27 juillet 2009

Analyse de la draft 2009: Les Raptors de Toronto

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Joueurs draftés :

DeMar DeRozan (SG/SF, freshman), choisi en n°9


Believe The Hype

---Avant la draft, Toronto ne pouvait compter que Chris Bosh, Jose Calderon et Andrea Bargnani comme munitions pour reprendre son ascension après avoir ratée la marche l’an passée. Deux intérieurs et un meneur. C’est donc en toute logique que les Raptors, leur neuvième choix à la main, se sont mis en quête d’un extérieur. Ils ont pris celui qui est considéré comme le plus gros talent brut à ce poste, DeMar DeRozan.

---En recrutant l’ancien lycéen de Compton, Toronto a mis la main sur un des plus gros potentiels de la draft. Beaucoup voit en lui un All-Star en puissance et la seule chose qui l’a empêché d’être sélectionner plus haut que sa neuvième position est qu’il n’a derrière lui que quelques mois de NCAA à un excellent niveau (alors estampillé lycéen n°1 à faire son entrée dans la ligue universitaire, l’arrière-ailier de University of Southern California a connu une saison plutôt timide et en deçà des attentes avant de la terminer à un niveau digne de son fabuleux talent : 19,1 pts à 58,1 % et 6,8 rbs pour six victoires –face à UCLA et à Arizona State de James Harden notamment- et une défaite contre Michigan State, futur finaliste du tournoi NCAA).

---La franchise de l’Ontario qui sort d’une année dangereusement décevante (sauf peut-être pour ce qui est d’Andrea Bargnani) et qui craint de perdre Chris Bosh en 2010 (aka « le jour où le Monde tel qu’on le connaît prendra fin »), peut-elle se permettre de miser sur un joueur qui n’a qu’une seule et ambivalente année universitaire derrière lui et qu’on évalue sur ce qu’il va devenir plutôt que sur ce qu’il est actuellement ? Ce choix pourrait sembler être un pari pour l’avenir, peut-être même en prévision d’un éventuel après-Chris Bosh, mais il ne l’est pas. DeRozan peut jouer en 2 ou en 3, c’est-à-dire sur le secteur laissé à découvert par le socle triangulaire Bosh-Bargnani-Calderon, combler une partie du déficit athlétique de ce dernier (notamment au rebond – il tournait à 5,7 rebonds en moyenne à USC avec une montée à 6,8 dans sa grosse période de fin de saison) et apporter son soutien à la marque. Et tout cela dès maintenant.

---Il s’agit là du travail d’un joueur de rotation, mais c’est de ce genre de joueur qu’avaient besoin les Raptors pour remplumer leur roster et soutenir le triangle Bosh-Bargnani-Calderon (d’ailleurs, le recrutement de DeRozan a rapidement était suivi par les arrivées d’Hidayet Turkoglu et Jarrett Jack). Le rookie sera cantonné dans un rôle secondaire mais en adéquation avec son niveau actuel dans un premier temps, avant de peut-être un jour montrer ce que son potentiel lui prédit. Avec lui, Toronto est gagnant sur deux tableaux. La franchise pourra compter sur une solution de rotation très utile pour la saison charnière qui est à venir et simultanément, elle pose une carte pour les années futures qui est susceptible d’assurer son avenir.

---La chose qui est peut-être la plus intéressante concernant DeRozan, c’est que plusieurs éléments significatifs laissent penser que l’arrière-ailier concrétisera son étourdissant potentiel. En effet, comme vous avez pu le voir dans l’article qui lui était consacré, DeRozan a montré après une première partie de saison difficile en NCAA, qu’il pouvait élever son niveau de jeu pour surmonter l’écart de niveau entre la compétition lycéenne où ses qualités athlétiques suffisaient pour dominer et la compétition universitaire où elles ne l’étaient pas.

---Sa progression au cours de sa seule année universitaire a sauté aux yeux de tout le monde et le joueur qu’on a pu voir lors des derniers matchs de la saison (les plus importants) était clairement l’un des meilleurs de la NCAA (pour rappel : 19,1 pts à 58,1 % et 6,8 rbs pour six victoires et une défaite). Cette seule année a permis à ce phénomène athlétique de devenir un vrai joueur de basket aussi efficace que décisif pour son équipe. Plus encore, cette capacité à progresser efficacement pour surmonter la différence de niveau de jeu est désormais cuirassée par l’expérience de la saison passée et il sera rôdé lorsqu’il devra encore une fois monter au niveau supérieur.

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Je pense même que le passage en NBA lui sera plus facile que ne l’a été son passage en NCAA. En effet, le jeu a mi-distance qu’il a développé à l’université (et qu’il a usé à grandes louches lors de son excellente summer league) fournit le genre d’actions qui s’avèrent particulièrement opportunes et profitables en NBA. DeRozan n’étant pas encore tout à fait un slasher de premier ordre malgré ses monstrueuses qualités athlétiques, il aurait pu se casser les dents sur les défenses de la ligue comme tant d’autres jeunes et athlétiques prospects avant lui. Son efficacité à mi-distance (il peut se trouver des positions ouvertes grâce à son excellent jeu sans ballon mais aussi se créer ses propres occasions au moyen de ses qualités athlétiques et de son pull-up jump-shot) devrait lui permettre d’exister à ce niveau et de gagner sur le terrain les précieuses minutes nécessaires à son développement.

