03 février 2013

De l'importance du poste de meneur de jeu

Par Lucas

Le poste de meneur de jeu en NBA est actuellement un des plus fournis, tant en quantité qu’en qualité. Pour s’en convaincre, il suffit d’énumérer les potentiels remplaçants pour le All-Star Game qui seront annoncés ce jeudi. Si l’on considère que quatre postes potentiels sont disponibles pour les guards dans la sélection des coaches, on pourrait trouver à l’Ouest Westbrook, Parker, Harden et Curry –ce qui sera très probablement le cas- et à l’Est Jennings, Holiday, Irving et Johnson –moins évident de ce côté-là, mais il y a de fortes chances que les trois premiers cités soient de la partie à Houston.

Au total, cela nous donnerait sur un total de 24 joueurs, 8 meneurs de jeu, Paul et Rondo ayant été choisis par les fans. Soit une proportion de un All-Star sur trois, qui amène toutefois à se demander si cette potentielle surreprésentation des meneurs de jeu est bien légitime. En effet, si on y trouve un réservoir de joueurs de qualité, il est difficile d’affirmer qu’un tiers des meilleurs joueurs de la ligue sont des meneurs.

Penchons-nous de plus près sur les responsabilités et les tâches qui incombent au meneur de jeu. Tout d’abord, et pour faire simple, le point guard est celui qui dirige le jeu. Il est par conséquent responsable du rendement offensif de tous les joueurs de son équipe. Souvent le joueur le plus petit sur le terrain, il est plus difficile de lui prendre la balle et c’est donc lui qui hérite de la gonfle sur les remises en jeu, ou après un rebond, de façon à ce que ses coéquipiers puissent se placer sans risque de perte de balle.

Etant donné cette caractéristique inhérente au poste, il est logique que le meneur de jeu ait la balle en main plus souvent que ses coéquipiers. C’est ce point qui va nous intéresser. En effet, ne serait-il pas normal qu’un joueur qui a la balle plus souvent que les autres apparaisse comme meilleur, en particulier dans un univers aussi porté sur la statistique que la NBA ?

Pour étudier ce postulat, replongeons-nous quelques années en arrière, plus précisément en 2009, lors d’une draft des plus généreuses au niveau des meneurs de jeu. Trois d’entre eux sont d’ailleurs cités dans le premier paragraphe. Au sein de cette draft, un premier joueur va sortir du lot, Brandon Jennings. Au sein d’une équipe de Milwaukee peu fournie en talents offensifs, Jennings va se voir remettre les clés du jeu, et par la même occasion le ballon.

Le but du Basket, en attaque, est de marquer des paniers. Chaque joueur espère ainsi pouvoir mettre le ballon dans le cercle, mais il lui faut pour ce avoir ledit ballon. Ballon qui en l’occurrence est remis à Jennings à chaque début de possession. Sur les 20 premiers matches, le jeune Buck ne prendra que deux fois moins de 15 tirs. A cours de la saison, il ne dépassera la barre des 10 passes qu’à trois reprises, et aucune fois après le All-Star Break. Un jeune meneur qui se voit confier des responsabilités trop grandes va avoir davantage tendance à shooter qu’à passer la balle. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas capable de faire la différence entre un shoot ouvert qui est bon à prendre et un shoot ouvert que la défense lui a volontairement laissé. Et sur les 82 premiers matches de la carrière de Jennings, 70 d’entre eux se sont soldés par un pourcentage au shoot inférieur à 50%.

Un autre rookie va s’illustrer par la suite, il s’agit de Darren Collison. Doublure de Chris Paul à New Orleans, il va passer titulaire après la blessure de son aîné. Bien plus rodés que les Bucks, les Hornets restent sur deux saisons autour des 50 victoires, et le système de jeu, s’il nécessite une forte implication du meneur, tend davantage à ce que celui-ci soit le dernier passeur d’un système qu’un créateur de jeu dans un cadre libre. De ce fait, Collison va avoir la balle en main la majorité des possessions, et se distinguera avec des prestations remarquables à la passe. Si Jennings se fait un nom avec 21 points de moyenne sur ses 20 premiers matches, Collison délivre lui 8 passes ou plus au cours de 12 de ses 20 premières titularisations.

