Après avoir définitivement enterré l'épisode Jailblazers et enchanté le grand cirque de la NBA avec une équipe presque uniquement composée de jeunes pousses sans expérience voire sans référence, Portland est désormais à l'orée d'une saison cruciale.
Tout comme les Baby Bulls l'année dernière, beaucoup les voit déjà bague(s) au doigt dans quelques années, laissés bouche bée par 13 victoires de rang sorties de nulle part. Portés par un collectif soudé comme jamais après que l'équipe soit passée à deux doigts de l'implosion (grosse embrouille Webster - Pryzbilla), les Young Blazers ont certes fini par flancher faute de poids dans la raquette mais ramènent tout de même un bilan équilibré pour la première fois depuis 5 ans.
Attention, on sait ce qu'il est advenu des grands espoirs du côté du Michigan, Chicago ayant littéralement explosé sous la pression dès les premiers coups de sifflet. Les nouvelles idoles du Rose Garden ont certes pour certains du talent plein les doigts mais il reste encore à passer le cap de la confirmation, étape souvent la plus douloureuse. L'atmosphère on ne peut plus enthousiaste régnant à Rip City, enchantée du retour au premier plan de ses fers de lance, devrait aider Kevin Pritchard, actuellement en pleine gloire auprès des fans, à bâtir le futur et pourquoi pas à relancer la BlazerMania ...
L'effectif, selon toute logique, ne devrait pratiquement pas être chamboulé sauf cas d'urgence majeure et Pritchard a même affirmé qu'il n'excluait pas de transférer les quatre picks de draft dont il dispose, n'ayant plus besoin de nouveaux talents après avoir suffisamment pillé le réservoir national depuis 4 ans. Mc Millan a composé un groupe soudé et est si sûr de son potentiel qu'il n'a probablement pas l'intention de le briser en recrutant une pseudo-star risquant de casser l'élan impulsé cette année.
A l'exception de Jarrett Jack, LaFrentz et Von Wafer, tous les éléments ont d'ailleurs été plébiscités dans un récent sondage pour débuter la saison prochaine. Si les Blazers n'ont évidemment pas encore le meilleur roster du pays, la confiance qu'ils engrangent devraient leur permettre bientôt d'exister au plus haut niveau. Reste à savoir quels sont les ajustements nécessaires pour encore progresser.
La mène est peut-être le point le plus perfectible de l'équipe. Si Steve Blake est un meneur honnête, capable d'organiser le jeu et de lâcher régulièrement des missiles à 3 points, sa défense insuffisante, sa lenteur et son gabarit de joueur des années 60 limitent fortement son impact et l'empêchent de lutter à armes égales contre les meilleurs meneurs de la ligue. Jarrett Jack aurait a priori les qualités nécessaires pour combler ce vide : assez tonique et rapide pour aller au panier tout en étant un shooteur convenable, il est de plus un défenseur très respectable. Malheureusement, son manque de sang-froid et ses turnovers trop fréquentes en ont fait la bête noire des fans, Mc Millan préférant souvent le faire évoluer en 2 pour profiter de son jeu en percussion. Troisième homme, Sergio Rodriguez n'a jamais confirmé cette saison les espoirs entrevus lors de son année rookie. Incapable de vraiment rentabiliser ses sorties de banc, il n'arrive que trop rarement à imposer sa vitesse et sa vista, plombé en plus par un manque adresse rédhibitoire (35 %). Si Mc Millan a toujours soutenu publiquement Jack, il reste que les très fréquents et prolongés passages de Brandon Roy à la mène prouvent bien la confiance limitée accordée à ses gestionnaires désignés, surtout quand la pression monte. Il n'est pas à exclure que l'un d'eux (voire plus) aille voir ailleurs et se voit remplacé par un meneur plus fiable. Les fans apprécient beaucoup Calderon, version améliorée de Rodriguez, peu probable hélas que les Blazers aient les moyens de l'attirer.
Quand aux postes arrières, la seule incertitude demeurant quand à la saison prochaine tient dans cette question : viendra ou viendra pas ? Rudy Fernandez, jeune star de la Liga ACB en pleine explosion, avait vu ses droits cédés à Rain City par les généreux (ou inconscients ?) Phoenix Suns l'année dernière, Portland récoltant encore l'air de rien une petite bombe de plus à rajouter aux récoltes des années précédentes. Compte tenu de l'épisode Macijauskas à New Orleans et des offres rondelettes qu'il doit recevoir en Europe, il est certain que dans le cas d'un atterrissage en Oregon, l'Espagnol volant ne se contentera pas de minutes en bout de banc. Or Jack, Martell Webster et James Jones se baladent déjà sur son poste : le dilemme est simple, si la venue de Fernandez serait une addition de talent indéniable, il reste à démontrer qu'elle soit indispensable. L’abondance de shooteurs ne nuisait pas cette saison, les Blazers ayant régulièrement vécu et survécu par le shoot, mais il n'est pas impossible que l'arrivée de Greg Oden change un peu la répartition des tâches au sein de l'équipe.
