12 mai 2013

Il ne sera pas bon être n°1 de draft cette année (Bienvenue dans ce monde)


Je peux vous l'annoncer dès maintenant: dans un an à peu près à cette même période de l'année, on entendra la plupart des fans NBA lâcher un grognement insatisfait lorsqu'on leur parlera du n°1 de draft 2013. Et pour cause, l'attribut "n°1 de draft" est particulièrement évocateur à l'oreille de chacun, suggérant talent surdimensionné, nom à retenir et parfois, future star de la ligue. Or aucun des candidats à la draft de cette saison ne pourra tenir la comparaison face à cette perception. Ce n'est pas leur faute, ils sont ce qu'ils sont. On ne peut pas leur en vouloir si les vrais potentiels n°1 de draft ont fait faux-bond cette fois-ci.

Toutefois, cela n'empêchera pas les spectateurs d'éprouver une certaine déception quand il verront celui qui aura été choisi en première position essayer de déployer son jeu sur les parquets de la grande ligue. Car que ce soit par ignorance (notamment vis-à-vis de ceux qui ne suivent pas la NCAA; rassurez-vous on ne vous en voudra pas) ou par manque de compréhension, ce first pick au rabais sera attendu au tournant comme n'importe quel first pick et donc suspendu au pilori s'il ne s'en montre pas la hauteur. Un sort finalement assez cruel pour un jeune joueur qui aura eu pour seul tort de ne pas avoir eu de meilleur prospect que lui dans sa promotion. Préparez-vous donc à être indulgent envers Ben McLemore, Nerlens Noel ou [insert a prospect's name].

Peut-être pensez-vous que j'exagère la modestie du niveau des prétendants à la NBA de cette année. Voyez-vous même.

Le jeune inscrit qui attire le plus de faveur pour cette première place à haute tension est l'athlétique shooteur, Ben McLemore. Le shooting guard de Kansas est effectivement un des plus beaux shooteurs de la NCAA et un élément difficilement égalable sur le plan athlétique. Également très bon défenseur, travailleur et irréprochable en terme d'attitude, il est le genre de joueur que toutes les équipes ont besoin dans leur cinq majeur. Et petit plus de la maison, son jeune âge et son expérience encore réduite (une seule année universitaire sous le capot après une année sans pouvoir jouer pour raisons d'inéligibilité) laisse penser qu'il peut encore largement progresser.

Sympa mais un peu léger pour en faire un n°1 de draft faisant honneur à ce label. Car au-delà de ses très jolies qualités, McLemore n'est pas à l'heure actuelle calibré pour être la figure de proue d'une équipe. Ses limites dans le maniement de balle et son instinct offensif un peu timoré ne lui permettent pas de se créer sa propre occasion de tir, ni de tirer son équipe dans son sillon -principales vertus qu'on attend de la part de l' option n°1 et même n°2 de son équipe-. Pour l'instant, il est surtout un joueur un brin passif qui a besoin d'être servi dans les bonnes positions pour scorer.

Aussi peu leader est-il, pas grand monde se bouscule au portillon pour lui faucher cette première place. Nerlens Noel, peut-être. Le bondissant pivot freshman de Kentucky a ravagé plusieurs attaques NCAA par ses contres et sa grosse présence défensive avant de se blesser pour plusieurs mois. Avec ses phénoménales qualités athlétiques, il a un potentiel aguichant mais il a encore pas mal d'étapes à franchir dans son développement. Il doit encore ajouter un bon paquet de muscles à sa charpente pour imposer sa loi en NBA et surtout, son jeu d'attaque se limite actuellement à des paniers tout cuits dans le périmètre proche du cercle.

Enfin, sa force première -sa faculté à "impacter" un match grâce à sa défense intérieure- risque de perdre pas mal de plumes en passant à l'étage supérieur. Là-haut, les règles, les adversaires, la dimension athlétique et la science du jeu sont suffisamment différents pour changer la donne. Et quand bien même il parviendrait à relever ce défi, quel genre de joueur serait-il? Un Marcus Camby bambin? Un JaVale McGee à la tête un peu mieux faite? Larry Sanders en plus ou moins bien? Pas mal mais à des kilomètres d'un first pick. Reste le potentiel, mais bon.

Trey Burke, vraisemblablement le meilleur joueur universitaire de la saison, propose tout un tas de bonnes choses telles que le leadership, une clutch attitude, du playmaking, du shoot, de la création et un excellent équilibre entre le scoring et la passe. Mais il est aussi en déficit permanent sur le plan physique (petit, fluet, rapide mais pas exceptionnellement athlétique), chose qui devrait lui poser énormément de problèmes pour aller au panier. Il lui reste son shoot mais à quel point éliminer la pénétration de son jeu risque-t-il d'affecter son scoring, son efficacité et sa faculté à créer pour autrui? J'oubliais aussi que le leader de Michigan souffrait également beaucoup en défense. Au niveau NCAA.

Parlez-moi du jeune Anthony Bennett et de ses formidables qualités offensives, je vous parlerai de sa baisse de régime en seconde partie de saison, de ses blessures et de ses performances caricaturalement mauvaises en défense. Parlez-moi d'Otto Porter, de son joli all-around game et de son intelligence de jeu, je vous parlerai de son jeu typé "role player" et des quelques doutes sur ses capacités athlétiques, notamment pour ce qui est de la défense. Parlez-moi de Cody Zeller, Shabazz Mohammed et Victor Oladipo et je vous mettrai un truc à la télé pour que vous arrêtiez de m'embêter.

Aucun de ces prétendants n'a l'aura et encore moins la carrure pour supporter l'étiquette de n°1 de draft sous le regard inquisiteur du monde de la sphère orange. Et pourtant l'un d'eux devra la porter, encaisser les toujours immenses attentes et soutenir une grande parties des espoirs d'une franchise à l'agonie qui agrippera son pick doré comme le plus pauvre des hommes s'accroche à un coupon alimentaire trouvé par terre. Bienvenue dans ce monde, First Pick.




StillBallin

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