Par Jeffzewanderer
Joueur A: 29 matchs en 2012/2013, 14,2 pts (57,7%), 5 rbds en 23,5 minutes, pour un salaire d’environ 20 millions la saison.
Joueur B : 61 matchs en 2012/2013, 18,9 pts (51,5%), 11,1 rbds en 37,1 minutes, pour un salaire d’environ 15 millions la saison.
Vous préfèreriez avoir qui dans votre équipe ? Et si je vous dis que le Joueur A c’est Amar’e Stoudemire et le Joueur B David Lee ? Ça ne vous fait pas changer d’avis je suppose… Vous vous dites juste que New York a misé sur le mauvais cheval en 2010.
Voilà où en est Amar’e Stoudemire aujourd’hui. Et ça ne va pas s’arranger puisque le pauvre bougre vient d’en reprendre pour dix semaines d’indisponibilité pour cause de nouvelle opération au genou (l’autre). Autant dire qu’on ne devrait pas le revoir cette année, même si les Knicks passaient un tour de playoff (chose fort probable vu qu’ils devraient quand même avoir un classement correct et vite récupérer Melo). On voit en effet mal Mike Woodson remettre en péril son alchimie pour faire revenir à tout prix un STAT qui sera dans tous les cas très diminué.
En fait je soupçonne même le coach au bouc le plus fourni à l’Est du Mississippi d’avoir retenu de justesse un « ouf » de soulagement quand il a appris qu’il n’aurait plus à gérer le casse-tête que constitue le duo Anthony/Stoudemire. Car s’il fait globalement de l’excellent travail depuis son arrivée à New York en tant que head coach, Woodson n’a jamais trouvé la formule pour exploiter au mieux la paire formée par ses deux ailiers. Comme Mike D’Antoni avant lui d’ailleurs.
Il est cependant intéressant de voir comment au fil des trois saisons depuis l’arrivée des deux stars à Big Apple, la situation d’Amar’e s’est progressivement dégradée, malgré une certaine immunité dont il a pu bénéficier au départ.
Once upon a time…
Retour en 2010, STAT vient de boucler une saison du tonnerre avec des Suns ressuscités, certes défaits en finale de conférence mais après avoir sweepé l’ennemi San Antonio au tour précédent. L’ailier fort est en pleine bourre (23 pts 9 rbds), malgré un quasi-transfert à Cleveland.
Free agent, il réclame un contrat maximum. Et les Knicks, pressés de montrer que leur « cap room » dégagée frénétiquement depuis 2006/2007 leur permettra de redevenir une place forte de la ligue, le lui offre. « The Knicks are back » déclare le nouveau sauveur de Big Apple. Bon, un sauveur par défaut. On attendait King James, et éventuellement Flash en bonus. D’ailleurs on peut même supposer que la signature somme toute rapide d’Amar’e avait vocation à appâter ledit King, histoire de lui assurer qu’il ne serait pas tout seul. Raté.
Mais qu’à cela ne tienne, on récupère Felton à Charlotte, et on tombe d’accord pour un sign and trade avec Golden State et hop, on a une équipe. Au fait le sign and trade, c’était pour David Lee, qui fait une dernière bonne manière à sa franchise en leur permettant d’obtenir quelque chose contre son départ (oui, ce sont surtout les Warriors qui ont été sympa dans l’affaire, je sais, mais ça fait une moins bonne histoire).
Les débuts sont difficiles, mais après un déclic salutaire, les Knicks renouent avec la victoire, portés à bout de bras par un STAT en mode MVP. Le déclic ? Sûrement en partie dû au coup de gueule d’Amar’e, scandalisé par l’attitude résigné de ses coéquipiers face à la défaite.
James est (presque) oublié, Big Apple a son nouveau roi. Amar’e Stoudemire est à son apogée. C’est alors que tout va se gâter.
