Par Jeffzewanderer
Ça y est. Les play-offs ont commencé. Le futur champion n’est plus qu’à 16 petites victoires du graal que représente le trophée Larry O’Brien (ou quinze si on veut pinailler vu que le premier tour a déjà commencé à l’heure où j’écris ces lignes). L’Est semble promis au Heat, l’Ouest parait plus ouvert que jamais…
Mais avant de nous plonger à corps perdu dans ces fameux play-offs, de disséquer le comportement des équipes, des coachs et des joueurs à l’heure de vérité, d’honorer certains ou d’en marquer d’autres du sceau de l’infamie, il convient peut-être de jeter un bref coup d’œil dans le rétroviseur. Cela afin d’analyser la saison régulière qui vient de s’achever, cette petite formalité un peu fastidieuse de 82 matchs dont il faut bien s’acquitter avant de passer aux choses sérieuses (ou d’aller taquiner le goujon, c’est selon). Bref, c’est l’heure du bilan, et comme c’est le mien, je ne pouvais évidemment pas commencer autrement qu’en parlant des Knicks…
The Knicks Are Back !
Depuis 2008, être fan des Knicks c’était comme être communiste : on n’avait que la promesse des lendemains qui chantent pour tenir bon. Et là ça y est on en entend enfin la mélodie ! On passe en mode carpe diem intensif. Au diable les faiblesses (abus de 3 points, intensité défensive sur courant alternatif, absence de rotation intérieure, moyenne d’âge canonique de l’équipe… La vache ça fait beaucoup quand même…).Tous les espoirs sont permis.
Hein qu’ils sont permis ? Je veux dire, l’équipe s’est remise d’une pléthore de blessures (on irait plus vite en citant les non blessés), d’une lente érosion après un départ canon, et d’un très gros trou d’air. JR Smith a pris du plomb dans la tête et une nouvelle dimension dans la foulée, et Melo a sorti la meilleure saison de sa carrière. Alors tout va bien non ? C’était une super saison (54 victoires, 2èmes à l’est). Bref carpe diem quam minimum credula postero (cueille le jour et soit le moins crédule possible en l’avenir), et il vaut mieux parce que je sens qu’en effet l’avenir va jouer des tours à cette équipe…
The Nets Are Back Too
Enfin, l’équipe de Brooklyn, qui a tout fait pour faire oublier qu’elle avait un lien quelconque avec sa triste incarnation précédente issue du New Jersey (sans blague, sur le rond central de leur parquet il y a écrit Brooklyn New York, pas Nets). Et c’est réussi : une saison plus que correcte et la quatrième place (certes dans une conférence Est triste comme jamais).
Pas mal quand on sait que le seul gros renfort fut Joe Johnson (qui n’a pas non plus fait la saison de sa vie). Ajoutez Deron Williams et Gerald Wallace qui ont joué à « ça y est c’est à ton tour d’être complètement en dedans » toute l’année et c’est presque miraculeux. Heureusement que Brooke Lopez était là (en voila un qui a bien mérité son contrat, pourtant offert par dépit après l’exil californien de Superman II).
Mais peut-être que l’aspect le plus marquant de la saison des Nets c’est d’avoir détrôné les Knicks : pas dans le cœur des New Yorkais (ils en sont loin, croyez moi, j’ai entendu D-Will hué dans sa propre salle lors du clash of the bourough). Mais en tant qu’équipe aux résultats les plus incompréhensibles. Alterner autant la médiocrité, l’excellence et toutes les nuances entre les deux, c’était réservé aux Knicks depuis deux ans.
The Lakers Aren’t
En parlant d’incompréhensible, la saison des Lakers n’est pas mal non plus dans le genre. Autant de talent et des résultats aussi minables (pas besoin de vous faire le détail, assez de pixels ont été noircis à ce sujet) ça devrait être interdit. Et surtout, cette qualification arrachée in extremis était la pire chose qui pouvait arriver à LA.