Les prestations remarquées (triple-double, match à 20 passes) de Dime entraînent même les Hornets à réfléchir à un trade impliquant Chris Paul, pour construire autour de leur rookie, qui fait largement le taf. Pourtant, si l’on se penche de plus près sur l’historique de ses matches, on notera que Collison n’a réussi qu’une seule fois à jouer 20 minutes sans perdre la balle. De la même manière, au cours des matches où il a joué au moins 40 minutes, Collison a perdu en moyenne 5 ballons. A titre de comparaison, quand il a passé 40 minutes ou plus sur le parquet, Jennings a perdu seulement 3.3 ballons de moyenne.

Il est facile de voir les qualités d’un meneur, mais il est plus dur d’en décerner les faiblesses. Au cours de sa saison rookie, Collison a pu faire partie d’une équipe qui lui offrait la possibilité d’être le dernier passeur dans les systèmes offensifs, et ainsi occulter le fait qu’il perdait beaucoup de ballons, n’étant pas un dribbleur hors pair, et même probablement un peu lent. D’un autre côté, Jennings a pu montrer qu’il savait utiliser le ballon à bon escient en le perdant peu -2.4 turnovers de moyenne en 33 minutes- et en ne le monopolisant pas, mais qu’il était incapable de refuser un shoot qui se présentait à lui.

Le fait d’analyser les saisons de meneurs rookies permet de voir que le fait d’avoir le ballon plus souvent met naturellement en valeur le meneur de jeu. Ces joueurs étant encore en cours de formation, leurs tendances naturelles sont plus visibles. Si l’on regarde aujourd’hui, Collison se montre plus à l’aise dans des systèmes plus lents qu’à New Orleans, car même si ceux-ci ne lui permettent pas de briller autant que par le passé à la passe, son dribble n’est plus un point faible et sa qualité de passe lui permet de perdre peu le ballon.

Jennings et Collison firent tous les deux partie de la All-Rookie Team, aux côtés de Stephen Curry et Tyreke Evans –ce ne fut pas le cas de Jrue Holiday, c’est pourquoi nous n’aborderons pas son cas. Curry eut du temps de jeu rapidement comme Jennings, mais du fait du maigre effectif des Warriors. Il n’a donc pas eu de lourdes responsabilités tout de suite et pu avoir une progression ascendante au cours de la saison. Saison qui s’acheva avec 11 matches de suite à plus de 15 points et une ultime partie à 42. Quand il n’est pas blessé, Curry continue donc tranquillement sa progression là où il l’a laissée en route.

Evans pour sa part a su dès son année rookie s’adapter aux contraintes de la NBA. On pouvait s’y attendre au vu de ses qualités –très bon handle, excellent finisseur au cercle- mais le fait de finir une saison sur des bases statistiques que seuls Robertson, Jordan et LeBron avaient atteintes auparavant suscita plus d’attentes qu’Evans ne pouvait supporter. En effet, il avait déjà mis en exergue toutes ses qualités, il ne restait plus alors qu’à voir ses défauts, ce qu’on put observer dès que davantage d’options offensives débarquèrent aux Kings. Evans n’étant pas un bon shooteur, il a absolument besoin du ballon pour s’exprimer. Sa marge de progression était quasi nulle à la fin de sa première saison NBA, et son niveau a baissé en permanence depuis, car s’il n’a pas la balle, Evans est tout simplement inutile.

C’est pourquoi on peut être en mesure de s’inquiéter pour le rookie de Portland, Damian Lillard. Lillard, tout comme Evans, s’est vu propulser leader offensif d’une équipe à l’effectif assez réduit. Certes les Blazers ont une meilleur équipe que les Kings de 2010, mais outre leur banc famélique, Lillard est le seul joueur de la franchise capable de porter la balle, et de créer par son dribble. Bien qu’il dispose d’un bon shoot à trois points, le jeune meneur devient tout comme Evans inoffensif s’il n’a pas le ballon. Et tout comme le Californien, il dispose d’une marge de progression assez faible puisque plus âgé que ses compagnons de draft.

A l’issue de cette réflexion, il semblerait que le rendement d’un meneur dépend plus du système dans lequel il évolue et du profil de ses partenaires que de ses qualités intrinsèques. Ce n’est qu’à moitié vrai. Prenons pour cela l’exemple d’un système bien connu, et tout aussi souvent contesté, le Run and Gun de Mike D’Antoni. On dit de ce système qu’il permet à tous les joueurs de gonfler leurs stats : ce n’est une nouvelle fois qu’à moitié vrai.

