30 mai 2009

La draft 2009 sera le champ de bataille des meneurs (Part.2)

-
(Suite de la première partie)


Jonny Flynn (Syracuse), né en 1989, 1m83, 78 kg
Stats (en NCAA): 17,4 pts à 46 % (31,7 % à 3pts), 6,7 asts, 1,4 stls, 3,4 to en 37,3 minutes

---Flynn a été la locomotive de l’excellent et surprenant parcours de Syracuse en post-season, lequel a punaisé l’explosif meneur dans toutes les mocks draft de 2009 alors qu’on l’attendait un an plus tard. Durant cette période, les scouts ont pu mesurer son esprit de compétition et sa rage de vaincre qui lui ont permis de terrasser ses adversaires. Sa vitesse, son agressivité offensive et la confiance qui l’anime font de lui un joueur de un contre un exceptionnel, capable de créer du danger à tout instant. Scoreur de nature, il se comporte de plus en plus comme un meneur, cherchant à faciliter le jeu de ses coéquipiers et améliorant sa qualité de passeur.

---Toutefois, Flynn est loin d’être un produit fini. Au-delà de son physique plutôt limité (1,83 m et 78 kg), il a encore la fâcheuse tendance à prendre des mauvaises décisions, dans le jeu, dans sa sélection de tirs ou dans la manière de jouer, le talentueux meneur étant plutôt enclin à chercher à faire le spectacle inutilement et parfois de façon contre-productive.

---Son shoot n’est pas aussi bon qu’on le voudrait et son implication en défense laisse aussi un peu à désirer mais ce sont les questions à propos de son physique poids plume et sa taille qui risque de réfréner l’ardeur des dirigeants NBA. Les problèmes liés à sa prise de décision sont les raisons qui l’empêchent d’être en haut de la liste mais c’est un domaine dans lequel il peut progresser et d’ailleurs, cette saison a été assez encourageante dans ce sens. Par contre, son physique limité plafonne son potentiel dans certains domaines comme la défense et l’attaque du panier. En NCAA, Flynn a pu compenser par ses qualités, sa vitesse notamment, mais qu’en sera-t-il en NBA ?

Ce qui peut pousser une franchise à le drafter plutôt qu’un autre :

---Son potentiel. Très jeune et déjà très fort en un contre un, il a montré des signes prometteurs de progression.

Ce qui peut pousser une franchise à en préférer un autre :

---N’est pas un produit fini et son physique.


Draft 2009 : Il s’est inscrit à la draft mais n’a pas signé d’agent et il pourrait retourner à Syracuse s’il n’est pas assuré d’être sélectionner suffisamment haut lors de la draft (genre entre la 10 et la 15ème position). Il a beaucoup hésité avant de se porter candidat, recevant notamment les conseils de son ami et ancien coéquipier, Donte Greene (aujourd’hui à Sacramento) qui semble regretter de s’être présenter à la draft l’an dernier alors qu’il n’était encore qu’un freshman.


***

Jeff Teague (Wake Forest), né en 1988, 1m88, 82 kg
Stats (en NCAA): 18,8 pts à 48,5 % (44,1 % à 3pts), 3,5 asts, 1,9 stls, 3,4 to en 32 minutes

---Jeff Teague est un joueur un peu spécial. Mais commençons d’abord par parler un petit peu de sa saison. Leader offensif d’une équipe bien fourni en talent, Teague a fait un début de saison tout bonnement exceptionnel et beaucoup de gens le voyait déjà s’incruster bien haut dans la draft 2009. Sauf que lorsqu’Ishmael Smith, le meneur titulaire, est revenu de blessure décalant Teague en arrière shooteur, ses performances ont chuté, de même que celles de Wake Forest.

---Pourquoi le décaler serait-on tenter de se demander. Et bien il est quand même difficile d’imaginer Teague occuper le poste 1 à temps complet. En effet, le Demon Deacon est un fabuleux scoreur, totalement imprévisible, capable d’attaquer le cercle, de provoquer des fautes (7,1 lancers francs tentés par match) et de frapper à longue distance (44,1 % à 3 pts mais seulement 3,3 tentatives en moyenne) par ses propres moyens (c’est-à-dire indépendamment de ces coéquipiers). Mais, conséquence logique de cette facilité à créer son propre shoot et à marquer, chercher à scorer individuellement est positionné à la première place des actions à effectuer sur son tableau de bord mais aussi à la seconde et à la troisième.

---Jeff Teague fait-il donc parti du cas typique de l’arrière coincé dans un corps de meneur ? C’est plus compliqué que ça. Si le combo guard a eu tant de mal dans la deuxième partie de saison, c’est que le bonhomme perd toute son efficacité lorsque le ballon n’est pas dans ses mains. En effet, phénomène étonnant, Teague ne score pratiquement qu’en sortie de dribble, même de loin (77 % de ses jump-shots selon Synergy Sports Technology via draftexpress.com) tandis qu’il apparaît comme un shooteur limité en réception de passe. Bref, Teague sans la main en priorité sur la boule orange c’est comme Samson sans ses cheveux ou une télécommande sans pile. Ça marche tout de suite moins bien.