Déjà parce qu’elle ressemble à un happy end hollywoodien greffé artificiellement à la fin de ce qui aurait dû être une magnifique tragédie (sans blague, la blessure de Kobe durant le dernier sprint, c’était du Spielberg ! Du Scorcese ! Mieux, du Racine !). Mais surtout parce qu’elle risque de rattraper cette saison pourrie aux yeux des dirigeants et de les conforter dans leur choix. En gros, le rodage a été long, mais ça a fini par marcher de prendre D’Antoni. Et si le premier tour se solde par une élimination face aux Spurs, ben il faut quand même se dire que Kobe n’était pas là…
Bref, au lieu de faire table rase des bourdes passées en se disant qu’errare humanum est (errare Bussanum est ?), ça risque de sévèrement perseverare diabolicum (D’antonicum ?). Sauf si Superman II emmène ses talents ailleurs…
Rising Stars
Mais si les étoiles des Lakers ont chu, d’autres se sont élevées. Il y a Denver d’abord. La stratégie « 0 star » consécutive au trade de Melo n’a jamais aussi bien marché. C’était bien les années passées, mais là, ça a pris une nouvelle dimension (avec les résultats qui vont avec, 3ème place dans une conférence Ouest plus relevée que jamais et un superbe coup à jouer en play-offs). Il y a du talent à tous les postes, c’est beau, c’est collectif, ça attaque à toute berzingue et ça défend rageusement. Iggy s’est parfaitement intégré (comme quoi, il suffisait de lui lâcher les baskets avec le scoring) et je suis fan inconditionnel du « manimal » Kenneth Faried, boule d’énergie brute de décoffrage mais bourrée de potentiel.
Golden State a sans doute été encore plus impressionnant. C’est monté moins haut, mais ça partait de bien plus bas. Comme quoi défendre un peu ça aide pour gagner des matchs. Mark Jackson mérite sans doute des compliments pour avoir changé la culture de cette équipe en seulement deux saisons. Mais celui qui aura lesdits compliments, ce sera sûrement Stephen Curry, qui a enfin confirmé l’immense potentiel qu’on voyait en lui. Reste à voir si ça tiendra les années suivantes (c’est le plus difficile). Les pièces sont là (David Lee, Klay Thompson, Andrew Bogut même si dans son cas ce serait plutôt des pièces détachées…), mais on sait que ça ne suffit pas sans rigueur.
Houston, We Have A Solution
Houston a fait fort aussi dans son genre. Voilà une équipe dont on n’attendait pas grand-chose après qu’elle ait été frénétiquement mise en pièce par son GM l’été dernier. On s’est bien fichu de Darryl Morey et des contrats faramineux offerts à Jeremy Lin et Omer Asik. Puis il y a eu le trade d’Harden. Coup de pot ou coup de génie, sans doute un peu des deux, il a néanmoins changé la donne.
Certes Houston reste une équipe de bas de tableau de play-offs à l’Ouest. Cette année ils ont attrapé la huitième place au lieu de la louper de peu, mais ils sont toujours loin du titre (et même du deuxième tour). Cependant une dynamique s’est créée. Cette équipe jeune et portée sur l’attaque (1ère de la NBA) a séduit. Elle a enfin le franchise player en puissance qu’elle cherchait (et pas un joueur occupant ce rôle « par défaut »). Et il lui reste de l’argent à dépenser. Bref les Rockets ont su devenir attractifs, en tous cas bien plus que ces dernières années. Reste à transformer l’essai (cet été ? Avec Josh Smith ou même Dwight Howard ?), mais le potentiel est là.
SOS (Same Ol’ Same)
En parlant de potentiel justement, on retrouve encore et toujours les mêmes équipes qui ont pas mal de joueurs talentueux dans leur effectif et qui restent nulles années après années. Sacramento-peut-être-Seattle-on-sait-pas-trop est toujours en tête du palmarès du pire ratio qualités des joueurs/résultats. Et Demarcus Cousins soigne sa réputation de sale gosse pour se plaindre ensuite qu’il est un grand incompris, alors qu’il a le talent pour concurrencer Dwight Howard en tant que meilleur pivot de la ligue.
Detroit de son côté peut bien se réjouir de voir Andre Drummond plus fort que prévu, ils ne capitalisent pas sur le talent de Greg Monroe. Ni sur celui de Brandon Knight, certes irrégulier, mais intéressant. Là encore nihil novi sub sole.