Ce système est basé sur un rythme rapide, qui implique un excellent jeu de transition, et également beaucoup de tirs extérieurs puisque du fait de ce rythme élevé, les shooteurs sont plus souvent ouverts. Mais la principale caractéristique d’un système basé sur de la contre-attaque à outrance, c’est que le meneur va se voir confier beaucoup plus souvent la balle, et qu’il va également bénéficier de plus d’espaces. Tout comme un système qui conférerait de grandes responsabilités à un meneur rookie, le Run’n’Gun va pousser à leur paroxysme les points forts d’un meneur, et parallèlement ses points faibles.

Prenons l’exemple de quelques meneurs que Mike D’Antoni a pu avoir sous ses ordres au cours de ses années new-yorkaises. Tout d’abord, Chris Duhon. Chris Duhon n’a pas vu ses statistiques augmenter de manière significative sous Mike D’Antoni : tout au plus ont-elles suivi l’évolution de son temps de jeu, mais ramené à 36 minutes son rendement chiffré n’a que peu changé par rapport à son passage aux Bulls, à l’exception de sa moyenne de passes décisives. En effet, Chris Duhon a toujours été un bon passeur, notamment sur Pick’n’Roll, et même avec 34 minutes de moyenne, il ne perdait que 2.3 ballons par match. Il détient d’ailleurs toujours le record de franchise à la passe, avec 22 assists. Par contre, Duhon a une des pires sélections de shoots de l’histoire, et lors de la saison 2010 – il a alors 27 ans, on peut quasiment parler d’un vétéran- il va terminer deux matches sur trois avec moins de 40% aux shoots…

Le plus médiatique des meneurs que D’Antoni a eu sous ses ordres à Gotham est bien entendu Jeremy Lin. On connaît l’histoire, des débuts de titulaire hallucinants, une baisse de régime pas forcément folle, puis une blessure, et un contrat de 25 millions. Pas mal, non ? Si l’on s’intéresse davantage au joueur qu’au personnage, on notera que Lin est très bon en drive, un bon finisseur au niveau du cercle et un shooteur plutôt correct. Par contre, son handle est très largement perfectible. Une nouvelle fois, le système D’Antoni va mettre très largement en valeur ses points forts -22.3 points à 48% en février, avec 7.5 lancers tentés par match- et dénoncer ses points faibles de façon criante -5.3 turnovers au cours de ce même mois, avec 4 pointes à 8 ou plus.

Même Steve Nash, double MVP et joueur idéal du système D’Antoni, a vu ses lacunes mises au grand jour au sein de ce système : qui douterait encore du fait que le Canadien est l’un des pires défenseurs à avoir foulé un parquet NBA ? Plus étonnant, un joueur avec une telle vision du jeu et une telle rapidité devrait pouvoir, à défaut d’être bon en défense sur l’homme, être capable de couper les lignes de passes et d’enregistrer quelques interceptions – comme Curry ou De Colo. Et bien non, Nash tourne à moins d’une interception de moyenne en 1169 matches.

Le rendement d’un meneur ne dépend donc pas uniquement du système dans lequel il évolue. Il apporte ses qualités qui vont façonner ce système, et ce sont celles-ci qui font la différence entre une équipe qui roule et une équipe qui coule. Le même système sera peu performant avec Duhon qui voit de mauvais shoots, plus efficace avec Lin mais également plus brouillon, joué à la perfection avec Nash mais plus faible en défense. Il est donc de la responsabilité du GM de décider s’il va baser son équipe sur un coach ou sur ses joueurs.

En effet, si vous choisissez de jouer avec Mike D’Antoni, vous ne pouvez avoir un meneur lent comme Collison, ou un meneur qui ne voit pas le jeu comme Duhon. Par contre, si vous jouez avec McMillan, vous ne pourrez pas avoir un meneur qui perd souvent la balle comme Lin ou un piètre défenseur comme Nash. Si vous avez Nash dans votre effectif, privilégiez un coach qui jouera vite. Si vous avez Collison, un coach qui jouera lentement. Si vous avez un meneur et un coach qui ne vont pas ensemble, vous allez être contraint de vous séparer de l’un ou de l’autre, car le meneur est le relai du coach sur le terrain.

Etre le relais du coach sur le terrain est à la portée de n’importe quel meneur. En revanche, peu de meneur parvienne à surpasser ce rôle. Un meneur va appliquer la philosophie de jeu du coach et les systèmes qu’il aura dessinés. Il va positionner et organiser ses coéquipiers puis leur indiquer la façon dont la balle va circuler. Il leur indiquera quand shooter et quand ne pas shooter –ce qui avec un meneur comme Duhon peut vite tourner au désastre. C’est ce rôle que tient actuellement Collison à Dallas. Un rôle bien plus anonyme que lors de ses années à Charlotte, preuve qu’un meneur de jeu n’apparaît pas comme plus performant dans un système où il est plus à l’aise que dans un système où il aura plus de responsabilités.