Dans ce cas, pas évident que les deux derniers cités aient chacun assez de minutes pour s'exprimer. Martell Webster, irrégulier mais sniper terrifiant à 3 points quand il est bien en rythme (sûrement l'un des plus beaux shoots de la ligue) est un protégé de McMillan, persuadé qu'il peut en faire un défenseur performant compte tenu de ses qualités athlétiques indéniables. Si ses productions n'ont pas décollé cette saison (10 points à 38 % à 3 points), il n'a encore que 21 ans et garde encore en lui un potentiel trop intéressant pour s'en débarrasser à court terme. James Jones, d'une adresse chirurgicale cette année derrière la ligne (45 % dont plus de 50 % en décembre ) a régulièrement été gêné par des blessures aux jambes et sera probablement encore plus performant si on lui laisse l'occasion. La similarité de leur profil pourrait désavantager Jones, moins coté que Webster dans les plans de McMillan. Par ailleurs, l'intégration d'un joueur plus mobile et complet offensivement comme Fernandez serait un bonus intéressant. Dans ces circonstances, étant donné les services rendus par Roy à la mène, la présence de Jack dans le roster serait sérieusement menacée.
Brandon Roy reste bien sûr, sur le terrain, le leader indiscutable de cette bande de gamins. Arrière ultra complet aux fondamentaux parfaits (4 années de college ...), il est aussi performant quand il s'agit de créer pour les autres que quand il faut prendre ses responsabilités en fin de match. Capable de shooter, driver, défendre et passer à la perfection, il s'est déjà vu récompenser par une sélection au All-Star Game, où il fut loin d'être ridicule pour couronner le tout. Pour ne rien gâcher, le Rookie de l'année 2007 est un jeune homme simple, bien dans sa tête dont l'intelligence sur le parquet n'est sans doute qu'une transposition de ce qu'il est en dehors. Il peut passer un quart temps sans chercher à scorer quand le besoin ne se présente pas, ce qui ne l'empêcha pas de réaliser des derniers quarts d'anthologie tout au long de la saison. Si le front office ne pète pas un cable, il est amené à devenir le ou l'un des symboles de cette franchise pour de longues années.
Si les lignes arrières sont bien encombrées, la front line des Blazers était cette année plus clairsemée, la faute à l'absence du doux géant Oden. Dans ces circonstances, Mc Millan a décidé de ballader toute l'année Travis Outlaw entre le poste 4 et le poste 3, l'ex futur espoir raté devenant l'un des sixièmes hommmes les plus efficaces de la NBA en sortie de banc. Athlète superbe doté d'une envergure et d'un détente impressionnantes lui permettant de régulièrement contrer quelques intérieurs peu prudents, il est en plus enfin devenu le shooteur régulier et fiable que les scouts NBA avaient découvert il y a 5 ans à Starkville High School. Apportant plus de 13 points et presque 5 rebonds par match, il s'est en plus muté en clutch player à de nombreuses reprises, rentrant des shoots cruciaux à des moments clés, dont 2 buzzer-beaters mémorables contre Memphis et Atlanta. Il reste maintenant à savoir quel rôle lui assignera Mc Millan dans la future line-up des Blazers, sa polyvalence lui offrant plusieurs perspectives.
Dans la raquette, rien ne devrait changer, ou bien tout selon d'où l'on se place.
Greg Oden, après une année de rééducation acharnée, devrait être prêt à reprendre la place de Joel Pryzbilla, valeureux capitaine ayant fait de son mieux pour combler les trous in the paint. A l'heure actuelle, difficile de dire si l'ancien pivot d'Ohio State se rapprochera plus de Michael Olowokandi ou de Dwight Howard. Dans tous les cas, ses épaules monumentales devraient régler une partie des problèmes au rebond et dissuader certains de trop s'aventurer à l'intérieur. Une saison ne serait-ce que correcte pourrait permettre aux Blazers de passer dans une autre dimension.
