20 mai 2008

Interview Donnie Walsh, façon PSG...

Après le nouveau départ annoncé des New York Knicks, voyons ce qui se trame du côté de son homologue français version foot, le Paris Saint Germain.

Lors du dernier Acte d'une saison paradoxale de la part des cabotins de la capitale (relégation évitée lors de la dernière journée mais vainqueur de la coupe de la ligue et probable finaliste voire vainqueur de la coupe de France), un nouveau nom est apparu dans le marasme de la scène francilienne : Michel Moulin.
Recruter comme conseiller sportif au moment où le club parisien était au fond du gouffre, il semble, de l'extérieur tout du moins, que son apport ait été payant et salvateur.

Arriviste comme pas deux, il n'a pas hésité à clamer, lors d'une interview délivrée au journal Le Parisien, son ambition de prendre en main définitivement les affaires du PSG en réclamant le poste de président du club.

Aulas et Diouf n'auront qu'à bien se tenir, car l'hypothétique patron du PSG semble tout à fait à l'aise avec les médias et loin d'être un chef d'entreprise ignare en matière de football comme il en est hélas souvent coutume dans le sport professionnel...

Voilà l'article:

Directeur général de Hersant Médias, Michel Moulin a réussi sa mission: sauver le PSG. Il souhaite désormais la présidence du club et révèle en exclusivité une partie de son projet.

Quelle est votre première réaction au maintien du PSG en Ligue 1?

Michel Moulin. Je remercie Sébastien Bazin de m'avoir fait confiance.

J'ai une pensée pour Alain Cayzac, qui doit être très content. Il est avant tout un supporteur du club et il a souffert. Je pense aussi à Paul Le Guen, à son staff, et aux joueurs qui ont vêcu une fin de championnat très éprouvante nerveusement.

Que pensez-vous avoir apporté depuis le 21 avril, jour de votre arrivée au club comme conseiller sportif, alors qu'il restait seulement quatre matchs à disputer?

Peut-être rien. Je ne sais pas. Ma façon de parler est différente de beaucoup de gens. Je leur ai tenu un langage un peu viril. J'ai essayé de transmettre ma passion. J'ai peut-être apporté un sourire. L'autre jour, un jardinier m'a fait fait plaisir en me disant: «On dirait que cela fait trente ans que vous êtes au club». Mais si on me dit que je n'y suis que pour 0,1% dans le maitien, ça me va. Ce qui compte, c'est le club. Et le club, aujourd'hui, est en Ligue 1. J'ai été obsédé par la survie du PSG depuis le premier jour.

Le club désormais sauvé, vous inscrivez-vous dans le futur du club?

J'ai envie de continuer. Très envie. Si on me choisit, cela m'intéresse à 2000%. Je veux aider le PSG en instaurant une nouvelle politique. J'ai un plan pour ce club. C'est, évidemment, aux actionnaires de choisir. Mais j'avais une mission, je pense que je l'ai réussie. Quand je suis arrivé, le PSG comptait trois points de retard sur Lens et Toulouse. En trois matchs, on a pris quatre points de plus que ces deux équipes. Je suis très motivé mais je ne tuerai personne pour y arriver.

Pourquoi vous?

Le PSG a besoin de patrons, de vrais patrons qui ont réfléchi à une politique à mettre en place.

Vous parlez de la présidence. Pourquoi ne pas repartir dans le même rôle la saison prochaine, «conseiller sportif»?

Je ne l'accepterais pas. Dans ce cas, je quitterais le club. Je ne serais pas amer. Je continuerais à aller au Parc avec plaisir mais je ne poursuivrais pas cette mission. J'ai des idées bien précises. A deux, cela ne fonctionnera pas. C'est très difficile de partager le pouvoir. Je sais exactement où je veux aller.

Dans votre projet auriez-vous besoin d'un manager?

Je ne le pense pas. Dans le foot, plus il y a de personnes dans un club, plus c'est compliqué. Si le président connaît le football, il n'a pas besoin de beaucoup de monde autour de lui.

Si vous êtes président, souhaiteriez-vous continuer avec Paul Le Guen?

