19 mai 2008

Special Guest - Korver présente "Lebron James et ses Caves"...

(Article proposé par un chroniqueur indépendant invité sur ce blog, Korver.)

Même si le Game 7 de Boston - Cleveland restera sans doute dans les annales au vu du gros duel que se sont livrés Pierce et James, une question reste à poser ? Certes Lebron a enfin trouvé une adresse convenable, certes il a planté 45 points dont des shoots monstrueux dans les dernières minutes, certes il a porté son équipe jusqu'au bout dans un match irrespirable du début à la fin ... Certes. N'empêche, à regarder les Cavaliers se mouvoir sur le terrain, on peut légitimement penser qu'ils sont encore aussi loin d'un titre NBA que Grenoble d'une finale de Ligue des Champions (n’en déplaise aux Japonais...). Or, Cleveland n'existe, et cela est déjà en soi une problématique, que par et pour Lebron James.

Est-il raisonnable de penser que le talent d'un seul puisse abstraire une équipe de tout jeu offensif collectif et travaillé ? A regarder hier soir les Cavs attaquer, on avait franchement parfois l'impression de voir un 5-5 tout terrain sur un playground à la plage. Un seul système: balle Lebron deux mètres derrière la ligne et on tente pick and roll jusqu'à ce que Lebron trouve quelques centimètres pour démarrer, au pire on ressort et à celui qui hérite de la gonfle de se démerder. Aucune équipe dans l'histoire n'a déjà survécu au plus haut niveau que sur le talent d'un seul joueur, encore moins un arrière qui plus est.

On peut trouver tous les superlatifs pour Lebron, peu importe le débat n'est pas là. Si la défense des Cavs est du niveau d'une top team, leur attaque est régulièrement consternante de passivité et d'inertie. On peut aussi pleurer sur la piètre qualité du roster et louer la grandeur de Lebron, seul capable d'en faire une équipe de play-offs. N'empêche que, jusqu'à preuve du contraire, Lebron est entouré de joueurs professionnels corrects, a une grande perche capable de switcher à 5 mètres, des défenseurs acharnés et des shooteurs très respectables. Et même si tout ça ne vaut pas l'effectif des Lakers, rappelons que la force d'un grand joueur, d'une grande équipe et d'un grand coach et de tirer le maximum de joueurs limités.

Or, en attaque du moins, les partenaires de James ressemblent à des piquets qu'on aligne sur le parquet pour faire diversion. A part faire des écrans pour leur boss et attendre à l'occasion derrière la ligne, impossible de savoir ce qu'ils ont en tête.

En réalité, ce qu'ils ont en tête c'est ça: donner le ballon à Lebron et attendre de voir ce qui se passe. Une fois que le King touche le ballon en tête de raquette, le schéma de jeu des Cavs est lamentable: Lebron reste 5 à 10 secondes immobile ou à dribbler pour du vent et, grande surprise, s'élance dans la raquette. Là tout le monde lui laisse la place et attend une hypothétique passe si Lebron n'a vraiment que ça à faire. En saison régulière ça marche très bien, étant donné que la moitié des équipes refusent de défendre deux possessions de suite, et Lebron peut même jouer le maestro altruiste. En play-offs, ça devient compliqué et quand ça passe, c'est soi que Lebron est au niveau de MJ et Magic réunis, soit que ses coéquipiers ont fini par prendre leurs responsabilités par la force des choses. Or le système des Cavs n'est pas vraiment fait pour encourager les initiatives personnelles.

Hier soir, malgré 45 points, Lebron n'a jamais vraiment impliqué ses coéquipiers, obligés à leur tour de se démerder sur les rares initiatives qu'il leur a laissé. En plus, sa gestion de la fin de match est franchement douteuse. Alors que Cleveland est à -3, après qu'il ait enfin trouvé son shoot de loin, il refuse de prendre le 3 points qui pour une fois s'imposait et force un drive aussi moche que vain se concluant par un lay-up balancé en air-ball. Personne n'a compris, ses coéquipiers non plus sûrement mais eux ça fait longtemps qu'on leur a enlevé la capacité de penser sur un terrain. On peut éternellement dire qu'il a quand même sorti les Pistons à lui tout seul l'année dernière en finale de conf, sauf que cette conférence était une des plus pourries de tous les temps et que les Pistons étaient pas bien fringants. D'ailleurs, vu la gueule des Cavs en finale, franchement pas de quoi pavoiser.

Si Lebron veut vraiment rentrer dans l'histoire comme MJ, il est temps qu'il s'interroge, et avec lui son GM et son coach, sur l'allure qu'il faut donner à cette équipe. Sur le plan personnel, nul doute qu'il passera son été, comme il le fait toujours, à bosser pour encore revenir plus fort. Reste que même MJ au plus haut niveau n'a jamais rien gagné tout seul, Kobe non plus et que, toute stupidité publicitaire à part, Lebron est bien humain et ne peut pas planter 40 points par match en play-offs.

Première mesure : prendre un vrai meneur, capable de gérer son équipe, lui donner le ballon et le laisser organiser le jeu. Lebron joue à son poste, 2 ou 3 peu importe, assure parfois à la mène éventuellement mais arrête de monopoliser la balle 80 % du temps. Non seulement Cleveland pourrait enfin avoir un minimum de collectif offensif mais Lebron lui même pourrait se concentrer sur son jeu au lieu de vouloir jouer à tous les postes en même temps.

Deuxième mesure : Mike Brown demande à ses joueurs d'appliquer les systèmes sur lesquels il bosse quand il s'ennuie à la maison et rappelle à Lebron que, jusqu'à preuve du contraire, le coach c'est lui. Aussi intelligent soit-il, MJ avait Phil Jackson. Lebron, qu'il soit l'Elu ou non, doit arrêter de vouloir être une sorte de quaterback extraterrestre et simplement essayer d'être un joueur de basket.

Troisième mesure : prendre un arrière capable de driver pour que Lebron ne soit pas le seul à pouvoir s'incruster dans la raquette.

Quatrième : garder Ilgauskas tant que ses pieds sont encore en état de marche et conserver une bonne ossature défensive. La mission consiste à faire de Cleveland une équipe de basket, peu importe avec qui et comment. S'il s'avère que Brown n'est pas capable de gérer ça, qu'on le vire avec Ben Wallace et qu'on se serve des billets verts économisés pour prendre un vrai coach, qui n'ait pas peur de parler d'égal à égal avec Lebron.

Ah oui d'ailleurs, penser aussi à garder Lebron, ça peut toujours servir.

Article de Korver.

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