Jeffzewanderer |
Voilà exactement le genre de
question auquel on peut apporter aisément une réponse à la fois rigoureusement
exacte et absolument inutile. Un All-Star c’est un joueur qui a été sélectionné
au moins une fois (par le public ou les coaches) pour jouer au All-Star Game.
Ça vous avance bien hein ?
Parce que si on s’en tient à
cette définition, on en vient à inclure Jamal Magloire et Kobe Bryant dans la
même catégorie. N’en déplaise aux fans du pivot Canadien retraité, vous voyez
en quoi ça peut poser problème, notamment parce que les sélections au All-Star
Game font partie des éléments qu’on retient pour évaluer le statut d’un joueur,
et son héritage.
Alors oui, le nombre des
sélections compte, mais il ne suffit pas à lui seul pour bien saisir tout ce
qu’être All-Star signifie. Il serait plus juste de dire qu’il existe en réalité
plusieurs catégories de joueurs All-Star.
The perennial All-Star
Bon le titre en anglais c’est
parce que ça sonne mieux je trouve. Le All-Star pérenne (vous voyez ?) c’est
un peu le « vrai » All-Star. Le joueur qui est invité tous les ans au
midwinter classic, que ce soit par le public ou les coaches, et dont la
sélection n’est jamais une surprise, ni même
discutée. La raison ? Son talent tout simplement. Le All-Star pérenne commence en général tôt, et continue d’être invité pendant la majeure partie de sa carrière (notez bien que je n’ai pas dit « toute », ça aura son importance), parce qu’il fait partie des tous meilleurs. Que ce soit à son poste ou à l’échelle de la ligue toute entière, il domine. C’est à lui qu’on pense quand on parle de « star ».
discutée. La raison ? Son talent tout simplement. Le All-Star pérenne commence en général tôt, et continue d’être invité pendant la majeure partie de sa carrière (notez bien que je n’ai pas dit « toute », ça aura son importance), parce qu’il fait partie des tous meilleurs. Que ce soit à son poste ou à l’échelle de la ligue toute entière, il domine. C’est à lui qu’on pense quand on parle de « star ».
La réussite collective n’est pas
indispensable à court terme (même Jordan a mis du temps avant de hisser les
Bulls vers les sommets). Et à moyen-long terme la question ne se pose plus. Si
le joueur a le talent pour mériter le statut de All-Star pérenne, il finira par
faire gagner un nombre décent de matches à son équipe. Ou il partira pour une
winning team, et soit gardera son talent de All-Star (problème réglé) ou on
réalisera qu’il est juste un bon joueur sans plus et donc pas un All-Star
pérenne.
Si vous voulez des noms, on peut
mentionner Kevin Durant, Lebron James, Chris Paul… Evidemment, il peut arriver
au All-Star pérenne de manquer quelques éditions. Je ne compte pas les
blessures, qu’il s’agisse de la blessure entre la sélection et le match
lui-même (auquel cas la sélection compte
d’ailleurs) ni même de la blessure avant le verdict. Dans ce dernier cas le
fait de ne pas sélectionner un joueur dont on sait qu’il ne pourra pas jouer,
ou même de ne pas prendre quelqu’un qui n’a pas assez joué pour se distinguer
cette année, n’est pas une remise en question de son talent, c’est une
évidence.
Il arrive donc parfois au
All-Star pérenne de manquer une édition simplement à cause de l’extraordinaire
densité de talent à son poste. Un bon exemple pourrait être Tony Parker, qui
doit tous les ans affronter la concurrence de nombreux arrières de talent,
notamment des meneurs. Il n’est pas là tous les ans, mais à l’échelle de sa
carrière les sélections s’accumulent assez pour lui permettre de revendiquer ce
statut de joueur All-Star et la considération qui va avec.
Il est évidemment assez difficile
de fixer un nombre précis de sélections à partir duquel on devient
« pérenne ». Cinq ? Six ? Sans doute dans ces eaux là. Et
même là, il peut y avoir débat (Joe Johnson et ses sept sélections ?). Mais
surtout il ne faut pas oublier qu’All-Star pérenne ne veut pas dire All-Star à
vie.
Legendary All-Star
Ce serait plutôt lui le All-Star
à vie. Le All-Star pérenne qui l’est resté assez longtemps pour devenir vieux.
