Cette draft 2012 a un belle carrière qui se profile devant elle et certaines franchises ont sans doute posé ce jour-là les bases d'un futur très intéressant. Évidemment, d'autres ont raté quelques coches et on se souviendra longtemps de leur manque de flair ou de leur trop plein d'audace. Du moins à mon avis. Le terrain me rabattra peut-être le caquet mais en attendant, voici le premier épisode de mes réactions et analyses.
With the 1st pick, the Hornets select... Anthony Davis from Kentucky University.
Ben oui. Le seul type qui a parié contre cette évidence était dans le staff des Hornets et sa tentative de pousser la franchise à prendre un autre joueur que Davis pour ramasser le pognon auprès de son bookmaker a tourné court quand David Stern lui a tiré une balle entre les deux yeux. Allez voir ma mock draft du top 4 au sujet de ce pick, vous ferez la connaissance du premier choix de la draft 2012.
Kidd-Gilchrist était ma deuxième option après Thomas Robinson pour ce pick et j'avais tranché en faveur de ce dernier d'avantage pour des raisons liées à ma vision du basket que par rapport au niveau de jeu des deux prospects (selon moi, un gros secteur intérieur a potentiellement un plus gros impact qu'une grosse ligne extérieure). Donc rien à redire sur ce choix. Reste maintenant pour Charlotte de poursuivre ses additions de talent, au niveau du scoring notamment, pour voir ce pick-là porter ses plus beaux fruits.
With the 3rd pick, the Wizards select... Bradley Beal from Florida University.
Exactement ce que j'aurais fait, comme vous pouvez le voir ici et où vous pourrez également trouver une description de l'arrière. Je vous l'avais dit que Washington s'était mis à penser droit. Bon et Andray Blatche, il est pas encore amnistié?
With the 4th pick, the Cavaliers select... Dion Waiters from Syracuse University.
Les boulets. Un imbécile sort que Dion Waiters fait un peu penser à Dwyane Wade et eux, ils le prennent au sérieux. Le combo guard des Orangemen (1,92 m, 20 ans) est un bon joueur qui apportera des choses sympathiques mais il ressemble plus à un solide joueur de complément ou à un précieux role player qu'à un élément majeur sur lequel on peut appuyer la reconstruction d'une équipe.
Waiters est un véritable combo guard (l'aisance balle en main d'un point guard mais pas le playmaking ni la "pass-first mentality") qui use de sa puissance physique et de sa filouterie pour attaquer le panier ou se trouver des positions de tirs avec une bonne efficacité (12,6 pts à 47,6% en 24,1 minutes). Superbe dynamiteur en sortie de banc de Syracuse (d'où un faible temps de jeu), Cleveland pense manifestement qu'il pourra assumer de bien plus grandes responsabilités et monter dans la hiérarchie offensive d'une équipe sans trop perdre de plumes malgré une plus longue dépense d'énergie et une attention accrue des défenseurs. Sans aucun doute le premier pari de cette draft.
Il lui manque l'explosivité et des qualités athlétiques d'élite pour être vraiment impossible à contenir quand il part à l'assaut du cercle et c'est un shooteur capable mais inconsistant (36,3% à 3pts sur 3,1 tentatives) pas toujours aidé par sa sélection de tirs. Waiters a aussi été assez impressionnant dans la défense de zone de Syracuse (qui malheureusement ne nous a pas permis de le voir défendre en homme à homme), super agressif et hyper actif (presque deux interceptions par match) mais même avec ce très intéressant atout, il est compliqué de voir en lui un futur élément essentiel d'une équipe NBA et donc un quatrième choix de draft d'une franchise en reconstruction. Il n'était qu'un (très bon) 6ème homme en NCAA et il ne semble pas être taillé pour réussir la transition vers un plus grand role, dans la grande ligue qui plus est.