Two’s company…
En cours de saison Carmelo Anthony se lasse de l’air du Colorado et demande à faire ses valises. Je vous épargne le « Melodrama », et je passe directement à son arrivée à New York (avec Chauncy Billups) contre environ la moitié de l’équipe (Felton, Gallinari, Chandler…). NY a son duo all-star. Ils n’attendent plus que Chris Paul et Miami n’aura qu’à bien se tenir.
Seulement la mayonnaise ne prend pas. Anthony et Stoudemire se marchent sur les pieds, et aucun des deux n’est aussi efficace qu’avant. Puis STAT se blesse. La saison se termine cahin-caha. NY a son spot en play-offs et se fait sortir sèchement par Boston (malgré le retour d’Amar’e). Mais au moins Big Apple a regoûté aux phases finales. Puis Melo est arrivé en cours de saison, donc il est normal qu’un temps d’adaptation soit nécessaire. Et Amar’e avait mal au dos. Bref, vous verrez l’année prochaine !
En plus à l’intersaison, NY trouve des ressources financières insoupçonnées et propose 15 millions par an au tout juste champion Tyson Chandler, créant ainsi sur le papier le plus beau front-court de la ligue depuis Bird McHale et Parish. Seulement là encore ça ne marche pas. Passons sur le détail d’une saison chaotique marqué par la Linsanity et le limogeage de Mike D’Antoni, et penchons nous plutôt sur le cas STAT.
Three’s a crowd
Toutes les siennes (de stats) sont en baisse, et il se blesse encore. En plus il manque pas mal de match suite au décès de son frère. Quand il joue, il n’est toujours pas compatible avec Melo, occupant les mêmes espaces. Sans compter qu’en plus il se heurte désormais avec Tyson Chandler dans la peinture. Saison de cauchemar donc. Pourtant il échappe aux critiques. Tout est de la faute d’un Melo trop capricieux et égoïste. Et/ou d’un Mike D’Antoni qui pense que la défense est un concept dépassé dont il ne reconnaît pas la légitimité. En gros Stoudemire est protégé par son aura de sauveur acquise l’année précédente. Tout allait mieux avant, en oubliant que passée une belle série de victoire NY était en gros à 50% mais pas plus. Bon en même temps à cette époque, NY rêvait d’un tel pourcentage…
Puis Mike Woodson arrive et remet les Knicks sur les rails. Re-play-offs, re-sortie au premier tour (contre le Heat, ça change, en gagnant même un match). Re-intersaison où on se dit que ça y est tout est en place et qu’il suffira de jouer ensemble un moment pour que la sauce prenne. Surtout avec la nouvelle stratégie « 3ème âge » (arrivées de Jason Kidd, Marcus Camby, Rasheed Wallace, Kurt Thomas…) et le retour de Felton histoire de ne pas passer la moitié de la saison à se chercher un meneur qui tienne la route.
Amar’e, lui, bosse avec The Dream et a à cœur de faire oublier sa saison gâchée. Seulement manque de pot il doit être opéré du genou. Out jusqu’en 2013. Bon on attendra avant de voir le vrai NY. Sauf que…
Fall from grace
Sauf que sans Amar’e dans les pattes et galvanisé par sa seconde campagne olympique, Melo nous sort ce qui semble être la saison de sa vie. Et les Knicks gagnent, beaucoup, faisant un des meilleurs débuts de saison de leur histoire.
Ainsi, d’un coup d’un seul, le problème n’est plus Melo mais Amar’e. Et si son retour cassait cette belle mécanique ? Et si ses lacunes défensives réduisaient à néant le bel état d’esprit instillé par coach Woodson ? Heureusement pour lui NY a un coup de mou peu avant son retour. De plus il fait lui-même preuve d’un état d’esprit exemplaire, acceptant sans rechigner de sortir du banc et se satisfaisant d’une vingtaine de minutes par match. Il monte même en puissance, enchaînant doucement les matchs intéressants.