---Instantanément, vous comprenez toute la spécificité et la situation problématique de ce joueur. De plus, non content d’être obnubilé par son propre tir, Teague est, sur chaque possession, le genre de joueur à être soit exceptionnel, soit totalement foireux mais rarement entre les deux. Avec lui c’est tout ou rien. Aussi imprévisible sur le terrain qu’incontrôlable, il a tendance à forcer des shoots inutilement et à perdre pas mal de ballons (3,4 en moyenne). Dans ces conditions, comment en faire un meneur légitime ?

---Difficile de le faire jouer arrière en raison de son physique et de son incapacité à être bon lorsqu’il ne porte pas le ballon, inimaginable de le voir conduire une équipe mais scoreur absolument intraitable. Ce mec est un nœud de dilemmes ambulant.

Ce qui peut pousser une franchise à le drafter plutôt qu’un autre :

---Son impressionnante capacité à scorer par lui-même.

Ce qui peut pousser une franchise à en préférer un autre :

---Impossible d’en faire un meneur, compliqué de le mettre en second arrière.


Draft 2009 : S’est déclaré à la draft mais n’a pas engagé un argent pour se réserver le droit de retourner à Wake Forest.


***

Eric Maynor (Virginia Commonwealth), né en 1987, 1m88, 79 kg
Stats (en NCAA): 22,4 pts à 46,3 % (36,1 % à 3pts), 6,2 asts, 1,7 stls, 3 to en 35,5 minutes

---Eric Maynor s’est véritablement fait un nom qu’à partir du mois de mars de son année sophomore (seconde année universitaire) lorsque ses 22 points et le shoot de la victoire ont permis à sa petite fac de sortir Duke du March Madness. Deux ans après, le meneur a montré que cette soirée n’était pas le simple quart d’heure de gloire que la providence réserve à tout le monde d’après Andy Warhol.

---Mais plus important, loin d’être considéré comme un simple joueur qui brille dans une petite équipe, Maynor pourrait avoir une vraie place en NBA. Car en effet, peu de joueur possède comme lui une aussi bonne maîtrise du jeu. Véritable contremaître de sa formation, aussi à l’aise sur jeu rapide que sur demi-terrain, rompu dans l’exercice de servir ses coéquipiers, Maynor est aussi un scoreur de qualité, solide shooteur et détenteur d’un floater assez efficace. Les scouts apprécient aussi sa capacité à aller où il veut sur le terrain en utilisant son excellent maniement de balle, toute sa ruse et sa capacité épileptique à changer de vitesse. Notons aussi sa clutch-attitude qui n’est pas là pour déplaire.

---Cependant, Maynor reste un shooteur inconsistant et possède certaines difficultés à finir ses actions à proximité du panier en raison de ses qualités physiques pas vraiment transcendantes et de son manque de puissance. Aussi, sa tendance à perdre des balles et à forcer quelques fois ses actions peut être gênante mais ses problèmes sont peut-être amplifiés par le fait qu’il porte littéralement son équipe sur son dos. Mais là où sa côte perd le plus de point, c’est en défense. Il ne présente pas les atouts physiques nécessaires pour cela et ne compense pas ces lacunes par son engagement et son intensité, ni par ses fondamentaux. Beaucoup voit là la principale raison qui l’empêcherait d’être un potentiel très intéressant pour la NBA.

Ce qui peut pousser une franchise à le drafter plutôt qu’un autre :

---Combinaison très intéressante entre un passeur et un scoreur. Est un véritable point guard. Pourrait être un back-up de très bonne qualité.

Ce qui peut pousser une franchise à en préférer un autre :

---Difficile d’en faire autre chose qu’un remplaçant ou un titulaire intérimaire. D’ailleurs, ses limites défensives pourraient aussi dissuader certaines franchises d’en faire un back-up attitré.


Draft 2009 : Etant dans sa dernière année universitaire, le senior est automatiquement éligible pour la draft 2009.

***

Jrue Holiday (UCLA), né en 1990, 1m91, 83 kg
Stats (en NCAA): 8,5 pts à 45 % (30,7 % à 3pts), 3,7 asts, 1,6 stls, 2,1 to en 27,1 minutes

Par ici, s’il vous plaît.