Mais les Cavaliers doivent le faire exprès, ils avaient déjà recruté un joueur de second rang avec un quatrième choix de draft l'année dernière (Tristan Thompson). Je veux bien croire qu'ils, comme je l'avais dit au moment de la draft de Thompson, espèrent faire le coup qu'avait fait Seattle/Oklahoma City avec Russell Westbrook mais là, ça tourne à la vanne. J'avais insisté sur la nécessité de bâtir une équipe prometteuse le plus rapidement possible pour éviter de donner des raisons de partir à Kyrie Irving, nouveau franchise player des Cavs. Or là, avec Dion Waiters et Tristan Thompson en recrues phares, le meneur va se tirer une balle avant que les dirigeants ne comprennent pourquoi leur équipe plafonne salement. Comme quoi, LeBron James avait quelques bons arguments pour quitter l'Ohio.
With the 5th pick, the Kings select... Thomas Robinson from Kansas University.
Ils s'en sortent bien sur ce coup-là, les bougres. Thomas Robinson était, avec Anthony Davis, la meilleure recrue qu'ils pouvaient espérer avoir et il n'y avait pas tant de chances que ça de trouver le bestial ailier fort de Kansas encore sans franchise au moment où leur tour de se servir a sonné (Charlotte aurait pu le sélectionner, Cleveland aurait dû le sélectionner). Robinson est l'un des meilleurs joueurs de cette draft (voir son profil ici), il colle parfaitement avec ce que Sacramento a besoin (esprit de compétition, dureté, efficacité et défense), paraît compléter très bien DeMarcus Cousins et joue sur le poste qui était le plus faible de l'équipe (tenu par le gentillet Jason Thompson qui avait pris la place de JJ Hickson). Et puis avec deux rebondeurs de la trempe de Robinson et Cousins, les pourcentages discutables de cette équipe ne seront peut-être plus aussi gênants.
Le seul truc, c'est que si Sacramento a eu une chance inouïe de pouvoir mettre la main sur Robinson, je ne suis pas sûr que Robinson a eu beaucoup de chances de tomber dans la capitale californienne. Les Kings ont du talent mais leur équipe est extrêmement mal fichue: une flopée de scoreurs pressés de shooter qui ne sont pas vraiment intéressés par les autres aspects du jeu, un petit paquet d'arrières étalé sur les postes 1, 2 et 3 qui se marchent sur les pieds et dont aucun ne sait diriger le jeu, et un pivot bourré de talent mais qui n'a pas encore gagné son combat contre le gamin mal élevé qui est en lui. Pas de collectif, pas de défense, pas d'organisation, Thomas Robinson va s'amuser. Espérons que la compétitivité et l'engagement défensif du Néo-King se répandent à toute l'équipe (et non le contraire).
With the 6th pick, the Trailblazers select... Damian Lillard from Weber State.
C'était bien la peine d'arracher ce pick aux Nets pour en faire ça. Je reconnais que Portland était dans une situation assez inconfortable parce que les meilleurs éléments de cette jolie cuvée évoluent pratiquement tous sur des postes que la franchise de l'Oregon a déjà bien rempli (les postes 2, 3 et 4 avec Wesley Matthews, Nicolas Batum et bien sûr LaMarcus Aldridge). Ses besoins criants sur les postes de pivot et de meneur ne sont malheureusement pas très bien couverts par la draft cette année.
D'ailleurs, sélectionner un joueur en fonction des besoins plutôt que du talent n'est pas forcément critiquable (Lillard est un meneur). Mais à mon avis, recruter Damian Lillard (1,90m, 22 ans) est un coup de poker qu'on pourra peut-être regretter même s'il est gagnant. Je m'explique. Lillard est un coup de poker car si il a montré de très belles choses en NCAA, affichant une production statistique à tomber (24,5 pts à 46,7% dont 40,9% à 3pts sur 7,2 tentatives, 5 rebs, 4 asts et 1,5 stls en 34,5 minutes), un arsenal offensif aussi large qu'efficace (shoot de n'importe où, en réception de passe, en sortie de dribble, à 3 pts, à mi-distance ou dans la peinture) et même une présence en défense, le leader de la petite fac de Weber State l'a fait à un niveau de compétition quand même assez faible. Donc il est vraiment difficile de savoir si il parviendra à déployer ses qualités à un niveau beaucoup plus élevé. Sa réussite en NBA est un réel point d'interrogation donc l^cher un 6ème choix de draft sur lui est déjà risqué en soi.
