01 janvier 2000

Interview du nouvel homme fort du PSG, Michel Moulin...

(suite de la première partie)

Aujourd'hui, le travail entre la cellule recrutement et le staff, entre Alain Roche et Paul Le Guen, est bloqué...

Mon travail est de débloquer. On ne peut pas travailler comme ça. C'est comme si je ne parlais pas à mon directeur commercial et que le directeur des ressources humaines ne connaissaient pas le directeur commercial! Si tout s'était bien passé avant moi, je ne serais pas là. Si on me confie la direction, je changerai des choses. Je ne suis pas le responsable de la cellule recrutement mais j'interviens sur la cellule recrutement. On ne pourra pas me faire avaler des couleuvres. Il y a un staff, une cellule et un président. Les trois doivent être décideurs. A l'issue de chaque réunion hebdomadaire, on analyse les points positifs et négatifs. Personne ne possède la science exacte. Les membres de la cellule seront aussi payés à la performance. On fait venir Elmander quand il n'est pas connu et on le revend 10 M€, le responsable touche une grosse prime. Mais je ne vais pas payer très cher quelqu'un qui me propose des joueurs que je connais déjà.

Le chantier est énorme. Comment cumuler votre travail à la direction du groupe Hersant et une éventuelle présidence du PSG?

J'ai du temps. J'habite à côté du stade. Je peux travailler tôt le matin et tard le soir. C'est une question d'organisation. On met les bonnes personnes au bon endroit. C'est un travail de début de saison. Le recrutement terminé, ce n'est pas moi qui vais courir sur le terrain.

Quelles sont les ambitions accolées à votre plan?

Le PSG ne peut pas, dès la saison prochaine, terminer en dessous de la 8e place. La deuxième année, on ne peut pas viser moins de la 5e place. La troisième, on ne peut pas descendre en dessous de la 3e.

On ne peut pas y arriver avant trois ans?

Je serais fou de dire le contraire. Je monte une équipe pour être premier, pas deuxième. Seulement, je m'interdis de faire moins bien que 8e, sinon je suis en échec complet. A Paris, plus loin que la 8e place, il faut tout de suite arrêter. Si on met le PSG en ordre de marche, ce sera un rouleau compresseur.

Avez-vous des idées concernant le public du Parc des Princes?

Comme avec les joueurs, on lui proposera une charte qualité. C'est quoi? C'est un peu du «satisfait ou remboursé». Si on ne finit pas 8e la première année, la suivante, l'abonnement sera divisé par deux ! Si on ne finit pas 5e la suivante, pareil. Et ainsi d'année en année. C'est mon engagement vis à vis des spectateurs. Eux, en adhérant à la charte de qualité, s'engagent à adopter une bonne conduite. Chaque abonné signera ce document. Au prix où ils paient, on leur doit une équipe de valeur à Paris, dans les trois premiers.

Comment ramener les familles au Parc des Princes?

On doit faire revenir les enfants. Je veux une tribune de 5000 places dédiées aux enfants et aux parents. Ce n'est pas renouvable d'une année sur l'autre. L'année suivante, ce sont d'autres enfants. Je compte sur des sponsors pour me payer cette tribune et qu'elle soit pratiquemment gratuite. Je suis en train de voir avec le Préfet pour ouvrir une rue spéciale où les enfants passeraient et uniquement les enfants. Des enfants dans un stade apaisent et calment. Mon maître, c'est Max Guazzini. Les matchs au Parc doivent se dérouler dans une ambiance festive. On vient au stade faire la fête, pas s'insulter. Il ne faut pas oublier le passé non plus. On doit avoir une tribune Borelli. Elle pourrait être au centre où se rendraient tous les anciens joueurs. La tribune Borelli, j'y tiens. Un club, c'est une entité. Luis Fernandez, parlons-en puisque tout le monde essaie de nous fâcher en ce moment. Luis a ses qualités et ses défauts mais on ne peut pas le critiquer. On ne peut pas l'oublier. Il doit avoir son entrée au club, comme Bernard Lama ou Daniel Bravo.

Quel rôle réservez-vous à Luis dans votre projet?

On a essayé de nous destabiliser Luis et moi. Il a sa place au PSG. Où et comment, je ne sais pas. Quand je saurais sur qui je peux m'appuyer, on y verra plus clair. Je crois qu'il ne serait pas contre un rôle de conseiller, comme Bernard Lacombe à Lyon. Est-ce qu'il existe ce besoin à Paris? Je ne sais pas.

Et Xavier Gravelaine?

C'est un homme fabuleux lui aussi. Pourquoi ne pas faire appel à lui? Mais on n'en est pas là. Il faut réaliser un audit et connaître les besoins du club.

Pourriez-vous être un président-actionnaire?

Non. Le football est une passion. C'est tout ce qui m'intéresse. Je suis bénévole et je veux le rester. J'aime Paris, j'y vis depuis 1994. Et je ne comprends pas toutes les critiques. Quand j'entends par exemple Franck Sauzée, qui a dit que l'on allait descendre... Ce n'est pas parce qu'il a été jour de l'OM qu'il doit faire de l'antiparisianisme. Quant à Guillaume Hoarau (NDLR: Le Havrais s'est engagé avec le club lors du mercato d'hiver), il m'a choqué. Ce n'est pas Paris qui doit être fier d'engager Hoarau mais Hoarau qui doit être fier de signer à Paris.

Quelles sont vos relations avec Sébastien Bazin, l'actionnaire majoritaire du PSG, et que pense-t-il de votre plan pour le club?

Elles sont bonnes. Je pense qu'il a vu que je mouillais la chemise. Mon ambition pour le club de la capitale, et tous les détails de mon projet, je lui en réserve la primeur.

Article étant la propriété du Journal Le Parisien.

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