complémentaire et prometteur ou que l’éventuelle faillite de Louis Williams offrirait au rookie une opportunité de s’approprier définitivement l’équipe, même si cela est assujetti à sa capacité à être performant à ce poste et à ce niveau dès cette année, ce qui est loin d’être évident.

---Alors, aurait-il plutôt fallu sélectionner Ty Lawson, meneur confirmé et solidement référencé, champion NCAA avec North Carolina cette année ? En effet, même au moment de la draft, la prolongation d’Andre Miller n’avait rien de certain et Lawson aurait constitué une excellente solution de remplacement à effet immédiat :

---Les deux premiers (Jonny Flynn et Jrue Holiday) ont le plus gros potentiel mais Lawson, lui, est déjà un joueur abouti et surtout, il possède un profil assez proche de celui de Miller (véritable contremaître du jeu, fort en pénétration…et pas réputé pour son shoot). Le choix de Lawson serait celui de la sécurité tant par rapport au joueur lui-même que part rapport au fonctionnement de l’équipe (sélectionner Lawson permet de conserver une certaine continuité).

---Avec Andre Miller hésitant entre une prolongation et un départ, la question était de choisir entre la sécurité (Lawson) et une merveilleuse promesse (Holiday). Lawson aurait fait son boulot avec ou sans Andre Miller mais pas énormément plus, et Holiday murmure un avenir peut-être plus brillant mais que l’absence de Miller est susceptible de compromettre. N’ayant aucune certitude sur la resignature du meneur sixer, cette question se couvre de tous les attributs du dilemme. Philly a été joueuse car elle préféré la solution « gros risque/grosse récompense » que présentait Holiday à celle de Lawson. Quelques unes des pièces du pari ont glissé de la colonne « succès » à la colonne « échec » depuis que Miller a signé à Portland mais encore une fois, Philly n’avait qu’à faire plus d’efforts pour retenir son leader vétéran.

---Mais finalement, je m’inquiète plus pour la franchise que pour Holiday. Le jeune Sixer aura du temps de jeu et les responsabilités d’un back-up (donc pas pesantes sans pour autant être négligeables) tandis que la pression de la mène sera entièrement sur les épaules de Louis Williams. Cependant, avec un jeune chien fou comme Williams à la place d’un capitaine de navire chevronné comme Andre Miller pour mener une troupe un peu brut de décoffrage ou en tout cas plus instinctive que cérébrale, les pontes de Philadelphie devraient prochainement connaître des nuits quelque peu agitées.

---J’ai toujours eu le sentiment que l’intelligence et la maîtrise d’Andre Miller étaient la charnière qui faisait tenir le jeu des Sixers ou plutôt le canevas qui permettait à chaque joueur de s’exprimer efficacement ensemble. Ce ne sera vraiment pas simple de prendre la suite pour la très jeune doublette Louis Williams/Jrue Holiday.

---Ce qui devait être un plan soigneusement destiné à assurer l’avenir de la franchise s’est retourné en un pari à moyen terme. Mais finalement, un 16ème choix n’est pas cher payé pour un joueur doté d’un tel potentiel. La situation est encore plus favorable que ça puisque si Holiday ne concrétise pas les attentes qu’il a suscitées, il demeurera un role player de grande qualité sur un poste très important. En effet, un joueur capable de jouer sur les deux postes arrières, fantastique défenseur sur l’homme, très complet, altruiste et intelligent comme lui présente une combinaison de qualités inédite et diablement précieuse qui ravirait n’importe quelle équipe prétendante au titre. D’ailleurs, en dehors de toutes considérations concernant le potentiel, un tel role player ferait un excellent 16th pick. Dans le pire ou dans le meilleur des cas, les Sixers ne seront jamais perdants avec la sélection de Holiday.

---Ainsi, je ne sais pas si Philly aura le même succès cette année que les saisons précédentes mais il sera toujours très difficile de leur reprocher d’avoir jeté leur dévolu sur Jrue Holiday. Je pense que le maintien d’Andre Miller aurait grandement facilité les choses pour tout le monde mais cette spéculation est désormais superflue. Aux joueurs de prouver qu’elle l’était aussi au moment où les dirigeants sixers ont refusé de s’aligner sur les demandes de l’expérimenté meneur.

StillBallin

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