Phoenix a fait aussi très fort d’être aussi nul malgré Gortat, Dragic, Scola ou même Beasley. Mais eux en plus ils ont tanké, les tricheurs.
Nihil novi non plus pour ces pauvres Wolves, indécrottables cancres du Minnesota. Même si là on a envie de leur pardonner tant leur saison a été pourrie par les blessures. Il y avait Rubio de l’an dernier, Love a pris la suite, et tout le monde y est passé au fil de la saison. On aurait dit les Blazers période Roy/Oden. D’ailleurs… C’était qui la recrue estivale de Minny ? Allo, Brandon ? Je crois que non seulement tu es maudit, mais en plus tu portes la poisse à tes équipes.
La Lumière Au Bout Du Tunnel (Tchou-tchou ?)
Les Wizards semblent être les seuls à garder un petit espoir. Oui, ils ont encore été complètement nuls, grillés pour les play-offs au bout de deux mois. Oui, c’est un scandale vu leur effectif comptant notamment Nene, Okafor, Ariza, Séraphin et surtout Wall. Mais justement suite au retour de Wall ils ont tourné autour de 50% de victoires. Alors oui, le coup de la bonne fin de saison ils nous l’ont déjà fait (l’an dernier par exemple). Mais là ça a duré plus longtemps, et ça a commencé à une période où les autres équipes jouaient encore vraiment. Le bémol : ils ont fini sur 6 défaites. Donc peut-être qu’on était quand même face à un effet placebo du retour de Wall. Mais l’espoir est permis.
Toronto aussi a retrouvé des couleurs (pas le violet, hélas) avec l’arrivée de Rudy Gay. Ils l’ont leur star. Bon, il ne les mènera pas vers les sommets, peut-être même pas en play-offs, mais il a fait du bien. Et son nom est plus porteur que celui de DeMar DeRozan pour appâter d’éventuels free agents. Reste plus qu’à se débarrasser de Bargnani, hors de prix et prenant moins de rebonds que le meneur de l’équipe (Lowry : 4,7, Bargnani : 3,7, sic…). Même Jim Buss n’en voudrait pas (hein Jim ? En plus tu as vu, Mike a enfin compris que c’était autorisé de jouer à deux intérieurs… Jim, pose ce téléphone !).
Mauvais Bons et Bons Mauvais
Dans la classe au dessus, à savoir les équipes qui ont quand même fait une saison potable, on retrouve aussi de sérieux underachievers. Celtics comme Mavs ont prouvé une fois de plus qu’un recrutement estival judicieux sur le papier (Jet Terry, Courtney Lee, Jeff Green pour les Cs, OJ Mayo, Darren Collison, Elton Brand en soldes côté Mavs) ne garantit rien. Bon, les Cs ont aussi l’excuse des blessures, même si Garnett et Rivers me mettraient des claques de l’évoquer. Les Mavs n’ont pas d’excuse pour leurs barbes.
On pourrait aussi évoquer les Bucks. Certes ils sont en play-offs, mais avec un backcourt Brandon Jennings/Monta Ellis plus quelques joueurs pas dégueulasses (Ilyasova, Sanders…) ils auraient dû gagner plus de matchs, surtout dans une conférence aussi faible.
De l’autre côté de cette pièce métaphorique, on a aussi quelques overachievers, pas brillants mais qu’on ne voyait pas si haut. Sans blague, Atlanta qui perd Jamal Crawford et Joe Johnson, vous les voyiez en play-offs vous (et largement, pas ric-rac le dernier jour)? A fortiori après que Lou Williams se soit blessé ?
Idem pour Portland, pas si mal loti avec son effectif de bric et de broc. Heureusement que Batum a élevé son niveau de jeu (presque au niveau de son contrat sur l’ensemble de l’année) et que Damian Lilliard a été la surprise du chef (durera ? Durera pas ? Remember Tyreke Evans…).
Inclassables
Il y a aussi ceux dont on ne sait pas s’ils ont été bons ou mauvais vu leurs moyens. Utah loupe les play-offs malgré son armada d’intérieurs de qualité (Jefferson, Millsap, Kanter, Favors) et un Mo Williams très correct. Mais aucun n’est une star en puissance, et surtout ils étaient en lice jusqu’à la dernière journée. A l’Ouest c’est très fort.