Ce qui peut pousser une franchise à le drafter plutôt qu’un autre :

---Son profil atypique est aussi rare qu’intéressant et demeure un gros potentiel

Ce qui peut pousser une franchise à en préférer un autre :

---Son véritable potentiel se trouve au poste de meneur et il devra être choisi en tant que tel mais il n’a pas évolué à cette position depuis le lycée. Question : quelle est son véritable niveau et potentiel en tant que meneur ? De plus, il est difficile de savoir à quoi s’attendre de lui après qu’il ait effectué une première partie de la saison brillante et la seconde complètement exécrable.


Draft 2009 : Le freshman s’est inscrit à la draft mais conserve la possibilité de retirer son nom. Tiraillé entre le fait de savoir qu’il prend un gros risque en se portant candidat à la NBA cet été et l’inconfort qu’il ressent sous la houlette de l’actuel coach d’UCLA, Holiday attendra d’en savoir plus sur ses chances à la draft avant de se décider.


A suivre...

5 commentaires:

Dominique a dit…

Jrue Holiday et Tyreke Evans, monstrueux au lycée, ressemble pour le moment à des futurs bides.

Enfin, ce n'est que mon avis.

Les combos qui shootent mal n'ont pas trop leur place dans la ligue, à moins d'avoir les jambes de Monta Ellis.

StillBallin a dit…

C'est clair que ces deux joueurs ne sont pas des produits finis et que leur salut en NBA passera obligatoirement par une progression importante dans des domaines précis (le scoring pour Holiday, les skillz de point guard ou le shoot pour Evans).

C'est évident qu'ils ont pris un risque en se présentant à la draft dès cette année. Mais moi je suis du genre optimiste quand on parle de basket (oui, j'ai encore foi en Andrea Bargnani), donc ça serait bien dans mon style de sélectionner l'un d'eux (j'ai un petit faible pour Holiday même si en ce moment, il l'ouvre un peu trop).

Par contre, si j'étais GM, crois-moi que je leur collerait un Chip Engelland (shooting coach de Tony Parker, pour ceux qui ne savent pas) sur le dos à chaque heure du jour (continuer leur formation, quoi). Sauf que la formation n'est pas vraiment le fort des franchises NBA.

Aussi, le problème avec le fait qu'ils aient quitté la fac au bout d'une petite année, c'est qu'il est difficile de savoir si ce sont des joueurs capable de progresser (si au bout de 4 années NCAA, ces deux gus n'auraient montré aucun signe de progression, c'est à peine si leur nom auraient figurer au second tour).

En fait, avec Evans et Holiday, on sait qu'il leur suffirait d'améliorer grandement un seul aspect de leur jeu pour devenir des joueurs NBA de gros calibre, sauf qu'on ne sait absolument pas si ils seront capable de réaliser cette évolution, tant à cause du niveau erratique de la formation en NBA qu'à cause de l'absence de réponses qui existent quand à leur propre capacité à progresser.

Donc effectivement, un bust pour chacun est possible. Mais pas forcément. C'est un peu pile ou face.

Dominique a dit…

Une grosse progression, chaque joueur de 19-20 ans en a une, après, c'est clair que c'est du pile ou face.
Quand on voit comment Rondo jouait ces playoffs, c'est difficile de croire que les dirigeants Celtics l'imaginaient comme ça en le draftant.

C'est comme sortir avec une meuf moche à 16 ans, persister malgré la raillerie des potes, puis leur faire fermer leur gueule quand elle se transforme en bombe vers 23 :p

En fait, la draft, c'est un peu comme avec les prospects meufs du Lycée. La plus bonne ne sera pas forcément all star à 25 :D
D'ailleurs je referais bien mes choix de draft pourris si j'avais l'occaze...

Blague à part, tu n'es plus Stillballin mais "Dr. Draft" :p

StillBallin a dit…

Bah tu sais, y'a des mecs qui à la pleine lune deviennent loup garou, moi vers mai-juin, je deviens une sorte de psychopathe de la draft. Petit déjà j'analysais le profil de mes camarades de maternelle pour essayer de savoir s'ils allaient pouvoir gérer au primaire.


A part ça, je crois que ta métaphore va suivre les traces de celle comparant Lance Stephenson à un top model qui a de l'herpès et gagner son ticket pour le Punch Lines Hall of Fame (Charles Barkley's Trophy).


Sinon tout le monde progesse forcément un minimum comme tu dis mais parfois, ce minimum est vraiment loin d'être suffisant. Pour chaque Rajon Rondo, Danny Granger, Kevin Garnett ou Lazaros Papadaupolos (je rigole pas, faut la voir la différence entre le joueur que c'était avant et celui d'aujourd'hui, ça fait mal aux yeux), il y a un Kwame Brown, un Darius Miles, un Sebastien Telfair, un Johan Petro...

Dominique a dit…

"son agressivité offensive et la confiance qui l’anime font de lui un joueur de un contre un exceptionnel, capable de créer du danger à tout instant."

Terroriste ce Flynn :p