C’est ce qui fait la différence entre les meneurs ordinaires et les excellents meneurs. Un meneur ordinaire se mettra en valeur s’il a souvent la balle, et montrera ses défauts. Un excellent meneur se mettra en valeur sans forcément porter beaucoup la balle, et montrera ses qualités à un tel point qu’on en oubliera ses défauts. La principale qualité d’un meneur de ce calibre va être de donner la balle à ses coéquipiers non seulement là où le coach veut qu’ils la reçoivent, mais en même temps là où leurs coéquipiers aiment la recevoir.

Ainsi, aux Suns, sur transition, les ailiers se positionnent dans les corners. Nash passait la balle à Dudley non pas dans le corner mais juste au début de l’arc de cercle des trois points, donnant ainsi à son ailier un temps d’avance sur son défenseur. Dragic, lui, s’en tient au système et donne la balle à Dudley dans le corner, donc parfois à contretemps. Si l’on ajoute à cela la qualité de passe de Nash qui fait que Dudley reçoit la balle à l’endroit exact qui lui permettra d’armer son shoot et non 10 centimètres plus bas, on voit le fossé qui existe entre un meneur ordinaire et un excellent meneur.

De la même manière, Russell Westbrook garde beaucoup la balle, et shoote beaucoup pour un meneur, avec une sélection parfois peu judicieuse. Il ne se fait alors que le relais de son coach sur le terrain, qui attend de lui qu’il monopolise l’attention de la défense sur lui grâce à des shoots inattendus. Même si le jeune Thunder outrepasse parfois ce rôle en shootant plus que de raion, cela lui permet de donner la balle à ses coéquipiers alors que la défense est hors de portée, et dans des positions qui leurs sont familières. Quand il donne la balle à Ibaka, ce dernier est quasiment toujours ouvert et dans un spot où il rate peu.

Westbrook, comme peu de meneurs, est capable de se sortir des systèmes de son coach pour aller directement créer des shoots pour ses coéquipiers. Un Holiday ou un Jennings excellent dans un rôle de distributeur, en donnant la balle à leurs partenaires au bon endroit et au bon moment, mais n’ont pas encore cette capacité de création en dehors du cadre de jeu défini pour l’équipe. A l’heure actuelle, peu de meneurs disposent de telles qualités.

La raison est simple : de telles capacités poussent à outrepasser le rôle de meneur de jeu, qui est de diriger et d’ordonner son équipe. Créer un décalage hors de son cadre de jeu implique de le dépasser, et donc de ne pas le respecter, de créer du désordre. Mener le jeu ne veut alors plus dire le diriger, mais le créer. Et puisqu’on parle de rôle et plus seulement d’un poste, on trouvera dans cette catégorie de joueurs des ailiers comme LeBron James. Qui a un rôle de meneur de jeu sans en avoir le poste, quand un Mario Chalmers aura le poste de meneur de jeu sans en avoir le rôle.

Un excellent meneur de jeu est capable de créer du désordre au sein de l’ordre qu’il a lui-même établi pour mettre la défense hors de position. Cela peut se faire par du dribble, comme pour Rondo, par des passes à contretemps ou à contre-courant du jeu, comme Nash, ou par des variations du rythme de jeu, comme Paul. Ces modifications volontaires et spontanées du plan de jeu impliquent un risque, et c’est pourquoi un joueur comme Nash tourne à près de trois pertes de balles de moyenne en carrière. Mais ce sont également ces prises de risque qui permettent de créer un jeu imprévisible et donc indéfendable, les prises de risque devenant de plus en plus maîtrisées au fil des années.

On pourra conclure de cette réflexion que le meneur de jeu n’est pas simplement un poste, c’est également un rôle. La plupart des meneurs titulaires en NBA tiennent leur rôle de meneur de jeu, avec plus ou moins de brio, mais peu sont capables de l’outrepasser. Du moins, de l’outrepasser sans un déchet trop important, le manque de tempérance à ce poste, qu’il soit dû à la jeunesse du joueur ou à la fougue du système de jeu dans lequel il évolue, étant un facteur supplémentaire de déchet dans la création.