Tout dépend comment on veut travailler ensemble. Pour l'instant, cela se passe très bien. Il m'a beaucoup apporté. Je ne sais pas s'il est usé par les 18 mois passés à la tête de l'équipe. Je n'ai pas voulu en discuter jusqu'à maintenant avec lui. Je n'en avais pas le droit puisque ce n'était pas l'objet de ma mission.

Qui voudriez-vous recruter?

Je préfère trois, quatre grands joueurs que douze moyens. Je souhaite des grands joueurs qui amènent un plus à l'équipe, qui plaisent au public, qui développent le merchandising. Des jeunes, comme Sakho ou Chantôme, apprendront beaucoup au contact de ces grands joueurs. En France, on ne manque pas d'argent mais les choix sont discutables. Je préfère prendre l'argent des douze moyens pour prendre trois très bons. Et à qualité égale, je préfère que le joueur vienne de Paris et sa région que d'ailleurs. Dans mon projet, les clubs de banlieue ne seront pas oubliés. Ce n'est pas normal que les joueurs de la région parisienne partent loin de Paris. Ma politique est double: politique de vedettes et politique francilienne.

Qu'est-ce qu'une vedette selon vous?

Je pense à Diego du Werder Brême, à Crespo, barré à l'Inter Milan. Je veux que l'on lève le drapeau parisien. L'inscription «Ici, c'est Paris» ne doit pas figuer sur une seule tribune. On doit l'afficher dans le vestiaire, le couloir, partout. Tous les joueurs doivent avoir de la classe ! Le club doit avoir de la classe. Jusque dans les détails. Je l'ai vécu de l'extérieur puisque j'ai une loge avec mon entreprise. C'est infernal ! L'accueil n'est pas bon. En ce qui concerne les joueurs, plus de casques sur les oreilles ou de casquettes de travers. On est droit et fiers de jouer à Paris. On est dans le G14, non ? On doit se comporter en grand club.

Comment être sûrs qu'ils vont réussir à Paris?

Je veux avant tout des hommes. Des joueurs qui ne connaissent pas les autres joueurs de Ligue 1. Il faut aller chercher le joueur qui ne fait pas la bise à son adversaire ou échange son maillot à la mi-temps. Des dilettantes, on m'en propose tous les jours. Ils ne m'intéressent pas. Je veux de vrais patrons de vestiaire et là, ce sera différent. Tous les ans, on ajoute trois nouveaux grands joueurs. J'ai travaillé sur une liste. Et j'ai déjà des retours positifs de certains joueurs. Je rappelle que le merchandising est lié au recrutement. On ne vend pas assez de maillots. Demain, si Diego signe à Paris, on atteindra aisément les 400 000 ventes. C'est comme les loges. Si je suis président, elles seront remplies à ras bord. Aujourd'hui, elles sont remplies à 60%. Mais à Paris, on devrait faire la queue pour louer une loge.

Revenons à ces grands joueurs: ils coûtent très chers en rémunération. En France, c'est impossible de les payer...

Cela dépend de la politique salariale. Il y a des joueurs moyens trop payés. C'est comme pour une entreprise: il y a une valeur pour chaque poste. On doit aussi les intéresser aux résultats. Le joueur doit comprendre que quand il est 18e, ça se complique pour sa feuille de paie. Si on est premiers, en revanche, il mérite. Mais avant, il doit démontrer. On intéresse les joueurs à la vie du club. Maintenant, si on a Maradona, tout le monde comprendra qu'il touche plus que les autres.

Existe-t-il, dans l'effectif actuel, un joueur qui symbolise l'état d'esprit que vous voulez instaurer?

Bernard Mendy ! Il faut absolument garder ce joueur au club. Cela fait six ans qu'il est à Paris. Il est très demandé contrairement à ce que certains disent. Il a quelque chose dans les yeux, c'est notre tête de pont. Il représente le club.

Il lui arrive de mettre la casquette de travers...

Il ne la mettra plus. Il aura confiance dans le projet. Bernard est un emblème.


Article étant la propriété du Journal Le Parisien.

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