Futur Hall Of Famer, parmi les meilleurs non seulement de sa génération mais
même de l’histoire de la ligue, il est encore plus rare. Quelques noms viennent
immédiatement à l’esprit : Kobe Bryant, Tim Duncan, Kevin Garnett…
Non seulement il est tellement
bon qu’il n’a presque jamais eu de vacances en février, mais en plus il a une
sorte d’invitation permanente. On va le convier même quand objectivement ses
stats pourraient être limites (Nowitzki cette année peut-être, Duncan en 2011
avec ses 13 pts
9 rbds). C’est une habitude. Bon évidemment si les stats plongent trop on ne va
pas lui réserver sa place non plus (voir le Big Ticket cette année). C’est
aussi lui qu’on va privilégier dans des cas particuliers (quand on cherche à
caser un représentant d’une équipe qui réussit bien…).
Là il faut taper dans la dizaine
de sélections pour pouvoir prétendre à ce statut. Etre « légendaire »
c’est réservé à une élite, sinon ça n’a pas de sens. Et évidemment, comme pour
le All-Star pérenne d’ailleurs, c’est un statut qu’on acquiert avec le temps.
Essayer de l’attribuer à un joueur dès ses premières sélections ne peut être au
mieux qu’une supposition éclairée (on peut déjà en parler pour Lebron sans crier
au scandale vous ne pensez pas ?) mais jamais un véritable verdict.
All-Star de circonstance
Parce qu’avant d’être
« pérenne » et éventuellement « de légende », le All-Star
est toujours « de circonstance ». Et parfois il le reste. C’est le
joueur qui fait une super saison, avec des stats ronflantes, et un impact
déterminant sur le jeu de son équipe. Des comme ça il y en a tous les ans, et
c’est la catégorie de joueurs qui pose le plus de problème quand on parle
All-Stars. Parce que l’année où il l’obtient, il mérite incontestablement sa
sélection, il fait des stats comparables aux représentants des catégories
précédentes. L’année où il l’obtient.
Mais l’année d’après ? Et
celle d’après encore ? Et bien il regarde le match à la télé. Parce que
comme le disait Shaq (qui paraphrasait Aristote, mais bon on cause basket
là) : « Excellence is not a
singular act; it’s a habit. » (« L’excellence n’est pas un acte unique, c’est une habitude. ».
N’importe quel joueur NBA est capable de claquer un énorme match. Voire
plusieurs. Seuls les très bons joueurs sont capables de rééditer cela sur toute
une saison (ou même une demi-saison, juste le temps de se faire sélectionner).
Et ceux-là méritent bien leur petite étoile, juste récompense.
Mais il ne faut pas les confondre
avec les vrais grands joueurs, capables de porter une équipe, parce que ceux-ci
sont extraordinaires année après année. Bref d’être All-Star de manière
pérenne.
C’est à propos de cette catégorie
de joueurs qu’il faut prendre des pincettes quand on parle de joueur All-Star.
Parce que si c’est techniquement vrai, ça ne veut pas dire que le gaillard
pourra quand même être la star de son équipe. Voyez Antoine Walker, Steve
Francis ou Rip Hamilton en leur temps. D’excellents joueurs, mais un peu juste
pour qu’on parle de vraies stars à l’échelle de leur carrière.
Là encore seul le temps permet
d’acquérir des certitudes. A part dans de très rares cas, allez donc savoir si
un joueur va être capable de se maintenir
à un assez niveau élevé pour être All-Star tous les ans ou presque. L’âge
auquel arrive la première sélection est un bon indice (plus c’est jeune, plus
il y a de chance que ça se renouvelle, et vice-versa). Mais même là c’est
hasardeux. Il paraît réaliste de supposer que Paul George ou James Harden sont
sur la bonne voie. J’ai plus de doute pour Demar DeRozan par exemple. Mais si
ça se trouve dans cinq ans DeRozan collectionnera les étoiles et on se rappellera
de George comme d’une étoile filante.
