16 septembre 2013

Les Boston Celtics à l'heure du tanking

Dominique

« On n'abandonne pas cette saison […] On va essayer de remporter tous les matchs » Danny Ainge.

Dans la grande ligue, le tanking est interdit. Perdre sciemment pour mieux se positionner à la draft (plus l'équipe est mauvaise, plus elle a de chances d'avoir le premier choix) n'est pas acceptable en NBA où le culte de la gagne et du dur labeur inhérents à l' American Dream prennent le pas sur la réalité. D'où ce genre de déclarations farces quand un Danny Ainge à la langue de bois bien vernie affirme à ces recrues phares ou plutôt ampoules de l'été, Kris Humphries et Keith Bogans, que la saison 2013/2014 sera autre chose qu'une course au titre suprême : le premier choix de draft d'une cuvée qu'on annonce sans précédent.


Andrew Wiggins, Jabari Parker, Julius Randle, Dante Exum et Marcus Smart soit les nouvelles versions de Lebron James, Carmelo Anthony, Chris Webber, Penny Hardaway et James Harden : tout ça dans une même draft, excusez du peu.
 
Andrew Wiggins & Jabari Parker
 Donc évidemment, comme le dit Mr Ainge, il est préférable de jouer tous les coups à fond malgré un effectif risible et un meilleur joueur (Rajon Rondo) convalescent sans aucune date de reprise envisagée (alors qu'il était le premier à vouloir battre des records de vitesse de rétablissement avant l'envoi de la paire Pierce/Garnett à Brooklyn...) et dont le coach vient de communiquer un très informant :

« Rajon Rondo sera de retour quand il sera prêt »

D'ailleurs en 1996, dans une situation similaire, les Spurs de San Antonio n'avaient alors pas hésité à reposer quasiment toute la saison un David Robinson de retour de blessure (mais tout à fait apte) pour entrer en lice dans la course au Tim Duncan, qu'ils avaient fini par remporter, avec tout le succès que l'on connaît.

Jeff Green
Plus objectivement, la reconstruction, via le « tanking », est effectivement en cours et, dans l'attente de la draft 2014, cette présente saison devrait permettre aux jeunes joueurs (Avery Bradley, Jared Sullinger, Kelly Olynyk voire Marshon Brooks) de se développer, à Jeff Green de s'affirmer comme le prédateur qu'il était en fin de saison dernière Post All Star Game (17pts 5rb 3ast 1steal 1blk pour 2to en 34 minutes et surtout une adresse brillante 49,3%2pts, 43,9%3pts sur 3 tirs tentés et 79,8%LF sur 4,1 tentatives) et au coach débutant Brad Stevens de se faire les crocs en attendant d'avoir un autre chef de meute plus dominant à associer à l'ambivalent Rajon Rondo, solitaire mais altruiste...

Malgré un avenir qui s'assombrit, le néo-Celtic Gerald Wallace l'aura échappé belle, car le fait d'avoir signé son gros contrat après le nouveau CBA le protège de se voir libéré via l'amnesty rule (qui autoriser chaque équipe à se séparer d’un joueur afin de pouvoir se débarrasser du poids qu’il pesait dans la masse salariale). Il devrait donc être insignifiant sur le banc, tout en émargeant à plus de 10M de salaire sur les trois prochaines années, ou retrouver par miracle la forme qu'il affichait à Portland et Charlotte, et se voir alors proposé contre des jeunes atouts futurs...

Autre indice qui montre cette officieuse volonté de tanking de la part de la franchise au trèfle, le meneur rookie Phil Pressey pourrait être le titulaire au poste puisque la direction des Celtics considère toujours l' agressif et harcelant Avery Bradley comme plus adapté au poste 2 après un intérim de Rondo qui s'est avéré être un échec l'an dernier. Dans une draft 2013 pourtant très faible Pressey n'a pas été sélectionné et même les scouts les plus élogieux ne l'estimait guère capable de faire mieux qu'être une énième solution en sortie de banc où sa vitesse pourrait être intéressante malgré ses nombreuses lacunes : sa taille, son adresse (37,6%2pts et 32,4%3pts) et ses pertes de balle (12pts 7,51ast 3,5to en 34 minutes)... Malgré ces antécédents peu fameux il est actuellement placé sous la tutelle du formateur Rondo et pourrait tenir les rênes de l'attaque Celtic en ce début de saison. Ses performances en pré-saison devraient être un premier indicateur de la véracité de cette rumeur.

Le championnat 2013/2014 sera assurément douloureux pour Boston et ce triste spectacle sera orchestré de main de maître par la direction de la franchise, qui fermera les yeux sur tous les maux auxquelles elle sera confrontée pour reconstruire totalement une fois le joueur fondation trouvé. Plus l'équipe sera faible malgré des apparences de combativité, plus il sera nécéssaire et légitime de reconstruire via la Draft. Voilà quelques preuves supplémentaires de cette volonté délibérée de foncer droit dans le mûr.

L'ex-monsieur Kardashian, Kris Humphries, aurait impressionné le coach en charge du développement des joueurs Phil Weber et « serait prêt à se battre pour un rôle important » cette saison. La dernière fois qu'il a eu un rôle important à jouer, son équipe n'a remporté que 24 et 22 matchs de saison régulière, un bilan satisfaisant dans l'optique de se positionner pour un premier choix de draft...

Kelly Olynyk
Jordan Crawford, qui vient d'avoir l'honneur d'être élu pire joueur de Boston par le blog Celtics du très bon média américain SBNation, vient d'annoncé que ses partenaires commençaient à le voir comme un des leaders de cette équipe. Individuel, maladroit et féru de choix offensifs douteux, celui qui ne doit sa présence en NBA qu'à un énorme concours de circonstances (dunk sur Lebron James lors d'un camp d'entraînement, effectif exécrable des Wizards et blessure de John Wall qui lui a permis d'avoir tous les tickets shoot qu'il voulait), Jordan Crawford était un joueur dont la mentalité ne collait pas avec ce que voulaient construire Washington, il est donc peu probable que l'air du Massachusetts change fondamentalement les caractéristiques du joueur...

Avec de mauvais vétérans qui devraient jouir de responsabilités, cette équipe met tout en oeuvre pour ne pas être en mesure de se battre chaque match et devrait donc, comme la franchise presque voisine de Philadephie, croiser les doigts toute la saison pour ne pas en gagner trop.

Pour couronner le tout, la bonne surprise des ligues d'été, le pivot chevelu Kelly Olynyk, s'est vu diagnostiquer une inflammation de la voûte plantaire, la même blessure qui handicape Joakim Noah et Maybyner « Nene » Hilario depuis plusieurs saisons, une blessure pénible et récurrente, comme devraient l'être les défaites des Boston Celtics cette saison, en attendant des jours meilleurs...

 Écrit pour Inside Basket

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