En effet, Portland n'aura pas forcément besoin de 25 pions par match du colosse pour alimenter la marque. Déjà auteur d'une saison sophomore remarquable avec presque 18 points et 8 rebonds, Lamarcus Alridge a déjà la palette offensive suffisante pour exister face à pratiquement n'importe quel défenseur. Doté d'un turn-around jumper soyeux et remarquablement mobile, l'ancien de Texas est certes encore parfois soft au rebond et perfectible en défense mais à 22 ans, rien qui ne puisse pas s'améliorer. Channing Frye, pivot longiligne, est son parfait complément, compensant son physique pas très intimidant par une bonne compréhension du jeu et un shoot très efficace. Bref, si la raquette des Blazers ressemblera parfois à celle d'une équipe NCAA par l'âge et l'expérience de ses éléments, elle devrait pouvoir tenir le choc voire mieux face au reste de la Ligue. Dans tous les cas, Joel Pryzbilla est toujours là pour colmater les brèches.
Très apprécié par ses joueurs, Nate McMillan est la clé de voûte du futur succès ou non des Blazers. Classique mais fin stratège et jamais dépassé ou découragé, Coach McMillan n'a peut-être pas une griffe comme d'Antoni ou Riley mais connaît parfaitement les ficelles nécessaires pour faire gagner une équipe.
Capable d'ajuster à volonté son cinq et sa stratégie de jeu, il est devant un joli défi : faire passer Portland du rang de jolie surprise pleine de promesses à celui de candidat crédible aux play-offs puis au titre NBA. Définitivement débarrassé du boulet sociopathe Darius Miles (déclaré mort pour le basket, épilogue de deux ans employés à chercher le moyen de le foutre dehors), McMillan n'a plus à se soucier de ce qui se passe en dehors des parquets et aura carte blanche pour tirer le maximum d'un roster aussi jeune et prometteur que complet et athlétique. Maintenant que Paul Allen a retrouvé le sourire après avoir été le Robert Louis Dreyfus de l'Oregon pendant de longues années, plus rien n'empêche les Young Blazers de rugir à nouveau. En espérant que le prochain déménagement des Sonics ne donne pas des idées à un proprio natif de Seattle qui possède déjà les prestigieux SeaHawks (NFL). Portland aime le basket, Portland aime ses Blazers, BlazerMania is ready to come back ...
Article de Korver.
2 commentaires:
Bon article sur une bonne équipe. Quand tu parle du poste de meneur et du recrutement d'un Calderon les fans de porltand (ceux qui parle sur realgm.com...)le trouve un peu faible défensivement. La défense est peut etre le secteur ou ils sont le plus perfectible mais nul doute que mcmillan vas réussir a faire quelque chose de bien. La piste qu'ils privilégient est plutot celle de kurk hinrich. Bon defenseur qui offre quelque garantie quand a son intégration vu qu'il est une sorte de steve Black (trés complementaire de Roy cette saison) tout en étant plus fort dans pas mal de compartiment du jeux. Sinon, autre solution, drafté Westbrock de UCLA serait aussi pas mal vu qu'il s'agit d'un assez bon defenseur et qu'il pourrais s'avérer être un joueur trés prométeur.
Pour hinrich ils pourraient proposer un truc comme Jack, le 13# tour de draft et leafrentz qui permet de libérer de la masse salariale ce qui est utile pour un team comme Chicago qui cherche a reconstruire (oui sa peut vite tourné dans le basket business). Que pensez vous de cette piste?
Ce blogue est pas mal, je suis tomber dessus grace a Basketsession et l'article qui parlais de New York.
C'est clair que la grosse équipe défensive qu'aimerait former McMillan aurait une drôle allure avec Calderon aux commandes.
Calderon pourrait devenir le nouveau Steve Nash s'il pouvvait se retrouver aux Knicks.
Pour les blazers, ils ont l'énorme avantage de pouvoir compter sur Roy, qui est tellement complet qu'il est un arrière scoreur mais également meneur. Avec ce profil, et comme c'est lui qui met en place le jeu de l'équipe, Portland peut se permettre de récuperer un combo guard, qui s'éclaterait dans cette configuration.
Attraper Eric Gordon à la draft serait parfait, mais comme les Blazers ne devraient pas drafter aussi haut, ils feraient mieux de tenter un coup pour dénicher un de ces combos guards dont les franchises veulent toujours se débarasser. (Ben Gordon, Javaris Crittenton, voire tester Dajuan Wagner, qui tente un retour l'an prochain).
Westbrook d'UCLA serait parfait, mais en 13 il sera probablement déjà parti. Portland est de toutes façon assez jeune, et l'équipe devrait utiliser ses tours de drafts contre des joueurs de compléments; à moins bien sûr, de tomber sur une perle à la draft.
Et si ce blog est pas mal, c'est parce que les chroniqueurs invités y font de très bons articles.
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