Ainsi, seuls d’excellents meneurs de jeu sont capables d’évoluer dans des systèmes à haute adrénaline ajoutée sans s’y faire aspirer, et peu de meneurs sont capables d’aller à contre-courant des systèmes sans perdre de ballons ou prendre de mauvais tirs. De la même manière, peu de meneurs sont capable de détruire ce qu’ils ont créé pour bâtir quelque chose de moins maîtrisée mais bien plus imprévisible, c’est pourquoi beaucoup préfèrent s’en tenir à leurs plans et à leurs fondations. Pas forcément par peur, mais par maîtrise.

S’il s’en tient à son strict rôle d’organisateur, et qu’il le remplit parfaitement, un meneur de jeu apparaîtra donc comme plus performant qu’un pivot qui remplirait ses tâches avec tout autant de réussite, pour la simple raison que disposant plus souvent du ballon, et étant de ce fait davantage impliqué dans la réussite offensive de l’équipe, il est nécessairement responsable du succès de ses troupes à un niveau supérieur à ses coéquipiers. Il sera également plus en vue puisqu’étant le porteur de balle, il est plus exposé aux caméras et à l’œil du spectateur.

En revanche, si le meneur dépasse son rôle d’organisateur, il s’expose à davantage de critique qu’un autre joueur. S’il tente de marquer avec un faible taux de réussite, ou avec un volume de shoots anormalement important même si la réussite est là, on pointera du doigt son manque de sens du collectif et le fait qu’il profite d’avoir la balle plus souvent pour tirer la couverture à lui –Iverson, Arenas, Rose, Westbrook, Jennings... Il aura alors oublié une de ses fonctions qui est de faire jouer ses coéquipiers.

S’il tente de créer pour ses partenaires avec une prise de risque trop élevée, il va perdre trop de ballons et devenir par la même occasion un danger pour son équipe, puisque celle-ci va être désorganisée et pénalisée par ses erreurs –Francis, Wall, Lin, Holiday, Irving... Il aura alors oublié une de ses fonctions premières qui est d’organiser son équipe et de la diriger.

Enfin, s’il ne shoote pas assez et ne prend pas assez de risque au niveau de la création, il ne va pas être utile à son équipe puisque ses systèmes vont devenir prévisibles, du fait qu’il ne prenne pas de shoots et que ses passes soient orientées vers des coéquipiers alors attendus par les défenseurs. Le meneur doit donc faire la part des choses entre l’organisation, la création, et la marque. Certains meneurs sont donc faits pour des équipes constitués de joueurs personnels qui ont besoin de répartition du ballon, d’autres de création au sein d’une équipe prévisible ou lente, d’autres d’un manieurs de ballon en attaque capable de marquer au sein d’un effectif dépourvu de talents offensifs. Les meilleurs meneurs sont capables de jouer ces trois partitions selon le cadre qui leur est fourni. Ils peuvent même jouer les trois en même temps.

On ne peut donc pas dire que le poste de meneur de jeu soit le mieux fourni en termes de talent. Ce poste est le plus important dans une équipe, et les équipes qui tournent bien le doivent souvent aux performances de leurs meneurs respectifs -à l’Ouest, les trois premières équipes sont celles de Westbrook, Paul et Parker. Cependant, les bonnes performances des meneurs ne doivent pas faire oublier leurs lacunes. Puisqu’un meneur aura plus facilement l’air bon, il aura également plus facilement l’air mauvais. Un bon meneur attirera davantage l’attention qu’un bon ailier, mais un mauvais ailier passera plus inaperçu qu’un mauvais meneur.

Il y a probablement plus de bons ailiers forts que de bons meneurs. Mais les meilleurs meneurs sont plus influents dans les résultats de leurs équipes que les meilleurs ailiers-forts. A la différence d’un ailier-fort, si un meneur réalise que ses points faibles sont en train de prendre le dessus sur ses points forts, il doit s’adapter et utiliser une autre facette de son jeu, ce qui n’est pas le cas pour un ailier fort, ou du moins pas autant.

De plus, il y a extrêmement peu de meneurs qui peuvent se rendre compte qu’ils font de mauvais choix, et en faire des bons à la place. Il y en a peu qui peuvent se rendre compte qu’ils font de mauvais choix, et arrêter d’en faire. Il y en a beaucoup qui ne sont pas capables de se rendre compte qu’ils font de mauvais choix.

C’est ce qui fait la différence entre Chris Paul, Brandon Jennings, et Chris Duhon. C’est ce qui fait la différence entre un excellent meneur, un bon meneur, et un meneur ordinaire. C’est ce qui fait la différence entre ceux qui débuteront à Houston, ceux qui les remplaceront, et ceux qui les regarderont.

Lucas

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