20 janvier 2013

Wherefore art thou Pau?

Par Jeffzewanderer

De toutes les surprises que la NBA nous a réservées pour cette année, la saison pour l’instant lamentable des Lakers mérite sans doute la palme. Parce qu’entre le cinq majeur garantie 100% All Star (oui même Metta World Peace a eu sa petite sélection en 2004) et le banc avec ses vétérans confirmés (Antawn Jamison, Steve Blake) et quelques jeunes intéressants (Jordan Hill, Jodie Meeks), on s’attendait à tout sauf à ça.

17 victoires pour 22 défaites en janvier, et avec des matchs contre les Bulls, les Grizzlies et le Thunder à venir dans les prochains jours ça risque de ne pas s’arranger. En plus soyons justes les matchs contre le Jazz et même les Raptors ne sont pas gagnés d’avance. On pourrait discuter pendant des paragraphes et des paragraphes des raisons de cet échec : effectif d’âge quasi-canonique, défense aux abonnés absents, complémentarité peut-être moins évidente qu’il n’y paraissait sur papier, coach incapable de s’adapter à son effectif… Mais d’autres l’ont fait et bien fait.

Alors quand tout va si mal, après avoir tourné sa veste quand on pronostiquait le titre et un record de victoires et/ou paniqué, on fait quoi ? On vire le coach ? C’est déjà fait, et on voit mal le management refaire le coup. Déjà parce que ce serait un aveu d’échec terrible pour Jimmy Buss, le proprio. Mais surtout parce que ça perturberait sans doute tellement le groupe que rien de bon n’en sortirait. Sans compter que s’il y a des candidats intéressants (Nate McMillan, Jerry Sloan, Brian Shaw… Non je blague lui c’est mort d’office) il n’y pas de sauveur évident non plus.

Alors on vire un joueur, on fait un trade. Les rumeurs ne manquent pas en la matière, toujours autour du même bouc émissaire : Pau Gasol. Logique en un sens : il est le seul qui soit un peu attractif mais pas intouchable. Kobe ne bougera jamais (et franchement même en pure théorie, pourquoi l’échanger alors qu’il n’y a pas grand-chose à lui reprocher ?). Avec le mal que le management a eu à faire venir Dwight Howard, ce n’est pas pour le virer six mois plus tard. Sans compter qu’il est sensé être le futur Franchise Player de l’équipe. Et qu’avec ses blessures on n’a toujours pas vu le vrai D12. Virer Steve Nash créerait plus de problèmes qu’autre chose (le système D’Antoni sans meneur on a vu ce que ça donnait à New York et même à LA avant le retour du canadien). MWP est trop cher et trop vieux, Jamison trop vieux tout court, et ce n’est pas avec les autres que les Angelinos auront une pépite.

Mais où envoyer Pau Gasol ? Certaines pistes ont été évoquées, notamment celle des Hawks (contre Josh Smith, le grand pote de Dwight et un potentiel Shawn Marion dans le système D’Antoni). Elles ont cependant vite refroidi (quoi que celle des Hawks se réchauffe suite aux mauvais résultats de l’équipe). Cependant trois peuvent paraître envisageables car intéressantes pour les deux parties.

New York, ou le triomphe de la nostalgie

Sans doute l’hypothèse la plus improbable. Les Knicks vont très bien (malgré un petit passage à vide, en même temps des passages à vide à 50% de victoires ça fait dix ans que Big Apple en rêve). Du coup on les voit mal chambouler leur effectif, car s’ils font venir l’ibère, ça ne pourrait être que pour en faire un joueur majeur. Mais quand même…

Le cas Amare Stoudemire reste problématique. Il revient juste de blessure, alors il est trop tôt pour déjà dire que son association avec Melo sera un échec sous l’égide de Mike Woodson comme ce fut le cas sous celle de D’Antoni. Mais on n’a pas de garanties non plus. Du coup il pourrait être prié de faire ses valises (la rumeur affirme qu’il a d’ailleurs été proposé aux autres équipes un peu plus tôt dans la saison).