Dernier détail, le All-Star de
circonstance peut compter plus d’une sélection. Jusqu’à deux ou trois disons
(c’est le cas de Walker, Francis et Hamilton, cités plus tôt). Parce que faire
quelques saisons de vraie qualité ça vous place au dessus du simple « bon
joueur », mais même répété, si ça l’est trop peu, ça ne suffit pas à
passer au niveau supérieur. Et pour ceux qui aiment pinailler je sais que j’ai
mis le seuil max du « de circonstance » à trois sélections et le
minimum pour le « pérenne » à cinq. Mais ce n’est pas une science
exacte, et j’avoue être très partagé quand je vois la liste des joueurs à quatre
étoiles. Pour parler de ceux que j’ai suivis, Penny Hardaway, Latrell Sprewell
ou même Pau Gasol je les aurais bien mis en « pérenne », mais pas
forcément Shawn Marion. Et encore on peut en discuter. Comme pour la catégorie
suivante d’ailleurs.
All-Star collectif
Car c’est à partir de cette
catégorie que le label All-Star commence à perdre un peu de son sens. Ce joueur
c’est celui qui décroche son étoile un peu par défaut. Il en aura rarement plus
d’une d’ailleurs. Il la doit à la réussite de son équipe bien plus qu’à ses
performances individuelles. Parce que comme le basket est un sport collectif,
on regarde aussi les résultats des équipes avant de faire la liste des
All-Stars. Du coup la sélection au All-Star Game vient récompenser ça, en
offrant une distinction à un joueur qui sera en quelque sorte l’ambassadeur de
sa franchise. Et aussi peut être parce que dans la mentalité NBA il y a aussi
un peu l’idée que si l’équipe gagne ça doit bien être grâce à une
individualité.
Alors on va essayer d’identifier
celui qui semble le meilleur dans un collectif homogène. Quitte à ce
qu’individuellement il n’ait pas les stats (ni sans doute le talent brut) pour
être un « vrai » All-Star. Bon, il ne s’agit jamais de mauvais
joueurs, vu que pour gagner en NBA il faut en effet un minimum de talent.
Sachant de
surcroît que le droit d’avoir un All-Star collectif récompensera une équipe qui marche particulièrement bien (genre en play-offs au moins). Mais ce genre de joueur est encore plus juste que le All-Star « de circonstance » pour être considéré comme un grand. Il aura d’ailleurs rarement droit à plus d’une étoile.
surcroît que le droit d’avoir un All-Star collectif récompensera une équipe qui marche particulièrement bien (genre en play-offs au moins). Mais ce genre de joueur est encore plus juste que le All-Star « de circonstance » pour être considéré comme un grand. Il aura d’ailleurs rarement droit à plus d’une étoile.
Celui qui pourra en grappiller
plusieurs sera éventuellement, dans une équipe à une seule star qui marche très
bien, le joueur qu’on prend en plus de ladite star parce que ça fait tâche
qu’une équipe très bien classé n’ait qu’un représentant là ou des concurrents
moins bons en auront plusieurs (voir Indiana cette année, qui n’a que Paul
George comme vrai star, mais qui, au classement, est devant Miami et ses trois
représentants. D’où la sélection de Roy Hibbert.).
Et pour ce qui est des représentants
des purs All-Stars collectifs cette année, on peut citer Paul Millsap. Parce
qu’il était délicat de ne pas avoir au moins un représentant des Hawks vu leur
classement au moment des sélections, et qu’Al Horford, plus légitime
individuellement n’était pas disponible (blessé, rappelons-le). C’est aussi
sans doute ce qui a valu sa septième étoile à Joe Johnson (qui a donc réussi à
changer de catégorie All-Star, chose assez rare), due aux récentes performances
de Brooklyn. Et peut-être aussi au niveau lamentable de la conférence Est cette
année. Ce qui nous amène à la dernière catégorie…
All-Star de contexte
Lui c’est presque le faux
All-Star. Celui dont des années après on voit le nom dans les archives et qui
nous fait nous exclamer « Il l’a été lui ?! ». Sa sélection, il ne la
doit pas vraiment à son talent (même si cette année là au moins il ne devait
pas être trop mauvais), ni à la réussite collective de son équipe. Non, il le
doit à l’environnement. Au fait qu’il joue à un poste où les bons joueurs sont rares
la plupart du temps. Ça peut aussi être le résultat de blessures en série chez
les autres sélectionnables.