Mais quelque chose a changé. Il n’y a plus de débat pour savoir qui est numéro un entre lui et Melo. Chandler est le nouveau chouchou du public fan des hargneux. En fait, STAT, on s’en f*** un peu pour être franc. On s’extasie sur ses stats comme s’il était un role player. D’ailleurs il EST un role player, chargé de mener la seconde unité avec JR Smith. Woodson a abandonné l’idée de le réintégrer dans le cinq de départ. Alors non, on ne lui reproche rien, il n’y a pas de « bashing » systématique comme ce fut le cas avec Melo. Mais, et c’est peut être-pire, on l’oublie. On le voit comme un poids mort. Puis il se re-blesse, juste au moment où il commençait à donner quelques signes d’une montée en puissance. Clap de fin.
Il est encore trop tôt pour savoir quelle sera la position des dirigeants New-yorkais, mais on peut supposer qu’un trade sera envisagé. Seulement qui voudra du contrat maximum d’un joueur aux genoux peut-être en verre ? L’amnesty n’est pas possible non plus, ayant déjà été utilisée pour virer Billups et signer Chandler. Et le pauvre Amar’e de risquer de devenir le nouveau Eddy Curry, un gros contrat dont personne ne veut pour un joueur à l’avenant. Seul un rétablissement spectaculaire l’année prochaine pourrait le sauver. Sachant que ce serait quand même sûrement pour être échangé, en admettant que quelqu’un veuille tenter le pari (Brooklyn si Josh Smith leur passe sous le nez ?).
Et pendant ce temps là…
Pendant ce temps là David Lee joue presque tous ses matchs, poste quasiment un double-double de moyenne chaque année (à une fraction de rebond pendant deux ans et vraiment cette année), décroche sa seconde sélection au All-Star Game, et coûte moins cher.
Alors on se pose la question (enfin dans mon cas Stillballin me la pose, avec fourberie comme à son habitude) : et si c’était David Lee à New York en ce moment ? Les Knicks auraient encore un vrai power forward, qui pourrait peut-être mieux cohabiter avec un Melo devenu intouchable (et avec un Chandler franchement irréprochable depuis on arrivée). Ils seraient moins en délicatesse avec la luxury tax. Et le courageux pilier de la franchise pendant les années noires serait récompensé de son attitude exemplaire. Ou pas…
Car, si Amar’e a connu une véritable descente aux enfers, et que le bilan de sa présence aux Knicks est pour l’instant au mieux mitigé, il a bel et bien accompli une chose : il a remis New York sur la carte. Stoudemire, en 2010, c’est un bien plus gros nom que Lee, dont on murmure d’ailleurs (à tort certes, mais bon…) qu’il doit ses stats ronflantes à la nullité de ses coéquipiers et au tout pour l’attaque de D’Antoni. L’arrivé de STAT, c’est le signe que NY est à nouveau une ville attractive pour les stars. Sans parler de la belle série de victoires dont il fut le principal artisan (avec une grosse série de matchs à 30 pts ou plus, établissant un record de franchise).
Lee est lui aussi très bon, mais à Golden State il ne gagne pas (malgré Stephen Curry et Monta Ellis à ses côtés, sauf cette année et encore ça se gâte ces derniers temps). On peut donc légitimement douter de sa capacité à porter NY avec Felton comme seul renfort par rapport auxdites « années noires ».
Or sans ces victoires, combinées à l’attrait de jouer avec un All-Star en puissance, on peut douter que Melo ait été aussi intéressé par l’idée de venir jouer à Big Apple. Ou que Chandler l’ait rejoint l’été suivant. Partant de là on n’aurait jamais eu (sans doute) le frontcourt de rêve Lee/Melo/Chandler, ni même peut-être les autre pièces importantes telles que Jason Kidd ou JR Smith. Alors au final, malgré les échecs et le futur incertain, on peut quand même supposer que les Knicks ont fait le bon choix en 2010. Ce qui ne veut pas dire qu’un trade, s’il devait arriver aujourd’hui, et pour injuste qu’il paraisse, ne serait pas lui aussi un bon choix. La gratitude n’est pas le propre de la NBA.
Jeffzewanderer
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