Pour LA il y a la tentation de recréer le duo Stoudemire/Nash qui fit la gloire des Phoenix Suns, notamment avec… Mike D’Antoni. Pour Les Knicks un intérieur, pivot ou ailier fort, défenseur solide et bon passeur qui a l’habitude d’être la deuxième option offensive.

La question de la complémentarité avec Tyson Chandler se poserait bien sûr. Gasol n’est pas toujours brillant avec un vrai pivot à ses côtés (voir l’an dernier avec Andrew Bynum). Mais que ce soit en sélection (aux côtés de son frère Marc) ou en 2009 et 2010, il l’a été. Surtout avec un comparse qui se spécialisait dans mes tâches défensives et se régalait de ses caviars en attaque.

Par contre pour LA l’offre est moins tentante. Le gros contrat d’Amare coure sur un an de plus que celui de Pau. Et surtout on est loin d’être sûr que l’Amare version 2013 ne soit pas que le fantôme de celui de Phoenix. Enfin il y a la défense. Clairement pas le premier souci du coach, cette considération pourrait cependant refroidir les dirigeants au moment du choix.

Enfin, et quoi que l’intéressé en dise, la complémentarité d’Amare avec un vrai pivot reste à démontrer. L’expérience avec Shaq a trop peu duré pour qu’on puisse en tirer de réels enseignements (53 matchs pour STAT). Et les informations sont contradictoires : bonnes statistiques mais moins de points quand même (« seulement » 21,4 contre 25 avant et 23 après), résultats en berne (certes aussi imputables au coaching inapproprié de Terry Porter). A NY Chandler et lui se marchent un peu sur les pieds en attaque et les pourcentages d’Amare chutent dès qu’il s’écarte trop du panier (48,3% l’an dernier, 45,6% cette année, contre 53,3% en carrière). Il risquerait d’en être de même avec Dwight.

Et, cerise sur le gâteau, l’expérience New-yorkaise a peut-être laissé des traces dans la relation Stoudemire/D’Antoni. Un trade hautement improbable donc.


Toronto, viva España !

Cette hypothèse (et la suivante) partent d’un postulat qui pourrait prêter à débat : Mike D’Antoni est incapable d’ajuster son système à différents types d’effectifs. En gros il lui faut un top meneur créateur et au moins trois shooteurs à trois points à mettre autour d’un unique intérieur capable de jouer le pick and roll. Jugement lapidaire certes, mais que les faits tendent à confirmer.

A Phoenix c’était ça, et ça marchait du tonnerre. A New York période Felton c’était moins ça (Felton moins fort que Nash, moins de purs shooteurs et Amare en power) mais ça tenait à 50%. Avec Melo (pas un pur catch ans shooter donc) et Billups (qui n’est pas un grand adepte du pick and roll) ça commençait à patiner. Sans meneur ça a tourné au fiasco. Et à LA ce n’est guère mieux. Pourtant le meneur est là maintenant. Et on demande à Gasol de tirer à trois points. Sic…

Toronto a un power shooteur à trois points à offrir en la personne d’Andrea Bargnani. Pas un franchise player mais sûrement pas un mauvais joueur, qui pourrait revivre dans le fameux système D’Antoni. En plus il a un gros contrat, ce qui faciliterait un échange (même s’il faudrait compléter).

Pour Toronto ce serait du pain béni. Un vétéran qui sait gagner, un joueur solide et régulier, vrai power à mettre aux côtés de Jonas Valenciunas. Et recréer le duo de la sélection espagnole avec Jose Calderon est plus que tentant. Bon le gros problème pourrait être la motivation de Gasol. L’homme est émotif et il faudrait voir comment il prendrait d’être expédié au Canada. Si ça lui donne une envie de revanche ce sera tout bénef’. Sinon T-dot héritera d’une huître bougonne.