L'autre souci que j'ai avec ce choix et qui restera d'actualité si Lillard réussit sa transition à l'étage supérieur, est que le néo-Blazer est un meneur qui pense à scorer avant de penser à servir ses coéquipiers. Non pas qu'il est un égomaniaque qui a l'impression de s'ouvrir les veines à chaque fois qu'il fait une passe mais son réflexe premier est de regarder ses opportunités de shoot plutôt que celles de ses coéquipiers. Donc naturellement, il n'a pas développé les qualités de playmaker, de gestionnaire et de "général des parquets" d'un véritable meneur. Un tel joueur est-il ainsi le poste 1 qu'il faut pour exploiter les armes déjà en place que sont Aldridge, Batum et Matthews, et tisser autour d'eux un collectif susceptible de transcender la simple addition des talents? Je crains un petit peu qu'un point guard comme Lillard bride un peu la formation oregonian.
A prendre absolument un meneur, j'aurais plutôt choisi Kendall Marshall (1,92m, bientôt 21 ans), fabuleux playmaker et général des parquets (9,8 assists et 2,8 petites balles perdues). Le collectif des Trailblazers aurait pris une bien plus grande dimension, Aldridge, Batum et Matthews auraient été gavé de bonnes positions et je parie qu'une véritable dynamique collective aurait pris son élan et fait souffrir pas mal de monde. Mais d'un autre côté, l'étudiant de North Carolina n'est pas capable de contenir les points guards NBA en défense (il n'est pas assez vif et athlétique) et je ne pense pas que le reste de l'effectif qui sera sur le terrain avec lui soit assez fort dans ce secteur pour compenser cette faille. Ce qui me gêne aussi, c'est que si avec Marshall l'équipe aurait eu énormément de tirs ouverts, elle aurait certainement manqué de talent au scoring (le Tar Heel commence à devenir un spot-up shooteur intéressant mais c'est tout: 8,1 pts à 46,7% dont 35,4% à 3pts sur 2,2 tentatives). LaMarcus Aldridge aurait en effet été le seul joueur capable de marquer par lui-même de façon régulière.
Est-ce que le pivot super athlétique Andre Drummond (voir son profil ici) n'aurait-il pas été la meilleure option avec ce sixième choix de draft? Le freshman de Connecticut risque de décevoir à cause de sa motivation aléatoire mais ici, avec peu de prospects qui allaient bien avec l'effectif en place, le jeu en vaut la chandelle. L'un des avenirs de l'intérieur est celui d'un all-star et son profil s'emboîte parfaitement dans l'un des besoins de la franchise.
L'association entre Drummond et Aldridge dans la raquette aurait été bénéfique pour tout le monde. Le jeune pivot aurait soulagé Aldridge sous les panneaux grâce à ses énormes qualités athlétiques et ses aptitudes défensives tandis que placé dans l'ombre du franchise player oregonian, Drummond n'aurait pas risqué d'être submergé de responsabilités, notamment en attaque, ou de pression. Lui donner un rôle limité mais important centré sur ce qu'il sait faire est à mon avis un excellent moyen de mettre en selle un joueur aussi jeune et de lui laisser le temps de mûrir et de se développer tranquillement sans qu'il ait à produire tout de suite, tout en ayant un véritable et indispensable temps de jeu. Le big man est un pari mais un pari qui ici aurait largement valu le coup. Dans cette équipe, même un Drummond qui n'arrive pas à dépasser le stade du morceau de barbaque à ressort aurait pu s'avérer utile aux côtés d'Aldridge et des shooteurs, Batum et Matthews.
Mais en fait, je me demande si la meilleure chose à faire n'aurait pas été d'utiliser les picks 6 et 11 en possession des Trailblazers pour faire venir un excellent meneur ou pivot NBA (Ty Lawson? Joakim Noah?). Portland aurait tout de suite eu une vraie gueule d'équipe de playoffs.
StillBallin
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