---D’ailleurs, la capacité que je lui prête à obtenir rapidement du temps de jeu est l’autre raison qui m’amène à penser que son potentiel ne restera pas lettre morte. Il y a peu, je faisais le parallèle entre lui et Thaddeus Young de Philadelphie, tous deux partis en NBA après une seule année universitaire. Comme Young, DeRozan est un joueur sérieux qui ne s’aventure pas à faire ce qu’il ne sait pas faire et qui laisse le jeu venir à lui. Ainsi, le jeu « propre » du nouveau Raptor laisse peu de place aux éventuelles grosses erreurs que commettent beaucoup de rookies et lui évite donc d’être une gêne pour son équipe.
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Cette faculté à être utile sans être un handicap devrait lui permettre de s’installer véritablement dans la rotation de Toronto et de gagner du temps de jeu et des responsabilités comme ça avait été le cas de Young avec les Sixers lors de son année rookie. Parfois, certaines franchises NBA sont obligées de sacrifier quelques unes de leurs chances de remporter un match pour permettre à un rookie prometteur de tâter un peu le terrain et de progresser sérieusement, avec l’espoir de toucher quelques années plus tard les dividendes de ce sacrifice/investissement.

---Cela ne devrait pas être le cas de Toronto comme j’essaie de l’expliquer. Avec des minutes à exploiter et la capacité à progresser qu’on a pu observer chez lui l’année dernière, DeRozan aura de la place pour évoluer sans que la franchise ait à faire de concessions. Les deux parties –le joueur et la franchise- sont gagnants et je ne connais pas de situation plus propice au développement d’un jeune joueur. Thaddeus Young, aujourd’hui joueur clef des Sixers, en est la parfaite illustration.

---Le jeune arrière californien devrait aussi pouvoir bénéficier de la venue d’Hidayet Turkoglu et du tonique combo guard, Jarrett Jack avec qui il pourra partager les responsabilités du secteur extérieur. Gageons aussi qu’il profitera des dons de playmaker du Turc. Par ailleurs, le récent recrutement de Toronto a été extrêmement bien pensé. Sans compter l’addition d’un super joueur tel que Turkoglu dans un secteur en ruine, le petit intérieur combatif Reggie Evans apporte la défense, les rebonds et l’intensité qu’il manque au grand Andrea Bargnani tandis que Jack devrait apporter son énergie, son culot et son scoring en sortie de banc sur les postes 1 et 2.

---Le nouvel effectif des Raptors déploie beaucoup de profils différents et surtout complémentaires donnant à l’équipe un visage protéiforme et dense en talent. Si la franchise ne se repose pas trop sur le tir extérieur, rien ne serait moins étonnant que de la voir bien placée lorsque la saison régulière tirera sa révérence en même temps que le 82ème match. Et si DeRozan ne me fait pas mentir, les Raptors auront bientôt un nouveau joueur à présenter au All-Star Game. De quoi convaincre Chris Bosh de prolonger son bail dans l’Ontario ?

StillBallin

2 commentaires:

Vizu&co a dit…

Je pense que cette année sera très importante dans la carrière de Demar Derozan. Futur grand joueur ou futur grand attaquant (voir futur bide), cela va se décider cette année.
Les Raptors sont, comme tu l'as expliqué, l'équipe idéale car il pourra s'épanouir, avec peu de pression tout en comptant sur ses partenaires pour prendre le contrôle offensif en fin de match.

Maintenant, mon souhait -car j'attends beaucoup de ce joueur- est qu'il profite de ses minutes pour apprendre à défendre dur. Il a des grosses capacités athlétiques et il doit utiliser son année rookie pour défendre sur les meilleurs scoreurs de la league, faire des fautes bêtes pour ne plus les faire à l'avenir..
Maintenant, il semble être assez intelligent et pas croqueur de ballon donc tout est possible.

N'empêche, quelle chance il a eu de tomber sur les Raptors. L'une des rare équipe avec le Thunders à avoir un haut choix de draft mais une équipe solide.

StillBallin a dit…

Toronto ont eux aussi eu de la chance de l'avoir avec un neuvième choix.

Je pensais qu'après avoir pris Rubio, Minnesota l'aurait sélectionné. Les dirigeants canadiens devaient être aussi surpris que nous quand les Wolves ont choisis Flynn mais ils ont dû être sacrément soulagés.

J'aime beaucoup cette équipe des Raptors dans sa nouvelle forme. Tu as raison, DeRozan doit encore progresser en défense et il a les qualités pour. Un autre avantage pour lui de jouer dans cette équipe, c'est qu'il n'aura pas besoin d'user toute son énergie en attaque et il pourra se concentrer sur la défense et devenir très performant dans son domaine. Les autres joueurs de Toronto n'étant pas des foudres de guerre dans ce domaine, je pense que DeRozan sera responsabilisé de ce côté, ce qui est très bien. C'est une excellente occasion pour ce jeune joueur de devenir une valeur sûre défensive avant de déployer toute l'étendue de son talent en attaque.

Après quand on sait qu'il est loin d'être un bon tireur à trois points mais qu'il a déjà grandement progresser dans ce domaine depuis le début de la saison dernière, et qu'il a les capacités pour devenir une arme de pénétration de grand calibre, tout ce qu'on peut dire, c'est que le ciel est sa limite.