Pour les Lakers par contre ce serait nettement moins intéressant. On disait plus haut que STAT resterait un problème en défense, mais que dire de l’italien ? Il est encore pire. Je veux bien que Dwight se gave de rebonds, mais il ne peut pas tous les prendre (Bargnani c’est 4,9 rebonds en carrière). Et sur l’homme ce n’est guère mieux.

En plus ce cher Andrea a une réputation de joueur fragile mentalement, à protéger, à en croire son ancien coach Sam Mitchell. Exactement le genre de gars qu’on a envie de mettre aux côtés d’un Kobe Bryant mal luné en lui demandant de faire oublier un all-star et de remettre la franchise sur les rails… Ou pas ?


New Orleans, l’idéal ?

Même idée de départ qu’au paragraphe précédent : il faut un power forward shooteur pour que le système D’Antoni s’équilibre et ait une chance de fonctionner. Et NOLA en a aussi un avec le jeune Ryan Anderson. MIP en titre. Jeune donc décemment athlétique. Sûrement pas un grand défenseur mais pas non plus un trou et surtout un rebondeur plutôt intéressant (8,4 prises en carrière).

Il n’est pas mal non plus comme shooteur (41% à trois points cette année, 38,9% en carrière). Mais surtout il s’est épanoui l’an dernier à Orlando aux côtés d’un certain… Dwight Howard. Dans un système qui fonctionnait aussi avec un intérieur et des shooteur autour. Le bémol c’est son contrat, un peu lourd (en gros 8,5 millions par an) et surtout long (jusqu’en 2016, sans option). Ça fait un gros engagement de la part des Lakers pour un joueur qu’on prend surtout pour boucher un trou tant qu’on joue avec D‘Antoni.

Accessoirement son contrat largement inférieur à celui de Gasol obligerait à récupérer d’autres joueurs. Un package avec Al Farouq Aminu serait une opportunité pour LA (un jeune très athlétique et bon défenseur) mais on voit mal les Hornets le lâcher (surtout qu’il faudrait encore compléter avec un troisième larron). Ils se sépareront encore moins de Greivis Vasquez, jeune meneur en pleine éclosion et peut être le MIP de cette année (oui je me mouille et ça va peut être revenir me hanter mais tant pis !). Reste Robin Lopez, ça ferait un peu de viande à mettre sous le panier en sortie de banc pour les Lakers et NOLA n’en aurait plus besoin s’ils récupèrent Gasol. Jason Smith et/ou Xavier Henry pourraient servir à équilibrer.

La franchise au frelon (j’en profite avant de devoir dire les Pelicans, sic derechef) sortirait aussi grande gagnante de ce deal. Ils ont un ailier fort des plus prometteurs avec Anthony Davis, très défensif. Bref le genre qu’on rêve de mettre à côté d’un Gasol reconverti en pivot. En théorie les deux se complèteraient parfaitement, et Pau pourrait aider le jeune Davis en attaque. Avec Eric Gordon, lui aussi très jeune on a un superbe Big Three, plein d’avenir pour les 2/3 prochaines années et avec un vétéran pour s’assurer que la mayonnaise prenne plus vite. Ajoutez Vasquez à tout ça, gardez Aminu, espérez qu’Austin Rivers devienne un sixième homme scoreur et vous avez une équipe compétitive sur le papier dans un an.

En fait le plus gros obstacle à cet échange (outre le fait qu’il n’existe que dans mon imagination), c’est qu’il revient quand même à échanger un des dix (cinq quand il est motivé) meilleurs power forwards actuels contre un joueur qui est certes plus qu’un « simple » role player mais sûrement pas un gaillard du même calibre. Tout ça parce que le Mike D’Antoni n’est pas fichu d’adapter son fameux système pour tirer partie de ce qui est sur papier la raquette idéale (il devrait demander à Lionel Hollins comment il fait avec Zach Randolph et l’autre Gasol, Marc).