L’exemple type le plus récent
c’est ce cher Jamal Magloire, pivot bombardé All-Star en 2004 alors qu’il
jouait aux New Orleans Hornets. Ceux-ci évoluaient dans une conférence Est où
les intérieurs étaient rarissimes (sur le banc de l’équipe de l’Est cette année
il n’y avait que Kenyon Martin dans la catégorie). Et comme le format pour les
sélections était un peu plus rigide pour les remplaçants (parce que la
catégorie « pivot » existait encore déjà, et parce que les coaches
devaient doubler chaque catégorie de poste avant de prendre deux « wild
cards »)...
Ben Wallace doit sans doute aussi
ses quatre sélections en grande partie à cette pénurie de pivots. Parce que si
le gaillard était un défenseur hors pair, on est quand même en droit d’attendre
plus de versatilité d’un quadruple All-Star. Sachant que les résultats
collectifs des Pistons (qui dominaient l’Est) ont aussi dû jouer, notamment
vis-à-vis de la popularité du joueur (deux fois starter).
Et pour finir…
En parlant de popularité, je
pense qu’il faut aussi tordre le cou au cliché du « All-Star
populaire », à l’idée que des joueurs puissent être All-Star du seul fait
de leur popularité. On parle en effet volontiers de concours de popularité
plutôt que de mérite pour le vote désignant les titulaires. Et ce n’est pas
tout à fait faux (sinon Kobe n’auraient sûrement pas été pris vu qu’il n’a joué
que six matches). Mais les fans ne sont quand même pas des idiots finis. S’ils
aiment tel ou tel joueur c’est tout de même parce qu’il est bon !
Oui Kevin Love titulaire à
l’Ouest plutôt que Dwight Howard et Lamarcus Aldridge ça peut piquer vu leurs
résultats collectifs respectifs. Mais vu les stats, on peut difficilement dire
que Love a volé sa sélection (25,6
pts et 13,3 rbds quand même !). De même on évoque
souvent le vote massif des chinois, qui viendrait fausser les résultats,
ceux-ci votant par sympathie. Mais oserais-je rappeler que Yao Ming n’a pas
volé ses sélections dans l’ensemble (sans même avoir à évoquer la rareté des
pivots). Et ni Yi Jian-Lian ni Jeremy Lin n’ont été pris me semble-t-il ? Oui
ils ont eu bien plus de votes que ce qu’ils méritaient, mais au final ça n’a
rien changé. Alors on aura peut-être un jour droit à un « accident »
(on est passé près avec Lin). Mais en somme il n’y a pas lieu de se plaindre :
popularité et talent restent intimement liés, dans des proportions décentes, et
le resteront (nonobstant l’hypothétique accident, qui ne serait que ça).
Enfin, pour « mettre mon
argent là où est ma bouche » (ça fait vachement mieux en V.O. « put my money where my mouth is »...)
voilà selon moi les All-Stars de cette année classés selon les catégories que
j’ai dégagées. N’hésitez pas à faire votre liste vous aussi !
PS : Comme c’est plus rigolo
de se mouiller un peu, je n’ai pas juste compté les sélections et j’ai essayé
d’extrapoler sur l’avenir pour savoir qui pourra devenir « pérenne »
ou « légendaire ».
EAST
Lebron James : Légendaire
Paul George : Pérenne
Carmelo Anthony : Pérenne
Kyrie Irving : De Circonstance
Dwyane Wade : Légendaire
Joakim Noah : De Circonstance
Roy Hibbert : Collectif
Chris Bosh : Pérenne (et un peu
Collectif)
Paul Millsap : Collectif
Demar DeRozan : De Circonstance
Joe Johnson : Pérenne (mais clairement
Collectif cette année)
John Wall : De Circonstance
WEST
Stephen Curry : De
Circonstance
Kobe Bryant : Légendaire
Kevin Durant : Légendaire
Blake Griffin : Pérenne
Kevin Love : Pérenne
Dwight Howard : Légendaire
LaMarcus Aldridge : Pérenne
Dirk Nowitzki : Légendaire
James Harden : Pérenne
Chris Paul : Légendaire
Tony Parker : Pérenne
Damian Lillard : De Circonstance
Antony Davis : Pérenne
1 commentaire:
Merci pour votre article, je pense que cela est très
Peut me faire mieux comprendre!
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