12 ans que j’essaye d’arrêter. En vain. Je ne compte même plus les fois ou je clamais que l’on ne m’y reprendrait plus. Que cette fois c’était la dernière. Foutaises.
Hier après-midi, un pote m’appelle, il m’en propose. Je n’ai pas pu tenir, l’envie était trop forte. Envolées toutes mes belles résolutions, j’ai replongé : je retourne sur un playground. Putain d’addiction…
Ca y est, j’y suis. Mais qu’est ce que je fous là. Samedi aprèm ensoleillé, c’est la foule des grands jours. Blacks, blancs, beurs et jaunes, ils sont tous la à pavaner. Ils n’ont pas de vie ces gens la ? Quelques shoots pour s’échauffer sur le panier de gauche, celui des Hobbits, taille Mugsy, dégaine funky pour qui le panier apparait comme un horizon indépassable. Puis, direction le panier de droite, celui des « grands ». No white allowed . Qui a dit que le racisme anti-blanc n’existait pas ?
Un permis de séjour m’est accordé, ancienneté oblige. Ma team prend la gagne. Avec moi, un chinois à bandeau. Génération Yao, une race à part. Une vraie baguette, j’espère qu’il est vivace, c’est pas avec un gabarit pareil qu’on va s’imposer dans la peinture. A l’aile, un grand blond, limite Aryen. La première possession confirme mon impression initiale. Un vrai Dirk, du teuton de compétition : il n’attendra pas 30 ans pour revenir perforer la défense adverse, lui. Pour faire la sale besogne en-dessous, mon pote Mamadou, sorte de croisement entre Oliver Miller et Jim Bilba. Ca enfile les perles à l’intérieur, sont pas nombreux les inconscients ayant osé le défier. Pas facile d’escalader le Baobad de Bamako. Et donc, moi. Le 1 m73 tout trempé, (« non non je ne me suis pas trompé de panier ») ancien cadet région, le brave meneur blanc des familles. Élevé au sein du giron fédéral, « travail d’appui », « zone press », « passe et va » : autant dire que je les connais tes putains de fondamentaux. Claude Bergeaud ne m’aurait pas renié. Signe particulier : une vitesse peu commune (probablement un gène jamaïcain s’étant égaré…)
Le match commence. 6/2 pour nous. L’axe sino-germanique tourne à plein régime. L’histoire est un éternel recommencement. En face, nos quatre amis chocolatés s’énervent, prétextant un marché non sifflé. Faut dire que la mauvaise foi est la religion nationale en Côte d’Ivoire. Pour ne pas envenimer un contexte géopolitique déjà tendu, la balle leur est rendue. Sont vraiment vénère apparemment : 6/4. Et même plutôt adroit : 6/6. La tension se relâche quelque peu, les gris-gris peuvent commencer du côté du meneur adverse. Faut dire qu’il a la dégaine le bougre. Jersey de LA, numéro 24 forcément, sneakers old school, coupe afro : je me prépare à ramasser mon short.
Mais la, c’est le drame. Alors que j’étais venu jouer au basket, le gus commence son numéro de cirque. « The And1 style » qu’ils appellent ça. Dribbles croisés, chaloupés, renversés, retournés : l’intégrale de la Mix Tape 6 y passe. Si seulement qu’un pouvait lui dire que ses gesticulations absurdes ne sont pas filmées. Non, mais il croit vraiment qu’ya des scouts autour du terrain ou quoi ? Tiens, il part en drive. Merde, il plante. 7/6. Nouvelle série de dribbles brassant l’air ambiante : le concept d’éolienne humaine vient de voir le jour. Tiens, il shoote. Merde, il re-plante. 9/6. « And1 m’a tuer ».
Mais tu vas la lâcher ta balle oui !
Énième Freestyle. Mais cette fois, il envoie un vieux saucisson qui vient se périmer sur l’arceau. Notre dernière chance, le score est de 11/6 pour eux. Un scud germanique et deux galettes maliennes nous permette d’égaliser. Je prends la balle. Je sais que je vais la mettre. Jumper à 45 après deux dribbles, mon spécial façon Michael. Mon adversaire direct se transforme en Bryon Russel. Je vais la mettre. Départ en dribble. Je vais la mettre. Je déclenche mon shoot. Je vais la m…Merde, raté.
Le vide m’envahit, le terrain environnant n’est qu’un océan de désespoir. Mais l’improbable se produit alors. Notre ami chinois, en vraie fouine pékinoise, s’empare du rebond et tel son ancêtre résistant à l’assaillant japonais en Mandchourie, évite le contre pour poser son tip-in au milieu des filets. 12/11 pour nous. Putain j’y crois pas. On ne ventera jamais assez les mérites de la mondialisation. Déconfis et véreux, nos adversaires viennent nous serrer la main. Leur déception est à la hauteur du fourrage que Whang vient de leur infliger. Vous avez bien dit de vous méfiez des chinois…
Au final, une belle après-midi. On ne soulignera jamais assez tout le mal qu’AND1 a pu faire au basket. Il n’empêche que le basket à papa est peut-être révolu, et on dira ce qu’on voudra, mais putain qu’est ce qu’on est bien sur un terrain de basket. Surtout quand on gagne...
FLASH.
5 commentaires:
c vraiment tjrs un plaisir de te lire...et effectivement le And1 style est la peste du basket, le sommeil est l'ami du défenseur contre le mixtapeur, le pire c qu'il y en a partout et parfois ils sont plusieurs dans la même équipe, un vrai dance hall.
Je précise, si jamais il y avait confusion, que cet article n'est pas de moi.
Rendons à César ce qui lui appartient, l'auteur de ce super récit est Flash.
Dc César aka Flash ( ;) ), super article, plein de réalisme.
Je n'ai pas été attentif à la signature, surement trop de dribbles And1 dans les yeux.
Dans ma Bretagne, les bling-bling And1 s'appellent des Gangsta moves et paroles d'hommes, ma ville est loin d'être gangsta.
LOL, des Gangsta Moves...
Par contre, ça fait peur à personne un "thug" de bretagne :p
Nous avons quelques "thugs" nationalistes BZH qui fricotent avec l'ETA sinon au niveau du basket c plus au niveau de la buvette le dimanche matin que l'on peut voir nos"thugs" avec leur solex après la sortie des boîtes avec Brigitte sur le porte bagage.
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