Et surtout, même si ça se faisait, ça ne résoudrait sûrement pas tous les problèmes des Lakers. Ils seraient toujours aussi vieux, Dwight serait toujours blessé cette année, et la défense serait toujours aussi… D’Antonienne.


Et sinon ?

Ces hypothèses évoquées on en revient finalement aux Hawks. Le transfert le plus évident sur le papier, qui joue les serpents de mer depuis le début des déboires Angelinos. Josh Smith pour Pau Gasol, la valse des éternels partants. A priori séduisant pour les deux camps. Surtout pour LA qui récupère un ailier athlétique, assez jeune, gros défenseur et super pote avec Dwight Howard (ce qui pourrait jouer pour convaincre Superman II de rempiler cet été). Alors non, Smith n’est pas un pur stretch four à l’aise à trois points. Mais D’Antoni a réussi à pratiquer son jeu avec Shawn Marion en power. Osez me dire que J-Smooth a un shoot pire que The Matrix. Et il flotte naturellement un peu loin du panier. Plus que Gasol en tous cas.
En fait c’est peut être plutôt du côté d’Atlanta que ça coincerait. Récupérer un vétéran comme Pau Gasol est intéressant, et ça permettrait de mettre Al Horford à son vrai poste (avec l’ibère en pivot donc). Mais est-ce que ça suffirait pour faire passer un cap à l’équipe ? Surtout que les résultats ne sont pas folichons ces derniers temps, et qu’il faudrait un renfort quatre étoiles pour redresser la barre. Pas un ajustement. Sans parler du contrat très coquet de l’ami Pau, qui ne doit pas faire rêver le GM géorgien. Mais surtout, ATL peut sans soute espérer mieux qu’un Gasol dépressif en échange d’un joueur du calibre de Smith, même avec les spectres de la trade deadline et de la fin de contrat de leur ailier à l’horizon.

Sinon on a aussi vu surgir l’hypothèse Minnesota ces derniers jours. Avec Derrick Williams comme élément central (même s’il se murmure que les Lakers voudraient aussi Dante Cunningham). Il est certes de notoriété publique que les Wolves ne savent pas quoi faire de celui qui fut leur deuxième choix de draft. Barré par Love et Kirilenko, encore trop coté pour qu’on en fasse un remplaçant. Il est aussi un habitué des rumeurs de transfert. Mais il faudrait un montage assez compliqué (un contrat rookie contre un à 20 millions ça suppose soit une autre équipe soit trop de joueurs à lâcher pour les Wolves afin d’équilibrer). Ce n’est pas rédhibitoire mais ça joue. En plus Williams a tout à prouver, n’ayant pas montré grand-chose d’époustouflant pendant la blessure de Kevin Love, j’ai donc du mal à voir les Lakers en faire leur sauveur.

Enfin les Wolves pourraient ne pas être très intéressés. En ailier fort ils ont déjà Love. Il serait dommage de mettre Pekovic sur le banc vu son rendement et son rapport qualité/prix. Et ils ne vont pas payer Gasol 20 millions pour sortir du banc (les remplaçants à ce prix c’est réservé aux Knicks). Alors si on excepte le fantasme d’un duo Gasol/Rubio, on ne voit pas trop pourquoi David Kahn pourrait vouloir monter un tel deal. Enfin mis à part le fait qu’il est David Kahn…

Jeffzewanderer

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Si seulement les Lakers pouvaient échanger leur coach contre n’importe quel coach dans la ligue. Il y a surement une équipe qui croit toujours que D’Antoni est un bon entraineur. Plus sérieusement, il leur faut de vrais « role players », car maintenant il est évident que tous les joueurs dans le 5 majeur se croient vedette en quelque sort. Sauf Pau, mais il est tellement mal utilisé qu’il ne peut rien faire pour stopper la chute libre.