Côté Philadelphie aussi le résultat final n’est pas brillant dans l’absolu, mais il faut garder à l’esprit que les 76ers ont perdu leur leader (Iguodala), leur 6ème homme (Lou Williams) et que leur seule recrue majeure n’a pas mis un orteil sur le parquet (Andrew Bynum). A ce propos je pressens une forte consommation d’aspirine et un boom pour l’activité des voyantes et autres médiums quand il sera question d’envisager la proposition de contrat à faire audit Bynum.
Les futurs-ex Hornets de NOLA pourraient aussi être évoqués ici. Bon, leur cas est un peu différent : cette année on est sûrs qu’ils ont été nuls. Mais c’est pour l’avenir qu’on ne sait que penser. D’un côté il paraît qu’Anthony Davis a tout d’un futur grand (je ne l’ai pas vu jouer mais c’est David Aldridge qui le dit et il a quelques notions de basket). Greivis Vasquez a subi une attaque de Linsanity chronique (moins l’attention médiatique) et semble promis à un avenir de meneur très solide. Ryan Anderson a aussi été très bien.
Mais il reste des gros points noirs : Austin Rivers est un bust, comme on pouvait s’en douter. Eric Gordon joue avec tout l’entrain d’un dépressif en phase terminale sortant d’une rétrospective de Lars Von Trier, et il est en verre (42 matchs joués). Et soyons honnête le reste de l’effectif est limité (Robin Lopez, Aminu, Warrick…).
Et sinon…
Les Spurs sont encore là, défiant le temps avec Tim Duncan en figure de proue et un Tony Parker décidément au sommet de son art. Grizzlies et Clippers confirment encore une fois tout leur talent, mais ne font réellement preuve de génie que trop irrégulièrement. Du coup ils sont encore 4èmes et 5èmes, pour une belle revanche du premier tour de l’an passé. Les effectifs s’ajustent mais les résultats ne changent que marginalement.
Les Bobcats confirment eux aussi leur statut de réserve de victoires pour équipes en difficulté. Le Magic d’Orlando a été tout ce qu’on attendait de lui : pathétique. Heureusement, si le grand complot de David Stern fonctionne, ils devraient récupérer le premier choix de la prochaine draft. A moins que David n’active le plan B et ne les fasse patienter jusqu’à ce qu’ils puissent récupérer le meilleur pivot de sa génération (pour jouer une finale, la perdre, et le laisser filer ensuite sans rien récupérer en échange).
Les Cavs ont décidément touché le gros lot avec Kyrie Irving. Et il se pourrait qu’ils n’aient pas fait une si grosse bêtise en draftant Tristan Thompson (11,7 pts 9,4 rbds) et Dion Waiters (14,7 pts). « Pourrait » hein, le jury délibère toujours, mais c’est déjà ça (même s’ils auraient dû prendre Klay Thompson l’an dernier, oui).
Les Pacers ont confirmé leur renouveau, restant une franchise solide à l’Est. Il a juste fallu faire un échange de pièce standard Paul George pour Danny Granger. Les Bulls ont eux aussi confirmé leur rigueur et leur solidité, résistant tant bien que mal à l’absence de leur star Derrick Rose et aux diverses blessures. En fait les Bulls sont les Spurs version 2003 de l’Est : grosse défense, collectif huilé en attaque, chiants comme la mort à regarder. Ils ont même un doux dingue que le coach a su canaliser (Nate Robinson, le mini Stephen Jackson Chicagoan). Vous me direz il y a pire comme modèle.
Le Thunder quant à lui reste brillant malgré le départ d’Harden. Kevin Durant serait le meilleur basketteur de n’importe quelle planète ne comportant pas Lebron James parmi ses habitants (vanne piqué sans vergogne à David Aldridge).
Lebron James et son Heat justement, ont rendez-vous avec l’histoire. Rien d’autre que l’excellence ne sera tolérée de leur part, comme je l’ai déjà écrit. Mais ça non plus ça n’a pas l’air d’arrêter le L-Train, lancé à pleine vitesse depuis bientôt deux ans.
Bref, la saison est finie.
Jeffzewanderer
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